Mon cœur a raté un battement. Il s'est approché de mon bureau. La surprise m'a laissée sans voix.
« Juliette Fowler. »
Il connaissait mon nom. Je pensais être invisible pour lui. Une part de moi, stupide et irrationnelle, a ressenti une petite lueur d'espoir.
« Je... oui ? »
« Pour ce matin... »
J'ai cru qu'il allait s'excuser pour la réaction de Cécilia, peut-être même pour son propre silence. J'ai sorti à nouveau mon porte-monnaie, cherchant à clore l'incident.
« Je peux vraiment payer pour ta chemise, je... »
Il m'a interrompue.
« Ce n'est pas pour ça. Je suis venu m'excuser pour Cécilia. »
Mon cœur s'est serré.
« Elle n'est pas méchante, elle est juste... directe. Elle a grandi comme ça. »
Directe ? Elle m'avait humiliée publiquement. Et il la défendait. Le mur invisible entre nos deux mondes venait de se matérialiser devant moi, plus solide que jamais. La douleur était vive.
« Tu es son petit ami ? Tu te sens obligé de t'excuser à sa place ? » ma voix tremblait de colère contenue.
Il a semblé agacé par ma question.
« Qu'est-ce que ça peut faire ? Je voulais juste clarifier les choses. »
Clarifier quoi ? Qu'ils étaient une équipe et que j'étais l'adversaire ? Que sa loyauté irait toujours à elle, et jamais à une fille comme moi ?
J'ai ri, un rire amer qui l'a surpris.
« Tu sais quoi, Kyle ? Garde tes excuses. Et dis à ton amie \"directe\" que le pain au chocolat de ma mère est fait avec plus d'amour et de fierté que toutes vos chemises de marque réunies. On est quittes. »
Je me suis levée, j'ai pris mon sac et je suis partie, le laissant planté là, abasourdi. En sortant de la salle, j'ai senti mon cœur tomber, lourd. C'était fini. Je devais l'oublier. Définitivement.
Cette nuit-là, je n'ai pas dormi. Je cherchais dans ma mémoire une trace, un souvenir, un regard qui aurait pu prouver que je n'avais pas tout inventé. Il n'y en avait pas. Mon amour était une construction solitaire.
Le lendemain, je n'ai pas cherché son regard dans la cour. Je me suis concentrée sur mes livres. C'était ma seule arme, mon seul refuge.
Brenda m'a attrapée à la pause.
« Tu ne viens plus guetter ton prince charmant ? »
« Je n'ai plus de prince charmant. J'ai des examens à préparer. »
Elle m'a regardé, inquiète, mais n'a pas insisté.