Chapitre 8 Tu as détruit notre passé

Janice avait à peine terminé sa phrase qu'elle s'est effondrée en pleurs. Submergée finalement d'émotion, elle s'est écroulée au sol. Les mains au visage, elle a pleuré librement, sanglotant de façon incontrôlable devant Malcolm.

Elle n'était, à cet instant, ni la fille de la famille Jian, ni Mme Rong. Elle était simplement la Janice impuissante et pitoyable.

Pendant que Janice parlait, le visage de Malcolm s'est assombri, la fixant avec froideur. Beaucoup d'émotions se lisaient à travers son visage à cet instant : la colère, le mécontentement, la tristesse et une douleur profonde et pas connue.

Mais Malcolm s'est vite ressaisi. Il a ordonné à une servante d'emmener Harlow, ne laissant que Janice, Jasmine et lui au coin du salon.

Malcolm s'est courbé pour placer son visage au même niveau que celui de Janice.

En la fixant d'un regard d'acier, il lui a dit : « Tu as détruit notre passé. » Malcolm avait sifflé ses mots avec douceur, pourtant cela a pénétré Janice comme un coup dur. Sursautant, elle a levé la tête, son petit visage tout tracé de larmes.

« Je te l'ai déjà dit! Je ne l'ai pas fait! Je ne me rappelle pas comment je me suis retrouvée dans cette pièce, ni pourquoi il y avait cet homme à mes côtés! Je t'en prie, crois-moi! J'avais voulu me rendre à l'aéroport avec M. et Mme. Rong cette nuit-là, mais... »

Soudain, elle a été interrompue par le bruit d'un claquement.

C'était Malcolm qui avait frappé son poing sur le sol. De ses yeux rouges, remplis de sang, il a fixé Janice. Janice a fermé sa bouche qui était toute tremblante.

« Comment peux-tu toujours le dire? Ne ressens-tu pas la moindre once de culpabilité? Ces deux personnes sont mortes à cause de toi, Janice! »

En entendant ces mots, Janice a gémi. On aurait dit un coup de poing dans les tripes. Elle s'est sentie si faible qu'elle ne pouvait même pas tendre la main pour toucher le visage de Malcolm.

Son petit corps frémissait encore de sanglots et ses pleurs ont rempli la pièce entière.

Se sentant ne plus pouvoir verser de larmes, Janice a lentement relevé la tête. « Tu sais, j'ai toujours souhaité être à la place de ceux qui sont morts. Comme ça, tu n'aurais pas à souffrir autant », s'est-elle étouffée. Janice s'est lentement levée, l'air abruti et le regard vague. « Malc, depuis longtemps j'ai su que tu n'as été d'accord de m'épouser que pour te venger », a dit Janice d'un ton creux.

Jasmine s'est mise à fondre en larmes lorsqu'elle a entendu cela.

Titubant lentement vers la porte, Janice a dit : « Si seulement je pouvais retourner dans le passé. Si seulement je ne t'avais jamais rencontré, je ne vivrais pas cet enfer. Je n'aurais alors pas fini par être responsable de la mort de deux personnes, à 21 ans », a poursuivi Janice, sa voix tremblante s'est brisée en un rire amer. Machinalement, elle s'est dirigée vers un magnifique vase en porcelaine. Cela avait été le préféré de Mme Rong.

Les yeux de Janice se sont remplis de larmes en regardant le vase, lui rappelant l'aimable Mme Rong prenant toujours soin d'elle à chaque fois qu'elle était malade, ou le sérieux mais gentil M. Rong qui demandait toujours à Malc de passer plus de temps avec Janice.

Levant une main, Janice a touché le vase avec tendresse. Son cœur s'alourdissait davantage au fur et à mesure que les souvenirs défilaient dans sa tête.

« Tu dois tellement me détester. Mais je vais me racheter », a-t-elle vaguement dit comme s'il était en train de s'adresser au vase. Une fois sa déclaration terminée, Janice a porté le vase et l'a frappé sur le sol, brisant la délicate porcelaine en morceaux. Elle a vite ramassé un fragment pointu et l'a pressé contre ses doigts, faisant saigner la paume de sa main.

Le sang a rapidement commencé à dégouliner de la main de Janice. Grinçant des dents, Malcolm a serré son poing si fort que des veines bleues ont apparu sur ses bras.

« Dépose ça, Janice. » C'était la première fois en deux ans que Malcolm avait pris un ton aussi doux avec elle.

Le visage de Janice s'est recouvert de larmes alors qu'elle souriait de manière crispée à Malcolm.

« Je sais que tu me détestes. Je sais que tu as souhaité me voir morte. » Elle a resserré son emprise sur le tesson qui entaillait davantage sa main, faisant suinter plus de sang de sa main. « Mais Malc, tu dois me croire quand je te dis que je ne causerais jamais du tort à tes parents, même pas pour un million. Mme Rong avait dit qu'elle voulait prendre des vacances avec M. Rong à Paris, je leur avais donc réservé un vol pour la France. Je leur ai dit de se rendre à l'aéroport ce jour-là, avec l'intention de les retrouver là-bas pour les voir partir. Mais pour une quelconque raison, je me suis évanouie avant de pouvoir y aller. Je ne sais pas pourquoi j'ai perdu connaissance. Je me souviens d'avoir pris un taxi pour l'aéroport, mais... »

Janice a fermé les yeux, s'efforçant de se souvenir tandis qu'elle resserrait son emprise sur le tesson de porcelaine, au point qu'une mare de sang s'est formée sur le sol. Malcolm était sur le point de se précipiter d'arracher le tesson des mains de Janice, qu'elle a soudain ouvert les yeux. Soulevant lentement sa main ensanglantée, elle a pointé le tesson vers son cou. Malcolm s'est alors figé, craignant de faire un faux geste.

« Je n'avais aucune idée que cela se produirait, Malc », a insisté Janice, le regardant d'un air implorant et des larmes sur son visage. « Si j'avais pu en quelque sorte le savoir, je ne les aurais jamais laissés s'en aller. Je t'en prie. Tu dois me croire... » Janice a eu le cœur meurtri lorsqu'elle s'est souvenue de la photo de l'accident de voiture qu'Alivia lui avait montrée. Elle a retenu un sanglot.

M. et Mme Rong l'avaient tellement aimée, pourtant ils étaient morts à cause d'elle. C'était vraiment de sa faute, elle était en réalité leur meurtrière.

Pendant tout ce temps, Malcolm était debout, stressé, et il commençait à se sentir épuisé.

Janice n'avait cessé de le lui expliquer des milliers de fois, et à chaque fois, Malcolm devait se rappeler d'endurcir son cœur face à elle et de s'en tenir fermement aux preuves. Durant ces deux dernières années, il avait été autant que possible si froid et cruel avec elle que sa haine pour elle n'a jamais diminué, sauf maintenant.

Pour une fois, Malcolm a senti une faille dans sa détermination.

Janice était supposée être la femme qu'il a chérie et aimée. Comment étaient-ils en arrivés à ça?

Malcolm a avalé avec difficulté et s'est avancé vers elle de manière déterminée.

Janice l'a regardé calmement, attendant son verdict. Elle avait décidé qu'il n'y avait qu'un seul moyen de se racheter. Rien que sa mort apaiserait Malcolm.

De cette façon, elle n'allait pas gâcher sa vie.

Janice a compté les pas de Malcolm alors qu'il s'approchait.

Cinq, quatre, trois, deux, un.

Fermant les yeux, Janice a enfoncé le tesson dans son cou.

Stupéfait, Malcolm regardait le sang gicler sur le visage de Janice ainsi que sur le sien.

Il n'a pas pu la stopper.

Il se faisait trop tard.

Cependant, c'était étrange. Janice n'a pas ressenti de douleur, seule une humidité chaude qu'elle a senti couler le long de son cou et elle a ouvert les yeux.

Le visage froid de Malcolm était la première chose qu'elle a vue.

Toutefois dans sa vision périphérique, une main avec du sang a commencé à remuer.

Une voix familière a retenti derrière elle : « Oh, Jannie. Pourquoi as-tu fait ça? » La voix était veloutée et douce, procurant réconfort à quiconque l'entendait.

Sous le choc, Janice s'est retournée, se retrouvant face au sourire chaleureux de Roy. Il s'agissait de sa main qu'elle avait finalement poignardée. Constatant cela, Janice a laissé échapper un cri épouvanté, mais étouffé.

Roy lui a gentiment chuchoté : « Ça va, Jannie. Allons faire une promenade. Ça te va? » Roy aurait voulu dire cela à Janice chaque fois qu'elle se sentait malheureuse. Ils passeraient le restant de la journée ensemble et le soir venu, Janice aurait oublié tous ses problèmes.

Le visage froissé, Janice a acquiescé en sanglotant, car elle n'a rien voulu de plus que de s'éloigner de tout cela. Roy lui a ouvert les bras, prêt à l'emmener.

Par contre, Malcolm ne l'entendait pas de cette oreille.

« Arrête. » Sa voix glaciale a traversé la pièce. S'avançant, Malcolm a saisi Janice par la main en lui disant : « Où penses-tu aller? »

Malcolm a demandé impérieusement en essayant de dissimuler son anxiété et son inquiétude.