Chapitre 5 Chapitre 5

Chapitre 5

Le manoir Sterling se dressait devant Charlotte, imposant, austère, et terriblement intimidant. La demeure était entourée de vastes jardins taillés à la perfection, un symbole de contrôle et de rigueur, tout comme son propriétaire. Lorsque la voiture s'arrêta devant l'entrée principale, elle prit une inspiration profonde. Emménager ici signifiait accepter, même temporairement, la présence constante d'Alexander et tout ce que cela impliquait.

Un domestique ouvrit la porte et elle descendit, le menton levé. Alexander l'attendait sur le perron, impeccablement vêtu, les mains dans les poches de son pantalon de costume.

- Tu es chez toi maintenant, déclara-t-il d'un ton neutre.

Elle soutint son regard, cherchant à comprendre ce qui se cachait derrière cette façade impassible. Il ne lui laissait jamais entrevoir ses véritables intentions, et c'était cela qui la dérangeait le plus.

- C'est ce qu'on verra, répondit-elle simplement avant de pénétrer dans la demeure.

L'intérieur était à l'image de son propriétaire : vaste, luxueux, mais froid. De grands tableaux ornaient les murs, des œuvres d'art classiques, imposantes, sans une once de chaleur. Un immense escalier en marbre se dressait au centre du hall, menant aux étages supérieurs.

- Je vais te faire visiter.

- Je peux me débrouiller seule, rétorqua-t-elle en avançant.

- Charlotte.

Elle s'arrêta. Il n'avait pas haussé la voix, mais son ton lui fit comprendre qu'il n'aimait pas être contredit.

- Quoi ?

Il s'approcha lentement, réduisant la distance entre eux, son regard sombre ancré au sien.

- Ici, certaines règles sont à respecter.

Elle arqua un sourcil.

- Des règles ?

Il hocha la tête.

- Mon emploi du temps est strict. Les domestiques suivent des consignes précises, et j'attends de toi que tu comprennes comment les choses fonctionnent ici.

Elle croisa les bras.

- Et qu'est-ce que ça implique exactement ?

Il fit un geste vers la vaste demeure.

- Tout le monde a sa place. Et j'ai l'habitude que mon autorité ne soit pas remise en question.

Un sourire ironique se dessina sur ses lèvres.

- Laisse-moi deviner... Tu t'attends à ce que je sois une parfaite petite épouse docile ?

Il esquissa un sourire en coin.

- Je ne t'ai jamais vue docile une seule seconde, Charlotte.

- Alors, tu devrais savoir que je ne vais pas commencer maintenant.

Il l'observa un instant, son regard perçant semblant la sonder. Puis, sans un mot, il tourna les talons et commença à monter l'escalier.

- Ta chambre est à l'étage, juste en face de la mienne, déclara-t-il en montant.

Elle le suivit, non sans une pointe de méfiance.

- On ne devait pas partager la même chambre ? ironisa-t-elle.

- Je respecte ton besoin d'espace, répondit-il en s'arrêtant devant une porte. Mais ne t'y trompe pas, Charlotte. Ce mariage est bien réel.

Elle frissonna légèrement sous l'intensité de son regard, mais refusa de le laisser voir l'effet qu'il avait sur elle.

Lorsqu'elle entra dans sa chambre, elle fut surprise par la beauté du lieu. Un grand lit à baldaquin trônait au centre, les draps de soie ivoire contrastant avec les meubles en bois foncé. Une baie vitrée offrait une vue imprenable sur les jardins.

Elle se retourna vers Alexander, toujours adossé à la porte.

- Et si je veux partir ? demanda-t-elle.

Il pencha légèrement la tête.

- Tu peux essayer.

- C'est une menace ?

- Un avertissement, corrigea-t-il. Ce monde ne pardonne pas la faiblesse, et tu ferais bien de l'apprendre rapidement.

Elle planta ses yeux dans les siens, la mâchoire serrée.

- Je ne suis pas faible.

- Alors, prouve-le-moi.

Et sur ces mots, il referma la porte derrière lui, la laissant seule avec sa colère et un sentiment qu'elle refusait de nommer.