Entre Fratrie et Fatalité
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Chapitre 2

Le visage de Léa s' est déformé par la colère. L' innocence a disparu, remplacée par un entêtement féroce.

« Tu n' as pas le droit de décider pour moi ! Je ne suis plus une enfant ! »

« Tant que tu vivras sous mon toit, si, j' ai le droit. Je suis ta tutrice légale, Léa. Pas seulement ta grande sœur. J' ai promis à maman et papa de te protéger. »

La mention de nos parents a jeté un froid. Ils étaient morts dans un accident de voiture il y a cinq ans, me laissant seule responsable de Léa, alors à peine adolescente. Cette responsabilité avait pesé sur moi chaque jour depuis.

« Ne parle pas d' eux ! » a-t-elle crié, les larmes aux yeux. « Ils ne voudraient pas que tu m' enfermes comme ça ! »

Elle a fait demi-tour brusquement et a claqué la porte de ma chambre si fort que le cadre a tremblé. Je suis restée assise sur mon lit, tremblante, le cœur lourd. Le son de la porte d' entrée qui claque à son tour m' a annoncé qu' elle était partie.

Je me suis sentie impuissante. J' avais une deuxième chance, mais comment l' utiliser si elle refusait de m' écouter ?

Plus tard dans la journée, mon anxiété a atteint son paroxysme. J' ai appelé Marc, un de mes collègues, un type plutôt bavard.

« Salut Marc, dis-moi, tu sais si Laurent est au bureau aujourd' hui ? »

« Laurent ? Non, il a pris sa journée. Il m' a dit qu' il avait un rendez-vous important au café du centre-ville. Un truc pour finaliser les détails de notre super week-end spéléo. Il a même dit qu' il rencontrait la sœur d' une collègue qui est super motivée... Attends, c' est pas ta sœur, Jeanne ? »

Mon sang s' est glacé.

Elle était avec lui. En ce moment même.

Sans réfléchir, j' ai attrapé mes clés et j' ai couru hors de l' appartement. J' ai conduit comme une folle jusqu' au centre-ville. Je les ai vus à travers la vitrine du café, assis à une table. Laurent parlait avec de grands gestes, un sourire charmeur sur les lèvres. Léa buvait ses paroles, les yeux brillants d' admiration.

J' ai fait irruption dans le café.

« Léa. On rentre. »

Ils ont tous les deux sursauté. Le visage de Léa est passé de la surprise à la fureur.

« Jeanne ! Qu' est-ce que tu fais ici ? Tu me fais honte ! »

« J' ai dit, on rentre. Maintenant. »

J' ai attrapé son bras. Elle s' est débattue.

« Lâche-moi ! »

Laurent s' est levé, son visage affichant une fausse préoccupation.

« Madame Dubois, un problème ? Léa et moi discutions simplement. C' est une jeune femme très mature. »

« Ne l' appelez pas comme ça, » ai-je sifflé. « Et mêlez-vous de vos affaires. »

La confrontation a attiré l' attention des autres clients. Léa, sentant qu' elle avait un public, a joué sa meilleure carte.

« C' est toujours comme ça ! » a-t-elle crié, les larmes coulant sur ses joues. « Depuis la mort de papa et maman, tu me contrôles ! Tu es jalouse parce que je veux m' amuser, avoir ma propre vie ! Tu veux juste garder tout l' argent de l' héritage pour toi ! »

Cette dernière accusation m' a frappée en plein cœur. L' héritage. C' était donc ça.

Dans notre lutte, sa main a heurté ma poitrine. Le médaillon que je portais toujours, celui avec une photo de nos parents, est tombé par terre. La chaîne s' est cassée. Le petit fermoir a cédé et le médaillon s' est ouvert, la minuscule photo glissant sur le carrelage.

Le monde autour de moi a semblé s' arrêter. Le bruit, les regards, tout a disparu. Il ne restait que ce petit morceau de métal brisé sur le sol. Le symbole de notre famille, détruit.

Léa a profité de mon moment de choc pour se libérer de mon emprise et s' enfuir du café, me laissant seule, humiliée, au milieu des regards curieux.

Je suis restée là, pétrifiée. J' avais l' impression de revivre une scène déjà écrite, une tragédie dont je connaissais la fin. Et je ne pouvais rien faire pour l' arrêter. La spirale infernale était enclenchée, et elle m' entraînait une nouvelle fois vers le fond.

            
            

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