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Le soleil brillait sur le campement, et la forêt baignait dans une tranquillité presque trop parfaite. Les éclairs et la pluie de la veille ? Disparus sans laisser de trace. Même les caméléons, qui avaient envahi chaque recoin du terrain, s'étaient évaporés.
Mais le cheftain, lui, n'avait pas retrouvé la paix. Son corps était brûlant, secoué de frissons violents, et ses yeux semblaient perdus, comme s'il voyait quelque chose que les autres ne pouvaient pas comprendre.
- Il faut qu'on parte d'ici ! lança l'un des scouts.
- On ne peut pas le transporter comme ça, répliqua un autre. Il faut attendre qu'il aille mieux...
Mais l'attente ne leur laisserait pas le temps de fuir.
Quand le soleil atteignit son zénith, le cheftain ouvrit les yeux d'un coup. Il fixa l'horizon, pétrifié, puis murmura d'une voix qui n'était plus vraiment la sienne :
- Ils viennent...
Son souffle était rauque, comme s'il parlait avec deux voix en même temps.
Les scouts échangèrent des regards inquiets. Qui ?
Puis, le silence se brisa.
Un grondement sourd monta des profondeurs de la forêt. Pas un rugissement animal... mais un son venu d'ailleurs, comme une pulsation étrange, qui résonnait dans leurs os.
Et là, sous leurs yeux effrayés, l'ombre des arbres s'étendit de façon surnaturelle.
Les formes se déformaient, s'enroulaient autour du campement, et à chaque battement du vent, quelque chose bougeait dans les ténèbres.
Une silhouette.
Non... plusieurs.
Des êtres surgis de l'oubli, des corps grands et effilés, à la peau marquée de fissures sombres, avançant lentement, silencieusement. Comme si les esprits du cimetière revenaient chercher ce qui leur appartenait.
Le cheftain, toujours en délire, se leva d'un coup, comme poussé par une force invisible. Son regard se planta dans celui des créatures, et un sourire incompréhensible s'étira sur son visage malade.
- Ils ont choisi...
Puis, la nuit tomba d'un coup, alors que le soleil était encore haut dans le ciel.