"Il sait, n'est-ce pas ? Étienne. Il sait pour ta maladie ?"
Amélie ne répondit pas. Le silence fut une réponse suffisante.
Luc se leva, arpentant la petite pièce.
"Tu ne peux pas continuer comme ça, Amélie ! Ce n'est pas une vie. Il te détruit, et tu le laisses faire !"
Sa voix monta d'un cran, teintée de frustration et d'une profonde affection.
"Tu dois te soigner. Tu dois quitter cet homme. Pour toi. Pour ta propre survie."
Il s'arrêta devant elle, la suppliant du regard.
"Laisse-moi t'aider. Il existe des traitements, je te l'ai dit. On peut encore essayer."
Amélie le regarda, les yeux brillants de larmes non versées.
"Luc, je t'en prie. C'est ma décision. Ma vie. Ma mort."
Elle posa une main tremblante sur son bras.
"Je ne peux pas. Je dois... payer."
Luc soupira, vaincu par sa résignation.
"Je ne peux pas te forcer, Amélie. Mais promets-moi au moins de prendre soin de toi. De ne plus te mettre en danger."
Elle hocha la tête, sachant qu'elle ne tiendrait pas cette promesse.
Son destin était scellé, lié à Étienne, à Sophie.
Quelques heures plus tard, elle était de retour à Lyon, dans le bureau glacial d'Étienne.
Il préparait une réception importante pour annoncer ses fiançailles officielles avec Charlotte Deschênes.
"Amélie, vous vous occuperez du vestiaire ce soir," lança Charlotte avec un sourire mauvais, passant un bras possessif autour du cou d'Étienne.
"Et assurez-vous de rester discrète. Nous ne voulons pas que les invités soient... importunés."
L'humiliation était claire, nette. Amélie, l'ancienne fiancée, réduite au rôle de servante.
Elle inclina la tête. "Bien sûr, Mademoiselle Deschênes."
Étienne la regarda, une lueur indéchiffrable dans les yeux.
Puis, il se tourna vers elle, sa voix redevenue glaciale.
"Et Amélie, pendant la réception, vous resterez dans l'office. Je ne veux pas vous voir."
Il lui tendit une clé. "Voici la clé de la petite chambre de bonne au dernier étage. Vous y dormirez cette nuit. Je ne veux pas que vous rentriez chez vous."
C'était une punition supplémentaire, un isolement forcé.
Elle prit la clé, ses doigts effleurant les siens. Un contact bref, électrique, qui la fit frissonner.
Elle accepta en silence, comme toujours.
La réception battait son plein. Musique, rires, champagne.
Amélie était confinée dans l'office, triant des verres, le cœur lourd.
Soudain, Charlotte entra, furieuse.
Elle tenait une magnifique étole en cachemire, déchirée.
"Regardez ce que vous avez fait, espèce d'idiote !" cria-t-elle, brandissant l'étole sous le nez d'Amélie.
"C'est un cadeau d'Étienne ! Vous l'avez abîmée en la rangeant !"
Amélie recula, surprise. "Mais... je ne l'ai pas touchée, Mademoiselle."
"Menteuse ! Je vous ai vue ! Vous l'avez fait exprès, par jalousie !"
Étienne arriva, attiré par les éclats de voix.
Charlotte se jeta dans ses bras, sanglotante. "Étienne, regarde ! Elle a ruiné mon étole !"
Étienne ne posa aucune question. Il se tourna vers Amélie, le visage dur.
"Vous allez la réparer. Maintenant. Et vous ne bougerez pas d'ici tant que ce n'est pas parfait."
Il désigna une petite cour intérieure, sombre et froide. "Allez-y."
Amélie se retrouva dans la cour, l'étole à la main, le vent glacial lui cinglant le visage.
Il n'y avait pas de lumière, juste la lueur blafarde de la lune.
Ses doigts étaient gourds, sa vue brouillée par la fatigue et la douleur.
Réparer une déchirure aussi fine dans ces conditions était impossible.
Mais elle devait essayer. Pour Étienne. Pour Sophie.
Elle entendit la porte se refermer. Étienne et Charlotte l'avaient laissée là, seule dans le froid et l'obscurité.
La punition continuait, implacable.