Chapitre 4 Fin d'une innocence

Marina

- Mon dieu ce mec est vraiment trop canon ! Tu as vu comment il a démarré en Wheeling ? C'est sûr, il n'a pas froid aux yeux. Les mecs vont perdre c'est certain ! M'exclamé-je euphorique.

Si j'avais su, je ne serais pas restée à parler avec eux. J'aurais dû faire un tour pour voir les beaux mecs aux alentours car je suis certaine que ce n'est pas le seul.

- On devrait aller voir la ligne d'arrivée. Juste pour rejeter un coup d'œil à son corps à nouveau et voir ce qui se cache en dessous de son casque. Dis-je à Alix en la prenant par le bras.

Alix a l'air totalement dans la lune, je la tire limite pour traverser les gens qui se sont rassemblés près de la ligne d'arrivée et on se retrouve devant près d'un magnifique garçon brun avec des yeux bleus couleur océan. Il me sourit ce qui me fait frissonner mais d'un coup, une fille se met entre nous. Elle n'a pas l'air commode du tout donc je recule un peu et détourne mon regard vers la route.

- Tu penses qu'ils ont une chance contre ce mec ? Demandé-je à Alix qui rêvasse toujours.

- Hein ? Me répond-elle enfin quand je la toise. Non, ils n'ont sûrement aucune chance de gagner.

- Je confirme. Nous interromps la brune à côté de moi. Il ne s'appelle pas Speed Breaker pour rien. Sourit-elle narquoisement.

- Speed Breaker. Répété-je cherchant la signification.

- Oui il est comme une vague déferlante de vitesse, rien ne peut le rattraper quand il est lancé. Réponds le mec à côté d'elle alors que le bruit d'une moto se fait entendre.

Tout le monde se met à crier et à sauter en criant Speed Breaker alors que nous voyons les phares d'une moto arrivée au loin.

- Ils sont où les autres ? Demandé-je surprise de ne toujours pas voir leurs phares.

Je n'ai pas le temps de me poser la question deux fois que la moto Ducati rouge et blanche passe comme une balle la ligne d'arrivée en faisant un Wheeling arrière.

- Il faut toujours qu'il en fasse trop. Marmonne la fille à coté de nous en partant en sa direction.

- Viens ! Fais-je à Alix en partant vers l'homme à la moto.

Je veux absolument voir qui se cache sous ce casque.

Alix

Marina m'entraîne vers la foule qui se trouve autour de l'homme aux tatouages. Une brune sexy nous pousse et on se retrouve propulsé devant avec elle. Le garçon et la fille qui étaient à coté de nous se trouvent déjà près de lui et je comprends que ce sont des amis à lui.

- Vite ! Enlève ton casque ! S'écrie Marina impatiente.

Je regarde Marina en souriant, elle va finir par aller lui enlever elle-même s'il ne se dépêche pas.

Alors que je tourne la tête en sa direction d'où vienne les cris hystériques, il soulève enfin son casque et ses yeux verts se posent dans mon regard directement me rendant totalement paralysée à nouveau par leur intensité qui me dévore.

Je pince mes lèvres tellement son regard est intense et torride. Je n'avais pas vu la couleur de ses yeux avant et le fait que ce soit les mêmes que les miens est vraiment inouï.

- Je ne rêve pas, il te regarde bien là ! S'exclame Marina.

Je détourne d'un coup mon regard alors qu'une blonde sexy vient de lui sauter dans les bras et de l'embrasser. Je n'ai pas besoin de regarder plus longtemps, je sais que c'est la fille avec qui il était à la boîte de nuit.

- Fallait s'en douter qu'il n'était pas célibataire. Allons rejoindre les garçons ils arrivent enfin. Me fait Marina d'un air déprimé.

Je n'ai aucune envie de les rejoindre mais je n'ai pas le choix. C'est Marina qui a conduit pour venir et moi de toute façon, je n'ai pas encore le permis.

Je jette un coup d'œil avant de traverser la foule qui s'agglutine autour de la Ducati et de ce garçon tatoué aux yeux verts quand je remarque qu'il regarde toujours dans ma direction.

Je me détourne et soupir. Je ne dois même pas espérer un instant que ce soit moi qu'il regarde vraiment. Après tout, c'est moi qui ai fixé ses tatouages sans honte. Connaissant ce genre de mec, il me regarde pour s'amuser. Son geste avec sa langue à la boite de nuit était clair. C'est le genre de mec qui doit avoir un harem à ses pieds et de tout façon, ce genre de relation ne m'intéresse pas.

Ma mère et Marina disent que je finirai vieille fille avec mes dessins mais au moins les dessins ne me briseront jamais le cœur.

Derek

Arrivé sur la ligne d'arrivée, je scrute les gens dans la foule quand je la vois enfin. Cette fille aux cheveux noirs avec des yeux verts si intenses qu'on dirait qu'elle me transperce entièrement.

Je plonge mon regard dans le sien espérant enfin voir un sourire sur son visage qui semble stoïque malgré l'intensité de son regard. Mais il a fallu que cette fille se ramène bien entendu et le temps que je la repousse un peu, elle a disparue.

Je regarde un peu la foule et croise son regard à nouveau mais elle se détourne directement.

Je rage de ne pas avoir pu profiter un peu plus de son beau regard.

- T'en fais une tête pour quelqu'un qui a gagné ! Me lance Ayden alors que je descends de la moto.

- Tu doutais de moi ? C'était juste une mise en bouche. Souris-je alors que je prends une bière dans le casier.

- Ces gamins doivent être en train de pleurer à cet instant. Rigole Ayden en regardant au loin.

- Bon c'est à mon tour d'aller m'amuser un peu. Nous lance Félicie en enlevant sa veste en cuir noir.

- Bonne chance. Lui fais-je.

- Tu as intérêt d'être sur la ligne d'arrivée quand j'arrive ! Me lance-t-elle froidement.

Je la regarde surpris alors qu'elle monte dans sa Mustang. C'est quoi son problème ?

Félicie

Je monte dans la Mustang attendant mon adversaire du jour.

Il est sérieux Derek, il croit que je n'ai pas vu comment il regardait cette gamine à l'instant.

Je sais qu'il est toujours à la chasse et aux aguets de nouvelles proies mais là, il exagère. Cette fille est sûrement encore au Lycée, il ne peut pas se permettre de jouer à ces jeux avec une gamine.

- T'es prête poupée ? Me lance mon adversaire en montant dans sa voiture.

- Tu sais ce qu'elle te dit la poupée ! Fis-je en lui faisant un beau doigt d'honneur que je pose sur mes lèvres en souriant narquoisement.

J'enclenche la première attendant le coup de feu qui nous lâchera en espérant qu'il soit bien sur la ligne d'arrivée à mon retour.

Marina

Nous avons rejoint les garçons qui comme on le pensait sont dégoutés de s'être fait berner.

- Ce n'est pas avec lui qu'on devait courir ! Personne n'est assez fou pour courir contre le Speed Breaker ! S'exclame le blond en tapant son casque par terre.

- Vous n'aviez qu'à ne pas accepter quand il est arrivé sur la ligne de départ. Fis-je.

La logique aurait été d'abandonner dès le début au lieu de courir.

- On va aller boire un coup près des autres pour digérer notre raclée. Fait le plus mignon en me prenant par les épaules.

Des boissons gratuites ça ne se refuse pas.

Je fais un clin d'œil à Alix pour qu'elle nous suive, je vois directement qu'elle lève les yeux au ciel et se pince les lèvres en nous suivant de mauvais cœur.

Il n'y a pas à dire, je vais vraiment avoir du mal à la décoincer si elle ne boit pas un verre. Pendant la soirée hier, elle était pourtant moins coincée sauf quand on a rencontré ces garçons, là elle est rentrée totalement dans son monde.

Nous rejoignons leurs amis qui sont plus loin dans un bâtiment et je remarque le grand brun aux magnifiques yeux de tout à l'heure prendre deux bières et ressortir du bâtiment.

Dommage que nous soyons déjà accompagnées sinon j'aurais été le trouver.

- Marina.

Je me retourne vers Alix.

- Je dois aller... Tu sais où. Me dit-elle dans l'oreille.

Nous ressortons toutes les deux du bâtiment et après avoir demandé à plusieurs filles, nous trouvons un endroit pour faire pipi.

- Tu comptes rester tard ? Me demande Alix.

- Ça dépend si je concrétise avec le mignon ce soir sinon ben, on ne tardera pas de trop.

- J'espère, je me sens vraiment mal à l'aise ici. Me dit-elle en sortant de l'endroit où elle urinait.

- Vous êtes là les filles !

Les garçons arrivent pile quand on repart.

- Oui affaires de filles. Fais-je en tenant le bras d'Alix qui une fois de plus est gênée.

- Ça te dérange si je t'emprunte ton amie deux minutes ? Demande le mignon à Alix.

Alix hésite mais sait que c'est ma chance de conclure en voyant mon regard.

- Pas de soucis. Répond-elle en me lâchant.

- Merci. Lui soufflé-je en prenant la main du garçon.

Alix

Me voilà bien avec l'autre. Mais je ne peux pas faire ma gamine et gâcher la soirée de Marina.

- Tu veux qu'on aille voir les voitures ? Me demande-t-il.

Disons que ça nous occupera et avec un peu de chance, je reverrai l'homme aux tatouages.

Pour retourner vers l'endroit des voitures, nous devons traverser une petite ruelle. Je le suis quelques mètres derrière lui, je suis vraiment mal à l'aise avec les garçons. Je ne sais pas leur parler et encore moins les regarder.

D'ailleurs, les seuls garçons que j'ai vraiment regardé dans les yeux sont mon père et cet homme aux tatouages.

Je me perds à nouveau dans mes songes, m'imaginant dessiner ses tatouages sur mon carnet de dessin, essayant de me rappeler des formes exactes de ses mandalas autour du visage tibétain.

Et c'est là que mon enfer commence. Je me retrouve coincée dans l'ombre de la ruelle par ce garçon blond qui me tient les bras le long du corps alors que sa bouche est sur la mienne.

- Ne fais pas ta prude ! Tout le monde sait que tu es une aguicheuse comme les autres ! Me lance-t-il en me coinçant les mains derrière mon dos pour les tenir d'une main.

De l'autre, il passe sous mon top alors qu'il lèche mon cou et se frotte contre moi.

Je voudrais crier mais je suis totalement tétanisée. Je sais aussi que le bruit de la musique et des moteurs des voitures couvrira mes cris donc je me résigne en silence alors qu'il défait mon short et enfuit ses doigts en moi.

On lit tellement de choses dernièrement sur ses femmes qui sont mortes en se faisant agresser que je n'ose pas faire un mouvement.

- Tu peux crier tant que tu veux, personne ne t'entendra ! Me claque-t-il en se reculant un peu et se débraillant à son tour.

Je ferme les yeux totalement en larmes alors que je sens cette chose rentrer en moi. Je me mords les lèvres jusqu'à saigner.

Je m'en veux de ne pas être restée à la maison et d'avoir mis ses vêtements provocateurs.

Je m'en veux de ne pas avoir été plus forte et de ne pas avoir dit non à Marina.

Je m'en veux de ne pas mourir à cet instant.