Sa culpabilité, ses explications, rien de tout ça n'avait plus d'importance. La seule chose claire dans mon esprit, c'était que je devais partir. De cet appartement. De cette ville. De cette vie.
J'ai posé le téléphone sur la table basse. Je me suis levée.
« Je vais chercher Léa. Nous partons. »
« Quoi ? Maintenant ? Il est tard, Chloé. Tu ne peux pas conduire dans cet état. »
« Je peux. »
Je me suis dirigée vers la chambre. Léa dormait à poings fermés, sa petite bouche entrouverte. Mon cœur s'est contracté. Elle était la seule chose pure et intacte dans ce désastre.
Je l'ai réveillée en douceur.
« Mon trésor, on doit rentrer à la maison. Papa a beaucoup de travail. »
Elle a grogné, à moitié endormie, le visage tout chiffonné.
« Mais... on vient d'arriver... »
« Je sais, mon amour. C'est une visite éclair. »
Un mensonge. Un des nombreux mensonges que j'allais devoir lui raconter pour la protéger.
Je l'ai prise dans mes bras et je suis retournée dans le salon. Marc était planté au milieu de la pièce, l'air perdu.
« Chloé, s'il te plaît. Reste. On peut parler. »
« Il n'y a plus rien à dire. »
J'ai marché vers la porte d'entrée. Il m'a attrapée par le bras.
« Ne pars pas comme ça. »
Je me suis dégagée violemment.
« Ne me touche pas. »
Léa, dans mes bras, a senti la tension. Elle s'est mise à pleureurer doucement.
« Maman, Papa, qu'est-ce qui se passe ? »
« Rien, ma chérie. Papa et Maman discutent. »
Marc a insisté, sa voix devenant suppliante.
« Pense à Léa. On ne peut pas lui faire ça. »
« C'est toi qui lui as fait ça. Pas moi. Maintenant, laisse-nous partir. J'ai des choses à faire en rentrant. »
« Quelles choses ? »
« Les choses qu'on doit faire quand un mariage est terminé. »
Il a compris. Son visage s'est durci. Il a de nouveau bloqué la porte.
« Tu ne partiras pas. Pas ce soir. Tu es trop secouée. C'est dangereux. »
Est-ce qu'il se souciait vraiment de ma sécurité ? Ou avait-il juste peur de ce que j'allais faire ?
Soudain, nous avons entendu un bruit. Le clic de la serrure.
La porte d'entrée s'est ouverte.
Une femme se tenait sur le seuil. Jeune, jolie, habillée avec style. Elle tenait un sac de sushis à la main.
C'était Sophie.
Elle a utilisé son empreinte digitale pour ouvrir la porte. La porte de l'appartement de mon mari.
Son sourire s'est effacé en nous voyant. Elle nous a regardés, moi, puis Marc, puis Léa dans mes bras. Sa bouche s'est entrouverte, mais aucun son n'en est sorti.