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Point de vue de Kieran
Ma maison était située à la lisière de la ville, presque à la frontière d'une forêt dense et silencieuse. Ce n'était pas un endroit où l'on se sentait à l'aise. La ville était une mégalopole en pleine expansion, un dédale de rues, de bruits et de lumière artificielle. Mais dans cette jungle de béton, ma maison, un petit chalet en bois, se tenait presque à l'écart, à quelques minutes seulement des vastes bois qui bordaient la périphérie. C'était une maison en retrait, un peu plus isolée que celles de mes voisins, ce qui me plaisait, bien que je sois souvent seul.
Depuis que j'étais enfant, je me sentais plus à l'aise dans cette forêt que dans les rues de la ville. C'était là que je trouvais un semblant de paix, loin des bruits du monde, où je pouvais me perdre parmi les arbres et les sentiers sombres.
Mais il y avait cette fille. Celle que j'avais cc
Ppprencontrée un jour étrange, un jour où la forêt semblait m'appeler. Elle avait l'air d'une apparition, d'un rêve suspendu entre la réalité et l'imaginaire. Je l'avais vue alors que j'étais encore tout jeune, peut-être dix ans, juste avant que tout ne change. Ce moment, je l'avais cherché à revoir pendant des années. Jour après jour, je m'enfonçais dans la forêt, espérant la retrouver, cette silhouette éthérée, mais chaque fois, je revenais bredouille. Les souvenirs flous de son visage, de ses yeux brillants, me hantaient, mais il n'y avait aucun signe d'elle. Pas un bruit, pas une trace.
Mes parents m'avaient toujours dit de ne pas y retourner. "La forêt est un endroit dangereux," disaient-ils. "Tu devrais laisser ces rêves derrière toi et te concentrer sur ta vie ici, dans la ville." Mais à chaque retour chez moi, chaque nuit passée à regarder à travers ma fenêtre vers la forêt, je savais qu'il y avait quelque chose de plus, quelque chose que je ne comprenais pas encore.
J'avais essayé d'en parler à mes amis, une fois, lors d'une soirée où j'étais plus nerveux que d'habitude. Ils m'avaient écouté, mais leurs regards étaient remplis de scepticisme et de moqueries. "Tu t'imagines des choses, Kieran", m'avaient-ils dit. "T'as pas besoin de chercher des fantômes dans la forêt. C'est une bonne idée de vivre ici, il est temps de vivre dans le présent." Et après ça, ils m'avaient laissé seul avec mes pensées. Je n'avais plus jamais mentionné la forêt à qui que ce soit.
Les années passèrent, et je n'ai cessé de revenir, jour après jour, cherchant dans les coins les plus reculés, mais sans rien trouver. Rien que des arbres, des roches, des sentiers oubliés. Mais une partie de moi savait que quelque part, elle était toujours là, attendant, peut-être.
La ville, elle, continuait de grandir autour de moi. Chaque année, de nouveaux bâtiments, de nouveaux magasins, de nouvelles personnes. Le bruit, la lumière, la chaleur. Mais rien de tout cela ne m'intéressait. Tout ce que je voulais, c'était retrouver cette fille, comprendre ce qu'elle était, pourquoi elle m'avait attiré dans cette forêt, et pourquoi, au fond de moi, je savais que notre rencontre n'était pas un simple hasard.
Mes recherches étaient devenues une obsession. Le temps passait, et pourtant, il y avait encore cette présence, cette sensation que tout n'était pas terminé. Chaque nouvelle tentative, chaque retour dans la forêt, me laissait un peu plus perdu. Mais je n'arrêtais pas. Parce que je savais que, d'une manière ou d'une autre, je devais comprendre.
Un jour, j'ai eu l'impression qu'il se passait quelque chose. Le vent soufflait plus fort que d'habitude, les ombres des arbres semblaient se mouvoir. C'était comme un signe, un appel silencieux. Mais lorsque j'ai pénétré plus profondément dans les bois, je suis revenu seul, une fois encore. Elle n'était pas là. Et je me suis demandé si je ne devenais pas fou à force de chercher.
Mais au fond, je savais que je ne pouvais pas renoncer.