Entre Fratrie et Fatalité
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Chapitre 4

Le lendemain matin, je me suis réveillée avec un mal de tête lancinant et un goût amer dans la bouche. J'étais sur le canapé du salon, encore habillée avec les vêtements de la veille. Je ne me souvenais pas être rentrée. Le verre que j'avais bu après le départ de Léa, pour tenter de calmer mes nerfs, devait être plus fort que je ne le pensais. Ou peut-être...

La porte d'entrée s'est ouverte et Léa est entrée, fraîche et pimpante. Elle portait déjà sa tenue de randonnée.

« Debout, la marmotte ! On va être en retard ! » a-t-elle lancé d'un ton enjoué.

Elle a posé un sac de sport à côté de moi. C'était mon équipement de spéléologie.

« Je t'ai tout préparé, » a-t-elle dit avec un sourire qui se voulait serviable.

Ce sourire me donnait la nausée. Tout en elle était faux. Le ton, le geste, l'inquiétude feinte dans ses yeux.

« Pourquoi tu as dit ça, hier soir ? » ai-je demandé, ma voix à peine un murmure.

Son sourire s'est légèrement crispé.

« Dit quoi ? J'étais un peu saoule, je ne me souviens de rien. Tu sais bien que je dis n'importe quoi quand je bois. Allez, dépêche-toi ! »

Elle mentait. Je le voyais.

Je me suis levée, la tête me tournant. Mon regard a croisé le sien. Et dans ses yeux, pendant une fraction de seconde, j'ai vu la vérité. Ce n'était pas la Léa que j'avais élevée. Ce n'était pas ma petite sœur. C'était une étrangère, une prédatrice. Et j'ai vu plus que ça. J'ai vu le souvenir. Le souvenir de la première fois.

Un flash m'a traversé l'esprit. Dans la grotte, juste avant que Laurent ne me frappe. Léa était là. Elle n'était pas partie en courant dans le noir. Elle se tenait en retrait, à côté de Laurent. Elle le regardait m'assommer, son visage impassible, froid. Elle était sa complice depuis le début.

La prise de conscience a été si brutale, si douloureuse, que j'ai dû m'appuyer contre le mur pour ne pas tomber.

Elle voulait ma mort. Pas une fois, mais deux.

Je devais changer de tactique. La confrontation directe ne fonctionnait pas. Je devais jouer son jeu.

J'ai pris une profonde inspiration, forçant mes muscles à se détendre. J'ai affiché un masque de résignation fatiguée.

« Tu sais quoi, Léa ? Tu as raison. J'en ai marre de me battre. Je n'y vais pas. »

Je me suis laissée tomber sur le canapé.

« Amuse-toi bien. Fais attention à toi. Mais je ne viens pas. Je suis trop fatiguée. »

Le visage de Léa a changé. La surprise a remplacé son assurance. Puis une lueur de panique a traversé ses yeux.

« Quoi ? Non, tu ne peux pas faire ça ! Tu dois venir ! »

« Pourquoi ? Tu voulais y aller, vas-y. Je ne t'en empêche plus. »

« Mais... mais la cohésion d'équipe ! Laurent va être furieux ! Il va te virer ! »

Son argument était faible. Elle était clairement déstabilisée. Mon refus n'était pas dans son scénario. Leur plan, quel qu'il soit, nécessitait ma présence.

« Je prendrai le risque, » ai-je répondu calmement.

La panique de Léa a grandi. Ses yeux allaient de moi à la porte, comme si elle cherchait une issue. Elle ne s'attendait pas à ça. Elle comptait sur ma nature protectrice, sur le fait que je finirais par céder pour la surveiller.

Soudain, sans un mot de plus, elle a attrapé son propre sac et s'est précipitée hors de l'appartement, claquant la porte derrière elle.

Son départ précipité était un aveu. Mon retrait du jeu avait fait capoter leur plan. Et maintenant, elle allait prévenir son complice.

            
            

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