Chapitre 4 04

Chapitre 5 : L'ombre du passé

Le silence pesait dans la petite pièce. Seul le ronronnement de l'ordinateur de Daniel brisait l'immobilité de la nuit. Liana s'adossa contre le canapé où elle s'était installée avec les jumeaux. Leurs respirations lentes et régulières étaient la seule chose qui lui apportait un semblant de réconfort.

Elle aurait dû dormir. Elle en avait besoin. Mais son esprit était en alerte. Le regard de Daniel, lourd de reproches et d'inquiétude, flottait encore dans son esprit. Elle savait qu'il avait raison. En venant ici, elle prenait un risque insensé. Dante n'était pas un homme ordinaire. Il possédait des ressources inépuisables, des alliés discrets, et surtout, une obsession implacable pour le contrôle.

Liana frissonna et tira la couverture sur elle. Elle n'aurait jamais dû croiser son chemin. Mais à l'époque, elle n'était qu'une jeune femme naïve, fascinée par le charisme brut de cet homme au regard perçant et à la voix ensorcelante. Elle s'était crue spéciale, différente des autres.

Jusqu'au jour où elle avait compris qui il était vraiment.

La peur l'avait réveillée bien avant l'aube. Un bruit lointain, un froissement suspect. Elle ouvrit les yeux en sursaut et scruta la pièce sombre. Son cœur battait trop vite, comme si son corps savait quelque chose avant même que son esprit ne le réalise.

Un cliquetis.

Liana se redressa lentement, le souffle suspendu. Son regard se posa sur Daniel, assis devant son écran, le dos tendu, les doigts figés sur le clavier. Il écoutait aussi.

- Qu'est-ce que c'est ? murmura-t-elle.

Il ne répondit pas immédiatement. Il se leva sans bruit, attrapa une arme dissimulée sous un tas de papiers et s'approcha de la fenêtre. Il écarta légèrement le rideau et jeta un coup d'œil à l'extérieur.

Son silence dura trop longtemps.

- Daniel ?

Il recula lentement, ses traits figés dans une expression grave.

- Quelqu'un est là.

Le sol sembla se dérober sous ses pieds.

- Quoi ? Tu es sûr ?

Daniel jeta un regard vers la porte, comme s'il évaluait la situation.

- La voiture noire, de l'autre côté de la rue. Elle est là depuis trop longtemps. Et je suis presque sûr qu'il y avait quelqu'un dans l'escalier, mais ils sont partis dès que j'ai bougé le rideau.

Liana sentit une vague glacée l'envahir. Elle savait. Elle savait que c'était lui.

- On doit partir.

Daniel se tourna vers elle, les mâchoires serrées.

- Partir où, Liana ? Tu crois vraiment que tu peux continuer à fuir éternellement ?

Elle se leva, enroulant les jumeaux dans leur couverture.

- J'y suis obligée.

- Ce n'est pas une vie !

Elle planta son regard dans le sien.

- C'est la seule que j'ai.

Un instant, il ne répondit pas. Puis, avec un grognement exaspéré, il attrapa son manteau.

- D'accord. Je connais un endroit.

Sans perdre une seconde, il éteignit l'ordinateur, fourra quelques affaires dans un sac et vérifia son arme. Liana, elle, se précipita vers la porte arrière, son cœur tambourinant dans sa poitrine.

Ils quittèrent l'appartement par une sortie discrète, Daniel les guidant à travers des ruelles sombres et silencieuses. La ville semblait retenir son souffle, comme si elle-même savait que quelque chose se jouait dans cette nuit glaciale.

Lorsqu'ils atteignirent la voiture de Daniel, garée à quelques rues de là, Liana sentit enfin une once de soulagement. Mais elle savait que ce n'était que temporaire.

Dante savait qu'elle était ici.

Et il ne s'arrêterait pas avant de l'avoir retrouvée.

Chapitre 6 : Chasse à l'aube

Le moteur de la voiture ronronnait dans le silence de la nuit. Daniel gardait les mains crispées sur le volant, le regard fixé sur la route déserte devant eux. À l'arrière, Liana veillait sur les jumeaux, leurs petits corps blottis contre elle, insensibles à la tempête qui grondait autour d'eux.

Elle jeta un coup d'œil dans le rétroviseur. Derrière eux, les lumières de la ville s'estompaient peu à peu. Ils avaient pris une série de détours, changé de direction plusieurs fois pour s'assurer qu'ils n'étaient pas suivis. Pourtant, l'angoisse restait accrochée à sa peau comme une ombre impossible à dissiper.

Daniel jeta un regard furtif vers elle.

- Il va falloir qu'on parle de ton plan.

- Mon plan ? répéta-t-elle avec une amertume à peine contenue. Mon plan, c'est de rester en vie. C'est tout ce que j'ai.

Il secoua la tête.

- Ce n'est pas suffisant, Liana. Dante n'est pas du genre à abandonner. Si tu veux vraiment t'en sortir, tu dois réfléchir plus loin que la prochaine cachette.

Elle détourna les yeux, incapable de répondre. Elle le savait. Fuir ne suffirait jamais.

La voiture fila sur l'asphalte pendant plusieurs minutes sans qu'aucun d'eux ne parle. Seul le vrombissement du moteur brisait le silence pesant.

Puis, soudain, Daniel jura entre ses dents.

- Merde.

Liana se redressa instantanément.

- Quoi ?

Il pointa du menton le rétroviseur.

- Voiture derrière nous. Elle nous suit depuis au moins cinq minutes.

Le sang de Liana se glaça.

- Tu en es sûr ?

- Cinquante pour cent.

Il accéléra légèrement. La voiture derrière fit de même.

Soixante pour cent.

Daniel prit une sortie au dernier moment. La voiture suivit.

Quatre-vingt-dix pour cent.

- Tiens-toi bien.

Sans prévenir, il tourna brusquement dans une petite rue adjacente, puis encore une fois, zigzaguant entre les ruelles étroites pour semer leur poursuivant. Liana se cramponna aux jumeaux, priant pour qu'ils ne se réveillent pas en sursaut.

Derrière eux, la voiture noire tenta de les suivre, mais Daniel connaissait cette partie de la ville comme sa poche. Il prit une dernière ruelle, coupa les phares et se gara entre deux camions à l'arrêt.

Silence.

Liana retint son souffle.

Les secondes s'étirèrent en une éternité.

Puis la voiture noire passa devant leur cachette sans ralentir.

Daniel attendit encore une minute avant de rallumer le moteur.

- C'était lui ? demanda-t-elle d'une voix à peine audible.

Daniel serra la mâchoire.

- Si ce n'était pas Dante, c'était quelqu'un qui bosse pour lui.

Liana ferma les yeux. Elle avait espéré, naïvement, qu'elle pourrait lui échapper encore un peu. Mais il était là.

Il l'avait déjà retrouvée.

Daniel reprit la route, plus vite cette fois.

- On ne peut pas rester en ville. Il faut qu'on disparaisse. Vraiment.

- Tu as une idée ?

Il acquiesça.

- Ouais. Mais tu ne vas pas aimer.

Liana se tourna vers lui, son cœur battant plus vite.

- Dis-moi.

Daniel inspira profondément avant de lâcher :

- On doit aller voir Caleb.

Elle sentit le sol se dérober sous elle.

Caleb.

Son ancien allié. Son ancien ami.

Et l'un des seuls hommes que Dante craignait vraiment.