Travis a regardé la femme tombée sur le lit : ses lèvres roses gonflées, ses cheveux ébouriffés, son regard innocent... Elle avait un charme que l'on ne voyait pas chez les autres femmes.
Il lui a pris le menton et a écarté les cheveux sur le visage de Sara, fort et dominant.
- Sara, tu es avec moi désormais, ne pense pas à d'autres hommes, que ce soit ton ex-mari ou n'importe qui d'autre. Je ne le permettrai pas.
Ce qui était à lui, ne pouvait être qu'à lui.
Sara ne pouvait pas parler, car elle était encore sous le choc de ce qui venait de se passer. Avant, elle se méfiait de Travis . Maintenant, elle avait même peur de lui.
Elle a compris qu'elle ne devrait jamais mentionner un homme devant lui .
Tout à l'heure, c'était la punition. Il s'était servi d'elle pour satisfaire ses désirs et ne s'était pas du tout soucié d'elle.
Sara a fermé les yeux. Des images ont défilé dans sa tête. C'était tellement humiliant.
Elle semblait insensible. Quand Travis l'a vue, il a froncé les sourcils et lui a pincé les joues.
- Dis quelque chose !
Sara a fait un compromis et a répondu d'une voix rauque :
- Oui.
...
Cette nuit, Sara a tourné le dos à l'homme à côté d'elle. Au début, elle n'a pas osé dormir de peur qu'il ne se jette à nouveau sur elle. Après quelques expériences désagréables, elle était un peu traumatisée.
Vers la fin de la nuit, elle a eu mal à la tête et a fini par s'endormir.
Le lendemain matin, Travis , rappelé par son horloge biologique, s'est réveillé à six heures et demie. Il a ouvert les yeux et a découvert Sara, toute mince, sous la couverture.
L'homme s'est figé un instant, ne sachant pas pourquoi une femme se trouvait dans son lit. Mais il s'en est rapidement souvenu.
Elle n'était pas encore réveillée ?
Il avait une routine matinale et a donc voulu emmener Sara avec lui. Il a tendu la main pour pousser la femme à côté de lui.
- Lève-toi.
Comme elle n'a pas répondu, il l'a poussée plus fort.
- Sara, lève-toi.
Elle était toujours endormie et respirait difficilement.
La main de Travis s'est arrêtée au moment où elle était sur le point de tomber, puis s'est tournée vers le front de la jeune femme. Cette dernière était brûlante.
La température était au moins de trente-neuf degrés.
Il a froncé les sourcils et l'a immédiatement renversée. Il a ensuite vu le visage tout rouge de la femme.
- Merde !
En jurant, il s'est levé du lit, est allé chercher la trousse de médicaments et a mis une compresse froide sur le front de Sara. Il a aussi amené le médicament contre la fièvre et l'a posé sur le chevet du lit, en disant :
- Lève-toi et prends le médicament.
Sara dormait profondément. Une fois dérangée, elle a marmonné d'une voix nasillarde :
- Dégage...
- Prends le médicament et je m'en vais, a dit patiemment Travis .
- Je ne veux pas le prendre.
- Il faut le prendre.
Travis , qui ne s'était jamais occupé d'une personne malade auparavant, s'est gratté la tête, agacé.
- Sara, ma patience a ses limites.
Sara aurait pris le médicament en temps normal, mais elle était tellement perdue en raison de la fièvre qu'elle n'avait plus peur. Elle s'est mise en colère et a agité sa main.
- Je ne le prendrai pas !
Il a perdu patience, a ricané et a hoché la tête.
- Alors ne prends pas.
Sur ces mots, il a fait demi-tour et a quitté la chambre, laissant le médicament et la femme recroquevillée sur le lit.
Quinze minutes plus tard, la porte s'est rouverte. Travis est entré avec un homme en blouse blanche . Ce dernier, un peu plus petit que Travis , avait un visage délicat et une peau claire. On peut dire que cet homme était beau et charmant.
Il s'agissait de Quentin Bassot, l'un des meilleurs amis de Travis , qui dirigeait un hôpital privé et développait secrètement de nouveaux médicaments et dispositifs médicaux. Il était un magnat très discret.
- C'est juste une petite fièvre, pourquoi m'avoir fait venir jusqu'ici ?
Quentin a regardé la femme dans le lit et a plaisanté.
- Arrête tes conneries et va la voir.
Travis , le visage impassible, s'est dirigé vers le lit.
Quentin a pris la température de Sara : 39,8 degrés. Il a immédiatement ordonné la perfusion. Une fois tout terminé, il a vu le médicament sur le chevet du lit et n'a pas pu s'empêcher de sourire.
- Tu t'occupes de quelqu'un d'autre ? C'est rare.
Travis lui a lancé un regard.
- Dégage si tu n'as rien à faire.
- Arrête, c'est cruel de m'utiliser et ensuite de me mettre dehors.
Quentin a montré Sara du doigt et a demandé :
- C'est qui cette femme-là ? Tu sembles te soucier d'elle.
Face à la curiosité de Quentin, Travis a soudainement cédé.
- Tu veux le savoir ?
- Bien sûr que oui.
- Mon nouvel animal de compagnie.
Quentin est resté sans voix pendant un moment. Après avoir remarqué le regard ambigu de Travis , il a semblé avoir compris quelque chose. Il a rigolé :
- C'est pas mal, ton petit animal de compagnie. Pourquoi tu ne me laisses pas le garder quelques
jours quand tu en auras marre ?
Bien sûr, Travis a pris un air grave en entendant cela.
Quentin a expliqué rapidement :
- Tu as dit toi-même que c'est un animal de compagnie. Alors tout le monde peut le garder...
Quentin était en train de plaisanter, Travis le savait. Mais ce dernier n'a pas pu s'empêcher de froncer les sourcils en pensant à cette possibilité.
- Je me souviens que ton hôpital avait un procès en cours le mois dernier...
- J'avais tort !
Quentin a immédiatement cédé.
- Les animaux de compagnie n'ont chacun qu'un seul propriétaire pour la vie... Même si j'en veux un, ton petit animal ne m'aimera pas.
Travis a ricané et a regardé vers la porte.
- Tu peux y aller maintenant.
- D'accord.
Malgré la plaisanterie, Travis a raccompagné Quentin jusqu'à la porte. Ce dernier, en blouse blanche et avec une mallette médicale à la main, a baissé la voix et a dit :
- Mon laboratoire a récemment développé un nouveau produit, et il fonctionne très bien dans nos essais cliniques...
Travis a allumé une cigarette et l'a mise dans sa bouche.
- Pas besoin.
A ces mots, Quentin a fait la moue.
- Ecoute, c'est très efficace, sans aucun effet secondaire. C'est cher, donc ce n'est pas commercialisé, et on ne le trouve pas sur le marché !
Travis a souri et a jeté les cendres de sa cigarette.
- Quentin, tu es un vrai spécialiste en manipulation.
- Je le fais pour ton bien. Tu n'as que 32 ans, veux-tu rester célibataire pour le reste de ta vie ? Même si tu le voulais, ce ne serait pas bon pour ta santé...
- Quentin.
L'homme a levé les yeux vers le premier étage, une lueur dans les yeux.
- Il paraît que je suis guéri.
Quentin a quitté la Villa du Valenzieu en se souvenant de ce que Jules avait dit.
« Il paraît que je suis guéri. »
A en juger par le regard et le ton de la voix de Travis , Quentin serait un imbécile complet s'il ne comprenait pas le véritable sens de cette déclaration.
Mais...
En pensant à la femme sur le lit, il ne pouvait s'empêcher d'être curieux. Travis , qui n'avait jamais prêté attention aux femmes, s'était-il vraiment entiché de cette fille ?
La fille avait une vingtaine d'années, elle n'était pas d'une beauté éblouissante, mais elle était pure et semblait plutôt douce et agréable.
Quentin n'avait toujours pas réussi à guérir l'impuissance de Travis . Il s'était inquiété pour le reste de la vie de ce dernier. Soudain, cet homme-ci était conquis par une fille et Quentin était un peu confus.
Après réflexion, il a décidé de rester calme quoi qu'il arrive. Après tout, ce n'était qu'une blague tout à l'heure et Travis lui avait jeté un regard assassin. S'il avait vraiment fait quelque chose, il serait probablement mort maintenant.
Quentin a fait la moue et a donné un coup de main au volant de sa Land Rover.
- Travis est le genre d'homme qui privilégierait la femme aux amis.
...
Travis , par contre, avait une réunion à dix heures du matin. Il a regardé l'heure et a appelé son secrétaire, Joël Boutin.
- Change la réunion de 10 heures en vidéoconférence. Je ne pourrai pas être présent à temps. Envoie-moi les documents par e-mail tout de suite.
Joël était un peu surpris, mais a envoyé les documents immédiatement. Après avoir raccroché le téléphone, il a informé les participants du changement. De temps en temps, on pouvait entendre des gens se poser des questions à voix basse dans la salle de réunion lumineuse et spacieuse.
- Pourquoi la réunion s'est-elle soudainement transformée en vidéoconférence ?
- Peut-être que M. le Président est en voyage d'affaires.
Joël était embarrassé. Depuis plusieurs années, Travis était au travail à 8h30 tous les jours et n'avait jamais été en retard ou absent, mais aujourd'hui, il allait manquer la réunion. C'était une surprise pour Joël.
Travis était dans la salle d'étude pour cette réunion. De temps en temps pendant la réunion, il a jeté un coup d'œil à l'heure affiché en bas de l'écran. Il était préoccupé par les instructions de Quentin de changer la perfusion toutes les heures.
- C'est tout pour aujourd'hui. Si vous avez des questions, venez me voir après la réunion.
Il a terminé la réunion par un bref résumé, a éteint la caméra et a appelé Joël.
- Quand commence-t-on à recruter pour l'automne ?
Joël ne s'attendait pas à ce que son patron pose soudainement cette question. Il a immédiatement consulté son agenda.
- Le 13 de ce mois, c'est-à-dire après-demain.
Chaque année, le Cabinet organisait deux sessions de recrutement, où les nouvelles recrues, soit ils étaient issus des grandes écoles, soit ils avaient déjà travaillé dans le domaine. Ils étaient tous des élites ou des talents. Les conditions de candidature étaient exigeantes, mais il y avait quand même des milliers de candidats pour seulement cinq places disponibles.
- Ajoute quelqu'un à la liste .
Joël était encore plus surpris. A l'époque, un dirigeant du Cabinet T&M avait ajouté quelqu'un à la liste des candidats et il avait été licencié juste après que Travis l'avait découvert.
Alors ça...
Joël a essuyé la sueur de son front, se sentant confus et désorienté.
- D'accord. J'écoute.
- Sara Larousse.
...
Il était maintenant une heure de l'après-midi. Sara s'est réveillée, a ouvert les yeux et s'est levée lentement du lit. Elle était un peu abasourdie quand elle a vu l'heure sur son téléphone.
Avait-elle dormi si longtemps ?
Elle avait toujours un pansement blanc sur le dos de sa main, le médicament juste à côté. Elle a enfin compris la situation actuelle et s'est souvenue des rappels matinaux de Travis .
En regardant la place vide à côté d'elle, Sara est sortie du lit et a mis ses chaussons. Après s'être lavée, elle a lentement descendu les escaliers. Il n'y avait personne au rez-de-chaussée.
- Travis ?
Elle l'a appelé.
Personne n'a répondu, était-il sorti ?
Elle a poussé un soupir de soulagement, mais s'est arrêtée brusquement en se retournant.
Il se tenait dans les escaliers, les mains sur sa poitrine, et la regardait.
Sara s'est frotté le nez avec embarras.
- Tu es là...
- Oui, je suis à la maison, tu as l'air très déçue.
Ce n'était pas une phrase interrogative, mais une phrase affirmative.
Il était trop tard, il avait déjà vu sa réaction à l'instant, l'air de soulagement quand elle pensait qu'il n'y avait personne, ainsi que le regard de surprise quand elle l'avait vu.
Sara se tenait raide sur place, ne sachant manifestement pas comment se comporter avec cet homme dans la même pièce.
Travis s'est approché d'elle et a levé la main pour tester la température de son front. Sara a tourné rapidement la tête pour l'éviter, puis l'homme a plissé les yeux, l'air mécontent.
Lorsqu'elle a réalisé qu'il voulait juste voir si elle allait mieux, Sara a pris la main de Travis et l'a posée sur son front.
Cela a un peu calmé le malaise de Travis .
- Tu n'as plus de fièvre.
- Oui.
Encore une fois, il y a eu un silence. Il a jeté un regard dégoûté à la jeune fille nerveuse et sur la défensive, puis il s'est dirigé vers la cuisine. Sara n'a pas osé le laisser seul dans la maison. Après tout, elle avait vu Travis en colère la nuit dernière. Elle n'avait pas le courage de le provoquer à nouveau.
Elle était recroquevillée dans son pyjama, assise sur le canapé du salon. C'était l'après-midi et le soleil brillait de mille feux, traversant les fenêtres et rendant la pièce chaude et confortable.
Peu de temps après, une bonne odeur est venue de la cuisine.
Après s'être réveillée, Sara n'avait rien mangé. Elle a regardé et a vu Travis placer soigneusement une casserole blanche sur la table à manger.
- Viens manger.
Sara a cligné des yeux et s'est avancée rapidement, regardant la soupe et les plats sur la table.
- Oh, c'est pour moi ?
Il a levé légèrement les paupières et a posé deux assiettes sur la table.
- J'ai faim.
En d'autres termes, il l'avait initialement préparé pour lui-même, mais elle pouvait manger aussi.
Sara a fait la moue. Après tout, elle s'en fichait, tant qu'elle avait quelque chose à manger. Elle s'est lavé les mains et s'est assise. La soupe avait un très bon goût, même si elle était très légère. La soupe et les amuse-gueules ont été un grand réconfort pour son estomac vide.
Travis a mangé un peu puis a déposé son couvert. Sara lui a jeté un regard discrètement. Elle pensait qu'il avait dit qu'il le faisait pour lui-même, mais il semblait qu'il n'avait même pas faim.
D'un côté, il l'avait maltraitée sur le lit, et de l'autre, il lui avait préparé le repas.
Etait-il... schizophrène ?
Pourtant, en pensant à la façon dont il avait pris soin d'elle, Sara cherchait encore des sujets de conversation.
- Tu sais cuisiner ?
- Oui .
Il lui a répondu brièvement, assis sur le siège principal.
- Les gens riches comme toi n'emploient-ils pas des cuisiniers ou des femmes de ménage ? C'est incroyable que tu fasses la cuisine toi-même...
- Je n'aime pas avoir des étrangers dans la maison.
Sara s'est arrêtée avec la cuillère dans sa main et l'a regardé .
- Même la femme de ménage ?
Après que Fabrice et elle s'étaient mariés, elle ne pouvait pas faire tout le ménage à la maison. Il y avait quelqu'un pour l'aider, elle ne faisait juste que quelques petites tâches ménagères.
Après l'avoir interrogé, Sara a vu un soupçon de solitude et de la souffrance dans les yeux de Travis .
De la souffrance ?
Sara était choquée, pouvait-il aussi ressentir de la souffrance ?