Chaque jour qui passait, la protagoniste remarquait que les choses changeaient autour d'elle à l'hôtel. Les autres employés semblaient la traiter différemment. Elle avait désormais droit à des privilèges que ses collègues n'avaient pas : des pauses plus longues, des tâches moins ingrates, même les supérieurs étaient devenus soudainement plus aimables. Tout cela la mettait mal à l'aise. Elle savait bien que cette bienveillance n'était pas due au hasard. C'était l'influence de Jimmy qui se faisait sentir. Il n'avait peut-être rien dit directement, mais elle devinait qu'il avait fait comprendre qu'elle était sous sa protection.
Elle aurait voulu ignorer cette attention, continuer son travail discrètement comme avant, mais c'était impossible. La moindre interaction avec les autres employés lui rappelait qu'elle n'était plus une simple femme de chambre. Elle était devenue « celle que protège le patron », et cela lui faisait autant plaisir qu'elle en ressentait une gêne profonde. Parfois, elle surprenait même des regards envieux ou méfiants de certains collègues, et elle se demandait jusqu'où tout cela irait.
Un après-midi, alors qu'elle terminait de remettre en ordre une suite luxueuse, son téléphone vibra dans sa poche. Elle reconnut le nom de Jimmy sur l'écran et sentit une pointe d'appréhension monter en elle. Elle hésita un instant avant de décrocher, respirant doucement pour calmer le léger tremblement dans sa voix.
« Oui, monsieur ? » murmura-t-elle, essayant de cacher son trouble.
« C'est Jimmy, » répondit-il d'une voix grave. « Je veux que tu viennes dans mon bureau. Maintenant. »
Elle se mordit la lèvre, intimidée par son ton impérieux. Depuis qu'il lui avait offert cet appartement et assuré sa protection, il ne l'avait plus convoquée ainsi, et elle se demandait ce qu'il pouvait bien lui vouloir cette fois. Prenant une inspiration, elle rangea rapidement son matériel de ménage et se dirigea vers son bureau, essayant de se donner une contenance.
En arrivant, elle frappa timidement à la porte. Sa main hésitait légèrement, trahissant sa nervosité. Dès qu'elle entendit sa voix l'inviter à entrer, elle poussa la porte et le vit, assis derrière son grand bureau en bois massif, l'air sérieux, presque sévère.
« Assieds-toi, » lui dit-il, indiquant la chaise face à lui.
Elle s'exécuta sans un mot, observant ses mains posées sur le bureau, se sentant tout à coup vulnérable sous son regard intense. Elle avait appris à se méfier de ses silences, car ils précédaient souvent des déclarations inattendues.
Après un instant, il prit la parole, son ton plus direct que d'habitude. « Je vais te donner des règles, et j'attends que tu les respectes scrupuleusement. »
Elle cligna des yeux, surprise par cette annonce soudaine. « Des règles ? »
Il hocha la tête, croisant les bras comme pour affirmer son autorité. « Oui. Tu es sous ma protection désormais, et je ne tolérerai aucun écart qui pourrait te mettre en danger. »
Son cœur battait un peu plus vite. Elle n'avait jamais ressenti autant d'intensité dans sa voix, une intensité qui la troublait autant qu'elle l'inquiétait.
« La première règle est simple, » reprit-il. « À chaque problème, quel qu'il soit, tu m'appelles immédiatement. Pas de tergiversation. Tu m'appelles, compris ? »
Elle hocha la tête, incapable de détourner son regard de lui. Il semblait attendre une réponse verbale, et elle se sentit obligée de lui répondre. « Oui, d'accord. »
« La deuxième règle, » continua-t-il, « tu évites de te retrouver seule avec quelqu'un que tu ne connais pas bien, surtout dans les endroits isolés de l'hôtel. Je ne veux plus que tu prennes de risques inutiles. »
Elle sentit une étrange chaleur monter en elle. Ce contrôle qu'il lui imposait la mettait mal à l'aise, mais elle y décelait aussi une forme de protection qui, elle devait l'admettre, lui faisait du bien. Personne n'avait jamais pris autant soin d'elle, et cela la touchait plus qu'elle ne voulait l'admettre.
Il s'arrêta un instant, la fixant comme s'il cherchait à deviner ce qu'elle pensait. Puis, après un court silence, il ajouta : « Et enfin, la troisième règle... » Il laissa sa phrase en suspens, créant un suspense qui lui fit presque retenir son souffle. « La troisième règle, c'est que tu ne discutes pas mes décisions. Je sais ce qui est bon pour toi, et je veux que tu me fasses confiance. »
Elle déglutit, sentant la tension entre eux s'intensifier. Sa voix était basse, mais ferme, et elle comprenait qu'il ne plaisantait pas. Ce n'était pas une demande ; c'était un ordre, et elle savait qu'il attendait d'elle une soumission totale.
Elle finit par murmurer, tentant de dissimuler l'émotion qui la gagnait : « D'accord... je comprends. »
Il acquiesça, satisfait, mais il ne détourna pas son regard pour autant. Ce regard perçant, presque possessif, semblait la sonder, comme s'il cherchait quelque chose de plus profond en elle.
« Parfait, » conclut-il enfin, brisant le silence lourd qui s'était installé. « Maintenant, retourne à ton travail. Et souviens-toi de ce que je viens de te dire. »
Elle se leva, les jambes un peu flageolantes, et murmura un remerciement avant de sortir. Mais au moment où elle s'apprêtait à refermer la porte derrière elle, il l'arrêta d'une voix plus douce, presque tendre.
« Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas. Je suis là pour toi. »
Elle resta figée un instant, touchée par cette attention soudaine, puis hocha la tête en silence avant de quitter la pièce. Tandis qu'elle retournait à son poste, elle sentit un étrange mélange d'émotions. Elle était troublée par cette emprise qu'il exerçait sur elle, mais elle ressentait aussi une alchimie grandissante entre eux, une connexion qu'elle n'avait pas anticipée et qui la bouleversait.
Elle passa le reste de la journée dans un état d'esprit étrange, se surprenant à penser à lui bien plus souvent qu'elle ne le voudrait. Chaque fois qu'elle croisait des employés dans les couloirs, elle se demandait s'ils savaient. Si eux aussi percevaient cette tension entre eux, ce lien invisible qui les unissait malgré tout.
En fin de journée, alors qu'elle rangeait son matériel, son téléphone vibra. C'était un message de Jimmy.
**Jimmy : Tout s'est bien passé aujourd'hui ?**
Elle sourit malgré elle, touchée par cette attention. Elle répondit rapidement.
**Elle : Oui, tout va bien. Merci.**
La réponse ne tarda pas.
**Jimmy : Rappelle-toi des règles. Tu n'es pas seule.**
Elle resta un moment à fixer son écran, le cœur battant. Ces quelques mots semblaient anodins, mais elle y percevait une sincérité et une présence rassurante. Elle comprenait qu'il ne plaisantait pas, que sa protection n'était pas juste un effet de façade. Il était prêt à tout pour elle, et cette idée la réconfortait autant qu'elle la troublait.
Au fil des jours, elle remarqua que sa propre attitude changeait. Elle se sentait en sécurité, presque invulnérable sous sa protection. Mais elle sentait aussi cette attraction, cette envie de se rapprocher de lui, de briser la distance qui les séparait. Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de se demander si tout cela était sage. Jimmy était puissant, dominateur, et elle savait qu'entrer dans son monde revenait à abandonner une part d'elle-même.
Mais chaque fois qu'elle essayait de se convaincre de rester distante, une simple pensée de lui, une image de son regard intense ou un souvenir de sa voix grave suffisait à ébranler ses résolutions. Elle se sentait prise dans un jeu de pouvoir dont elle ne comprenait pas toutes les règles, mais elle savait qu'elle n'avait plus envie de fuir.
Il y avait quelque chose d'indéfinissable entre eux, une connexion qui échappait à toute logique, et elle se surprit à attendre avec impatience le prochain message, le prochain ordre, le prochain regard...