Chapitre 5 Chapitre 5 : Le Massacre de la Meute

Point de vue de Ravenna

La nuit était tombée lorsque tout a basculé. La meute que je connaissais depuis toujours, ce foyer que j'avais appelé « maison », s'effondrait sous mes yeux.

Je ne m'y attendais pas. Rien ne pouvait me préparer à cela.

Depuis des années, je fuyais, je me cachais dans l'ombre de mon propre héritage. La pression de ce qui était attendu de moi, ce que je devais devenir... ce qu'on me forçait à devenir, me rongeait chaque jour un peu plus.

Le destin de l'Alpha... il fallait que je sois l'un d'eux, mais je n'étais qu'une fille. Je n'étais qu'une guerrière parmi d'autres. Et la règle était claire : seule une lignée masculine pouvait hériter de la position d'Alpha. Mais ce n'était pas cela qui m'avait brisé.

Ce qui m'avait brisé, c'était la vérité. Les complots, les intrigues. Ils avaient toujours été là, mais je ne les avais jamais vus. Mon père et ma mère, eux, les avaient toujours perçus. Mais ces traîtres, ces anciens alliés, voulaient leur place à tout prix.

Ils ne m'avaient pas tuée. Non. Ils m'avaient laissée vivre, me laissant dans l'ombre, ignorant que ma fuite ne les empêcherait pas de sombrer dans la folie.

Ils ont attaqué. Lors de la transformation, ils ont choisi leur moment. Un instant d'inattention, un moment de vulnérabilité. Ils ont frappé. Et en un instant, mes parents étaient morts.

Le chef de la meute, mon père, était tombé. Ma mère, la Luna, elle aussi, morte dans l'instant. Un coup porté dans l'ombre. Personne n'avait vu venir le massacre.

Je ne pouvais rien faire. Je n'avais que 12 ans, encore trop jeune, encore trop faible pour contrer ceux qui avaient conspiré contre ma famille. Ils avaient planifié cela depuis longtemps, sans que je ne le sache. Tout avait été orchestré dans l'ombre, et ma position de princesse de la meute n'avait pas suffit à me protéger.

Tout ce que j'avais pu faire, c'était fuir. Fuire dans la nuit, fuir pour sauver ma vie. Je savais que ma disparition serait suspecte, que des traques commenceraient. Mais au fond de moi, j'avais une conviction profonde : je devais survivre. C'était tout ce qui comptait. Et je voulais, coûte que coûte, retrouver ce garçon.

Je n'avais pas oublié ce jeune homme que j'avais sauvé il y a deux ans. Ses yeux émeraude argentés, son regard perdu, son visage gravé dans ma mémoire. Il était ma seule connexion avec ce monde hors de ma meute.

Je ne savais pas où il était, mais quelque chose m'appelait vers lui. Comme un instinct. Je n'avais pas de plan précis, mais je le savais : je devais le retrouver. C'était tout ce qui comptait.

Mais ma fuite m'avait menée dans des endroits où je devais constamment surveiller mes arrières. À chaque bar, à chaque ruelle, je me sentais toujours observée. C'était un endroit comme un autre. Un bar. Un endroit bruyant où les rires et les voix se mêlaient, où les gens se pressaient pour boire et oublier leurs tracas. Mais moi, j'étais différente.

Je n'étais pas censée être là. Et cela se voyait.

Un homme s'est approché. Il était bien plus vieux que moi, mais ses yeux glissaient sur mon corps avec un intérêt évident. L'odeur de l'alcool, l'arrogance de son attitude m'ont immédiatement alertée. Je n'avais pas besoin de beaucoup pour savoir qu'il allait trop loin.

Il a commencé à me parler, essayant de flirter, mais sa manière de s'approcher m'a glacée. Sans même y réfléchir, je me suis levée d'un coup.

J'ai vu son sourire arrogant s'estomper alors que mes mains se refermaient sur lui. Une pression violente. En un instant, il se retrouvait projeté sur le sol, son dos heurtant le bois de la salle de manière sourde.

Je n'avais même pas cherché à comprendre. Quand je suis en colère, mes pouvoirs se manifestent d'une manière étrange, violente, incontrôlable. Mes yeux brillent comme des pierres précieuses, et tout autour de moi se tend comme un fil prêt à céder. Et là, il cédait.

Il se releva lentement, choqué. Il me regarda avec des yeux emplis de peur, son corps tremblant. Mais il n'osa pas un geste.

« Ne me touche plus jamais. » Ma voix, froide et tranchante, ne laissa aucune place au doute.

Je le laissai là, étalé sur le sol, la peur dans ses yeux. De toute façon, je n'étais pas là pour ça. Je n'étais là que pour une chose : fuir, et retrouver le seul qui pourrait peut-être me comprendre.

Mais tout cela était devenu plus difficile qu'avant. Plus je fuyais, plus je me rendais compte que je n'étais pas vraiment seule. Des meutes me cherchaient, certaines plus proches que je ne l'imaginais. Chaque mouvement que je faisais semblait m'attirer de nouveaux regards, de nouveaux dangers.

L'un de ces regards était celui d'un Alpha. Un regard qui savait que je portais un pouvoir immense en moi, et qu'il voulait le contrôler. C'était pour cela que je devais fuir. Ce pouvoir, il pouvait me détruire autant qu'il me sauverait.

Je n'avais pas de repères, mais j'avais ma propre force. Et cela me suffisait. J'étais prête à tout, à affronter n'importe quel danger. Après tout, je portais en moi l'héritage d'un Alpha... même si je ne voulais pas la place.

... Je n'avais pas de repères, mais j'avais ma propre force. Et cela me suffisait. J'étais prête à tout, à affronter n'importe quel danger. Après tout, je portais en moi l'héritage d'un Alpha... même si je ne voulais pas la place.

Mais je savais aussi une chose, une vérité cruelle : je n'étais pas née pour être Alpha.

Je n'étais qu'une fille.

J'avais grandi avec cette idée en tête, une règle immuable qui m'était imposée depuis ma naissance. Peu importe la force que j'avais, peu importe les combats que j'avais menés, il y avait toujours ce mur, cette barrière invisible. L'Alpha n'était pas une place pour une femme. La meute, tout comme la société, était dominée par les hommes, et moi, malgré mon potentiel, je n'étais qu'un instrument, une guerrière au service de cette hiérarchie rigide.

Et pourtant... quelque part en moi, je ressentais une lutte profonde. Pourquoi devais-je me contenter de rester dans l'ombre ? Pourquoi devais-je accepter de n'être qu'une ombre d'Alpha, une guerrière sans nom, alors que je savais que mon destin était bien plus grand que cela ?

Mon esprit était un tourbillon de colère et de frustration. Une partie de moi savait que je ne pourrais jamais changer les règles de cette société patriarcale. Mais une autre partie de moi, la plus forte, refusait de se soumettre à ces diktats. Je voulais être Alpha. Pas à cause du pouvoir, mais parce que je croyais que je pourrais mener ma meute différemment, plus justement.

Je n'avais pas l'intention de rester une spectatrice de ma propre vie.

Le regard des autres meurtres de meutes plus puissantes me le rappelaient constamment. Ils cherchaient tous à m'utiliser, à me marier, à m'apprivoiser. Mais je n'étais qu'une pièce dans un jeu de pouvoir qu'ils voulaient contrôler. Leur désir d'avoir le contrôle sur moi, sur mes pouvoirs, sur ce que je représentais, ne faisait que me pousser à m'éloigner encore plus.

Peu importe ce que je ferais, peu importe combien je m'entraînais... je n'étais qu'une fille dans un monde de loups dominé par des hommes.

Mais la flamme en moi brûlait toujours, plus forte que jamais. Il y avait une partie de moi, plus secrète, plus intime, qui me disait que, malgré tout, je finirais par être celle qui dirigerait cette meute. Peut-être pas maintenant, peut-être pas demain... mais je finirai par les surmonter tous.

Je devais juste survivre, me rendre plus forte. Et un jour, personne ne pourrait plus m'empêcher de revendiquer ce qui m'appartenait de droit.