Chapitre 5 Chapitre 5

La forêt semblait l'accueillir dans son silence, comme si elle aussi attendait de savoir si Florence serait capable de briser le fardeau qui la pesait. Ses enfants étaient quelque part. Ils avaient été pris, mais Florence ne laisserait pas ce monde les détruire. Elle les retrouverait, coûte que coûte.

Elle n'était plus seule dans sa quête. **Kael** avait peut-être ses propres motivations, mais il l'avait menée dans la bonne direction. Il l'avait aidée à comprendre qu'elle n'était pas seule à se battre contre les anciens secrets, et elle n'allait pas reculer. Pas maintenant. Pas après tout ce qu'elle avait perdu.

Elle savait que la route serait semée d'embûches, mais elle était prête. Elle allait faire face à tout ce qui se dresserait devant elle, même si cela signifiait se confronter aux fantômes du passé.

Le vent souffla une dernière fois, emportant avec lui les feuilles mortes qui volaient autour d'elle. Et Florence marcha, la tête haute, prête à tout affronter.

Le jour commença à se lever, teintant l'horizon d'une lueur orangée. Florence, pourtant épuisée par la nuit qu'elle venait de passer, ne pouvait s'empêcher de sentir la pression monter en elle. La décision qu'elle allait prendre marquerait un tournant décisif pour elle et ses enfants. Elle se tenait devant le manoir de **Michaël**, la demeure imposante qui appartenait à sa meute depuis des générations, mais ce n'était plus la maison qu'elle avait autrefois connue. Les murs avaient été témoins de tant de secrets et de trahisons que la douleur semblait imprégnée dans chaque pierre.

Elle avait besoin d'informations. **Kael** avait été clair. Pour récupérer ses triplés, elle devait s'allier à ceux qui comprenaient les lois et les intrigues des anciennes lignées. Cela signifiait qu'elle devait faire face à **Michaël** et tout ce qui s'était passé entre eux, mais aussi à **Valeria**, la compagne qui avait pris sa place dans sa vie et dans sa meute.

Elle s'avança vers la grande porte en bois, frappant lourdement. Le bruit résonna comme un coup de tonnerre. L'air autour d'elle semblait lourd, chargé d'une énergie qu'elle n'avait jamais ressentie ici auparavant. Les bruits de pas à l'intérieur signalèrent que quelqu'un arrivait.

La porte s'ouvrit lentement. **Michaël** se tenait là, dans toute sa majesté, ses traits durs comme la pierre. Ses yeux sombres scrutèrent Florence avec une intensité qui la déstabilisa un instant. Il avait changé. Son regard, autrefois doux et empli de tendresse, était désormais empreint de détermination et d'un fardeau invisible.

- « Florence... » Il murmura son nom comme une litanie, et pour un moment, elle se sentit déchirée. Chaque fibre de son être luttait entre la rage et le désir de tout effacer, de revenir à ce qu'ils avaient été. Mais la vérité était là, accrochée à elle comme une ombre persistante. **Michaël** l'avait trahie, et rien ne pourrait effacer cela.

Elle se redressa, luttant contre la vague de sentiments qui montait en elle.

- « Je veux mes enfants, **Michaël**. Tout de suite. » Sa voix était ferme, mais sous cette fermeté, un frisson d'angoisse la traversa. C'était tout ce qu'elle avait toujours voulu : ses enfants. Mais à quel prix ?

Il la regarda sans bouger. Un soupir s'échappa de ses lèvres, comme si tout cela le fatiguait.

- « Je sais pourquoi tu es là. » Il marqua une pause, ses yeux brillant d'une tristesse infinie. « Mais il y a des choses que tu ignores encore, Florence. Des choses que tu dois comprendre avant que tu ne fasses une erreur. »

Elle le fixa, le cœur battant plus fort. L'anxiété de l'inconnu la paralysait, mais elle ne pouvait pas reculer. Elle avait fait trop de sacrifices pour tout abandonner maintenant.

- « Quoi ? Qu'est-ce que je dois comprendre, **Michaël** ? Tu m'as menti pendant des mois, et tu penses que je vais simplement accepter des explications maintenant ? » Elle tourna la tête, agacée par la façon dont il prenait son temps, comme s'il avait tout le temps du monde.

Il haussa les épaules avec un soupir lourd.

- « Ce n'était pas ce que je voulais, Florence. Mais tu ne sais pas tout. Ce que nous avons vécu, ce que nous avons traversé, ce n'était qu'une partie d'un plan bien plus vaste. Les triplés... Ils ne sont pas simplement ton héritage. Ils sont la clé d'un équilibre fragile qui maintient tout en place. »

Florence le fixa, déstabilisée. Ses paroles se mélangèrent dans son esprit. Il parlait comme si tout avait été préordonné, comme si leurs vies avaient été manipulées depuis le début. Elle sentait la colère monter en elle, mais une petite voix dans sa tête la poussait à écouter, à comprendre ce qu'il avait à dire.

- « Un plan ? Tu veux dire que mes enfants sont... des pions dans un jeu ? » Sa voix tremblait, mais elle la maîtrisait. « Dis-moi la vérité, **Michaël**. Je ne veux plus de mensonges. »

Il baissa les yeux, un instant d'hésitation dans son regard. Puis, il parla, ses mots venant difficilement.

- « Les triplés sont plus qu'un simple héritage, Florence. Ils sont la dernière ligne de défense de notre meute. Leur pouvoir... c'est ce qui nous permettra de maintenir notre domination sur les autres meutes, de sécuriser l'avenir de notre lignée. C'est pour cela que j'ai fait ce que j'ai fait. Je devais les protéger. »

La déclaration de **Michaël** fit l'effet d'un coup de poing dans le ventre. Florence recula de quelques pas, le visage blême.

- « Et tu m'as laissée à l'écart, tu m'as rejetée, et tout ça, juste pour protéger un pouvoir ? » Sa voix monta d'un ton, pleine de rancœur. « Et **Valeria** dans tout ça ? Pourquoi l'avoir prise à ma place, alors ? »

Les yeux de **Michaël** se durcirent.

- « Elle... elle était là quand j'en avais besoin. Elle m'a soutenu. Mais ça ne veut pas dire que je t'ai oubliée, Florence. Je ne pouvais pas te laisser entrer dans ce monde, pas sans risquer ta vie. Et... je ne pouvais pas risquer de perdre l'équilibre des choses. » Il marqua une pause, le regard troublé. « Je n'ai jamais cessé de t'aimer. »

La déclaration de **Michaël** frappa Florence de plein fouet. Elle resta là, sans savoir comment réagir, chaque mot qu'il prononçait semblant s'ajouter à la complexité de cette situation. L'amour, l'héritage, le pouvoir... Tout se mélangeait dans une spirale de confusion et de douleur.

- « Et maintenant ? » demanda-t-elle, sa voix plus basse, presque un murmure. « Tu veux qu'on oublie tout ? Qu'on recommence ? »

Il s'avança d'un pas, tendant la main vers elle. Mais Florence, le regard dur, la détourna.

- « Non, **Michaël**. Ce n'est pas aussi simple. Je veux mes enfants. Et je vais les récupérer, avec ou sans toi. »

Un silence lourd s'installa entre eux. Puis, dans un souffle, **Michaël** parla à nouveau, son ton cette fois plus grave.

- « Tu dois savoir qu'il n'y a pas de retour en arrière, Florence. Si tu prends cette décision, il n'y a pas de retour possible. »

Florence se tourna lentement, prête à faire face à la vérité, à l'affronter une bonne fois pour toutes.

- « Alors prépare-toi, **Michaël**. Parce que je vais tout faire pour récupérer mes enfants. Et peu importe ce que tu décideras, je ferai face à tout ce qui viendra. »

Elle se détourna de lui, prête à entrer dans la bataille qu'elle savait inévitable. **Michaël** la laissa partir, mais la lourdeur de ses paroles résonnait encore dans son esprit. La route serait semée d'embûches, mais Florence n'était plus prête à fuir. Elle avait déjà perdu trop de temps.