Chapitre 5 Chapitre 5

Chapitre 5

Les jours se passaient, souvent silencieux, entre les heures consacrées aux négociations, aux appels, aux échanges de documents. Il n'était plus celui qui attendait qu'on lui tende la main. Aujourd'hui, il faisait les mouvements qu'il avait appris à maîtriser. Les pièces du puzzle s'imbriquaient parfaitement. Et il observait. Le premier coup. Il l'avait bien préparé, presque silencieusement. Personne ne saurait jamais qu'il était derrière tout cela.

Helena. Ou Elara. Elle n'avait aucune idée de ce qui se préparait. Elle se croyait intouchable, inscrite dans la classe des maîtres du jeu. Elle était la reine d'un empire qu'elle avait bâti à coups de décisions impitoyables, d'alliances stratégiques et de calculs. Elle pensait avoir échappé à la portée de son passé. Mais lui, il savait. Il savait qu'elle n'était pas aussi invincible qu'elle le croyait.

Il n'avait pas encore choisi de faire sa place au grand jour, mais il avait bien d'autres moyens de la déranger. Une poignée de personnes, une poignée de chiffres. Des influences invisibles qui suffisaient à faire vaciller un empire. C'était la première chose qu'il avait apprise : ne jamais se faire remarquer, jamais trop se dévoiler. Il n'avait pas besoin d'une annonce. Juste d'un mouvement, et tout pouvait basculer. Un simple coup qui mettait une entreprise sous pression, une action qui forçait une réévaluation. Le genre de mouvement que seuls ceux qui savaient regarder au-delà des évidences comprenaient. Et lui, il savait.

Elle allait en ressentir l'impact. Mais elle ne saurait pas d'où cela venait. Elle ne saurait jamais. Pas tout de suite.

La première victime de ce coup invisible avait été un de ses partenaires. Un investisseur clé dans une de ses filiales. Ce n'était qu'un détail au départ, une clause dans un contrat rédigée à la hâte. Un mot mal interprété, un manque de vigilance, un jeu d'ombres dans les chiffres. Une petite erreur, oui. Une erreur qui ne coûterait pas grand-chose au début. Mais qui, avec un peu de temps, allait faire s'effondrer l'équilibre financier que Helena avait mis tant de temps à construire. Et elle ne le saurait pas avant qu'il ne soit trop tard. Avant qu'elle ne commence à chercher d'où venait cette fuite.

L'un des hommes qu'elle avait toujours pris pour un allié serait le premier à s'écrouler sous le poids de cette erreur qu'il n'aurait même pas vu venir. Il n'était pas assez malin pour comprendre qu'il était déjà pris dans une toile qu'il n'avait pas tissée. Et elle, là-haut, derrière son bureau, loin de tout cela, croyait que tout se passait bien. Elle n'avait aucune idée de l'ombre qui se glissait dans les coulisses, invisible.

Il n'avait pas besoin de lui infliger une humiliation publique. Non. Ce n'était pas son genre. Il ne faisait pas dans la grande scène. Il préférait observer de loin, voir la panique s'immiscer dans les esprits des autres, l'incertitude s'installer petit à petit. La vérité, c'était qu'Helena allait commencer à douter. Douter de ceux qu'elle croyait fidèles. Douter des chiffres. Douter de son propre empire. Elle pensait avoir tout verrouillé, mais elle ne savait pas que les fissures commençaient déjà à se former.

Un jour, dans une réunion secrète avec ses plus proches associés, elle s'était lancée dans une analyse minutieuse, cherchant à identifier le problème. Mais ce n'était qu'une distraction. Elle cherchait des fautes là où il n'y en avait pas, perdant des heures à essayer de remettre les pièces en place. Le coup était déjà porté. Il n'y avait plus de retour en arrière. Elle allait être obligée de faire face à des choix qu'elle n'avait pas envisagés. Et cela, il le savait. C'était exactement ce qu'il voulait.

Alors qu'elle était concentrée sur sa guerre de chiffres, il fit une pause. Une femme s'était approchée de lui dans un autre domaine. Un coup d'œil furtif, une attitude délibérément indifférente. Mais il sentait l'intensité derrière ses gestes, derrière ses paroles. Il n'avait pas été dupé. Elle n'était pas là par hasard. Elle l'avait observé, l'avait suivi. Il le voyait. Elle savait qui il était. Ce n'était pas juste une question d'attirance. Non. Il y avait autre chose, une curiosité, un intérêt plus profond. Elle était venue pour un objectif bien précis. Mais lequel ?

Elle n'était pas là pour l'enflammer de désir, pour se perdre dans des discussions superficielles. Non. Elle était venue pour jouer à son propre jeu. Une femme mystérieuse. Une inconnue, mais pas pour longtemps. Elle avait une étrange manière de poser des questions, d'interroger ses intentions. Mais ce qui le perturbait le plus, c'était la manière dont elle le regardait, comme si elle savait, comme si elle avait déjà vu ce qu'il allait devenir. Elle n'était pas comme les autres. Elle n'était pas une simple distraction dans son chemin. Elle avait un objectif. Et elle n'allait pas s'arrêter avant de l'avoir atteint.

Il n'aimait pas cette impression. Il n'aimait pas l'idée d'être surveillé, d'être pris au piège. Mais il savait aussi que, dans ce monde, il n'était pas seul. Les alliés étaient des ennemis potentiels, et les ennemis, des alliés en devenir. Mais elle, elle n'était pas l'un ni l'autre. Elle n'était qu'une énigme qu'il allait devoir résoudre à un moment donné. Mais pas maintenant. Pas tout de suite.

Il détourna son attention, renvoyant cette pensée au fond de son esprit. Ce n'était pas le moment de se laisser déstabiliser. Il avait des affaires plus pressantes à régler. Helena devait payer pour avoir cru qu'elle pourrait s'échapper sans conséquence. Elle avait joué son jeu. Maintenant, c'était à lui de jouer le sien. Les cartes étaient sur la table, et il allait les utiliser à bon escient.

Chaque mouvement qu'il faisait renforçait son pouvoir. Chaque coup qu'il portait, aussi discret soit-il, lui permettait de prendre un peu plus d'espace. Il n'était plus l'ombre d'un homme effacé. Il n'était plus celui qui observait de loin. Non. Maintenant, c'était à son tour de gouverner l'arène. Et personne, ni Helena, ni cette mystérieuse femme, ne l'empêcherait de réussir.