Chapitre 7 Chapter 7

L'information que venaient de me donner les guerriers m'a secouée comme un arbre dépourvu de forces. Et comme si ce n'est pas déjà assez stressant, on nous dit également qu'il y a plus de femmes que d'hommes au rassemblement de cette année et qu'une liste avait été faite pour mentionner celles qui allaient devoir retourner chez elles, laquelle liste était affichée sur la porte. Sur le tas, je me pose encore plus de questions. Selon les dires des gardes, il n'était pas impossible qu'une femelle soit plus âgée que son compagnon lors des rassemblements.

Toutefois, seule une différence d'un ans maximum était permise. Même la femelle est plus âgée que son compagnon, le rejet n'est pas autorisé. En réalité, il faut beaucoup de volonté et de force pour rejeter un compagnon. Et même si l'on y arrive, cela signifie que l'on rejette l'autre moitié de son âme, ce qui fait que même si l'on choisit un autre partenaire plus tard, on ne sera jamais content. Je ne suis pas sûre si j'ai cette force en moi, donc c'est pourquoi je voulais quitter simplement cette arène.

Dès que la porte du bunker a été ouverte, j'ai couru jusqu'à la liste affichée en priant silencieusement pour que mon nom y figure. Mais malgré tout le temps que j'avais consacré à cette besogne, je ne voyais pas mon nom. J'avais beau regarder, il n'y figurait pas. Très déçue, j'ai soupiré d'agacement. Là, je sens la présence d'Emma à mes côtés. Elle m'avait suivie en espérant que son nom soit également sur la liste, car nous sommes toutes deux désespérées et pressées de quitter cet enfer. Malheureusement, aucun de nos deux noms ne s'y trouvait.

En me voyant beaucoup plus déçue, elle m'a tirée par le bras pour que nous allions prendre place sur les sièges près de l'entrée du bunker. Nous nous asseyons tranquillement, ne faisant rien d'autre que de regarder dans le vide, et cela pour un temps indéterminable. Dans ce silence digne d'un cimetière, je réfléchissais à tous les scénarios possibles pour quitter cet endroit.

En vrai, je ne suis pas prête à me soumettre à mon compagnon. J'ai besoin de quelques années de plus de ma vie pour vivre indépendamment. Je n'ignore pas ce que c'est qu'être accouplée à quelqu'un. Lorsqu'après la chasse une femelle est acceptée par son compagnon, ce dernier a la mission de la chérir et la fera se sentir désirée et aimée pour le reste de sa vie. C'est ce qui se dit, mais selon moi, être accouplée signifie aussi que la femme sera attachée à quelqu'un pour le reste de sa vie et fera rien que des tâches ménagères la plupart du temps, sans oublier l'entretien des enfants. Rien de tout cela ne me dérange en vrai. Je le veux certes comme toute autre femme d'ailleurs, mais je préfère être prête avant de me lancer dans tout cela. Je suis encore trop jeune pour devoir faire face à ces responsabilités. Je ne peux pas m'empêcher de penser à ce qui va se passer ce soir. M'en sortirai-je ?

Alors que nous étions assises, les autres filles couraient aussi pour fouiller la liste. Beaucoup d'entre elles pleuraient quelques instants plus tard, mais je ne saurais dire si ce sont des larmes de joie, de soulagement ou de déception. En les regardant, j'avais envie de secouer celles qui affirmeraient être déçues, de leur crier qu'elles ont de la chance et qu'elles peuvent avoir mon compagnon en cadeau.

Cependant, un regard dur d'Emma m'intimait l'ordre de garder ma bouche et de rester tranquille. Je scrute la nuée de filles qui sont encore présentes dans la pièce et je vois que Victoria est au milieu d'elles. À ma grande surprise, elle discute avec quelques filles de guerriers de bas rang et avec des omégas. Elle ne m'a pas vraiment semblé être du genre à se mêler à d'autres personnes que les Alphas, les Bêtas et les guerriers de haut rang. Toutefois, c'est une bonne chose si elle leur parle. Peut-être que je l'avais jugée trop vite. Peut-être qu'elle n'est pas une mauvaise personne, mais juste un peu folle.

J'essaie d'écouter leur conversation, mais j'en suis incapable à cause de la multitude d'échos et de bruits provenant de l'extérieur ainsi que de l'intérieur du bunker. Je tourne donc mon attention vers ma nouvelle amie Emma, qui fait continuellement rebondir son genou et se ronge les ongles, signe évident de nervosité ou de peur peut-être. Je pose ma paume sur son genou qui rebondit, et j'essaie de l'arrêter, de détourner son esprit de la situation actuelle.

- Hey, qu'est-ce qui ne va pas ? lui demande-je.

Elle secoue la tête pour indiquer qu'il n'y avait rien. Je n'aime pas sa façon de faire semblant.

- Je vais continuer de te déranger jusqu'à ce que tu me le dises, alors crache le morceau, ajoute-je.

Là, elle me regarde avec des yeux inquiets et dit :

- Et si mon compagnon était une mauvaise personne ? Et s'il pense que je suis trop faible ? Et s'il me rejette ?

Je la coupe avant qu'elle ne puisse continuer sa dernière question parce que je sais ce qu'elle pense. En réalité, j'ai les mêmes pensées qu'elle, mais je ne peux pas le lui dire. Je la regarde donc et lui réponds :

- Tout d'abord, la Déesse de la Lune ne mettrait jamais quelqu'un comme toi avec un mauvais homme. Tu es trop gentille. Et si elle le faisait quand même, tu sais que tu as le pouvoir de le changer en mieux. Deuxièmement, si quelqu'un pense que tu es faible, c'est un idiot. Tu n'as peut-être pas la plus grande des tailles ou un physique effrayant, mais même un aveugle peut se rendre compte que tu es forte mentalement et physiquement. Ton compagnon ne te rejettera pas, je te le promets. À la seconde où il te verra et sentira ton odeur, tu seras la personne la plus importante de sa vie. Garde donc ces pensées négatives hors de ta tête, car elles ne feraient qu'augmenter ton niveau de stress et ta pression sanguine, ce qui n'est pas bon pour ton cœur, tes reins, tes poumons et tout le reste. Et aussi, le stress ne fait que t'enlaidir, donc toutes sortes de pensées irrationnelles ne te feront aucun bien. Tu comprends ?

Là, elle hoche lentement la tête et je la serre dans mes bras pour la réconforter.

- Et s'il te rejette, je le chasserai et le tuerai douloureusement, ajoute-je en posant mon menton sur sa tête.

J'ai ajouté la dernière partie juste pour la faire rire parce que j'ai besoin de son rire et de son babillage stupide pour m'empêcher de m'égarer dans mes propres pensées négatives. Nous parlons encore un peu et je commence à la voir se calmer et se détendre. Ensuite, nous nous sommes fait la promesse de nous retrouver avant la fin du rassemblement.

Je venais de réussir à détendre Emma, mais je n'étais pas moi-même détendue. Je souris à l'extérieur, mais mon esprit est en plein chaos. Je ne me détendrai que lorsque tout ce drame sera terminé.