Clara détourna les yeux, le regard fuyant.
- Je ne peux pas... Je ne peux pas prendre ce risque.
- Clara... viens avec moi. On ne sait pas ce qu'ils vont nous faire si on reste.
Mais Clara secoua la tête avec véhémence, son corps tremblant.
- Je ne peux pas.
Elisa sentit une vague de désespoir la traverser, mais elle n'insista pas. Elle comprenait la peur paralysante qui tenait Clara en otage, même si cela lui brisait le cœur.
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Aux premières heures du matin, la tension dans l'entrepôt monta d'un cran. Des bruits de mouvements précipités retentissaient à l'extérieur, comme si quelqu'un donnait des ordres dans un langage qu'Elisa ne comprenait pas.
Puis, la porte s'ouvrit à la volée, et Alexis fit irruption, ses traits tendus, mais résolus.
- C'est maintenant ou jamais, murmura-t-il en s'approchant d'Elisa, une clé à la main.
Il se pencha pour défaire ses liens, ses gestes rapides mais étrangement doux. Elisa sentit ses poignets se libérer, la douleur sourde s'estompant peu à peu.
- Suis-moi, dit-il, en lui tendant la main pour l'aider à se relever.
Elle jeta un dernier regard vers Clara, mais la jeune femme secoua la tête, les larmes aux yeux. Elisa ravala sa tristesse et suivit Alexis hors de la cellule.
Ils avancèrent à pas feutrés dans les couloirs sombres, Alexis prenant soin de vérifier chaque coin avant de continuer.
- Pourquoi faites-vous ça ? chuchota Elisa, incapable de contenir sa curiosité.
Alexis ne répondit pas immédiatement, se contentant de lui adresser un regard grave.
- Parce que ce qu'ils font ici est monstrueux, répondit-il finalement. Et parce que... vous méritez de vivre.
Les mots d'Alexis la laissèrent sans voix. Elle n'avait pas le temps de réfléchir davantage, car une alarme retentit soudain, brisant le silence oppressant.
- Ils savent qu'on est là, lâcha Alexis, la mâchoire serrée.
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La fuite devint une course effrénée. Alexis et Elisa traversaient les couloirs en zigzagant, évitant de justesse les patrouilles armées qui se rapprochaient.
Alors qu'ils atteignaient ce qui semblait être une sortie, un cri retentit derrière eux.
- Là-bas ! Arrêtez-les !
Elisa sentit son cœur s'emballer alors qu'elle accélérait, ses jambes fatiguées hurlant de douleur. Alexis attrapa sa main et la tira en avant, l'entraînant vers une porte métallique.
- Par ici !
Il força la porte ouverte, révélant une cour extérieure baignée par la lumière des projecteurs. Des hommes armés étaient déjà en mouvement, leurs cris résonnant dans la nuit.
- Continuez à courir, lui ordonna Alexis, la poussant légèrement en avant.
Mais alors qu'ils franchissaient la cour, Elisa trébucha sur un morceau de métal, s'écroulant au sol. Une douleur aiguë traversa sa cheville.
- Elisa ! cria Alexis, revenant sur ses pas pour l'aider à se relever.
Elle grimaça, son visage pâle de douleur, mais elle se força à avancer avec son aide.
Les balles commencèrent à siffler autour d'eux, et Alexis serra les dents.
- Tiens bon, on y est presque !
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Ils atteignirent enfin une voiture garée non loin. Alexis ouvrit la portière passager et aida Elisa à s'installer à l'intérieur avant de se précipiter de l'autre côté.
Il démarra en trombe, les roues crissant sur le gravier, tandis que les lumières des projecteurs disparaissaient peu à peu derrière eux.
Elisa, le souffle court, regarda par la fenêtre, son cœur battant à tout rompre. Elle avait réussi à s'échapper... mais à quel prix ?
Elle tourna la tête vers Alexis, ses traits durcis par la concentration.
- Où... Où allons-nous maintenant ? murmura-t-elle.
Il jeta un bref regard dans sa direction, son expression indéchiffrable.
- Quelque part où ils ne pourront pas vous retrouver, répondit-il.
Mais dans son regard, Elisa crut percevoir autre chose. Une lueur d'incertitude, peut-être même de culpabilité.
Et pour la première fois depuis qu'elle avait quitté l'entrepôt, elle se demanda si elle avait vraiment échappé au danger... ou si elle venait de se jeter dans une autre forme de piège.
La route était interminable, serpentine et bordée par des champs noyés dans une obscurité épaisse. Elisa, recroquevillée sur le siège passager, serrait ses mains tremblantes sur ses genoux, chaque tressaillement de la voiture sur le chemin cahoteux la faisant sursauter. Alexis gardait les yeux rivés sur la route, son visage fermé, mais il y avait quelque chose dans ses traits, une tension qu'il ne parvenait pas à masquer.
- Où est-ce qu'on va ? demanda-t-elle enfin, sa voix à peine plus forte qu'un murmure.
Il ne répondit pas tout de suite. Le silence s'étira, pesant, et Elisa sentit une nouvelle vague d'angoisse monter en elle.
- Un endroit sûr, finit-il par dire, presque mécaniquement.
- Qu'est-ce que ça veut dire ? répliqua-t-elle, la gorge nouée. Je suis censée te croire sur parole après tout ça ?
Alexis poussa un soupir, ses doigts se crispant légèrement sur le volant.
- Écoute, je sais que c'est difficile, mais je t'ai sortie de là, non ? Fais-moi un peu confiance.
Elisa détourna le regard, fixant l'obscurité qui défilait derrière la vitre. La douleur dans sa cheville pulsait toujours, un rappel constant de leur fuite précipitée. Elle n'était pas sûre de pouvoir croire en Alexis, mais elle n'avait nulle part où aller.
Après ce qui sembla une éternité, la voiture quitta enfin la route principale pour s'engager sur un chemin encore plus étroit, bordé d'arbres qui semblaient former une voûte au-dessus d'eux. Quelques minutes plus tard, une silhouette de maison apparut dans l'obscurité. C'était une bâtisse ancienne, entourée de hautes herbes et de silence.
Alexis coupa le moteur et se tourna vers Elisa.
- C'est ici.
Elle le regarda, méfiante, avant de descendre lentement de la voiture. Le sol était humide, l'air froid. Elle clopina légèrement en suivant Alexis jusqu'à la porte, ses doutes grandissant à chaque pas.