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Chapitre 5 - Ombres et révélations
Nikolai
Je scrute la ville du haut de mon perchoir, mon regard aussi tranchant que la lame que je glisse entre mes doigts. La Zone-3, ce labyrinthe de béton et d'ombres, grouille d'une vie sournoise, d'alliances fragiles et de trahisons invisibles. Ici, chaque respiration peut être la dernière, chaque silence un piège tendu. Je sais que quelque chose bouge ce soir. Quelque chose qui pourrait tout faire basculer.
Mon contact vient de m'informer d'une intrusion dans l'entrepôt du Syndicat. Une mission qui devait rester secrète vient de devenir un coup de théâtre. Aelis, ce nom résonne dans mon esprit, comme une promesse brisée ou une menace imminente. J'ai appris à la connaître, à reconnaître la lueur d'acier dans ses yeux quand elle est en mission. Elle ne laisse rien au hasard. Son audace, sa détermination me poussent à croire qu'elle ne fait jamais rien sans calcul, même si parfois elle joue avec le feu.
Je descends d'un toit en silence, absorbé par la nuit qui semble avaler mes pas. Mon objectif est clair : récupérer ce qui a été pris, ou du moins comprendre ce qui s'est passé avant que le chaos ne devienne incontrôlable. Je ressens l'odeur âcre de la fumée qui s'élève de la Zone-3, signe qu'une tempête est en train d'éclater.
Le téléphone dans ma poche vibre. Un message : "Données compromises. Intervention rapide requise." Le ton est sec, froid. Pas de place pour les hésitations. Je connais la valeur de ces données : elles contiennent des informations capables de briser des carrières, des alliances, de déclencher des guerres. Et ce soir, tout cela se joue ici.
J'accélère le pas vers l'entrepôt, les sens en alerte. En approchant, j'entends le grondement sourd de l'explosion, le hurlement des alarmes. Les murs tremblent, la poussière tourbillonne dans l'air. La Zone-3 est en feu. J'aperçois des flammes léchant les façades noircies, et les cris se mêlent au vacarme mécanique des sirènes. C'est une cacophonie de destruction.
J'entre en force par une issue latérale, évitant les patrouilles affolées. Les lumières rouges clignotent, les sirènes hurlent comme des bêtes enragées. Partout, des silhouettes se battent ou fuient, cherchant à sauver ce qui peut encore l'être. Les visages sont tendus, certains paniqués, d'autres résignés. Je déteste voir la peur. La peur paralyse, elle détruit.
Je cherche Joran. Son visage dur est le seul qui peut m'éclairer sur ce carnage. Mais il est introuvable. Je me fraye un chemin à travers la foule confuse, scrutant chaque recoin, chaque ombre.
- Joran ! criai-je, la voix portant au-delà du chaos.
Pas de réponse, juste l'écho.
Je me tourne alors vers Calla, que je repère près de l'entrée principale. Elle est tendue, concentrée sur un écran, un masque de détermination sur le visage. Son regard est fixé sur des données qui défilent trop vite, mais elle ne perd rien de son calme. Une guerrière dans cette nuit de feu.
- Nikolai, murmure-t-elle en me voyant. Tu arrives juste à temps.
Elle me tend une clé USB. Je la prends, pesant le poids de ce qu'elle contient. Ces données sont une bombe. Un secret qui pourrait faire tomber le Syndicat et renverser la fragile paix qui nous maintient tous en équilibre. Je sens le poids de la responsabilité s'alourdir sur mes épaules.
- Où est Aelis ? demandai-je.
Calla détourne les yeux. Un silence lourd s'installe. Son visage se ferme, comme si elle craignait ce que je pourrais entendre.
- Elle a disparu dans le tunnel de fuite avec Joran, répond-elle enfin. On a perdu leur trace.
Un froid me traverse. Perdre Aelis est une erreur que je ne peux me permettre. Elle est une pièce maîtresse dans ce jeu. Une force qu'on ne peut abandonner sans conséquences.
- Je les retrouverai, dis-je, la voix ferme. Personne ne laisse Aelis derrière.
Je me prépare à plonger dans le dédale souterrain. Chaque pas dans ces ténèbres est un risque calculé. Mais je n'ai pas le choix. Cette mission est plus qu'une simple récupération. C'est un affrontement direct avec ceux qui veulent nous anéantir. La frontière entre alliés et ennemis s'efface dans cette obscurité, et la moindre erreur peut être fatale.
Je sors mon couteau, la lame brillant faiblement sous la lumière vacillante. Le silence devient mon allié, l'obscurité mon terrain. J'avance dans le tunnel, mes sens en éveil maximale. Le froid humide colle à ma peau, le moindre bruit résonne comme un coup de tonnerre. Je ressens le souffle du danger tout autour.
Je ne suis pas juste un spectateur. Je suis une ombre dans cette guerre. Et ce soir, je vais frapper.
Mais alors que je m'enfonce plus profondément, une voix résonne dans mon oreillette, glaciale et claire.
- Nikolai, tu n'es pas le seul à jouer dans l'ombre. Le Syndicat a ses propres fantômes.
Un frisson me parcourt. Cette nuit sera longue. Et rien ne sera plus jamais comme avant.
Je m'arrête un instant, mes doigts serrant fermement la poignée de mon couteau. Le poids de ces paroles pèse lourd, un avertissement, un défi. Ces « fantômes » sont des inconnus tapis dans les ténèbres, prêts à frapper quand on s'y attend le moins. Savoir qu'ils veillent m'oblige à redoubler de prudence.
Je reprends ma marche, l'esprit en alerte, chaque pas plus lourd que le précédent. Cette quête pour retrouver Aelis est devenue une chasse aux ombres, une plongée au cœur du mystère. Les murs autour de moi semblent se refermer, comme si la Zone-3 voulait avaler ceux qui osent défier ses règles.