« Alors, c'est vraiment ça, hein ? On prend les rênes de Martin Compagnie. Ça va faire drôle, non ? Toi et moi à la tête d'une entreprise qui emploie des centaines de personnes... »
Thomas, plus sérieux, s'assit face à lui dans un fauteuil, les sourcils légèrement froncés. Il prit quelques instants avant de répondre, absorbé par les pensées qui tournaient en boucle dans son esprit.
« Oui... j'imagine que c'est ça, » répondit-il doucement. « Papa est prêt à passer la main. On savait que ce moment arriverait un jour, mais je ne pensais pas que ce serait aussi soudain. »
Théophile croisa les bras derrière sa tête, un sourire amusé aux lèvres, bien que son regard trahissait un brin d'inquiétude.
« Soudain, ouais... mais bon, c'est logique. Il est temps pour lui de prendre du recul, et puis, qui de mieux que ses deux fils adorés pour prendre la relève, hein ? »
Thomas leva les yeux au ciel face au ton moqueur de son frère, mais il savait que derrière les plaisanteries de Théophile, il y avait aussi de vraies questions, une vraie réflexion. Ils avaient grandi dans l'ombre de cette entreprise, l'avaient vue se développer, et maintenant, elle allait leur appartenir, pour de vrai.
« Théophile, soyons honnêtes, » dit Thomas, en se penchant légèrement en avant. « Diriger une entreprise comme Martin Compagnie, ce n'est pas rien. Ce n'est pas juste une histoire de nom ou d'héritage. Il va falloir qu'on soit à la hauteur. Tu te rends compte de la responsabilité qu'on prend sur nos épaules ? »
Théophile hocha la tête, toujours détendu, mais cette fois plus sérieux.
« Bien sûr que je m'en rends compte. Mais tu sais, t'as toujours été celui qui réfléchit trop, qui s'inquiète pour tout. Moi, je dis qu'on va gérer ça ensemble. On a chacun nos forces, et tant qu'on bosse main dans la main, tout ira bien. »
Thomas sourit légèrement à cette remarque. C'était vrai que leur dynamique avait toujours été complémentaire. Théophile avait un don pour apaiser les tensions, rendre les choses plus simples. Il avait cette aisance naturelle avec les gens, ce qui en ferait un bon leader visible, tandis que Thomas avait un esprit plus stratégique, analytique.
« Papa a raison, » continua Théophile. « On peut faire ça ensemble. Je serai le PDG adjoint, et toi, le directeur général. T'as toujours été plus carré, plus rigoureux. Moi, je m'occuperai de la partie relationnelle, les deals, les partenariats. On forme une équipe de choc, non ? »
Thomas ne put s'empêcher de sourire, malgré la gravité de la situation.
« Tu veux dire que tu te la couleras douce pendant que je ferai tout le travail ? » plaisanta-t-il.
Théophile éclata de rire et lui envoya un coussin.
« Ah, tu me connais trop bien, grand frère ! Mais non, sérieusement, on va faire ça ensemble, et tu verras, ça va marcher. Toi, tu t'occuperas des chiffres, des stratégies, et moi, je me chargerai de rendre tout ça plus glamour ! » Il fit un geste théâtral avec ses mains. « C'est la recette parfaite ! »
Thomas secoua la tête, mi-amusé, mi-sérieux.
« T'as toujours été trop confiant, tu sais ça ? » dit-il. « Mais je dois admettre que t'as raison. Si on fait ça ensemble, ça pourrait fonctionner. »
« Bien sûr que ça va fonctionner ! » répondit Théophile, en se levant du canapé pour s'approcher de son frère et poser une main sur son épaule. « Tu sais pourquoi ? Parce que t'as toujours été là pour moi. Et moi, je serai toujours là pour toi. On va gérer cette boîte à notre manière, en combinant nos forces. »
Thomas leva les yeux vers son frère, touché par ses mots malgré l'air décontracté de Théophile.
« Ouais, » dit-il enfin. « On va y arriver. Ensemble. »
Théophile lui tapota l'épaule avant de retourner s'asseoir sur le canapé, affichant à nouveau ce sourire taquin.
« En attendant, tu penses qu'on pourra avoir des bureaux avec vue sur le parc ? Parce que franchement, je me vois pas passer mes journées enfermé sans un petit coin de ciel bleu à admirer ! »
Thomas éclata de rire cette fois, secouant la tête.
« T'as des priorités bizarres, toi. Mais d'accord, on parlera des bureaux. »
Les deux frères partagèrent un moment de silence complice. Leurs vies étaient sur le point de changer radicalement, mais, comme toujours, ils affronteraient ce nouveau chapitre ensemble. Et dans cette perspective, peu importe les défis, ils savaient qu'ils pourraient compter l'un sur l'autre.
Thomas franchit la porte de leur appartement, encore habillé de son costume élégant. Léa, sa petite amie, est assise sur le canapé, son visage s'éclairant immédiatement en le voyant entrer. Elle se lève, souriante, et vient vers lui.
- Alors, comment ça s'est passé avec ton père ? demande-t-elle avec une curiosité mêlée d'appréhension. Tu avais l'air un peu stressé ce matin...
Thomas se frotte légèrement la nuque, un sourire modeste se dessinant sur ses lèvres.
- Ça s'est vraiment bien passé, dit-il en prenant une grande inspiration, comme pour soulager toute la tension accumulée. Mon père m'a proposé d'être le nouveau directeur de Martin Compagnie.
Léa reste bouche bée, ses yeux s'illuminant de surprise.
- Quoi ? Mais... c'est incroyable ! s'exclame-t-elle, incapable de retenir sa joie. Elle se jette dans ses bras, l'embrassant sur la joue. Je savais que tu étais fait pour ce poste ! Tu le mérites tellement, Thomas !
Il sourit davantage, touché par son enthousiasme. Il la serre contre lui avant de poursuivre.
- Ce n'est pas tout, Léa, ajoute-t-il avec une pointe de malice dans la voix. Mon frère sera le PDG adjoint.
Elle le regarde, les yeux écarquillés, essayant de digérer la nouvelle.
- Ton frère aussi ? Oh, c'est génial ! Vous allez former une équipe de choc ! Elle recule légèrement pour le regarder dans les yeux, toujours rayonnante. Et toi ? Comment tu te sens ? C'est une grosse responsabilité quand même...
Thomas réfléchit un instant avant de répondre, son regard se perdant un peu dans la pièce.
- Je me sens prêt, je pense. C'est un grand pas, mais j'ai toujours su que ça arriverait un jour. Mon père avait besoin de faire confiance à quelqu'un qui connaît bien l'entreprise et... je suppose qu'il a pensé que c'était le bon moment pour nous confier les rênes.
Léa hocha la tête, ses mains toujours posées sur son torse.
- Et tu as tellement travaillé pour ça. Franchement, je suis tellement fière de toi, Thomas. Tu vas être un excellent directeur, j'en suis sûre. Et avec ton frère à tes côtés, tout ira bien.
Thomas lui rend un sourire reconnaissant, puis l'embrasse tendrement.
- Merci, Léa. Ta confiance me fait tellement de bien. Je me sens capable de tout accomplir avec toi à mes côtés.
Ils se tiennent là, dans un silence apaisant, tous deux absorbés par cette nouvelle aventure qui les attend.