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Un amour au delà des titres

Kim Choco
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Chapitre 1 La Rencontre

Le marché de Sandaga, à Dakar, était un lieu où le temps semblait s'arrêter et s'accélérer à la fois. Les étals colorés s'étendaient à perte de vue, débordant de fruits mûrs, d'épices odorantes et d'objets artisanaux. Les voix des vendeurs se mêlaient aux rires des enfants et aux appels des acheteurs, créant une symphonie chaotique mais harmonieuse. Au milieu de ce tumulte, Yakhara Gueye, une jeune orpheline de 22 ans, était assise derrière un petit étal couvert de bijoux qu'elle avait fabriqués de ses propres mains.

Ses doigts agiles avaient transformé des fils de cuivre, des perles et des coquillages en colliers, bracelets et boucles d'oreilles uniques. Elle portait une robe simple en wax, ses cheveux tressés en fines nattes qui encadraient son visage lumineux.

Ce jour-là, le soleil était particulièrement ardent, et Yakhara essuyait son front avec un morceau de tissu tout en ajustant l'étalage de ses bijoux. C'est alors qu'un jeune homme s'arrêta devant elle. Il portait des lunettes de soleil noires et une chemise blanche impeccable, mais ce qui frappa Yakhara, c'était son sourire. Un sourire large et chaleureux, qui semblait illuminer tout autour de lui.

- Bonjour, dit-il d'une voix douce mais assurée. Ces bijoux sont magnifiques. Tu les as faits toi-même ?

Yakhara leva les yeux, surprise par son intérêt. Elle n'était pas habituée à ce qu'on lui adresse la parole avec autant de gentillesse.

- Oui, répondit-elle timidement. Je les fabrique depuis que je suis petite.

Le jeune homme prit un bracelet en cuivre tressé, le tournant entre ses doigts pour admirer les détails.

- C'est incroyable, murmura-t-il. On dirait que chaque pièce raconte une histoire. Combien pour ce bracelet ?

Yakhara hésita un instant. Elle n'avait pas l'habitude de fixer des prix élevés, mais quelque chose dans l'attitude de cet homme lui disait qu'il ne marchanderait pas.

- Cinq mille francs, dit-elle finalement, en espérant ne pas avoir exagéré.

Le jeune homme sortit un portefeuille en cuir et lui tendit un billet sans hésiter.

- Tiens, dit-il en souriant. Garde la monnaie. Ton travail vaut bien plus que ça.

Yakhara le regarda, étonnée. Elle n'avait jamais reçu autant d'argent pour un seul bijou.

- Merci, murmura-t-elle, un peu gênée. Vous êtes trop généreux.

Il rit, un rire clair et joyeux qui fit battre le cœur de Yakhara un peu plus vite.

- Pas de quoi. Je m'appelle Kader, dit-il en lui tendant la main. Kader Seck.

Yakhara hésita un instant avant de prendre sa main. Elle sentit la chaleur de sa paume contre la sienne, une sensation qui la fit frissonner malgré la chaleur du jour.

- Yakhara, répondit-elle doucement. Yakhara Gueye.

- Enchanté, Yakhara, dit Kader en la regardant droit dans les yeux, même à travers ses lunettes noires. Tu as du talent, ne l'oublie jamais.

Il lui adressa un dernier sourire avant de s'éloigner, le bracelet enroulé autour de son poignet. Yakhara le regarda disparaître dans la foule, le cœur encore agité. Elle ne savait pas encore qui il était, mais elle sentait que cette rencontre allait changer sa vie.

Quelques minutes plus tard, une vendeuse voisine s'approcha, les yeux brillants de curiosité.

- Tu sais qui c'était, toi ? demanda-t-elle à voix basse.

Yakhara secoua la tête, perplexe.

- Non, pourquoi ?

La vendeuse éclata de rire.

- C'est Kader Seck, le fils du président ! Il est souvent dans les journaux. Tu ne l'as pas reconnu ?

Yakhara sentit son estomac se nouer. Le fils du président ? Elle venait de vendre un bracelet à l'héritier du pays ? Elle regarda à nouveau dans la direction où il était parti, mais il avait disparu. Un mélange d'excitation et d'inquiétude l'envahit. Elle se demanda s'il reviendrait, et si oui, ce que cela signifierait pour elle.

Ce soir-là, en rentrant chez elle, Yakhara ne pouvait s'empêcher de penser à Kader. Elle se souvint de son sourire, de sa voix, de la façon dont il avait admiré ses bijoux. Pour la première fois depuis longtemps, elle se sentit vue, entendue, appréciée. Mais elle savait aussi que leurs mondes étaient séparés par un fossé immense. Elle était une orpheline sans nom, et lui, le fils du président. Pourtant, quelque chose en elle espérait qu'ils se reverraient.

Et elle avait raison. Kader, de son côté, ne pouvait oublier la jeune femme du marché. Il avait été frappé par sa beauté naturelle, mais aussi par sa force tranquille. Il savait qu'il devait la revoir, même s'il ne comprenait pas encore pourquoi.

            
            

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