Chapitre 9 Démission (Deuxième partie)

Michael a lâché la cravate et a laissé Marina faire. Il s'est contenté de la regarder en silence alors que ses doigts agiles passaient délicatement sur son cou. Quand elle a fini, Marina a reculé en rougissant. « M. Michael, Mlle Shen ne t'a-t-elle jamais aidé à nouer ta cravate auparavant ? »

Michael a regardé fixement la femme devant lui, elle venait de gagner son respect. Il n'avait jamais réussi à mettre correctement une cravate. Chaque fois qu'il devait assister à une réunion importante, il passait des dizaines de minutes à essayer de bien porter sa cravate. Il finissait toujours par tout simplement abandonner.

« En dehors de ma mère, tu es la seule femme à m'avoir aidé avec succès à mettre une cravate. J'aimerais que tu le fasse pour moi désormais. »

Marina a été surprise d'entendre cela. Elle était venue pour donner sa démission, pas pour l'aider avec sa cravate ! D'ailleurs, même si elle était sa secrétaire, c'était hors de question qu'elle l'aide à porter sa cravate tous les jours. C'était bien trop intime.

« M. Michael, je suis ici pour démissionner », lui a-t-elle rappelé calmement. « Il te suffit d'accepter ma démission pour que tu n'aies plus à supporter ma stupidité tous les jours. Tu ne m'apprécies pas du tout, alors autant me laisser partir. »

« Tu veux démissionner à cause de quelques mots inoffensifs que je t'ai dit hier. Ne penses-tu pas que tu abandonnes trop facilement ? » Michael la regardait avec curiosité.

Marina était en fait quelqu'un de très têtue. Une fois qu'elle a décidé qu'elle ne ferait pas quelque chose, elle campait sur ses positions. La seule raison pour laquelle elle était encore là et avait une conversation avec lui était parce que son sac était toujours dans le bureau de la secrétaire. Elle devait attendre qu'il l'ouvre pour pouvoir le prendre.

« Je n'ai jamais dit que je tiendrais le coup. En plus, qui sait, je pourrai trouver un autre travail une fois que j'aurai quitté cette entreprise », a-t-elle déclaré, levant le menton avec défi.

« Dis-moi, quel est ton salaire mensuel dans cette entreprise ? »

« Douze mille dollars. »

« Et connais-tu les conséquences d'une rupture du contrat de travail ? »

Marina a hoché la tête. « Je vais devoir payer neuf mois de salaire en guise de pénalité. »

« C'est bien que tu le saches. Es-tu sûre de toujours vouloir démissionner ? » Michael a demandé froidement.

Le cumul de neuf mois de salaire de Marina s'élevait à 108 000 dollars. Avec autant d'argent, elle pourrait payer les très coûteux cours de piano de Mike pendant des années ! Même si elle avait beaucoup d'économies, elle n'était pas prête à claquer 108 000 dollars juste pour démissionner de ce travail. Après y avoir réfléchi un moment, elle a décidé de rester.

Voyant son hésitation, Michael s'est dit : « Elle devra payer plus de 100 000 dollars, ce n'est pas rien quand même. Elle ne m'a pas l'air de rouler sur l'or. Je suis sûr qu'elle choisira de rester maintenant. L'argent fait vraiment tourner le monde. »

« Penses-tu que tu peux me pousser à reconsidérer ma démission ? », a demandé Marina, bien qu'ayant déjà pris sa décision. Elle ne voulait pas céder trop facilement.

Michael a répondu avec assurance : « Je pense que tu y réfléchiras certainement à deux fois. Après tout, tu perdras beaucoup d'argent. »

Marina a rétorqué fièrement : « Je peux me permettre de perdre autant d'argent. Mais je ne veux tout simplement pas dépenser autant d'argent pour des futilités. Je peux continuer à travailler, mais à quelques conditions. Si tu peux me promettre ces choses, je ne démissionnerai pas. »

Michael a eu un froncement de sourcils. « Tu penses avoir le droit de négocier avec moi ? »

« Bien sûr que non. Mais pourquoi veux-tu me garder à ce poste ? » C'était la question qui préoccupait vraiment Marina. Considérant l'attitude de Michael vis-à-vis d'elle la veille, il devrait être heureux qu'elle propose de démissionner.

« Parce que... » Après une pause, Michael a poursuivi : « Tu as éveillé mon intérêt et je veux voir de quoi tu es capable. Comme tu le sais, nous n'embauchons ici que des personnes très compétentes. Hier, j'ai vu que tu avais préparé les documents à l'avance. C'est ce genre d'éthique de travail que je recherche. »

Marina a hoché la tête, comprenant mieux à présent. « Bien. Mais si tu n'acceptes pas mes conditions, je t'obligerai à me renvoyer très vite. »

« Désires-tu à ce point quitter cette entreprise ? » Michael a haussé un sourcil vers elle.

« Pour quelle raison devrais-je rester ? Ce que j'attends de toi ce sont des excuses pour ce que tu as dit hier, et une promesse de ne plus me traiter d'idiote à l'avenir. »

Michael a hoché immédiatement la tête. « Je suis désolé de t'avoir traitée d'idiote. Peux-tu te remettre au travail maintenant, Marina ? »

« Comment puis-je accéder au bureau sans la clé ? », a-t-elle demandé. Il semblait que grâce à ses compétences, elle a réussi à prendre le dessus.

« Je vais demander à quelqu'un d'ouvrir la porte. Je n'ai pas beaucoup de travail aujourd'hui, alors je te propose un dîner ce soir pour m'excuser. Je pense que tu peux au moins me faire cette faveur, Mlle Mandel. »

« M. Michael, il vaudrait mieux reporter ce dîner un autre jour. J'ai autre chose à faire ce soir. »

Marina avait prévu de voir un film avec Mike ce soir. Il semblait que ces jours-ci, elle ne parvenait à tenir aucune des promesses qu'elle avait faites à son fils. Il serait à coup sûr en colère contre elle si elle annulait leur programme de ce soir.

À son agréable surprise, Michael a accepté volontiers. « Dans ce cas, nous dînerons ensemble un autre jour. Dans l'immédiat, j'ai besoin que tu fasses une copie des documents pour la réunion de ce matin. Et rappelles-toi, j'ai horreur des sushis, et je ne prends pas du café noir à midi. Reprends ton travail maintenant. »

Marina a hoché la tête et s'est dirigée vers son bureau. Elle n'avait toujours aucune certitude quant à savoir si Michael était le père de Mike. Cependant, elle devait admettre qu'ils se ressemblaient beaucoup, tant en apparence que par leurs caractères. Même si Marina travaillait dur désormais, elle se sentait toujours mal à l'aise chaque fois qu'elle pensait avoir été traitée d'idiote lors de son premier jour de travail. Cependant, elle était heureuse de ne pas avoir démissionné. Elle se souvenait encore du pari qu'elle avait fait avec Mike. Elle était déterminée à montrer à son fils qu'elle pouvait garder un emploi pendant plus de trois mois.

Pendant qu'elle faisait des copies, Marina a vérifié le journal d'appel sur son téléphone. Il y avait un appel de la marraine de Mike, Dahlia Drayton. En dehors de cela, il y avait plusieurs appels manqués d'Albert. Marina a décidé de les rappeler tous les deux quand elle aurait du temps.

Elle a préparé à l'avance les documents et autres supports dont Michael avait besoin pour la réunion. Quand elle a fini, elle a jeté un coup d'œil à sa montre. Il était midi. Elle avait été si occupée toute la matinée qu'elle n'avait rien mangé, elle mourait de faim maintenant. « Est-ce que Mike a déjà mangé ? Pourquoi ne m'a-t-il pas appelée aujourd'hui ? », s'est-elle demandé.

Juste à ce moment-là, son téléphone à sonné. Voyant que c'était un appel de Mike, Marina a rapidement décroché. Avant qu'elle ne puisse lui demander s'il avait mangé, il a pris les devants : « Maman, comment s'est passée ta démission ? »

Naturellement, Marina a été touchée de voir que son fils s'inquiétait à ce point pour elle. « Eh bien, je ne suis pas encore au chômage. Je vais continuer à travailler ici, donc notre pari tient toujours. »

Au même moment, la voix froide de Michael a résonné du téléphone sur le bureau. « Mlle Mandel, viens dans mon bureau immédiatement. »

Marina était toujours au téléphone avec Mike, alors elle a rapidement dit : « Chéri, on se parlera quand je serais rentrée. Je suis occupée maintenant. »

En entendant le mot « chéri » au téléphone, Michael a froncé les sourcils. « Est-elle en train de discuter avec son petit-ami en ce moment ? »

Alors qu'il s'interrogeait sur cela, il a entendu la voix de Marina une fois de plus au téléphone. « Oui, Monsieur. » On aurait dit qu'elle répondait à la question qu'il se posait dans son esprit.

Une minute plus tard, Marina est apparue dans le bureau de Michael, les documents en mains. « M. Michael, j'ai fait tout ce que tu as demandé. Y a-t-il autre chose que tu veux que je fasse ? »

« Non, tu as fini pour aujourd'hui. Au fait, il n'est pas professionnel de passer des appels personnels pendant les heures de travail. »

Les épaules de Marina se sont affaissées légèrement. Bien que trouvant ses propos déraisonnables, elle a tout de même répondu : « D'accord. »

Satisfait de sa réponse, Michael s'est levé et s'est étiré. « C'est rare pour moi d'avoir autant de temps libre. Descendons déjeuner. »

« D'accord. » Marina a déposé les documents sur le bureau, puis elle a suivi Michael en bas.

C'était une situation inconfortable de prendre le même ascenseur que le PDG de l'entreprise. L'atmosphère de malaise entre eux lui donnait l'impression d'étouffer.

Marina était venue ici ce matin avec l'intention de démissionner. Mais à présent, elle était tombée dans le piège de Michael. Il n'y avait rien qu'elle détestait autant au monde que d'être traitée d'idiote. Mais après avoir réfléchi plus calmement, elle a dû admettre que rester au Groupe Martire n'était pas une mauvaise chose. Au moins, elle avait de quoi s'occuper.