Chapitre 2 02

CHAPITRE 02

« Félicitations d'avoir attiré la meilleure fille de notre meute, » je dis chaleureusement, et je le pense vraiment.

« Je croyais que tu avais quitté ta meute, » dit-il.

Il fait ça comme si c'était de la trahison.

« Oui, maintenant je vis en ville, » je dis aussi poliment que possible. « Et voici mon fiancé Ian, » je prends sa main et tire doucement sur lui.

« Oh mon Dieu ! » Simone s'écrie, excitée. « Tu es fiancée ! »

Derek et Ian se serrent la main et le Beta plisse les yeux, visiblement mécontent. « Tu n'es pas des nôtres. »

« Non, » je pose une main protectrice sur mon fiancé. « Ian est entièrement humain. »

« Il sait ? » demande-t-il en utilisant un code.

« Oui, il sait. » Je réponds avec confiance, ne cherchant même plus à être polie. S'il veut être impoli, je pourrais bien apprécier lui arracher la tête de ses épaules. Peut-être que je suis un peu trop protectrice, mais je déteste voir Ian mal à l'aise dans ma propre maison.

« C'est merveilleux ! » dit Simone, ébahie. « C'est comme une histoire d'amour de film ! » Elle tente subtilement de frapper Derek pour lui faire comprendre qu'il devrait arrêter d'être impoli, mais je le remarque quand même. C'est un joli geste de sa part.

D'autres invités arrivent bientôt. Mes trois meilleurs amis d'enfance – Rachel, Helena et Campton – à l'exception de celui que j'ai perdu, le plus proche de moi – Dione. Mais il est parti maintenant. Il est parti il y a 8 ans. Tout ça à cause de moi.

Les familles de mes amis sont venues avec eux, les amis de mon père et leurs familles, ceux de mes frères et leurs familles, l'Alpha et le Gamma de notre meute – Jorah et Graham – et beaucoup de gens de la meute Carter. Je suppose qu'à présent que Simone est liée à leur Beta, les meutes sont devenues très proches.

Un petit groupe – composé de mon père, de l'Alpha Jorah, de Graham, de Derek, de Simone et de moi – se regroupe autour du buffet et nous commençons à parler de trucs de loups tout en sirotant du vin.

« Comment va l'entraînement de Jamie, Patrick ? » demande Jorah à mon père.

Papa écarte la main. « Il est encore en apprentissage. »

« Jake et Jason se sont améliorés, » commente Graham. « J'ai vu leurs progrès hier sur le terrain. Jacob a des réflexes rapides... Jason a une prise forte. »

Mon père hoche la tête. « Ils se sont améliorés. Mais ils ont encore du chemin à faire. »

Les yeux de Jorah se tournent soudainement vers moi. « Celle-là n'a jamais eu à s'entraîner durement, par contre. Elle est naturelle. On l'a tous vu depuis qu'elle était toute petite. »

Mon père rit doucement. « J'ai trois fils, messieurs, et c'est cette charmante demoiselle qui vole la vedette à chaque fois. Allez comprendre, » dit-il en levant son verre.

La foule rit.

« C'est vraiment dommage qu'on ait perdu une combattante comme toi, Lila, » me dit Jorah.

Mon père hoche la tête distraitement. « Son loup a toujours été le plus fort de mes enfants. Eh bien, elle est aussi la plus forte en forme humaine. Elle a toujours été le roc de cette famille. »

Mes yeux s'embuent sans que je m'en rende compte. Je ne savais pas que mon père ressentait ça. « Tu essaies de me faire changer d'avis et de rester ? » je dis en caressant sa main.

« Oh non, je sais que ce bateau est parti depuis longtemps, » dit-il en jetant un regard à Ian derrière, comme s'il lui en voulait pour mon absence.

Je m'éloigne pour saluer mes autres amis et Ian me suit cette fois, accompagné de mon frère Jamie. Il a été le guide personnel d'Ian ce soir, ou plutôt, son encyclopédie, et je dois dire qu'il en profite beaucoup.

« C'est Rachel, » il chuchote à Ian tandis que nous approchons de mon amie. « Et la fille à côté d'elle, c'est Helena. Elle est super canon mais déjà prise. C'est l'une des rares à avoir un compagnon. Les compagnons sont un truc compliqué – »

« Je sais ce que c'est, Lila m'a expliqué, » dit Ian.

« Ah, elle partage vraiment tout. Bon, probablement pas tout, » Jamie me fait un clin d'œil en rigolant.

Je roule des yeux avec affection. Les petits frères...

« Helena ! Waouh, tu as tellement changé ! Je ne t'aurais pas reconnue dans la rue. »

« C'est pareil pour toi, jolie demoiselle. J'avais déjà oublié à quel point tu étais grande, » dit-elle en me serrant dans ses bras sur la pointe des pieds. Helena est une fille charmante, elle me rappelle une latina séduisante.

« Ce sont les talons, » je montre les gratte-ciel que sont mes chaussures. Mais je remarque le regard dans ses yeux – elle m'en veut toujours pour ce qui s'est passé. Et je ne supporte pas ce regard.

« J'ai entendu dire que tu allais te marier ! C'est merveilleux. Tu as fixé la date ? » demande Rachel. Mais ses yeux racontent la même histoire. Dione est dans toutes nos têtes.

« Oui. Ce sera le 20 décembre, notre anniversaire de cinq ans. »

« Comme c'est mignon. »

Tout à coup, un étrange sentiment m'envahit. Mon corps commence à transpirer et mon cœur bat la chamade, même si je ne sais pas pourquoi.

Je me tourne, scannant la pièce, comme à la recherche de quelque chose. Puis je le remarque.

Un homme grand et musclé, dans la vingtaine bien entamée... Il est bronzé, tatoué, avec des cheveux légèrement ondulés tombant jusqu'à ses épaules musclées. Un de ses sourcils épais est coupé au milieu – probablement quelque chose qu'il a gagné lors d'un combat.

Ses lèvres sont viriles, mais sensuellement pleines. Son nez est rugueux et masculin, ses yeux... noir cuivré, mais deux dagues brillantes. Et je n'arrive pas à détourner les yeux de lui.

« Qui est-ce ? » je demande.

« Qui ? » Rachel suit mon regard. Comme si elle pouvait le rater. C'est le plus grand gars de la pièce.

« Oh, lui ? »

Je hoche la tête, incapable de parler pour une raison que j'ignore.

« C'est Darius Carter. Le nouveau Alpha de la meute Carter. Tu as vraiment été absente d'ici longtemps, » elle rit.

Je force un sourire même si j'ai l'impression que je vais m'évanouir.

« Il vient d'arriver. Sans cavalière, si je peux me permettre de le noter, » ajoute Helena. « C'est le célibataire le plus convoité de la région. »

« Je pense qu'il y a quelque chose qui cloche chez lui, » dit Rachel à Helena, mais ses paroles semblent trop étouffées pour que je puisse bien les entendre. « Il ne fait pas un peu bizarre ? »

Mon cœur accélère tellement que je pose une main sur ma poitrine, craignant qu'il ne saute hors de ma poitrine. Bien que mes poumons semblent remplis d'air, j'ai du mal à respirer. Mes mains sont soudainement moites et mes genoux trop faibles. Je veux m'asseoir, mais je suis incapable de bouger.

Puis nos regards se croisent.

« Lily ? »

« Lila ! Ça va ? »