Chapitre 6 Que le monde est petit

La nuit tomba.

« Jase, tu as trouvé papa ? »

Kira tenait un lapin en peluche rose dans ses bras et clignait ses grands yeux bleus dans l'attente de son frère Jase, occupé à fouiller l'ordinateur.

Jase fronça les sourcils, l'air irrité.

Après avoir piraté le système de l'hôpital, il s'était introduit dans l'ordinateur personnel de sa mère et avait accédé à près d'une décennie de dossiers d'insémination artificielle, mais aucun d'entre eux ne concernait Rozanne !

« Je ne l'ai pas trouvé ! » dit-il en éteignant l'ordinateur avec colère.

Avec ses compétences en piratage informatique, il aurait été capable de trouver des dossiers si sa mère avait réellement subi cette l'opération, c'était donc évident : elle mentait !

Effrayée par l'expression furieuse de Jase, Kira fronça les lèvres et éclata en sanglots. « Jase, tu as dit que tu trouverais papa ! Kira veut un papa ! Je veux un papa ! »

Soudain, Jase se frappa le front, il semblait avoir une idée brillante !

Il remit l'ordinateur en marche et saisit une photo sur Internet. « Kira, veux-tu qu'il soit ton papa ? »

« Wow, un beau papa ! »

« Il est également riche. Je parie qu'il t'achèterait plein de poupées et de petits gâteaux. »

« J'aime ce papa ! »

« Alors demain, je t'emmènerai le rencontrer. »

Au moment où les deux petits chuchotaient l'un à l'autre, la porte de la chambre fut soudainement poussée. Rozanne entra et prit Kira : « Nous devons nous coucher tôt afin de pouvoir nous lever tôt. C'est l'heure d'aller au lit ! »

Jase éteignit rapidement t l'ordinateur et se coucha non sans lancer un regard suggestif à Kira.

Elle acquiesça secrètement puis suivit docilement Rozanne dans son lit.

Elle n'était pas aussi courageuse que son frère et ne pouvait s'endormir que dans les bras de sa mère.

Kira avait fini par s'endormir ; soudain, elle se mit à parler dans son sommeil : « Papa...Papa...»

En entendant cela, Rozanne poussa un léger soupir et embrassa sa petite joue potelée.

À l'époque, elle avait choisi d'étudier à l'étranger dans le pays A avec l'aide de Damian, mais elle découvrit rapidement qu'elle était enceinte.

Elle avait envisagé d'interrompre la grossesse, mais pensant qu'elle n'avait plus de famille, qu'elle était toute seule dans ce monde, elle prit le taureau par les cornes et garda ces deux-là.

Grace à Dieu, les deux enfants étaient aussi intelligents qu'adorables, ils furent en effet une petite aide l'espoir de Rozanne pendant depuis leur naissance.

« Bébé, maman ne veut pas mentir mais... »

Elle ne voulait vraiment pas se souvenir de cet horrible passé, elle avait bien trop souffert ; elle ne voulait sous aucun prétexte devoir emmener ses deux bébés chez leur père, elle ne voulait surtout pas les partager, pas avec lui.

« Je suis tellement désolée, mes bébés », murmura Rozanne.

Elle fut submergée de tristesse et de culpabilité, mais fut tout de suite interrompue par son téléphone qui se mit à sonner.

C'était un appel de Damien.

Rozanne posa soigneusement sa fille et lui mit un oreiller dans les bras; il fallait qu'elle ait l'impression d'être toujours dans les bras de sa mère afin que son sommeil ne soit interrompu. Puis elle alla sur le balcon, le téléphone à la main.

« Salut, Damien ? »

« L'hôpital t'a obtenu un rendez-vous au manoir de Gladsend demain. »

« Le manoir de Gladsend ? »

Il s'agissait là du manoir le plus luxueux de Lucdale et nul doute que ses occupants étaient parmi les plus puissants du pays. Rozanne en fut choquée.

« Quels sont les symptômes du patient ? »

« Ils ne l'ont pas mentionné dans la demande, ils t'ont juste choisie ce que voudrais dire que c'est dans ta spécialité. Une seule visite à domicile peut valoir deux mois de salaire. »

A ces mot, l'esprit de combativité de Rozanne reprit le dessus et elle répondit : « Oui, Monsieur ! Je ne te laisserai jamais tomber ! »

Après avoir déposé les deux enfants à la maternelle le lendemain, Rozanne se précipita à l'hôpital.

Au rez-de-chaussée, Saul Carter, l'assistant du patient l'attendait depuis un moment.

« Dr. Clark ? », Saul l'accueillit avec un petit sourire, mais son corps sinueux lui donnait l'air d'un dur à cuire.

« C'est moi. » dit-elle en hochant la tête avant de monter dans la voiture qui prit la direction du manoir de Gladsend.

« Le nom de famille du patient est Nelson n'est-ce pas ? Puis-je savoir quels sont ses symptômes spécifiques ? »

« Eh bien... » Saul se gratta la nuque, un peu gêné et poursuivit : « Dr. Clark, vous le saurez quand vous rencontrerez mon patron. »

« Faites tout de même attention, ne vous approchez pas trop de lui. »

Le remerciant pour son aimable conseil, Rozanne estima que l'état du patient était délicat.

Ne pas s'approcher de trop près ? Pourrait-il s'agir d'un trouble explosif intermittent (TEI) ?

Quand elle entra dans le bureau en compagnie de Saul, Zayden était en train de travailler, ce qui éveilla sa curiosité.

La lumière dorée du soleil tombait sur lui, lui donnant l'apparence d'une divinité de la mythologie nordique.

Son nez était aquilin, et il avait de grands yeux noirs. Il était si beau, on aurait dit une œuvre d'art parfaite de Dieu. Dans le silence de ce bureau, son aura le rendait si noble, si inaccessible.

Sa seule présence pouvait créer une pression invisible sur tous ceux qui l'entouraient ; Il était naturellement puissant.

« Patron. »

Saul appela l'homme à voix basse.

Zayden posa le document dans sa main et releva lentement la tête.

Rozanne se couvrit la bouche, choquée. C'est lui !