Chapitre 4 Chapitre 4

Chapitre 4

Le village était une anomalie, un lieu où les lois des meutes semblaient floues, malléables. Ce n'était pas un territoire où l'on venait chercher refuge sans conséquences. Mais Elena n'avait pas eu le choix. L'épuisement pesait sur ses épaules, et ses instincts, aiguisés par des années de survie, lui soufflaient que cet endroit pourrait être sa dernière chance.

L'aura de domination qui régnait ici était différente de celle de Kieran. Plus subtile, mais tout aussi implacable. Elle le sentit avant même qu'il ne parle, comme une force gravitant autour d'elle, une ombre menaçante qui ne demandait qu'à s'abattre.

« Intrigant, » fit une voix grave, empreinte d'une curiosité calculée.

Elle se retourna brusquement. L'homme était grand, ses yeux aussi sombres que la nuit, et sa présence imposante. Il n'avait pas besoin de lever la voix pour s'imposer. Elle savait immédiatement qui il était. Callum Draven.

« Tu n'es pas d'ici, » déclara-t-il, presque nonchalamment, mais avec une précision qui lui donna l'impression qu'il voyait à travers elle.

« Je ne fais que passer, » répondit-elle, le ton sec.

Un sourire en coin étira ses lèvres, mais il n'avait rien de chaleureux. « Passer, hein ? On ne traverse pas ce territoire sans raison. »

Elle se redressa, affrontant son regard. « Je ne cherche pas d'ennuis. »

« Peut-être, » concéda-t-il, s'avançant lentement. « Mais les ennuis te suivent, non ? »

Elle ne répondit pas, gardant son silence comme un bouclier. Ses doigts effleurèrent la lame dissimulée à sa ceinture, une habitude qu'elle avait développée depuis sa fuite.

« Tu as du cran, » murmura-t-il, son ton plus amusé qu'admiratif. « Mais le cran ne suffit pas ici. »

Il fit signe à ses hommes, qui se tenaient en arrière, observant avec une vigilance prédatrice. Ils reculèrent légèrement, mais leur posture restait tendue.

« Pourquoi es-tu ici ? » demanda-t-il finalement, son ton se durcissant.

Elle inspira profondément. « Ça ne te regarde pas. »

Un éclat traversa ses yeux, un mélange de défi et d'amusement. « Oh, mais je crois que si. »

Un silence pesant s'installa, mais avant qu'il ne puisse pousser davantage, un hurlement lointain retentit. Elle se raidit instantanément, reconnaissant la signature de la meute de Kieran.

« On dirait que tu n'es pas aussi seule que tu le prétends, » observa Callum, son ton plus sérieux cette fois.

Elle se tourna, prête à fuir, mais il attrapa son poignet avec une rapidité déconcertante.

« Pas si vite, » dit-il calmement. « Tu apportes leur guerre ici. Tu crois que je vais te laisser partir sans rien dire ? »

« Lâche-moi, » gronda-t-elle, les yeux brillant d'une lueur animale.

Il ne bougea pas, mais son expression changea légèrement. Une reconnaissance. Une fascination. « Intéressant. Tu es plus qu'une fugitive, n'est-ce pas ? »

Un deuxième hurlement, plus proche cette fois. Elle tira violemment sur son bras, et il la lâcha, non sans un sourire satisfait.

« C'est ta chance de prouver que tu n'es pas un problème pour moi, » dit-il en s'éloignant. « Sinon, je te livre à eux. »

Elle le suivit, sa respiration rapide, ses pensées tourbillonnant. Elle n'avait pas besoin de son aide, mais elle savait qu'affronter la meute de Kieran seule serait suicidaire.

Ils atteignirent une clairière où les hommes de Callum s'étaient rassemblés, armés et prêts à combattre. Callum se plaça au centre, dominant la scène avec une autorité naturelle.

« Kieran envoie ses chiens sur mon territoire, » déclara-t-il, plus pour ses hommes que pour elle. « C'est une insulte. »

Elena resta à l'écart, observant en silence. Les loups de Kieran apparurent bientôt, leurs mouvements rapides et fluides. En tête, un homme qu'elle reconnaîtrait entre mille. L'un des lieutenants de Kieran, un fidèle parmi les fidèles.

« Nous ne voulons pas de conflit, » déclara l'homme, bien que son ton trahisse le contraire. « Nous cherchons quelqu'un. Une femme. »

Callum croisa les bras, son sourire narquois bien en place. « Une femme ? Sur mon territoire ? Et pourquoi serais-je concerné ? »

« Nous savons qu'elle est ici, » répliqua le lieutenant, ignorant le ton moqueur de Callum.

Elena sentit le regard de Callum glisser vers elle, rapide mais significatif. Elle serra les poings, sachant qu'il pesait ses options.

« Je n'ai vu aucune femme, » répondit-il finalement, son sourire s'élargissant. « Peut-être que vous perdez votre temps. »

Le lieutenant grogna, mécontent mais hésitant à déclencher un affrontement direct. Les règles entre Alphas étaient strictes, mais elles pouvaient être facilement ignorées si les circonstances l'exigeaient.

Un grondement bas monta de la gorge de Callum. « Tu es sur mon territoire, » dit-il, chaque mot teinté de menace. « Si tu cherches des ennuis, je serai ravi de les fournir. »

L'atmosphère était électrique, chaque côté prêt à bondir. Mais finalement, le lieutenant leva une main pour calmer ses hommes.

« Très bien, » dit-il. « Mais ce n'est pas fini. »

Ils battirent en retraite, mais Elena savait que ce n'était qu'une question de temps avant qu'ils ne reviennent. Callum se tourna vers elle, son expression redevenue neutre.

« Tu vois ? Les ennuis te suivent. »

Elle croisa les bras, le défiant du regard. « Je n'ai pas besoin de ton aide. »

Il haussa un sourcil, un éclat amusé dans les yeux. « Peut-être pas. Mais si tu veux survivre, tu en auras besoin. »

Elle hésita, son instinct lui criant de fuir, mais la logique l'emportant. Il avait raison. Elle était seule, et Kieran ne renoncerait pas.

« Alors, » dit-il doucement, s'approchant d'elle. « Es-tu prête à accepter ma protection ? »

Elle le fixa un moment, pesant ses options. Puis, lentement, elle hocha la tête. Mais à cet instant, elle jura qu'elle ne serait jamais redevable à qui que ce soit. Pas même à lui.