Puis, soudainement, il est devenu l'homme parfait.
Il rentrait plus tôt à la maison, m'apportait des fleurs, me demandait comment s'était passée ma journée.
Il a même commencé à me toucher doucement, des gestes tendres que j'attendais depuis si longtemps.
Mon cœur, qui s'était lentement refroidi, a recommencé à battre d'espoir.
Peut-être qu'il m'aimait vraiment, peut-être qu'il avait juste eu besoin de temps pour s'habituer à la vie de couple.
Je me suis accrochée à cette idée, j'ai savouré chaque moment de cette nouvelle douceur, ignorant la petite voix dans ma tête qui me disait que c'était trop beau pour être vrai.
Je voulais y croire, j'avais besoin d'y croire.
Ce matin-là, j'ai regardé le test de grossesse dans mes mains, les deux lignes roses étaient claires, sans aucune ambiguïté.
J'étais enceinte.
Une vague de joie pure m'a submergée, j'allais avoir un enfant avec l'homme que j'aimais.
Notre enfant.
Cela allait tout changer, notre lien allait devenir indestructible.
Je tremblais d'excitation, je devais le lui dire tout de suite.
Olivier était dans son bureau, je l'ai entendu rentrer tard la nuit dernière, il avait dit qu'il avait une réunion importante.
Je me suis approchée de la porte de son bureau, la main sur mon ventre plat, un immense sourire aux lèvres.
J'allais frapper quand j'ai entendu des voix à l'intérieur, des rires gras et des éclats de voix masculines.
C'étaient ses amis, les mêmes qui me regardaient toujours de haut.
J'ai hésité, ma main s'est arrêtée en l'air.
Je ne voulais pas les déranger, mais l'envie de partager ma nouvelle était trop forte.
Je me suis approchée un peu plus, juste pour écouter, pour savoir si c'était le bon moment.
Et c'est là que j'ai entendu mon nom.
"Alors, Olivier, cette Jeanne, elle est enfin tombée dans le panneau ?" a demandé une voix que j'ai reconnue comme celle de Marc, son plus proche ami.
Un rire a suivi.
"Il t'a fallu un mois d'efforts pour la mettre dans ton lit, c'est presque pathétique. J'espère que le jeu en vaut la chandelle."
Mon sourire s'est figé.
Mon sang s'est glacé dans mes veines.
De quel jeu parlaient-ils ?
La voix d'Olivier a retenti, calme, détachée, mais pleine d'un mépris que je ne lui avais jamais entendu.
"Ne t'inquiète pas. C'était un peu écœurant de devoir jouer le mari aimant, mais elle a avalé chaque mot, chaque geste. Elle est tellement naïve, c'est presque triste."
Des rires ont éclaté dans la pièce, des rires cruels qui semblaient me transpercer.
"Et le pari ?" a demandé un autre homme. "Tu as réussi à la faire tomber amoureuse et à la faire coucher avec toi en un mois. Les cent mille euros sont pour toi."
Cent mille euros.
Un pari.
Notre intimité, mes espoirs, ma tendresse... tout ça pour un pari stupide entre amis riches et désœuvrés.
Je me suis sentie sale, humiliée, comme si on m'avait arraché la peau.
Le sol semblait se dérober sous mes pieds.
Puis, la conversation a pris une tournure encore plus sombre.
"N'oublie pas la vidéo," a dit Marc d'un ton complice. "On a bien rigolé en la regardant l'autre soir. La façon dont elle te regarde, avec ses grands yeux de chien battu... C'est à mourir de rire."
Une vidéo.
Ils m'avaient filmée.
Ils avaient regardé mon intimité, mes moments les plus vulnérables, et ils en avaient ri.
La nausée m'est montée à la gorge.
J'ai porté la main à ma bouche pour étouffer un cri.
Le test de grossesse dans mon autre main me semblait soudain lourd, brûlant, comme un objet maudit.
Mon monde venait de s'effondrer.
L'homme que j'aimais, le père de mon enfant à naître, était un monstre.
Et moi, j'étais sa proie, son jouet, sa blague.
Mes jambes ne me portaient plus, j'ai glissé le long du mur, m'effondrant silencieusement sur le sol froid du couloir.
Mes yeux fixaient la porte fermée, la porte qui me séparait d'un abîme de trahison et de dégoût.
Je ne pouvais plus respirer.
Le bonheur que j'avais ressenti quelques minutes plus tôt s'était transformé en une douleur si intense, si profonde, que j'ai cru que mon cœur allait s'arrêter de battre.
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