"Justement, tu tombes bien !" s'exclama-t-elle en levant les bras au ciel. "Tu pourras certainement m'expliquer dans quoi je viens de voir ! Je suis certaine que tu as toujours été au courant que ta mère couchait avec mon père, mais tu n'as jamais pensé que je méritais de le savoir. Que me caches-tu d'autre, Megan ? J'ai l'impression de ne pas te connaître du tout. Je veux parler du rendez-vous que tu as arrangé pour moi avec un étranger la nuit dernière pour que ce dernier me viole. Alors, il n'y a aucun doute que je ne te connais pas !"
Les yeux de la mère de Megan s'ouvrirent aussitôt grandement, choquée. Scarlett se demandait comment son père avait réagi face à cela, cependant, elle ne comptait pas se retourner pour vérifier par elle-même. Elle n'allait pas non plus détourner son regard de Megan.
Cette dernière ne faisait rien d'autre que la regarder sans ouvrir la bouche. Sa mère se plaça alors devant Scarlett :
"Qu'est-ce que tu racontes ? Qu'insinues-tu en disant qu'elle t'a piégée ? Ma fille serait incapable de faire une telle chose. Tu as eu une aventure d'un soir avec un homme et tu cherches à faire porter la responsabilité à Meg ?!... Meg, dis quelque chose !"
Mais cette dernière était trop silencieuse, son visage virant au rouge cramoisi. Face à cela, Scarlett perdit son sang froid, alors elle leva la main et la frappa au visage de toutes ses forces. Le son résonna dans l'air pendant un instant. Aussitôt, Megan fit quelques pas en arrière en se tenant la joue d'un air étonné et douloureux.
Ils restèrent tous sans mots et choqués pendant quelques secondes. Alors, la mère de Megan saisit le poignet de Scarlett et le serra.
"Toi... ! De quel droit viens-tu gifler ma fille dans notre maison ?!"
Elle leva aussitôt la main pour lui rendre la gifle, mais Scarlett l'avait vue venir. Elle se laissa emporter par la rage et ne parvint plus à contrôler ses actions. Sans même prendre le temps de réfléchir, elle repoussa violemment la mère de Megan. Vu que cette dernière ne s'y attendait pas, elle laissa échapper un petit bruit avant de se retrouver par terre. Ils virent son corps heurter douloureusement le sol et sa tête se cogner contre le coin d'une table qui se trouvait précisément là.
Voyant sa mère tomber si douloureusement, Megan hurla aussitôt. Alors, des gouttes de sang commencèrent à s'échapper de la blessure à l'arrière de sa tête. Elle se hâta d'aller s'agenouiller devant elle, mais avait trop peur de la toucher.
"Maman... Oh mon Dieu, maman... ! M'entends-tu ? Merde !"
Scarlett cilla à maintes reprises et n'eut aucune idée de ce qu'elle devrait faire personnellement. Elle se tordit les mains, fixant la femme dont les yeux regardaient dans le vide. Tout d'un coup, son père la poussa pour s'agenouiller à côté de la mère de Megan.
Délicatement, il souleva le haut du corps de cette dernière et le posa sur ses cuisses. Sa main s'accrocha ensuite à l'arrière de sa tête et elle gémit de douleur. Scarlett regardait la scène et en était horrifiée. Que cela faisait tout bizarre de voir le soin et l'attention que son propre père portait à une autre femme ! L'homme dit à voix basse :
"Joyce... Joyce, qu'y a-t-il ma chérie ?!"
Chérie ?! Scarlett aurait ri si ce n'était pas que la situation l'avait littéralement bouleversée. La mère de Megan regarda son père et lui adressa un sourire. Megan, elle, se releva et pointa un doigt vers Scarlett :
"Tu as blessé ma mère ! C'est avec moi que tu as de problème, pourquoi t'en prends-tu à elle ? Pour l'amour de Dieu et si elle mourait ?"
"Arrête Meg ! Ne blâme pas Scarlett, je te prie ! C'est parce qu'elle est hors d'elle aujourd'hui. Je me sens bien..." gémit la femme.
Toutes les deux, la mère, ainsi que la fille, échangèrent un regard. Cela attira l'attention de Scarlett qui remarqua qu'elles semblaient communiquer l'une avec l'autre en douce. Alors, après s'être tournée vers l'homme qui était agenouillé auprès de sa mère, Megan fit sortir des mots qui firent comprendre à Scarlett que son cauchemar était loin de finir.
"Pourquoi ne dis-tu rien, papa ? N'as-tu pas vu ce qu'elle a fait ? Jusqu'à quand comptes-tu garder le silence et faire comme si tout va bien ? Jusqu'à ce que maman et moi soyons lésées et placées après la seule fille que tu aies reconnue ?"
Scarlett s'esclaffa et tous les regards se posèrent aussitôt sur elle. Elle donnait l'impression d'être folle et Megan finit par en être terrifiée. Elle fit alors un pas en arrière lorsqu'elle vit Scarlett la foudroyer d'un regard rempli d'envie de meurtre.
"T'ai-je entendue l'appeler par papa ?!"
Quand bien même Megan avait peur, elle garda la tête haute.
"C'est exactement ce que tu as entendu !"
Après avoir dit cela, elle se tourna pour regarder l'homme qui était toujours agenouillé sur le sol, malgré le fait que la mère de Meg avait suffisamment récupéré pour être capable de s'asseoir toute seule, tenant sa tête.
"Papa, je suis fatiguée d'être comme une enfant illégitime, compris ? Il est à présent temps que tu dises la vérité pour que nous puissions tous être à l'aise. Il n'y a plus aucun moyen de s'en sortir."
L'homme se leva, les yeux de ses deux filles tournés vers lui. Il était bien conscient que c'était la vérité, et il lui était à présent impossible de le cacher. Alors qu'il prenait la parole, il s'assura de ne pas croiser le regard de Scarlett.
"Écoute, chérie... C'est la vérité ! En réalité, Megan est ta sœur."
Il rassembla tout son courage et réussit à poser son regard sur elle. Le visage de celle-ci était vide de toute émotion. D'une certaine manière, il se sentit contrarié par cela, alors sa voix s'éleva :
"Arrête de me regarder de cette manière, compris ? Si je ne t'ai jamais rien dit, c'est pour que tu ne souffres pas, mais tu ne m'as pas laissé le choix. Tu es venue ici et tu as fait irruption dans la pièce sans même... Très bien ! Quoi qu'il en soit, cela n'a pas d'importance. Il fallait que tu le saches tôt ou tard. La réalité est que cela fait déjà un bon moment que je sors avec Joyce. Cela a commencé avant même que je ne me marie avec ta mère. Nous nous sommes séparés à l'époque, mais j'ignorais qu'elle était enceinte. J'ai rencontré Megan quelques années plus tard, mais je ne pouvais rien dire vous dire à ta mère et toi, alors j'ai gardé cela secret. Mais tout ce que je voulais, c'était te parler de ta sœur... Ce n'est pas de cette façon que je voulais que les choses se passent. Tu as peut-être l'impression d'avoir été lésée, mais mets-toi à la place de Meg. Elle a été obligée de vivre comme une fille illégitime. Tu as eu tous les privilèges dont elle ne pouvait que rêver. Tu ne peux pas être plus en colère qu'elle en ce moment."
Il fit ensuite quelques pas en avant. Scarlett était paralysée sur place, on aurait dit une statue, et elle n'essaya pas de s'exprimer, même pas une seule fois. Alors son père inspira profondément et sourit maladroitement.
"J'ai l'impression que tu es parvenue à bien prendre cela, Scar... Très bien ! À présent, vu que tu connais la vérité, nous pouvons tourner la page et aller de l'avant, tous ensemble. Nous pouvons à présent former une nouvelle famille..."
"Arrête !"
Scarlett enroula les bras autour d'elle-même.
"Qu'est-ce qui ne va pas ?!"
"Une famille, dis-tu ?! Avec ces femmes ?! Hors de question, papa !"
"Il faut que tu arrêtes d'être égoïste, Scarlett !"
"Égoïste, dis-tu ?! Est-ce comme cela qu'on appelle quelqu'un qui ne veut pas être apparenté à une femme qui n'a pas hésité à la caser avec un homme par jalousie ? Je ne sais pas papa... Es-tu certain d'être mon père ? Tu m'as l'air d'être un parfait inconnu en ce moment."
"Les mensonges ne te sortiront pas de cette situation, Scarlett. Laisse-moi te dire qu'à partir de cet instant, Meg et sa mère sont ta famille. Tu devras les appeler sœur et mère."
"Je préfère mourir que de les appeler de la sorte, tu m'entends ?"
Joyce s'approcha alors et posa tendrement une main sur l'épaule du père de Scarlett et lui dit d'une voix douce :
"Je t'en prie, ne l'obliges pas ! Ce n'est pas grave si elle n'a pas envie. Nous avons vécu tout ce temps sans elle, je suis sûre que nous pouvons continuer encore un peu. Donne-lui encore du temps."
Voyant le semblant de gentillesse de cette femme, Scarlett roula des yeux. Faire croire qu'elle se souciait de son bien-être. Son père était-il aussi aveugle pour ne pas voir le regard sournois de celle-ci ? Comment pouvait-il ne pas savoir qu'elles profitaient de lui ? Scarlett serra les dents. Ce serait encore idiot de sa part de se soucier de son père après tout ce qu'il avait fait.
"Aucune importance !" cracha son père, la voix remplie de colère. "Se comporter comme une gamine gâtée ne changera pas le fait que Megan est ta sœur, Scarlett. Quoi qu'il en soit, tu devras l'accepter. Et vu qu'à présent, tu es au courant de toute l'histoire, Megan et sa mère doivent venir vivre avec nous. Il ne servira à rien de rester séparées."
Scarlett se sentit tellement choquée et les sourires narquois de Megan et de sa mère la rendirent malade.
Alors, elle hurla : "Même pas en rêve ! Cette maison appartient à ma mère et je ne permettrai pas que tu y amènes des étrangères, papa ! Tu devras passer sur mon cadavre pour le faire, tu as ma parole !"
"Elle est à moi, cette maison, jeune fille !"
"Bien sûr, mais seulement après la mort de ma mère. Et je ne permettrai jamais que tu fasses une chose aussi répugnante. Je ne te laisserai pas prendre ces put* Ah !"
En même temps, il lui administra une gifle impitoyable sur la joue droite. Celle-ci n'en ressentit rien puisque la plus grande souffrance venait du fait qu'elle était surprise de voir son gentil père oser la gifler à cause de quelqu'un d'autre. Ses yeux s'embuèrent automatiquement et elle le regarda fixement.
"Est-ce que tu viens de me gifler à cause de ces femmes ?!"
Elle n'obtint aucune réponse de celui-ci. Il serra sa main tremblante et Scarlett put voir qu'il regrettait son geste, mais il était trop tard. Elle se précipita vers la sortie et ne s'arrêta pas lorsque l'homme appela son nom. Une fois dans l'ascenseur, elle fondit en larme et son cœur lui faisait mal à tel point qu'elle avait peur qu'il ne soit réellement brisé.
Elle était venue là pour confronter Megan au sujet de son viol, mais n'avait finalement pas pu le faire. À la place, elle rompit la relation qu'elle avait avec son père et se retrouva complètement orpheline. Elle venait de perdre ses deux parents.
Scarlett quitta très rapidement l'immeuble, à moitié en pleurs et secouant la tête avec confusion. Elle venait de prendre conscience que Megan avait gâché sa vie en seulement quelques heures en lui volant non seulement sa virginité, mais également son père. Elle se demanda si c'était un plan dont elle préparait la mise en exécution depuis le début de leur amitié. Serait-ce juste pour détruire sa vie qu'elle se serait rapprochée d'elle la première fois ?
Scarlett était perdue dans ses pensées à tel point qu'elle n'avait pas remarqué le véhicule noir qui freina soudain et s'arrêta non loin d'elle. L'homme assis sur la banquette arrière en sortit immédiatement et regarda la jeune femme heurter deux personnes qui marchaient dans la direction opposée. Elle ne prit même pas la peine de s'excuser. On aurait dit qu'elle était coincée dans sa propre bulle et que le monde extérieur lui était devenu invisible.
L'homme courut après elle et lui tint le bras.
"Hé !"
Lorsqu'elle se retourna, ses sourcils se plissèrent aussitôt. C'était justement l'homme de tout à l'heure, l'escorte masculine à côté de laquelle elle s'était réveillée le matin. On pouvait voir que ce dernier avait un air inquiet sur le visage, mais elle avait du mal à croire qu'il se souciait vraiment d'elle.
"Je vous interdis de me toucher !" siffla-t-elle en dégageant son bras de son emprise. Alors, il lui demanda : "Que s'est-il passé ?"
Il enfouit la main dans sa veste et en sortit un mouchoir, mais Scarlett refusa de l'accepter.
"Dites-moi ce qui s'est passé", insista celui-ci. "Peut-être que je pourrais vous aider. Écoutez, si c'est à propos de ce matin..."
"Évidemment, fils de p*te ! Il s'agit bel et bien de ce matin et aussi de ce qui m'est arrivé à l'instant. Et laissez-moi vous dire, il n'y a rien que vous puissiez faire pour moi, et même si vous le pouviez, je n'accepterais jamais la moindre aide venant d'une escorte masculine !"
Scarlett aurait pu lui cracher au visage, mais elle ne se donna pas cette peine. Elle ne remarqua pas la façon dont les gardes du corps de celui-ci la regardaient, leurs mains posées sur leurs armes et attendant un seul ordre de leur patron. Mais l'homme resta silencieux.
"Monsieur..."
"Laissez-la partir", soupira-t-il en la regardant s'éloigner. "Il y a tant de colère en elle..."
Il se demanda ce qui le poussait à vouloir tant l'aider. Elle n'était qu'une femme parmi tant d'autres, après tout. Cela faisait pourtant deux fois déjà qu'il tentait de se monter gentil avec elle. C'était plus qu'assez de générosité.
"Allons à la compagnie !" finit-il par dire à ses hommes avant de remonter dans la voiture. Cependant, il avait toujours Scarlett dans son esprit tout le temps du trajet. Pas même un peu.