Quand l'Amour Devient Vengeance Froide
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Chapitre 1

Le téléphone a sonné à deux heures du matin, sonnant le glas de mon ancienne vie.

Une voix grave et professionnelle, celle d'un gendarme, m'a annoncé la nouvelle sans fioritures.

« Madame Margot Lefèvre ? Je suis au regret de vous informer du décès de Monsieur Antoine Dubois. »

Je suis restée silencieuse, le combiné froid contre mon oreille.

Dehors, la tempête qui avait arraché Antoine à la vie faisait encore rage, mais dans mon appartement, un calme étrange s'était installé.

« Madame ? Vous êtes toujours là ? » a insisté la voix.

« Oui. Comment ? » ai-je demandé, ma propre voix étonnamment stable.

« Il s'est noyé. Son bateau a chaviré près des côtes. Il a tenté de secourir une autre personne, une certaine Camille Roche. Elle a survécu, lui non. Nous avons retrouvé son corps. »

Camille. Le nom a résonné sans me surprendre.

Je savais.

Bien sûr que je savais.

Antoine n'était pas un héros, juste un homme faible qui courait après une dernière illusion.

« Je vois. Que dois-je faire ? »

Le gendarme a semblé un peu décontenancé par mon manque de réaction. Il m'a expliqué la procédure, le corps à l'institut médico-légal, les papiers à signer. J'ai tout noté méticuleusement sur un carnet, comme une liste de courses.

Après avoir raccroché, je ne suis pas restée figée. Je n'ai pas pleuré.

Je me suis levée, je suis allée vers la cave à vin, celle qu'Antoine était si fier de me montrer, et j'ai choisi la bouteille la plus chère, un Château Margaux. Ironique.

Je me suis servi un grand verre. Le liquide rouge et profond tournoyait, capturant la lumière tamisée de la cuisine.

J'ai porté le verre à mes lèvres et j'ai bu une longue gorgée.

C'était un goût de liberté.

Le lendemain matin, j'ai appelé les pompes funèbres.

« Crémation, » ai-je dit d'une voix nette.

« Le service le plus simple. Pas de cérémonie. Pas de fleurs. »

L'employé a marqué une pause, attendant probablement des sanglots ou une explication. Il n'a rien eu.

« Très bien, madame. Et pour l'urne ? »

« La moins chère que vous ayez. En métal de base. Peu importe. »

Je voulais juste en finir.

Antoine n'était plus qu'une formalité administrative, un obstacle qui venait de disparaître de mon chemin.

J'ai passé la journée à régler les détails.

Le passage chez le notaire a été le plus satisfaisant. Maître Bernard, un vieil ami de la famille d'Antoine, m'a regardée avec une pitié non dissimulée.

« Margot, ma pauvre enfant. C'est une terrible tragédie. »

J'ai hoché la tête, jouant le rôle de la fiancée éplorée.

« Il m'a laissé un testament, n'est-ce pas ? »

Il a semblé choqué par ma question si directe, si rapide.

« Oui, bien sûr. Il a été très clair. Vous êtes sa légataire universelle. Enfin, vous héritez des deux tiers de sa fortune, sa mère ayant la réserve légale. »

Deux tiers. C'était plus que ce que j'espérais.

J'ai senti une vague de jubilation pure, si intense qu'elle m'a presque fait sourire. J'ai dû me mordre l'intérieur de la joue pour garder un visage de circonstance.

La fortune d'Antoine était considérable. Chef étoilé, restaurants, investissements immobiliers, un patrimoine bâti sur le nom de sa famille et son propre talent. Un talent gâché par son égoïsme et sa lâcheté.

Il était charismatique, tout le monde le disait.

Mais je connaissais sa vraie nature.

Celle d'un homme qui prenait sans jamais rien donner en retour, un homme qui fuyait ses responsabilités.

Il m'avait promis le mariage, une vie de luxe, mais il m'avait surtout utilisée comme un trophée, la fiancée parfaite pour un homme de son rang.

Ce soir-là, après avoir signé tous les papiers nécessaires, je suis rentrée.

L'appartement était rempli de ses affaires, des objets d'art coûteux, des vêtements de marque, des photos de lui, souriant à pleines dents.

Il était partout et nulle part à la fois.

Je n'ai ressenti aucune tristesse, seulement de l'impatience.

L'impatience de tout effacer. De tout vendre.

Mon plan, celui que je préparais depuis des années, pouvait enfin commencer.

Antoine pensait que sa mort serait une tragédie pour moi.

En réalité, c'était le point de départ.

Le début de ma véritable vengeance.

J'ai pris son téléphone portable, que les gendarmes m'avaient remis. Je l'ai allumé.

Le fond d'écran était une photo de lui et Camille, sur un bateau, le soleil couchant derrière eux.

Pathétique.

J'ai jeté le téléphone dans un tiroir.

Je n'avais pas besoin de preuves de sa trahison, j'avais besoin de son argent.

J'ai fini ma bouteille de vin, seule dans le silence de l'appartement.

J'ai porté un dernier toast.

« À toi, Antoine. Tu as enfin servi à quelque chose. »

Ma voix était un murmure froid, un serment.

La partie ne faisait que commencer.

            
            

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