Ce qui l'attristait de plus en plus. Elle était perdue.
Chaque matin, elle se levait avec la sensation d'une grosse boule à la gorge.
Elle n'avait plus goût à la vie. Son bonheur s'était évaporé aussi rapidement qu'il était arrivé.
« Il ne m'aimait pas assez alors. Peut-être ne suis-je pas assez jolie ou pas assez intelligente.
La preuve : j'ai perdu la pierre de protection du royaume alors que durant tout ce temps, elle avait été dans le royaume. Je suis vraiment bonne à rien. Personne ne voudra d'une princesse comme moi. Je vieillis et je commence à devenir laide. Pauvre de moi, je n'ai pas de chance! Suis–je maudite ? »
Chaque jour, la princesse avait ces mêmes pensées qui tourmentaient son esprit et devenaient obsessionnelles.
Elle commençait à avoir de moins en moins d'appétit et s'amaigrissait.
Elle perdait de sa beauté, ses yeux étaient marqués par de gros cernes noirs et ses joues étaient creusées. La princesse Noor, en quelques semaines, paraissait avoir dix ans de plus.
Elle entendait les servantes du royaume parler discrètement dans les couloirs du château : « C'est fini pour la princesse, on ne pourra pas compter sur elle pour qu'elle épouse un prince qui pourra gérer le royaume. Il était tellement bien le prince Mwoga. Elle vieillit et perd de sa beauté de jour en jour. Le royaume est en péril. Si le prince d'Ernont est parti, c'est qu'il avait sûrement une bonne raison. »
Ces paroles dans les couloirs du château confirmaient les pensées de la princesse Noor : elle était vraiment bonne à rien et personne ne pouvait compter sur elle.
Un matin, elle se leva avec une douleur forte au niveau de l'abdomen accompagnée de vertiges et d'une fatigue encore plus intense. Sa servante appela de suite le médecin du royaume.
Ce dernier lui diagnostiqua une maladie du foie.
Il lui administra un certain nombre de plantes à prendre et beaucoup de repos. « Et voilà ! Se dit-elle, c'est la pierre de protection qui est partie, nous allons tous connaître la maladie dans mon royaume. Je n'ai vraiment pas de chance ! Il ne manquait plus que ça.
Je vais envoyer une lettre à mon ancien fiancé, peut-être changera-t-il de décision me sachant malade. »
Alors qu'elle s'apprêtait à chercher une feuille et de quoi écrire, son ancienne nourrice entra dans sa chambre. Noor était heureuse de la revoir. Elle ne l'avait pas revue depuis longtemps. Elle se souvint des bons moments qu'elle avait partagés avec elle. Cette vieille femme lui inspirait bonté et douceur. Elle avait été également la nourrice de sa mère. Et une fois la princesse Noor adulte, celle-ci partit. La reine lui avait payé une belle maison près de la forêt à sa demande. Elle n'avait jamais eu d'enfants et épousa beaucoup plus tard un gentilhomme avec qui elle vivait et profitait de chaque instant dans sa magnifique demeure.
La princesse lui raconta alors toutes ses mésaventures : «Je n'ai pas de chance, regardez... J'ai perdu la pierre de protection du château, mon fiancé est parti et sans mari, je ne peux assumer le royaume seule. Je suis en plus malade.
Le médecin du royaume m'a diagnostiqué un problème de foie. J'ai peur que mon royaume connaisse la maladie et les guerres par ma faute ! »
La vieille dame écouta les pleurs de la princesse et hocha la tête. Puis elle lui annonça : « Mon enfant, tu vis une épreuve difficile mais tu dois cesser de te faire passer pour une victime. Agis ! » La princesse fut étonnée de sa réponse. Comment pouvait-elle ne pas être une victime face à toutes ces catastrophes qui lui tombaient dessus ? La nourrice ajouta : « Sais-tu qui a trouvé cette pierre de protection que tous les royaumes recherchaient ? C'est ta mère ! Elle était encore très jeune et n'avait pas encore épousé ton père.
Je vais te raconter une petite histoire.
Un vieux paysan pauvre labourait chaque jour les champs pour nourrir sa famille. Il avait trois jeunes fils et une femme malade qui ne pouvait pas l'aider. Cet homme angoissait d'être dans le manque et de ne pas pouvoir nourrir sa famille. Chaque jour, il n'avait qu'une mince récolte. Un matin d'automne, il trouva un grand coffre rempli d'or. Cette découverte le rendit heureux. Il était rassuré. « Tout cet or permettrait de subvenir aux besoins de ma famille. », se disait-il.
Afin de ne pas dépenser tout cet or, il prit seulement quelques pièces et enterra ce coffre dans un coin reculé.
Il laisserait cet or pour les jours difficiles. Il se sentait bien et soulagé.
Et chaque jour, sa terre lui faisait de belles récoltes. Il n'avait alors jamais eu besoin d'utiliser cet or.
Il ne vivait qu'avec les belles récoltes que la terre lui avait données. Il n'était plus pauvre du tout et vivait aisément. Un jour, quand il sentit que son heure allait arriver, il demanda à ses fils, qui étaient maintenant de beaux jeunes hommes, de se rendre à l'endroit où il avait enterré l'argent. Ils trouveraient un coffre rempli d'or qu'ils devraient se partager avant sa mort. Les jeunes hommes partirent exactement à l'endroit que leur père leur avait indiqué. Ils creusèrent et trouvèrent le coffre.
Mais il n'y avait pas d'or. Le coffre était vide. Un autre homme avait trouvé le coffre et avait pris tout l'or le premier jour où le paysan avait enterré l'argent. Le père, durant de nombreuses années, ne savait pas que son or avait été pris et était donc resté serein.
Il n'était plus dans la peur du manque et ses récoltes avaient fructifiées. En pensant ne plus être pauvre, il n'avait jamais eu besoin de l'argent de ce coffre.»
La vieille dame ajouta : « Ma fille sache que les pensées mènent aux sentiments et les sentiments mènent aux actions. Cesse de penser au pire pour le royaume. Tu as perdu la pierre de protection, ne pense pas au pire, sinon cela arrivera. Aujourd'hui, ta maladie, ton problème de foie est dû à une grande insatisfaction dans ta vie.
Ce n'est pas la perte de la pierre de protection qui t'a rendue malade mais bien toutes ces pensées négatives. Tout ne s'est pas déroulé comme tu le souhaitais, accepte-le. Peut-être qu'il s'agit d'un mal pour un bien.
Ce jeune prince d'Ernont n'était peut-être pas bon pour le royaume malgré les apparences. Tu vois beaucoup la vie en noir et tu te complais dans ton inactivité. Sais-tu que la maladie est la plupart du temps liée à tes émotions ? C'est ton corps qui te parle, le mal a dit ! Lève-toi ma fille, et va à la forêt, tu rencontreras un grand sage qui pourra te conseiller et répondre à tes questions. » La princesse écouta les paroles de sa nourrice et l'embrassa.
Ses paroles lui avaient donné une lueur d'espoir, ce grand sage de la forêt saurait lui dire qui sauverait son royaume. Elle accepta la suggestion de sa nourrice.
Tôt le matin, elle partit avec son plus beau cheval, ses plantes médicinales et de l'or.
Elle confia le château au meilleur chevalier et promit de revenir rapidement avec la personne qui sauverait le royaume.