Quand l'Amour Devient Vengeance Froide
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Chapitre 2

Le lendemain, mon travail a véritablement commencé.

Je ne pleurais pas un mort, je liquidais un actif.

J'ai engagé une société d'estimation pour inventorier chaque objet de l'appartement. Les experts, en gants blancs, passaient d'une pièce à l'autre, notant la valeur des tableaux, des meubles design, des montres de collection.

« Cette sculpture de Koons, au moins cinquante mille euros, madame. »

« La collection de montres Patek Philippe, plus de deux cent mille. »

Chaque chiffre était une note de musique dans la symphonie de ma future richesse.

J'ai tout fait mettre en caisse, prêt pour une vente aux enchères.

Je ne voulais garder aucun souvenir, aucune trace de lui.

Chaque objet était souillé par son contact, par ses mensonges. Le vendre était la seule façon de le purifier, de le transformer en argent, la seule chose qui avait de la valeur à mes yeux maintenant.

C'est en contactant sa banque que le premier obstacle est apparu.

Le conseiller financier, un homme à la voix mielleuse, m'a informée d'un détail troublant.

« Madame Lefèvre, je vois ici qu'une somme très importante a été virée il y a deux jours, juste avant le drame. »

Mon sang s'est glacé.

« Quelle somme ? »

« Cinq cent mille euros. Sur un compte au nom de Mademoiselle Camille Roche. »

Camille. Encore elle.

Elle n'était pas seulement sa maîtresse, elle était aussi une voleuse.

Elle avait dû le manipuler pour qu'il lui fasse ce virement, sentant peut-être la fin de leur relation ou voulant simplement sécuriser son avenir.

« C'était un virement autorisé ? » ai-je demandé, ma voix serrée.

« Oui, absolument. L'ordre venait de Monsieur Dubois lui-même. C'est parfaitement légal. »

Légal, peut-être. Mais inacceptable.

Cet argent était à moi. Il faisait partie de l'héritage.

J'ai immédiatement rappelé Maître Bernard, mon notaire.

« Maître, il y a un problème. Antoine a viré un demi-million d'euros à sa maîtresse juste avant de mourir. Pouvons-nous contester cela ? »

Il y a eu un silence à l'autre bout du fil.

« Margot, c'est délicat. S'il s'agit d'une donation, et que cela n'entame pas la réserve héréditaire de sa mère, ce sera difficile à attaquer. C'est considéré comme un cadeau. »

« Un cadeau de cinq cent mille euros ? C'est une spoliation ! »

« Je comprends votre colère, mais la loi est la loi. Cependant, nous pouvons envoyer une lettre demandant une restitution à l'amiable, en arguant que ce don a été fait sous une pression morale... »

« Faites-le, » l'ai-je coupé. « Et préparez-vous à aller plus loin s'il le faut. Je ne laisserai pas cette femme s'en tirer avec mon argent. »

J'ai obtenu l'adresse de Camille par un détective privé. C'était facile. Elle vivait dans un appartement luxueux dans le 16ème arrondissement, sans doute payé par Antoine.

Je n'allais pas attendre la réponse à une lettre d'avocat. J'allais m'occuper de ça personnellement.

Je me suis présentée à sa porte le surlendemain.

Elle a ouvert, l'air surprise. Elle était belle, d'une beauté fragile et calculée. Elle portait du noir, mais ses yeux brillaient d'une lueur triomphante.

« Margot. Que faites-vous ici ? »

« Je suis venue récupérer ce qui m'appartient, » ai-je dit en la poussant doucement pour entrer.

L'appartement était décoré avec goût, un goût qui n'était pas le sien, mais celui d'Antoine. Mes yeux ont balayé la pièce.

« Les cinq cent mille euros, Camille. Je les veux. »

Elle a eu un petit rire nerveux.

« Je ne vois pas de quoi vous parlez. Antoine m'a fait un cadeau. Il m'aimait. »

« Il aimait surtout l'idée d'avoir une petite chose docile à ses pieds. Ne sois pas naïve. Cet argent, c'est mon héritage. Tu n'y as pas droit. »

Elle a redressé les épaules, essayant de paraître forte.

« C'est lui qui me l'a donné. C'est une compensation pour tout ce que j'ai enduré. Pour l'enfant que je portais. »

Mon regard s'est durci. L'enfant. Elle osait utiliser cet argument.

« Tu n'as jamais été enceinte, Camille. Arrête cette comédie. Je sais tout. Les médecins, les fausses excuses. C'était un mensonge pour le garder. »

Son visage s'est décomposé. Elle ne s'attendait pas à ça.

« Comment... »

« J'ai toujours une longueur d'avance. Maintenant, l'argent. Tu vas me faire un virement, ou je rendrai ta vie impossible. Je te poursuivrai pour recel, pour abus de faiblesse. Je te détruirai. »

Elle a reculé, effrayée.

« Vous n'avez aucune preuve. »

« Je n'ai pas besoin de preuves, j'ai de meilleurs avocats que toi. Et surtout, je n'ai rien à perdre. Antoine est mort, tu te souviens ? Il ne peut plus te protéger. »

Je me suis approchée d'elle, mon visage à quelques centimètres du sien.

« Tu sais ce qu'ils disent de lui ? Qu'il a été mangé par les poissons. C'est là qu'il est, ton grand amour. De la nourriture pour les crabes. »

La cruauté de mes mots l'a frappée en plein fouet. Des larmes ont commencé à couler sur ses joues. Des larmes de rage, pas de chagrin.

« Vous êtes un monstre. »

« Je suis une femme pragmatique, » ai-je corrigé. « Tu as jusqu'à demain midi pour me rendre l'argent. Sinon, la guerre commence. Et crois-moi, tu ne veux pas me faire la guerre. »

Je lui ai tourné le dos et je suis partie, la laissant seule avec sa peur.

Je savais qu'elle plierait.

Les gens comme Camille sont des parasites. Ils s'accrochent aux plus forts.

Maintenant que le plus fort, c'était moi, elle n'avait pas le choix.

Cet argent n'était que le début. Je voulais tout.

Absolument tout.

                         

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