Save Me
img img Save Me img Chapitre 5 L'appareil photo
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Chapitre 6 Un réveil douloureux img
Chapitre 7 Retour à la maison img
Chapitre 8 Une invitation img
Chapitre 9 Juste un sourire img
Chapitre 10 Familiarités et vérités img
Chapitre 11 Abandonner img
Chapitre 12 Nous nous perdons img
Chapitre 13 Bongeunsa img
Chapitre 14 La seule à souffrir img
Chapitre 15 La cause de son rejet img
Chapitre 16 Maudit img
Chapitre 17 Saranghae img
Chapitre 18 Ce que l'on nous cache img
Chapitre 19 Nos plans en marche img
Chapitre 20 Les pions de placer img
Chapitre 21 Prisonniers img
Chapitre 22 Apprendre à me relever img
Chapitre 23 Pactiser avec l'ennemi img
Chapitre 24 Vers sa pire crainte... img
Chapitre 25 Un souvenir indélébile img
Chapitre 26 Essayer d'avancer... img
Chapitre 27 Se libérer... ou souffrir img
Chapitre 28 Le plus douloureux img
Chapitre 30 L'enfer porte un nom img
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Chapitre 5 L'appareil photo

Yseult

Je regarde par la fenêtre, frissonnant encore de ce qui s'est passé tout à l'heure dans la piscine ; mais qu'est-ce qu'il m'a pris au juste ?! Je deviens au fil des jours, tout ce que je déteste, faisant des choses qui me répugnent intérieurement, mais qui, étrangement me viennent à l'esprit de façon si simple... Je soupire en entendant la porte de la chambre s'ouvrir, et j'aperçois le reflet de Mi-Cha dans la fenêtre, ce qui ne me dit rien qui vaille.

- Que dirais-tu de sortir un peu ? Je suis certaine que ces collines doivent te rappeler Boulder, où tu es née.

- Cela n'a rien à voir...

- Ne joue pas la difficile, me lance-t-elle un peu exaspérée de mon attitude, tu veux sortir ou pas ?

J'inspire doucement par le nez, regardant la vue que j'ai de la chambre, et pensant que c'est peut-être l'unique fois, où je pourrai fouler de mes pieds, les endroits que mon père appréciait tant. Je finis donc par me laisser emmener par Mi-Cha le long du sentier de la maison, et je frissonne en sentant la brise se porter dans mes cheveux les envolant. Un souvenir des plus douloureux s'impose à moi à cet instant... ce n'est pas qu'un... mais deux... Le souvenir de mon père qui me faisait remarquer que je devrais les attacher, tout comme celui de Vince, qui me mettait sa casquette, plongeant son regard chaleureux dans le mien. Une douleur atroce se porte à nouveau dans ma poitrine, et je me mets à haleter comme toujours. M'agenouillant sur le sentier, je sens la main de Mi-Cha se poser sur mon épaule, et je me redresse, comme si le diable venait de me toucher.

- Je vais redescendre. Je n'aime pas vraiment la nature, me fait-elle, et puis, je dois prendre le prochain bateau pour Seoul.

- Tu me laisses seule ?! m'exclamé-je ahurie.

Mi-cha relève un sourcil de façon amusée, et je comprends que nous n'avons jamais été seule depuis le début. À quoi devais-je m'attendre de leur part ? Car à quelques mètres de nous, se trouvent deux hommes qui nous scrutent, derrière leurs lunettes de soleil.

- Sois sage pendant mon absence ! me lance Mi-Cha en me faisant un signe de la main.

Je la regarde reprendre le sentier en sens inverse, me demandant si elle est consciente qu'à n'importe quel moment, je peux sauter de là-haut. Ces hommes sont assez loin, et j'aurai tout le temps de mettre fin à ma misérable vie, ici, sur la terre que mon père aimait tant, et où l'homme de ma vie est venu au monde. Ce sentiment en moi à cet instant, devient mon unique pensée, en me détournant de Mi-Cha, et regardant le haut de la colline, où tout mon être semble m'appeler. Et alors, que je monte de plus en plus haut, tout mon être se sent apaisé, comme s'il se rendait compte que nous allions enfin rejoindre les gens qui nous sont chers. J'ai passé tellement d'heures à espérer cet instant, que je suis plus que sereine quand j'arrive au sommet. Remettant doucement mes cheveux, qui volent le long de mon visage, j'admire la vue majestueuse qui se pose devant moi.

- Papa, je vois pourquoi tu aimais tant cela...

Les larmes qui coulent sur mon visage à cet instant, sont des larmes de bonheur, à l'idée que j'ai pu enfin vivre un des rêves que papa voulait pour moi. Car même s'il n'est pas physiquement avec moi... il est partout autour de moi, dans cet endroit où il est tombé amoureux de ce pays, de leur plat, de leurs coutumes... mais moi, ce pays qui hantait tant mes nuits durant des années, n'est autre que celui où je me libèrerai de toute ma souffrance...

Avançant doucement vers le bord de cette falaise où je me trouve, je porte ma main sur ma poitrine, respirant profondément, sachant que je vais enfin retrouver ceux que j'aime. Le vent se lève, et je tends mon pied dans le vide...

- Merci, murmuré-je les larmes coulant sur mes joues.

Ces mots de remerciements sont pour Vince, qui m'a offert la chance de connaitre ce qu'était le grand amour...

Je laisse mon corps se laisser aller vers l'avant, et je ferme les yeux, prête à les rejoindre... Mais mon regard s'écarquille à l'instant, où je me retrouve pressée contre ce torse musclé et que sa voix me glace le sang. On ne me laissera donc jamais les rejoindre...

Carlson

- Tu ferais mieux de garder tes distances avec la falaise, lui dis-je contenant la colère qui est sur le point d'exploser en moi.

J'ai vraiment cru que je ne la rattraperais pas à temps, et craint de perdre une nouvelle fois, cette chaleur qui monte en moi à l'instant, et qui me rappelle tant, notre mère. Ma main dans son dos, la tenant fortement contre moi, je serre la mâchoire, ne sachant vraiment plus comment faire avec elle. Il est encore trop tôt pour lui parler de notre lien, et du fait que je voudrais qu'elle commence à se rendre compte que sa vie est plus importante pour moi, que n'importe qui. Ses cheveux me chatouillent le nez, et je relâche doucement ma prise sur elle, avant de nous faire reculer du bord de la falaise. C'est là que je sens son corps tressaillir, ce que je ne pouvais sentir en la tenant si fortement, je ressens ce besoin étrange de la consoler. Voilà bien une des raisons pour lesquelles, je ne la laisserai jamais me quitter, qu'elle le veuille ou non. Je n'ai jamais ressenti autant de sentiments si chaleureux, que depuis qu'elle est entrée dans notre vie. Malgré la façon dont elle me juge, moi, tout ce que je vois en elle, ce sont ses souvenirs chaleureux que je garde dans un coin de mon coeur en souvenir de maman.

Une fois à bonne distance du sommet de la falaise, je décide de la laisser reprendre le contrôle de son corps en la lâchant et elle s'écroule sur le sol devant moi.

- Pourquoi ne me laisses-tu pas mourir ? me demande-t-elle le visage décomposé par la souffrance et les larmes.

- Tu penses que je te torture en te gardant vivante ? lui demandé-je en m'accroupissant devant elle.

Yseult se mord la lèvre si fort, que je jurerais qu'elle va saigner. Je porte ma main sur son visage, où elle ne réagit pas, quand mes doigts la force à lâcher prise.

- En fait, je voulais te donner ceci, lui fais-je en lui donnant l'appareil photo de notre mère que je tiens dans l'autre main.

Yseult ne se donne même pas la peine de regarder ce que je lui montre, et je ramène mes doigts, de façon ferme, à son menton pour la forcer à le regarder. Ses paupières clignent, de façon furieuse à cet instant, et je relâche la pression de mes doigts autour de son menton, en lui rapprochant l'appareil photo.

- J'ai pensé que tu aimerais prendre quelques photos, lui dis-je pour l'inciter à le prendre.

Yseult se mord à nouveau la lèvre, mais de façon plus naturelle, ce qui me fait relâcher son menton entièrement, et je penche mon visage pour qu'elle se décide à le prendre. Sérieusement, je ne sais pas combien de temps, je vais pouvoir contenir mon envie de lui foutre une bonne fois pour toutes dans ses mains. Mais, alors que je fais grincer mes dents, les doigts d'Yseult se portent enfin sur l'appareil photo. Pas d'une façon franche, mais tremblante, comme si je lui tendais une bombe. N'a-t-elle jamais pris de photos de sa vie ?

- Tu veux que je te montre ? lui demandé-je alors qu'elle fronce les sourcils en le regardant.

- Je n'ai pas besoin de ton aide, me répond-elle en se levant et je la suis de quelques pas derrière elle.

Effectivement, à l'instant où son œil se trouve derrière l'objectif, je comprends qu'elle n'avait effectivement pas besoin de moi, et j'esquisse un sourire. Il faut dire que c'est la première fois que je la vois un peu calme, depuis que je l'ai emmenée. Mais bien que cela me démange de lui dire nos liens familiaux, je ne peux pas encore me lancer, car étrangement, Yseult a le don de me mettre mal à l'aise quand il s'agit de cela. Je crains qu'apprendre que nous avons un lien, soit ce qui la poussera à faire le geste de trop. Je me contente donc de m'allumer une cigarette, la regardant prendre des photos de la falaise et de ce qui se trouve en bas, non sans me porter à ses côtés, au cas où il lui viendrait encore l'idée d'apprendre à voler.

Mais ce moment de répits, alors que le soir commence à pointer son nez au lien, vient à se ternir au moment où mon portable sonne. Si je souris à l'idée d'entendre la voix de Mi-Cha qui se trouve à Séoul, mon esprit reprend sa froideur en un instant...

Yseult

Étrangement, j'ai vraiment apprécié l'idée de cet appareil photo et assise sur le lit, je me demande si je vais pouvoir les développer quand nous rentrerons à Séoul. C'est bien la première fois depuis des mois que je n'ai pas l'esprit embrumé dans ma souffrance, et mon mal-être que je vis depuis. Je me mords la lèvre, regardant la nuit et la lune qui éclaire la fenêtre de ma chambre, en me demandant si je fais bien d'être ainsi. Je n'ai pas pensé un seul instant à vouloir en finir, mais seulement à vouloir capturer tout ce qui se trouvait autour de moi, comme si dans l'objectif, j'envoyais à mon père les beautés que ce pays possède. Je descends de mon lit, et je me rends sur la table qui se trouve au centre de ma chambre pour y déposer l'appareil photo. Je me tâte, là-devant lui, me demandant à qui ceci peut appartenir. Une chose est certaine, il n'est pas récent...

La porte de la chambre s'ouvre d'un coup, et je sursaute presque en me demandant ce qui se passe. Mi-Cha qui m'a dit retourner à Séoul, se trouve ici, et elle balance un sachet d'herbe sur la table à côté de l'appareil photo, d'un geste agacé. Je balance ma tête un moment, regardant le sachet, avant de revenir sur elle qui vérifie la fermeture de la fenêtre, et jette un coup d'œil dans la chambre comme tous les soirs où je m'y trouve. Je n'ose pas la regarder, je sais qu'elle fait son travail que Carlson lui a demandé. Cependant, je suis plus lucide que je ne l'ai été récemment, et ma curiosité prend le dessus.

- Tu m'avais dit que tu rentrais à Séoul, fais-je en glissant mes doigts sur l'appareil photo, évitant de la regarder.

- Ne me pose pas de questions ! me lance-t-elle froidement et je tressaille.

Mi-Cha revient devant moi, et elle attrape le sachet d'herbe pour rejoindre le plateau sur ma table de nuit où se trouvent les feuilles et le tabac pour rouler. Je reste là, étonnée de la voir rouler un joint, mais surtout de l'allumer. Depuis mon arrivée auprès d'eux, elle a envoyé des filles pour me les rouler, jusqu'à ce que je le fasse de moi-même. Pas une seule fois, je ne l'ai vue en fumer un d'elle-même, sauf si Carlson lui tendait le sien. J'ai l'impression que Mi-Cha a quelque chose qui la travaille, et qui semble vraiment la mettre dans tous ses états, alors qu'elle lève son regard vers le plafond en soufflant la fumée.

- Et si l'on te coupait les cheveux ? me demande-t-elle.

- Me couper les cheveux... répété-je perplexe.

Lloyd m'interdisait formellement de le faire, ce qui en fait, facilité sa façon de m'attraper en quelque sorte. Je porte mes doigts dans la longueur de mes cheveux, y réfléchissant sérieusement. Peut-être que cela serait une bonne chose... Après tout, je ne suis plus l'Yseult de mes quinze ans...

Carlson

Mon sang bout dans mes veines, au point que même cette bouteille de Whisky ne me fait aucun effet, alors que j'en arrive à la fin. Quand j'ai reçu l'appel de Mi-Cha, j'ai compris tout de suite que quelque chose ne s'était pas bien passé, mais apprendre que le Président se mettait dans mes pattes à nouveau, m'a rendu furieux. Nous nous sommes d'accord à mon retour en Corée que je continuerais mon business, et qu'il ne tenterait rien, tant que je m'occupais bien de Mi-Cha. Chose que je pense bien faire, puisqu'elle sera bientôt mon épouse. Alors, apprendre qu'il a gâché la vente de ma dernière cargaison, me met les nerfs à fleur de peau, et c'est bien quelque chose qu'il ne faut pas faire faire avec moi. Mais, l'idée de faire du mal à Mi-Cha qui est la seule personne proche d'Yseult pour le moment, m'est totalement interdit. Alors, me voilà dans ce restaurant, attendant que cet enfoiré de Président s'amène, et m'explique ce qui lui a pris de relancer les hostilités.

Je porte mon regard sur ma Rolex, et je grince les dents en voyant que celui-ci a dix minutes de retard.

- C'est bon, j'ai assez attendu ! lancé-je en me levant pour partir.

À l'instant où je vaux porter ma main à la clinche de la porte de la salle privée, celle-ci s'ouvre et je me fige dans son regard...

- Le président n'a pas su venir, mais je suis certain que ma présence te suffira, me fait Ji Chang Wook avec un sourire glacial posé sur ses lèvres.

                         

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