Elle détourna les yeux, regardant la nuit défiler à travers la fenêtre. Le simple fait d'entendre ce nom faisait resurgir trop de choses. Caleb n'était pas un homme ordinaire. Il était autrefois le bras droit de Dante, un homme puissant et redouté dans son cercle. Puis, il y avait eu une rupture, une trahison dont personne ne connaissait vraiment les détails, et Caleb avait disparu du paysage.
Liana savait qu'il n'était jamais vraiment parti. Il s'était simplement retiré, bâtissant son propre empire dans l'ombre. Si quelqu'un pouvait les aider à se cacher, c'était lui. Mais le prix à payer risquait d'être élevé.
Elle baissa les yeux vers les jumeaux profondément endormis.
- Où est-il ?
Daniel lui jeta un regard rapide, surpris de sa résignation soudaine.
- Dans une propriété à quelques heures d'ici. Isolée, sécurisée. Personne ne s'y invite sans y être convié.
Liana inspira profondément.
- Alors allons-y.
Le reste du trajet se fit dans un silence pesant. Liana s'accrochait à l'idée que Caleb pourrait leur offrir une solution, mais une part d'elle savait qu'aucun refuge n'était éternel.
Lorsque la voiture s'engagea sur un chemin de terre sinueux, la tension monta d'un cran. Les arbres semblaient se refermer autour d'eux, comme un tunnel menant à l'inconnu.
Puis apparut la propriété.
Un vaste domaine, entouré de murs imposants et de caméras de surveillance. Devant le portail massif, deux hommes armés les observaient avec méfiance.
Daniel coupa le moteur et leva les mains en signe de paix.
- On vient voir Caleb. Il nous attend.
Un des hommes parla dans un talkie-walkie, puis après une attente interminable, le portail s'ouvrit lentement.
- Suivez le chemin, indiqua l'un des gardes. Il vous attend.
Daniel redémarra la voiture, et alors qu'ils avançaient, Liana sentit son cœur s'emballer.
Ils étaient peut-être en sécurité pour l'instant.
Mais dans cet endroit, tout pouvait basculer d'un instant à l'autre.
Chapitre 8 : L'homme de l'ombre
La voiture roula lentement sur l'allée pavée, encadrée par de hauts arbres qui filtraient la lumière des projecteurs postés sur le domaine. Liana sentait son cœur cogner dans sa poitrine à mesure qu'ils s'approchaient du manoir. La bâtisse, imposante et austère, se dressait devant eux, silencieuse, mais pas inoffensive.
Daniel gara la voiture près de l'entrée principale et coupa le moteur. Le silence s'abattit aussitôt, aussi lourd qu'un couperet. Liana posa une main sur son ventre, cherchant à calmer la tempête qui s'agitait en elle.
Les jumeaux dormaient toujours, bercés par le mouvement du trajet. Ils semblaient si paisibles qu'elle en ressentit une pointe d'envie.
- Prête ? demanda Daniel en déverrouillant sa ceinture.
Elle hocha la tête, bien qu'elle sache que rien ne pourrait vraiment la préparer à cette rencontre.
La porte d'entrée s'ouvrit avant qu'ils n'aient eu le temps d'avancer. Un homme apparut sur le seuil, une silhouette massive à l'aura intimidante. Caleb Sinclair.
Il n'avait pas changé. Toujours ce même regard perçant, ces traits marqués par l'expérience, et cette posture qui inspirait autant le respect que la méfiance.
Son regard glissa sur Daniel, puis sur Liana, s'attardant une seconde de trop sur son visage. Une lueur indéchiffrable passa dans ses yeux.
- C'est donc vrai, murmura-t-il. Tu es vivante.
Liana soutint son regard, refusant de montrer la moindre faiblesse.
- Je suis là.
Caleb croisa les bras, un sourire à peine esquissé sur ses lèvres.
- La question, c'est pourquoi ?
Daniel s'avança légèrement.
- On a besoin de ton aide.
Caleb laissa échapper un léger rire, un son sans joie.
- Évidemment. Les gens comme vous ne viennent jamais me voir sans une requête.
Liana sentit la colère monter, mais elle se força à rester calme.
- Je ne suis pas ici pour discuter du passé. Juste pour assurer leur sécurité.
Elle désigna les jumeaux à l'arrière de la voiture.
Le sourire de Caleb disparut aussitôt. Il les fixa, et quelque chose changea dans son regard.
- Descendez-les. Entrez.
Liana hésita.
- Alors tu acceptes de nous aider ?
Caleb la fixa intensément.
- J'ai seulement dit d'entrer. Pour l'instant.
Liana savait qu'elle n'avait pas le choix. Elle prit une profonde inspiration, ouvrit la portière et attrapa les jumeaux.
Ce n'était que le début.
Et elle ignorait encore si elle venait de franchir une porte menant au salut... ou à sa propre perte.