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PDV : Steven
Elle termine sa phrase avec un petit sourire, presque fragile.
Un sourire qui cache un feu qu'elle ne contrôle plus.
Christiana : "Monsieur, pour moi... l'amour, c'est un mélange de douleur et de joie.
Parfois, la personne qu'on aime peut quitter notre vie, mais la douleur, elle, reste.
Elle habite le cœur. Elle se loge dans les souvenirs, et elle refuse de partir.
Oui, dans l'amour, il y a des baisers, des câlins, des "je t'aime", mais surtout... il faut savoir partager ses épreuves, ses peines. Rester soudés, même quand tout semble perdu. Voilà ma vision de l'amour."
J'ai le cœur qui cogne.
Pas à cause de ses mots.
Non.
À cause de son regard.
Elle m'a regardé quand elle a dit "je t'aime".
Elle me l'a dit. Indirectement. Mais elle me l'a dit.
Et ce simple regard a ravivé tout ce que je tente de cacher depuis trop longtemps.
Ses sentiments pour moi n'ont pas changé.
Pas malgré les années.
Pas malgré le silence.
Pas malgré les blessures.
Et moi... je suis soulagé. Heureux. Ému.
Parce que ça, c'est ce qu'on appelle le vrai amour :
Continuer d'aimer quelqu'un même sans l'avoir.
Le prof la félicite.
Mr Wen : "Waw... Ta définition est pleine de vérité et de saveur. Bien. Maintenant, passons à la notion de plaisir."
Je lève la main.
- Monsieur, quand vous parlez de plaisir, vous pensez à quoi exactement ? Le plaisir sexuel ? Le plaisir de la rencontre ? Le plaisir de l'esprit ?
Il me regarde, intrigué.
Mr Wen : "Eh bien... ça dépend de toi, Steven. De quel plaisir veux-tu nous parler aujourd'hui ?"
Un sourire naît sur mes lèvres.
- Je veux parler de celui auquel tout le monde pense, mais que personne n'ose aborder à voix haute. Du plaisir de la chair.
Dans la classe, des murmures.
Puis une voix :
----- : C'est toujours un plaisir d'entendre Steven parler de sexe. J'me tais, j'prends des notes.
Je ris doucement.
- T'es bien inspiré, frère. T'inquiète, aujourd'hui, je vais vous servir un festin.
Je demande à aller devant la classe.
L prof accepte.
Parfait.
Je marche lentement entre les rangs, mes yeux glissent, inévitablement, vers elle.
Christiana.
Elle me regarde déjà.
Et je sens son souffle s'accélérer rien qu'à l'idée de ce que je vais dire.
- Pour moi, le plaisir... c'est une obsession. Une tempête douce.
Quand on goûte à ce fruit interdit, on s'y perd. On ne veut plus en sortir.
C'est une drogue douce, invisible, mais violente.
Je m'approche des tables, passant entre les chaises.
Je parle. Je joue avec les mots. Et je la cherche du regard.
Elle est là.
Tendue. Fascinée.
Captive.
- Chaque fois que tu y repenses, tu revis cette sensation.
Tu veux encore. Encore. Encore.
Ton corps réagit. Tu frissonnes. Tu es en feu.
Je la regarde. Intensément.
- Et quand t'es amoureux... alors c'est pire. Parce que le moindre regard te consume.
Un sourire te rend fou.
Et la nuit... la nuit tu rêves de ce corps, de cette bouche, de ces soupirs qui te hantent.
Je m'approche de Yamina, un détour stratégique, caressant doucement sa joue. Elle frissonne.
Mais je ne la vois même pas.
Je ne pense qu'à Christiana.
Je marche. Lentement. Et je m'arrête devant elle.
Je me penche. Très bas. Mon visage à quelques centimètres du sien.
Elle ne bouge pas.
Mais ses yeux...
Ses yeux me dévorent.
Sa respiration est saccadée.
Elle regarde mes lèvres. Puis mes yeux. Puis mes lèvres encore.
Elle me désire.
- Et quand elle est là, juste là, tout près...
Tu veux la toucher. La caresser doucement.
Tu veux l'embrasser sur la bouche. Longtemps. Profondément.
Mon Dieu...
Je veux le faire.
Je veux goûter ses lèvres.
Mais je me retiens.
Je me brûle de l'intérieur.
- Et tu descends lentement. Tu effleures son cou. Tu frôles sa peau. Tu sens son corps frémir sous ta main.
Tu attrapes sa taille.
Tu la plaques contre toi.
Et tu la dévorerais là, maintenant, si seulement tu osais.
Ma voix devient rauque.
Ma respiration lourde.
Et elle, elle tremble.
Elle gémit. Presque.
Juste un souffle.
Mais je l'ai entendu.
Christiana : "Steven... s'il te plaît... arrête... Tes mots me font de l'effet... Arrête..."
Elle murmure, la voix brisée, les lèvres entrouvertes, son regard embué d'envie.
Elle est belle. Tellement belle.
Mais moi...
- Pourquoi m'arrêter, Christiana ?
Je chuchote, mes lèvres presque sur les siennes.
- Ce n'est que du plaisir... Non ?
Mais...
Ce sens soudain le parfum qu'elle porte.
Ce n'est pas le sien.
C'est celui qu'elle a emprunté.
La "fausse" Christiana.
Celle qui ment.
Celle qui se travestit.
Je me recule un peu.
Juste assez pour reprendre le contrôle.
- Et quand tu descends, plus bas... que son corps s'ouvre à toi...
Tu goûtes. Tu explores. Tu l'emmènes dans des endroits où Elle n'a jamais été.
Tu la fais crier ton nom. Tu la fais t'implorer.
Et quand tu entres enfin en elle...
Tu ne veux plus jamais en sortir.
Je m'arrête.
Silence total.
- Voilà, Monsieur. J'ai terminé mon explication.
Mr Wen : "Steven... c'était... wow. Un cours à lui tout seul."
Rires. Soupirs. Malaises.
--- : "Frérot, tu veux ma mort ou quoi ?"
--- : "J'ai plus de sang dans la tête, sérieux..."
---: "T'abuses, mec."
Mais moi, je n'écoute plus.
Mon regard cherche Christiana.
Elle range ses affaires. Lentement.
Ses mains tremblent.
Elle mord sa lèvre. Inconsciemment.
Elle passe devant moi.
Sans dire un mot.
Mais ses yeux...
Ils me disent tout.
Elle brûle. Elle a envie. Elle m'aime.
Et elle fuit.
Elle sort de la classe, le souffle court, les jambes sûrement tremblantes.
Moi, je retourne m'asseoir.
Mais je n'entends plus rien du cours.
Parce que dans ma tête, il n'y a plus qu'une seule chose
Christiana.
Et maintenant, je sais :
Le masque qu'elle porte...
Il va tomber.
Parce que moi, je suis prêt à découvrir la vraie elle.
À la faire mienne.
A suivre.....