Le jeu de Chloé, ma riposte
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Chapitre 2

Assise dans la voiture qui me conduisait vers la demeure des Dubois, j'ai fermé les yeux et me suis concentrée. Une interface bleutée, invisible pour tous sauf pour moi, est apparue dans mon champ de vision.

« Système, je veux annuler le lien de conquête avec Marc. »

Une voix mécanique et sans émotion a résonné dans mon esprit.

[Avertissement : L'annulation du lien de conquête avec la cible Marc entraînera des conséquences graves. La cible perdra tous les bénéfices de guérison fournis par le système. Sa condition physique se détériorera rapidement. Êtes-vous sûre de vouloir continuer ?]

« Oui. »

Ma réponse était sans hésitation. La douleur de la trahison était encore vive, un poison qui brûlait dans mes veines.

Je me suis souvenue du jour où j'ai obtenu ce "système". C'était il y a un an, au plus profond de mon désespoir. J'avais perdu le septième pari contre Chloé. Elle m'avait pris la seule photo que j'avais de la directrice de l'orphelinat, la femme qui avait été une vraie mère pour moi. Chloé l'avait déchirée devant moi, riant de mes larmes.

Ce soir-là, alors que je pleurais dans ma petite chambre de service, une douleur fulgurante m'a traversé le crâne et la voix du système est apparue pour la première fois.

[Système d'assistance de conquête activé. Cible initiale détectée : Marc. Mission : conquérir le cœur de Marc et atteindre 100% d'affection pour débloquer les récompenses ultimes.]

À l'époque, j'avais cru à une hallucination. Mais le système était réel. Il m'a donné des informations sur Marc, ses goûts, ses désirs. Il m'a aidée à me rapprocher de lui.

Peu de temps après notre rencontre, Marc a eu un grave accident de voiture. Les médecins disaient que ses jambes étaient paralysées à vie. Le système m'a alors proposé un marché : utiliser mes "points de vie", une énergie que je générais par mes émotions, pour le guérir. En échange, le lien entre nous serait renforcé.

Désespérée de le sauver, j'ai accepté. J'ai veillé sur lui jour et nuit, canalisant l'énergie du système. Et le miracle s'est produit. Marc a recommencé à marcher. Pour moi, il était devenu plus qu'un simple petit ami. Il était la preuve que je pouvais faire le bien, que j'avais de la valeur. Il était ma bouée de sauvetage.

C'est pour cela que sa trahison était si dévastatrice. Le système, que je croyais être un cadeau du ciel, n'avait fait que me lier plus étroitement à mon bourreau.

La voiture s'est arrêtée, me tirant de mes sombres souvenirs. Le portail majestueux de la propriété Dubois s'est ouvert devant nous.

Avant même que j'aie pu confirmer l'annulation, le système a de nouveau parlé.

[Nouvelle cible potentielle de conquête détectée : Louis Dubois.]

[Condition de la cible : Coma profond, blessures de guerre multiples, signes vitaux en déclin.]

[Proposition de transaction : Transférer le lien de conquête de Marc à Louis Dubois. En échange de l'annulation de toutes les conséquences négatives pour l'hôte, l'hôte doit accepter de devenir le principal soutien vital de la nouvelle cible.]

[Accepter la transaction ? Oui/Non.]

J'ai regardé la villa imposante qui se dressait devant moi. C'était ma seule issue. Fuir Marc, fuir les Bellier, fuir cette vie de marionnette.

« Oui, » ai-je murmuré, le cœur lourd mais l'esprit clair. « J'accepte. »

[Transaction confirmée. Le lien avec Marc est en cours de dissolution. Le lien avec Louis Dubois est en cours d'établissement. Taux de progression : 1%... 10%... 50%...]

Une sensation étrange m'a parcourue, comme si un fil invisible qui me reliait à Marc venait d'être coupé net. C'était à la fois libérateur et terrifiant.

[...99%... 100%. Lien établi. Nouvelle mission : maintenir les signes vitaux de Louis Dubois et l'aider à se réveiller du coma. Récompenses à déterminer.]

Je suis sortie de la voiture. Une femme élégante d'une cinquantaine d'années, la mère de Louis, Hélène Dubois, m'attendait sur le perron. Son visage était marqué par le chagrin, mais ses yeux brillaient d'une lueur d'espoir.

Elle a pris mes mains dans les siennes. Ses mains étaient chaudes.

« Amélie. Merci d'être venue. Nous savons que nous vous demandons l'impossible. »

Sa sincérité m'a désarmée. C'était si différent de l'accueil froid et calculé des Bellier.

Derrière elle se tenait un homme âgé à la posture droite, le grand-père de Louis, le patriarche de la famille, Édouard Dubois. Son regard était perçant, mais empreint de bienveillance.

Ce jour-là, j'ai compris que j'avais peut-être échangé une prison dorée pour une autre, mais que les gardiens, cette fois, avaient une âme.

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