Mon Mari, Mon Bourreau Financier
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Chapitre 3

« Le plus gros poste de dépenses, c'est la vie de tous les jours, » a commencé Antoine, son ton devenu professoral. « Surtout avec le bébé qui arrive. Il faut rationaliser. Commençons par la nourriture. »

Il a levé les yeux de sa feuille, son regard était accusateur.

« On dépense beaucoup trop en courses. Tu aimes bien cuisiner, c'est vrai, mais toujours trois plats, une soupe... Tu achètes de la viande de qualité, du poisson, des crevettes... C'est bon, mais ça coûte cher. Très cher. »

J'ai failli m'étouffer. Je cuisinais comme ça parce que j'étais enceinte, parce que je voulais le meilleur pour notre enfant. Et aussi parce que je savais que Colette adorait les crevettes et le poisson. C'était elle, la plupart du temps, qui finissait les plats les plus chers.

« Ma mère est d'accord pour continuer à faire la cuisine pour nous, » a-t-il poursuivi, ignorant mon expression stupéfaite. « Ça nous fera économiser. Mais bien sûr, il faut la défrayer. Donc, pour les courses, on fixe un budget. Disons... 400 euros par mois. Et on divise en trois. Toi, moi, et maman. »

Diviser en trois ? Sa mère, qui ne travaillait pas et vivait à nos crochets, devait être considérée comme une entité financière indépendante ?

« Et comme c'est toi qui es enceinte et qui as des besoins spécifiques, c'est normal que tu paies un peu plus, non ? » a ajouté Colette depuis la cuisine, où elle s'était postée pour ne rien manquer. « Disons que tu paies pour deux, pour toi et le bébé. »

Antoine a grimacé, sentant que sa mère allait trop loin. Mais il n'a rien dit pour la contredire.

J'ai gardé mon calme, même si à l'intérieur, je bouillais. Je me suis souvenue de toutes les fois où Colette s'était plainte d'avoir mal au dos pour ne pas faire le ménage, mais retrouvait subitement toute son énergie pour aller faire du shopping. Je me suis souvenue de toutes les fois où elle avait "goûté" la moitié du plat avant même qu'on se mette à table. Et maintenant, je devais payer ma part d'un budget restreint, calculé pour satisfaire leur avarice.

« D'accord. La nourriture. Noté, » j'ai dit d'une voix neutre.

Enhardi par ma docilité, Antoine est passé au point suivant.

« L'eau et l'électricité. La facture du mois dernier était de plus de sept cents euros. C'est énorme. On divise par deux. Chacun paie la moitié. »

« La moitié ? » j'ai répété, incrédule. « Antoine, tu passes une heure sous la douche tous les matins. Tu laisses l'ordinateur allumé toute la nuit pour tes jeux. Moi, je fais attention à tout. Ce n'est pas juste de diviser par deux. »

« On ne va pas commencer à mettre des compteurs sur chaque prise, Amélie ! » a-t-il rétorqué, agacé. « Cinquante-cinquante. C'est le principe du AA. C'est simple et efficace. »

Simple et efficace pour lui, oui. Il venait d'établir une règle pour la nourriture basée sur le nombre de personnes, et une autre pour les factures basée sur un partage égal, choisissant à chaque fois la solution qui l'arrangeait le plus. L'hypocrisie était totale.

Mais le pire était à venir. Il a pris une grande inspiration, comme pour se donner du courage.

« Et puis... il y a maman. »

Colette s'est redressée, l'air important.

« Elle est là pour nous aider. Elle fait le ménage, la cuisine... Elle s'occupe de la maison maintenant que tu ne peux plus le faire. C'est un vrai travail. On ne peut pas juste profiter d'elle. Comme on dit, l'amour c'est bien, mais ça ne remplit pas le frigo. Il est normal de lui verser un salaire. »

Un salaire. Ils voulaient que je paie un salaire à ma belle-mère pour qu'elle vive dans mon appartement.

« J'ai regardé les tarifs, » a continué Antoine, imperturbable. « Pour une aide à domicile, c'est environ 2000 euros par mois. On ne va pas lui donner autant, bien sûr. Disons... 1000 euros. C'est raisonnable. Et bien sûr, on partage la charge. 500 euros pour toi, 500 euros pour moi. »

J'ai fixé Antoine, puis Colette. Leurs visages étaient graves, comme s'ils me présentaient la chose la plus naturelle du monde. Ils voulaient que je paie 500 euros par mois à cette femme qui ne faisait que le strict minimum, et souvent mal, tout en profitant de mon toit et de ma nourriture.

C'en était trop. L'amour que je pensais avoir pour Antoine s'est évaporé à cet instant précis, remplacé par un froid glacial. Ce n'était plus mon mari en face de moi. C'était un adversaire. Un étranger cupide qui, avec sa mère, avait monté un plan pour me dépouiller.

« D'accord, » j'ai murmuré, ma voix un fil. « Un salaire pour ta mère. C'est... noté. »

Je sentais leurs regards satisfaits sur moi. Ils pensaient avoir gagné. Ils n'avaient aucune idée de la guerre que je m'apprêtais à leur déclarer.

            
            

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