Chapitre 2

Le lendemain, je n'étais pas en train de pleurer dans mon coin. J'étais sur l'avenue Montaigne, dans l'atelier d'une célèbre créatrice de haute couture.

Roderick Palmer était à mes côtés.

Il était grand, calme, avec des yeux qui semblaient voir directement à travers les faux-semblants. Il était l'héritier de la dynastie du champagne Palmer, un ami de la famille de mon parrain. Je le connaissais depuis l'enfance, mais je ne l'avais jamais vraiment regardé. Pour moi, il était juste Roderick, l'ami de la famille.

Aujourd'hui, je le voyais différemment.

Contrairement à Kyle, qui se serait impatienté au bout de cinq minutes, Roderick était attentif. Il ne regardait pas son téléphone. Il me regardait, moi.

« Laquelle préfères-tu, Juliette ? » m'a-t-il demandé doucement, alors que j'hésitais entre deux robes de mariée.

« Je ne sais pas... Kyle a toujours dit que ces endroits étaient trop snobs pour nous. »

Roderick a eu un léger sourire. « Kyle dit beaucoup de choses. La seule opinion qui compte aujourd'hui est la tienne. »

J'ai choisi une robe simple mais d'une élégance incroyable. Quand je suis sortie de la cabine d'essayage, le regard de Roderick s'est illuminé.

« Tu es magnifique. »

C'était dit simplement, sans emphase. C'était vrai.

J'ai pris une photo de moi dans le miroir, la robe somptueuse m'enveloppant comme une promesse. J'ai posté la photo sur mon compte Instagram privé, en taguant l'atelier de couture.

Quelques minutes plus tard, mon téléphone a vibré. Un message de Kyle.

« Qu'est-ce que tu fais là-bas ? Pourquoi tu y es allée sans moi ? Je t'avais dit que c'était un endroit de prétentieux ! »

Je n'ai pas répondu. La vérité, c'est que ce n'était pas Kyle qui trouvait cet endroit snob. C'était Cara. Il me l'avait avoué un jour, disant que sa stagiaire se sentait intimidée par le luxe. Il m'avait menti pour la protéger, elle.

Pendant que j'essayais la robe, mon parrain m'a appelée.

« Juliette, tout est en ordre. Le château Palmer est prêt pour la cérémonie. Les invitations sont parties ce matin. Roderick a insisté pour s'occuper de tout personnellement. »

« Merci, parrain. »

« C'est moi qui te remercie, ma chérie. Tu mérites un homme qui te met sur un piédestal, pas un qui te demande de te cacher. »

Ses mots m'ont touchée. J'avais passé des années à me faire petite pour ne pas faire d'ombre à Kyle. C'était terminé.

J'ai quitté l'appartement que je partageais avec Kyle le jour même. J'ai loué un petit studio près de ma pâtisserie. Je n'ai pris que mes vêtements et mes livres de cuisine. J'ai tout laissé derrière.