Au vue des tensions qu'il y avait eues au Terrier, Harry et Hermione avaient préféré ne pas leur parler de la lettre de Lily. Ils s'étaient de toute façon dit que Molly et Arthur n'auraient pas vraiment pu les aider, ne faisant pas encore partie de l'Ordre à l'époque de leurs parents. Cependant, ils comptaient bien profiter du rôle de Préfète d'Hermione pour accéder aux archives de l'école et mener leur enquête concernant leurs parents.
Hermione était seule dans la chambre qu'elle partageait avec Ginny et terminait de faire sa valise. Elle choisit de prendre avec elle les affaires appartenant à sa mère, qu'elle avait trouvées chez les Granger. Ainsi, elle pourrait étudier le carnet de Lily plus précisément. Elle n'avait pas vraiment pris le temps de s'y attarder. À vrai dire, elle appréhendait ce qu'elle allait pouvoir y trouver.
Elle jugea bon d'ajouter son sac de perles qu'elle avait gardé depuis la fin de la guerre. Elle avait pris le temps d'y rajouter des potions et des livres lorsqu'elle était retournée chez elle. La brune ne le quittait plus, trop terrifiée à l'idée que quelque chose d'horrible se passe et qu'elle ne se retrouve sans rien. Elle gardait donc toujours avec elle de quoi survivre et voyager.
Le lendemain, elle emmènerait avec elle Mira et Pattenrond. Elle ne voulait pas les quitter non plus, ils étaient des points de repères et des soutiens. Quand elle eut fini de tout préparer, elle descendit au salon pour aider Molly et Harry à mettre la table, l'heure du dîner approchant.
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Il avait passé la soirée de la veille à faire et défaire sa valise pour vérifier qu'il n'oubliait rien. Il accusait le stress d'être la cause de toute cette agitation. Le soleil venait de se lever et il était déjà prêt à partir pour King's Cross. Après avoir pris sa mère dans les bras et l'avoir laissée l'embrasser sur la joue, il sortit enfin du manoir pour transplaner. Encore une fois, elle ne lui avait pas adressé le moindre mot. Il mit cela sur le coup de l'émotion, même s'il n'y croyait pas vraiment.
Arrivé devant la gare, il se précipita entre la voie 9 et 10, ne voulant pas être reconnu et souhaitant être sûr de trouver un compartiment vide où il pourrait se terrer seul. Il traversa le passage le séparant de la grande locomotive rouge avec sa valise, et grimpa dans le train rapidement. Il ne fit même pas attention au quai blindé de parents accompagnant leurs enfants pour leur nouvelle année. Il ne voulait pas subir les premiers regards, ou voir tous ces gens heureux alors que lui était seul et en détresse. Il prit place dans le compartiment le plus au fond du train, déposa ses bagages au-dessus des sièges et s'assit près de la fenêtre, attendant patiemment le départ du train. Lorsque le paysage commença enfin à défiler sous ses yeux, il s'assoupit.
Mais le blond fut rapidement réveillé par des coups sur la porte de son compartiment. Il ouvrit difficilement les yeux et tourna la tête vers l'origine de cet insupportable bruit. Devant lui se tenait le Professeur McGonagall qui écarquilla les yeux lorsqu'elle le vit enfin se réveiller. Il se leva vivement pour ouvrir la porte qu'il avait verrouillée avec plusieurs sorts, par précaution.
- Monsieur Malefoy, contente de voir que vous avez fini par vous réveiller.
- Excusez-moi professeur, je m'étais assoupi, souffla-t-il d'une voix rauque due à son réveil précipité, tout en se passant une main dans les cheveux.
- Bien, suivez-moi. Nous devons rejoindre le compartiment des préfets afin que je vous donne les consignes pour cette nouvelle année.
Ils se dirigèrent vers l'autre bout du train, passant devant chacun des compartiments. Si Drago ne voulait pas être remarqué, c'était raté. Tout le monde le vit à travers les vitres des compartiments. Cependant, il ne remarqua pas particulièrement de regards hostiles, mais plutôt de l'indifférence voire aucun regard du tout. Il n'y prêta pas vraiment attention et continua son chemin avec la directrice.
McGonagall ouvrit la porte du dernier box et entra, le blond la suivant. Il releva la tête après avoir fermé la porte et son visage se décomposa. Devant lui se tenait une jeune femme du même âge que lui, ses cheveux châtains et ondulés tombant sur sa poitrine et le milieu de son dos, avec une silhouette fine. Elle avait grandi et s'était embellie durant l'été. Elle semblait pourtant incroyablement fatiguée, portant de larges cernes sous ses yeux chocolat.
À la vue de cette dernière, le blond poussa un soupir d'exaspération. Il s'attendait à tout sauf à ça. Lui qui voulait passer une année tranquille, loin des problèmes pour pouvoir repartir et commencer sa vie de son côté à la fin de l'année voyait tous ses plans tomber à l'eau, à cause d'elle. Il n'avait jamais pu la supporter et redoutait déjà les longues heures qu'ils auraient à passer dans la même salle commune.
Une vraie miss-je-sais-tout, se dit-il.
Pourtant, il ne put s'empêcher de remarquer à quel point elle avait changé physiquement. Ou alors peut-être n'y avait-il jamais vraiment fait attention, trop occupé à la traiter de sang-de-bourbe ou à la dévisager chaque fois que leurs chemins se croisaient.
- Malefoy, dit-elle d'un ton sec, paraissant aussi dépitée que lui.
- Granger, lâcha-t-il la mâchoire serrée.
- Bien, je vois que vous êtes tous les deux ravis de vous voir, ironisa McGonagall. Mais nous ne sommes pas là pour ça. Comme vous l'avez appris cet été, vous avez pour mission cette année de veiller au respect des règles dans l'enceinte du château. De plus, vous aurez au cours de l'année différentes missions qui vous seront assignées, notamment l'escorte de certains élèves pendant les heures de cours ou le soir, l'organisation des différentes sorties et évènements de l'année, et les missions que vous aviez déjà les années précédentes. Il se peut aussi que les professeurs et moi-même vous demandions de nous accompagner en cas de problème dans Poudlard. Comme vous le savez, vous allez partager un appartement jusqu'à la fin de l'année. Je suis bien consciente que vous n'êtes pas les meilleurs amis du monde, mais je considère que vous êtes les mieux placés pour ce poste et je compte sur vous pour faire preuve de maturité et de discernement.
- Oui, Professeur, répondirent-ils en cœur, trop intimidés pour répliquer quoi que soit d'autre.
- Parfait. À l'issue du banquet de ce soir, vous me rejoindrez à la table des professeurs afin que je vous montre vos appartements. D'ici là, je vous prierai de rester dans ce compartiment jusqu'à notre arrivée. Les élèves ont comme consigne de vous retrouver ici en cas de problème. À tout à l'heure.
Les deux étudiants acquiescèrent et la directrice quitta la cabine. Un silence s'installa et les deux élèves, ennemis de longue date, prirent chacun place sur les banquettes du compartiment, veillant à être le plus loin possible l'un de l'autre.
Après de longues minutes de silence plus que gênantes, Drago se risqua à observer sa camarade. Jamais ils ne s'étaient retrouvés tous les deux, dans un espace si restreint. Il y a quelques mois, ils se seraient entretués, mais tout avait changé et bizarrement, aucun des deux n'eut une telle idée. Ils restèrent simplement là, silencieux, l'une le regard fixé sur les paysages que le train traversait, l'autre se risquant à détailler la jeune femme.
Comme il l'avait déjà aperçu en entrant, il remarqua qu'elle semblait se trouver dans un état similaire au sien. Fatiguée, abattue, alourdie par un poids qu'il ne soupçonnait pas.
Aussi pitoyable que moi, pensa-t-il.
Mais aussi bizarre que cela puisse paraître, il ne la trouvait pas aussi repoussante que dans ses souvenirs. La jeune femme qu'elle était devenue lui apparaissait d'une grande beauté. De longs cheveux ondulés qu'elle avait finalement réussi à dompter, des yeux en forme d'amande, un nez d'une fine carrure et des lèvres légèrement pulpeuses et rosées. Il se sentit pendant quelques instants hypnotisé par la vision qu'il avait d'elle. Jamais il ne l'avait vu, ni regardé de cette manière. Il secoua la tête après s'être rendu compte qu'il la fixait depuis trop longtemps.
Qu'est-ce qui lui était passé par la tête, pourquoi la regarder comme ça ? Elle le détestait, il la détestait, ça avait toujours été comme ça.
La nuit commençait à tomber quand il décida enfin de se lever de son siège pour attraper sa robe de sorcier. Aucun élève n'était venu les déranger et le silence était resté le même tout le long du voyage. Hermione lisait depuis un bon moment déjà et leva la tête pour la première fois en voyant le mouvement soudain de son camarade. Il sortit pour aller se changer aux toilettes et la jeune femme en profita pour se changer elle aussi, toujours dans un silence de mort. Lorsqu'il revint, il ne fit pas attention et ouvrit la porte sans regarder. La jeune femme était encore en train de se changer et il la surprit, dos nu.
- Dégage de là Malefoy, je n'ai pas terminé ! aboya-t-elle de surprise.
Il ferma rapidement la porte en étouffant un rire, le premier depuis longtemps. Il ressentit quelque chose qui lui avait manqué. Évidemment, la surprendre n'avait pas été volontaire, mais le peu qu'il avait vu ne le laissa pas indifférent. Il avait eu le temps d'admirer les belles courbes que son dos laissait voir, et cela ne lui avait pas déplu. Quand elle eut enfin terminé, il se risqua à réintégrer le box. Elle lui lança un regard noir et croisa les bras sur sa poitrine, signe de son énervement.
- Ne fais pas cette tête Granger. Si tu avais été plus rapide, tout ça ne serait pas arrivé. Tâche d'être plus efficace la prochaine fois, dit-il avec son fameux sourire en coin.
- La ferme, Malefoy.
- Oh, mais c'est que notre Miss-je-sais-tout est tendue d'un coup, répliqua-t-il moqueur.
- Tu es pitoyable, Malefoy.
- Tiens, j'ai une impression de déjà-vu. Te serais-tu concertée avec ton copain le binoclard ? Vos répliques sont transcendantes, s'exclama-t-il en levant les yeux au ciel d'un air ennuyé.
- Tu n'en vaut pas la peine. Inutile de se concerter, nous pensons tous la même chose de toi. Tu es mauvais et pathétique.
- Tout ça me va droit au cœur, je n'en attendais pas moins de toi.
Elle ne lui répondit pas, trop énervée pour ne pas dire quelque chose qu'elle regretterait. Malefoy n'avait pu s'empêcher de se moquer d'elle. Il ne voulait pas paraître touché par ses mots, même s'il l'avait été.
Elle a raison, pensait-il, je suis pitoyable, incapable d'être respectueux, obligé de l'insulter pour essayer de prendre le dessus.
Il grimaça en tournant la tête vers la fenêtre. Il s'en voulait de ne pas réussir à être indifférent à ses remarques, mais elle faisait partie des personnes avec qui il ne s'entendrait jamais, il en était persuadé.
Ils ne s'adressèrent plus un mot jusqu'à la fin du trajet. La nuit avait fini par tomber et au bout de quelque temps, ils purent enfin voir apparaître le majestueux château qu'ils appréciaient tant tous les deux.