Chapitre 2 Chapitre 2 : Le regret

Yannis venait de terminer son massacre, laissant derrière lui le chaos et une odeur de mort qui flottait dans l'air. Sans une once de remords, il ramassa son sac et quitta la scène, abandonnant le corps sans vie de la petite fille dans la ruelle sombre. Le silence pesait lourd, interrompu uniquement par le bruit de ses pas qui résonnaient sur le pavé. Rien, pas même le sang sur ses mains, ne semblait l'affecter.

Arrivé chez lui, Yannis se dirigea directement vers la salle de bain. Il se lava minutieusement, comme s'il se purifiait, non par culpabilité, mais par un simple besoin de se débarrasser des preuves. Une fois propre, il s'installa sur le bord du lit, le regard vide. Ses pensées le ramenaient à ce moment fugace où quelqu'un l'avait vu. Une jeune fille, à peine sortie de l'école, avait croisé son regard. Elle ne semblait pas avoir compris ce qu'elle avait vu, mais cela importait peu pour Yannis. Elle représentait une menace.

Avant de disparaître dans l'esprit de Yann, il se leva lentement et se dirigea vers le bureau. Là, dans le tiroir du bas, se trouvait un vieux carnet, usé par le temps et les aveux. Yann utilisait ce carnet pour noter les horreurs commises par son alter ego, une tentative désespérée de garder le contrôle. Yannis ouvrit une page vierge, prit un stylo et écrivit froidement :

« J'ai tué une petite fille dans la ruelle derrière le marché. Une autre fille, qui semblait sortir de l'école, m'a vu. J'ai pris une photo d'elle. »

Il posa le stylo et, d'un geste lent, sortit son téléphone. Il regarda la photo de la fille, son visage innocent marqué par l'ombre de la mort imminente. Quelque chose dans ses traits lui semblait familier. Mais Yannis, indifférent, s'allongea sur le lit et disparut dans les limbes de son esprit, cédant la place à Yann.

Yann se réveilla en sursaut, pris par une angoisse oppressante. Un frisson lui parcourut l'échine alors qu'il tentait de se souvenir des dernières heures. Chaque fois qu'il reprenait le contrôle, la peur l'envahissait. Il savait que parfois, Yannis se contentait de se montrer sans causer de dégâts, mais d'autres fois... Yann savait qu'un carnage pouvait avoir eu lieu.

Terrifié à l'idée de ce qu'il allait découvrir, il se leva précipitamment et ouvrit le carnet. Ses yeux parcoururent rapidement la dernière page, et son souffle se coupa. Il lut avec horreur ce que Yannis avait écrit. Ce n'était pas tant le meurtre d'une autre innocente qui le glaçait, mais bien cette phrase : « Une fille m'a vu. »

Son cœur s'emballa. Il espérait de toutes ses forces que ce n'était pas celle à laquelle il pensait. Il attrapa son téléphone, les mains tremblantes, et vérifia les photos. Quand il vit le visage de Yasmine apparaître à l'écran, une vague de panique le submergea. Elle l'avait vu. Il la connaissait, il l'avait déjà croisée. Pourquoi elle ? Pourquoi maintenant ?

Il essaya de reprendre ses esprits. Il savait qu'il devait agir, mais avant tout, il devait s'occuper des dégâts. Il n'y avait pas de temps à perdre. Prenant son matériel de nettoyage qu'il avait appris à utiliser au fil du temps, il quitta précipitamment l'appartement.

Arrivé sur les lieux du crime, une scène macabre l'attendait. Le corps de la petite fille gisait toujours là, inerte, les yeux ouverts, regardant dans le vide. Yann s'agenouilla près d'elle, incapable de contenir ses larmes. Une tristesse immense l'envahit, et il murmura d'une voix tremblante :

« Je suis tellement désolé... tellement désolé. »

Une larme solitaire glissa sur sa joue alors qu'il fermait doucement les yeux de la petite victime. Ce n'était pas la première fois qu'il voyait cela, mais à chaque fois, le poids de la culpabilité le submergeait un peu plus.

Il se ressaisit et se mit à nettoyer la scène. Chaque coup d'éponge, chaque mouvement pour effacer les traces de sang, était un acte de désespoir. Il s'occupa du couteau que Yannis avait utilisé, s'assurant de l'effacer de son existence avant de le jeter dans une rivière non loin de là.

En rentrant chez lui, une nouvelle vague de désespoir l'envahit. Le poids du mal qu'il portait était insupportable. Il ne pouvait rien contre Yannis, et chaque jour qui passait lui rappelait qu'il était impuissant face aux actions de son alter ego.