Les accusations fusaient de toutes parts, un chœur de voix pleines de suffisance et de jalousie déguisée en indignation morale.
« Tu penses que parce que ta famille a de l'argent, tu peux traiter les gens comme ça ? »
« Antoine est si patient avec toi, et c'est comme ça que tu le remercies ? »
« Juliette a économisé pour nous offrir ça, et tu ruines tout ! »
J'ai failli éclater de rire. Économisé ? Elle avait économisé mon avenir, ma réputation et ma vie pour se payer ce moment de gloire.
Antoine s'est remis de son choc, le visage rouge de colère et d'humiliation. Il s'est placé devant moi, essayant de jouer le rôle de l'homme raisonnable.
« Camille, ça suffit. Présente tes excuses à Juliette. Maintenant. »
« Et si je refuse ? » ai-je demandé, le défiant du regard.
Son visage s'est durci. « Ne me force pas à être déçu par toi. »
Déçu ? Le mot était si absurde venant de lui que c'en était presque comique.
Juliette s'est approchée, essuyant ses fausses larmes. Elle a posé une main sur le bras d'Antoine, comme pour le retenir.
« Laisse, Antoine. Ce n'est pas grave. Camille est juste de mauvaise humeur. »
Puis, elle s'est tournée vers moi, avec un soupir plein de fausse magnanimité.
« Camille, s'il te plaît. Oublions ça. Donne-moi juste ta carte, nous règlerons la location de la boutique, et nous pourrons tous nous amuser. Pour moi ? »
Elle pensait encore pouvoir me manipuler avec cette façade de douceur. Elle ne comprenait pas que la personne à qui elle parlait avait déjà vu son vrai visage.
« Juliette, » ai-je dit, ma voix tranchante comme du verre brisé. « Laisse-moi être très claire. Je ne te donnerai rien. Surtout pas ma carte d'identité. »
J'ai fait un pas en arrière, me dégageant du cercle oppressant.
« Et quant à vous tous, » j'ai balayé la foule du regard, « si vous êtes si désireux de faire la fête aux frais de quelqu'un, assurez-vous au moins que cette personne a les moyens de ses ambitions. »
Sur ces mots, j'ai tourné les talons et me suis dirigée vers la sortie, ignorant les appels indignés d'Antoine et les sanglots de plus en plus forts de Juliette.
Alors que je passais la porte, j'ai senti mon sac s'alléger. J'ai baissé les yeux. Mon portefeuille était tombé. Je me suis penchée pour le ramasser, et c'est là que j'ai vu ma carte d'étudiant, glissée hors de sa pochette, à moitié coincée dans la fente du seuil de la porte.
Mon cœur a raté un battement. Cette carte était essentielle pour le concours de danse.
Rapidement, je l'ai récupérée et l'ai remise en sécurité dans mon sac, le cœur battant. Un simple oubli, mais il m'a rappelé à quel point tout était précaire.
Derrière moi, j'entendais les chuchotements méprisants.
« Laissez-la partir. Elle est juste jalouse. »
« Quelle garce. Elle ne supporte pas que Juliette soit populaire. »
J'ai continué à marcher sans me retourner. Leurs opinions n'avaient plus aucune importance. Ma seule priorité était de survivre et de m'assurer qu'ils paieraient tous pour ce qu'ils m'avaient fait.
Le plan commençait à prendre forme dans mon esprit. La première étape était de les laisser s'enfoncer dans leur propre piège.
J'ai sorti mon téléphone et j'ai souri. Le spectacle n'allait pas tarder à commencer.