Chapitre 4 Chapitre 4

Chapitre 4

Les flashs des appareils photo illuminaient la salle, rendant l'atmosphère encore plus oppressante. Les journalistes s'entassaient derrière les barrières dorées du grand salon de réception, attendant le moment où l'héritière de l'empire bancaire Bennett et le puissant Alexander Sterling officialiseraient leur union.

Charlotte se tenait droite, le menton légèrement relevé, arborant un sourire maîtrisé. À ses côtés, Alexander, imposant dans son costume sur mesure, affichait une sérénité parfaite. Il semblait savourer chaque instant, comme si tout ceci n'était qu'un jeu dont il connaissait déjà l'issue.

- Souris, murmura-t-il près de son oreille, sa voix grave se mêlant aux éclats des conversations autour d'eux.

Charlotte ne répondit pas, se contentant d'effleurer du regard la foule qui les entourait. La haute société, les magnats des affaires, les familles influentes, tous les visages étaient rivés sur eux, avides de scandale ou de romantisme fabriqué.

Soudain, Alexander prit doucement sa main et l'attira contre lui. Elle tressaillit légèrement sous la pression de sa paume contre la sienne, mais garda son masque impassible. Puis, contre toute attente, il se pencha et déposa un baiser léger sur le coin de ses lèvres.

Un frisson lui parcourut l'échine. Ce n'était pas prévu. Ce n'était pas dans leur accord.

Les applaudissements fusèrent dans la salle, et les caméras immortalisèrent ce moment qui, pour tous, semblait empreint de passion et d'émotion. Mais Charlotte connaissait la vérité. Ce baiser n'était qu'une autre démonstration de pouvoir.

Quand enfin la réception toucha à sa fin, Alexander lui posa une main dans le bas du dos et l'accompagna jusqu'à leur voiture.

À peine la porte de la limousine se referma-t-elle derrière eux que Charlotte retira brusquement sa main de la sienne.

- Tu aurais pu me prévenir pour ce baiser, lâcha-t-elle d'un ton sec, son regard brûlant de colère.

Il la fixa un instant avant de laisser échapper un sourire amusé.

- Ça s'appelle jouer son rôle, ma chère fiancée.

- Ce n'était pas prévu, insista-t-elle.

- Rien ne l'est vraiment avec moi, répondit-il, son regard sombre trahissant une lueur de défi.

Elle croisa les bras, tentant de garder son calme.

- Ne fais plus jamais ça.

Il s'adossa confortablement contre le cuir du siège, l'observant comme s'il évaluait sa réaction.

- Et si j'en ai envie ?

Elle planta ses ongles dans sa paume pour ne pas céder à la rage.

- On a signé un contrat, Alexander. Il y a des règles.

Il inclina légèrement la tête.

- Oh, je suis bien au courant. Mais dis-moi, Charlotte, crois-tu vraiment qu'un bout de papier puisse fixer toutes les limites ?

Elle sentit son estomac se nouer.

- Tant que je peux m'assurer que tu respectes ta part du marché, ça me suffit.

Un sourire narquois effleura ses lèvres.

- Tu es fascinante, Charlotte. Vraiment.

Elle détourna les yeux, refusant de se laisser perturber par ses provocations.

Lorsque la voiture arriva devant le manoir Sterling, Charlotte descendit la première, impatiente de mettre de la distance entre eux. Mais alors qu'elle franchissait la porte d'entrée, elle sentit soudain une poigne ferme l'attraper par le poignet.

Elle se retourna brusquement, surprise par le geste.

- Quoi encore ?

Alexander la fixa intensément, son regard brûlant d'une lueur indéchiffrable.

- Une dernière chose.

Le silence entre eux devint presque oppressant. Charlotte sentit son cœur accélérer, mais elle ne laissa rien paraître.

- Je suis un homme patient, Charlotte. Mais je n'aime pas qu'on me défie inutilement.

Elle déglutit, refusant de céder à l'intimidation.

- Bonne nuit, Alexander.

Elle se libéra de sa prise et gravit les escaliers, sans un regard en arrière. Mais elle savait. Ce mariage n'avait rien d'un arrangement pacifique. C'était une bataille. Et elle venait tout juste de commencer.