J'étais de retour chez moi, j'étais restée enfermée une journée entière dans ma chambre à pleurer et dormir, mais ensuite je m'étais enfermée dans ma douche où j'avais passé deux bonnes heures dans la baignoire, j'avais l'impression d'être sale, je me nettoyais autant que je le pouvais, je prenais mon temps pour me refaire une beauté à la hauteur de ma personne, j'étais une femme élégante et bien dans sa peau, j'avais certes eu des périodes difficiles mais je savais que j'étais quelqu'un de bien, et aujourd'hui il me fallait rendre visite à la famille de ce fameux mari mais aussi le parler enfin pour la première fois...
Je me regardais dans le miroir et c'était parfait, j'enfilais une robe sobre et légère, rabattais mes cheveux enfilais des sandales, prenait mon sac à main dans lequel je plaçais le papier contenant l'adresse de la maison et hop c'était parti...
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-Yvonne !... ynonne ohh
-oui tanti !
-ah Yvonne quand on t'appelle pourquoi tu dures comme ça ? jusqu'à je dois répéter ton nom deux fois
-pardon tanti je vais faire vite maintenant
-humm... bon il faut apprêter la table avant que yannick ne descende au salon, tu poses le petit déjeuner on va le prendre en famille
-bien tanti
-bon tu vas aussi au marché n'est-ce pas ?
-oui tanti
-ok il faut acheter du poisson, et quelques morceaux de poulet aussi on va frire ça seulement après tu prends aussi des alocos, et un sac de riz, pour le reste là tu complètes seulement quand tu vas rentrer on va tout faire en même temps parce que monsieur veut manger léger aujourd'hui
-bien tanti
-il y a du pain ?
-oui tanti
-ok il faut faire tu vas partir
-bien tanti
-bonjour maman
-ah mon fils tu es debout ?
-oui maman depuis un moment déjà j'étais juste au téléphone avec marie
-ah... il faut t'asseoir on va manger ton père nous rejoint dans un instant
-maman ?
-oui mon fils
-pourquoi quand je parle de marie tu changes de sujet directement ? tu sais pourtant que c'est ma femme n'est-ce pas ?
-mon fils pardon mangeons tu vas reprendre des forces
-mais maman...
-yannick je ne veux pas parler de ça maintenant de toute évidence même si je disais un mot sur ça ton père y mettrait fin, tu sais pertinemment ce qu'il pense de ton mariage avec cette fille et comment il voit les choses, ici nous avons déjà un autre cas de mariage à régler donc pour le bien de tous finissons d'abord avec ici on parlera d'elle plus tard
-pff... je ne sais pas pourquoi c'est si compliqué, tout ça parce que vous avez fait des choses dans mon dos
-ah mon fils, c'est ton père, suit seulement
En parlant de lui, le voilà qui arriva et s'installa avec nous
-alors ? de quoi parlez-vous ?
-de rien papa fit maman pour sauver les apparences, nous t'attendions pour commencer
-ben écoute sers-moi une tasse de café pour commencer
-père fis-je alors, bonjour
-yannick tu es plus calme aujourd'hui ?
-je l'ai toujours été père
-beh c'est tant mieux parce qu'il ne faut jamais me déclarer la guerre, moi ton géniteur, il pourrait y avoir énormément de dégâts et des conséquences dévastatrices
-...
-tu ne sais pas pourquoi j'ai agis ainsi mais tu me remercieras plus tard quand tu t'en rendras compte
-prendre une femme et la doter dans mon dos pour en faire ma femme et me l'annoncer des années ensuite n'est pas un acte pour lequel je devrais te dire merci
-tu raisonne trop mon fils, j'aurai due couper ta scolarisation à temps parce que là tu te perds, d'ailleurs même tu parles beaucoup pour rien ta femme arrive ce matin
-quoi ? je pensais que c'était déjà fini c'est quoi encore cette histoire ?
-toi tu es parti au village pour voir sa famille et valider le mariage tu pensais que c'était fini ? mais tu rêves mon cher !
-mais père elle vient faire quoi encore ici ? moi je vous dis déjà elle n'ira nulle part avec moi je refuse de trimballer une villageoise à mon bras sans éducation et sans scrupule ! le genre de femme qui s'accroche pour l'argent ! criais-je par excès de rage
-Badinga ! baisse d'un ton ! tu te crois où ? dans une ferme peut-être ? que tu vas crier ici comme un sauvage ? je te dis calme toi ! Pierrette parle à ton fils !
-mon fils pardon calme toi
-mais moi je ne comprends pas pourquoi il a choisi une villageoise ? avec mon niveau et mon rang social c'est ce genre de femme dont j'ai besoin ? moi un cadre ?
-toi tu dis qu'elle est villageoise as-tu discuté avec elle pour connaitre sa situation et sa vie ? me demanda alors mon père
-je n'en ai pas besoin je sais déjà qu'elle n'a rien dans la tête
-mais c'est que tu vas être surpris alors ! me répondit-il en riant
Les minutes ne se firent pas attendre quand on sonna à la porte, le gardien ouvrit laissant entrer une femme que je ne voyais pas bien avec le reflet du soleil, j'entendis juste allez-y c'est tout droit madame et quelques instants plus tard on frappait à la porte, ma mère se leva et alla ouvrir la porte, ce que je vis à ce moment-là me coupa le souffle
-ah ! ma fille tu es arrivée ! bienvenue oh
-bonjour madame dit-elle d'une voix fine et peu sûre, je suis bien à la villa de la famille Badinga ? ma mère lui sourit et dit
-entre ma fille c'est ici, tu dois être Cassie ?
-oui madame
-appelle moi maman on est de la même famille maintenant, allons mon enfant nous t'attendions
tous avec impatience
Elles avancèrent donc jusqu'à nous moi les yeux toujours posés sur elle comme si je sortais d'un rêve mais ce n'était pas possible où était donc passé la villageoise sans éclat et complètement fanée que j'avais vu deux jours plutôt ? mais.... Mais attendez il n'y a pas erreur de personne ? c'est qui cette fille ?
-prends place ma fille...
-bonjour papa dit-elle alors... Seigneur quelle douceur elle avait dans la voix
-ma fille ça va ?
-oui merci
-on m'a dit que tu as refusé que le chauffeur vienne te chercher chez toi
-ce n'était pas nécessaire je me suis déplacée avec ma voiture
Hein ? Voiture ? beauté ? Français ? Attendez-vous êtes sûre que c'est elle ? avec toute cette élégance et cette légèreté, non, non je rêve
-tu ne veux pas que je te serve à manger ?
-non maman merci mais je n'ai pas très faim
-ah mon enfant il faut manger un peu vous les jeunes d'aujourd'hui avec vos tailles fines on dirait guêpe vous êtes toutes affamées ! il faut manger
Elle sourit tendrement et ce que je vis me désarçonna, elle avait de magnifiques fossettes, mais alors là il y avait erreur de femme
-je n'ai pas très faim maman mais je vais goûter un peu
-humm je te sers en même temps, mais Yannick !
-humm ! hein ! maman ?
-tu dévisages la pauvre petite comme ça c'est impoli hein
-oui... non... en fait... bonjour dis-je finalement
-bonjour
-alors heu... c'est toi qui est supposé être ma femme ?
- je pense que oui
-bon je ne sais pas si on te l'a déjà dit mais je n'ai pas besoin d'une deuxième femme
-deuxième femme ? demanda-t-elle étonnée
-bah oui j'ai déjà une magnifique épouse et elle est avec moi à paris donc les femmes africaines, très peu pour moi
-ah bon ? elle sourit posa son verre et me fixa droit dans les yeux, mais ne te fatigue pas mon cher moi-même je n'ai pas besoin d'un mari comme toi, les hommes hautains et imbus de leur personne sincèrement hein, très peu pour moi aussi ! puis elle se leva et s'adressa à mes parents, je vais attendre dans le salon... excusez-moi
Mon Dieu ! c'est une villageoise qui venait juste de me remettre à ma place ? moi Yannick! non mais ça ne va pas se finir comme ça!
09.
(Dans la tête de Cassie)
Seigneur !
Non mais pour qui il se prend ? vous voyez comment les gens deviennent assassins ?
Vous voyez ? Donc ses petits moyens et son rang social lui permettent de me parler sur ce ton ? je ne suis l'esclave de personne ! c'est pas parce que mon imbécile de père a décidé de me vendre un jour que ça veut dire que je suis une mourante ! je n'avais aucune idée que j'étais mariée et si je pouvais j'aurais stoppé tout ça avant on m'a mise sur le fait accomplis donc qu'il se calme ! je dis calmez ce garçon ! tchruuuu
J'ai une femme bla bla bla et puis quoi ? je suis villageoise et puis quoi ? que mon statut m'a empêché d'avancer dans la vie ? ce n'est pas mon père qui m'a placé en entreprise que je sache encore moins un oncle ou une connaissance, j'ai réussi seule en travaillant dure et je m'en suis sortie haut la main nulle besoin de me rabaisser pour se prouver quoi que soit ! je dis bien aucun droit !
Je fulminais dans mon coin j'avais une rage intérieure, je ne sais même pas ce qui pourrait me calmer, je l'attends ici qu'il vienne d'abord ici il va sentir ! s'il pense qu'il a le droit de parler comme ça aux femmes moi je vais l'expliquer qu'il s'est trompé d'adresse en tout cas aujourd'hui il va me respecter parce que sinon on va mal finir ici...
J'étais assise dans le salon les pieds croisés et la tête relevé, sa mère vint me rejoindre car elle avait senti que j'étais en colère
-ma fille
-oui maman
-ça va ma fille ?
-bien maman dis-je en lui souriant
-ah mon enfant vraiment je suis désolée du comportement de mon fils il faut le comprendre on l'a un peu trop gâté aussi
-il devrait savoir que je ne suis pas un objet
-oui maman c'est vrai oh mais ne t'énerve pas mon enfant, essai de comprendre il ne savait pas non plus qu'il était marié ça n'excuse pas son comportement certes mais je te prie d'être un peu patiente avec lui c'est quelqu'un de bien dans le fond
-je n'en disconviens pas maman mais je n'ai jamais dit que ce mariage me plaisait à moi aussi je le découvre autant que lui mais je reste calme
-tu as raison dit-elle en baissant la tête l'air triste, il est devenu si orgueilleux avec le temps que j'en arrive à peine à le reconnaitre, son père et moi avons fait de notre mieux pourtant, mais la vie en Europe a changé sa mentalité... Je t'apporte un verre d'eau ?
-non maman ça va
-s'il te plait mon enfant un seul verre hein mama il faut prendre
-d'accord maman... elle était si gentille, je m'étonnais même qu'elle ait un fils si hautain
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-Yannick je peux savoir pourquoi tu as raconté toutes ces bêtises à ta femme ?
-ce n'est pas ma femme ! c'est toi qui l'a doté
-yannick fais attention ! tu crois qu'en jetant que tu es mariée ça va changer quelque chose ? que tu le veuille ou non elle aussi est ta femme donc tu dois t'y faire !
-je n'ai jamais choisi d'être marié à une noire encore moins une villageoise c'est toi qui a choisi pour moi
-et puis quoi ?
-je refuse de la prendre comme épouse je n'irai nulle part avec elle !
-ne joue pas avec mes nerfs Yannick ! lèves-toi et allons dans le salon
-nous sommes au 21ème siècle et vous m'imposez une femme
-allons ! cria mon père
Je le suivais donc à contre cœur j'avais juste envie de lui crier que je n'étais plus un petit garçon mais ça ne changerait rien de toute façon
On approchait dans le salon, je la vis confortablement assise les yeux rivés sur l'écran, mon père prit place et me demanda d'en faire autant
-alors ma fille comment vas-tu ?
-ça va papa
-désolé pour tout à l'heure ce garçon est sonné parfois
-ce n'est rien
-ah bon ? dis-je alors donc je suis sonné hein ? dire à cette inconnue que je suis déjà marié c'est être sonné ?
Elle me regarda droit dans les yeux et me fit un sourire qui me donna froid dans le dos on aurait dit une sorcière
-alors ma fille que fais-tu dans la vie continua mo, père
-je suis agent commerciale dans une entreprise de la place
-ah mais c'est bien ça et tu as quel diplôme ?
-une licence que j'ai financé avec les petits travaux que j'avais ici et là
-ah c'est bien, tu habites seule d'après ce que j'ai compris
-oui papa
-et tu es bien installée ? ça va la vie ? tu t'en sors ?
-très bien papa je me défends plutôt bien
-c'est bien ça une battante je suis fière de toi mon enfant continue comme ça l'avenir appartient aux plus vaillants
Je la regardais en coin, parler de ses diplômes et compagnie non mais qui veut-on tromper les villageoises n'étudient pas ! elle sort d'où celle-là
-tu as une question à me poser ? me demanda-t-elle en me regardant comme un assassin, elle avait remarqué que je la dévisageais ou quoi ?
-oui... heu enfin bref comme je l'ai dit avant je suis déjà marié et j'ai été surpris d'apprendre que j'ai une autre épouse et vue que je suppose que tu sais déjà que je n'habite pas ici et que j'ai construit ma vie en Europe je ne vais donc pas rester longtemps juste le temps de trouver une solution à ce problème
-et quand tu parles de problème tu fais référence à moi ?
-écoute mademoiselle
-je m'appelle Cassie pour commencer et deuxièmement si je pouvais choisir mon mari crois-moi ce ne serait pas toi tu es trop mal éduqué pour me mériter et troisièmement je ne suis pas un problème respecte-moi et je te respecterai marche-moi dessus et je ferai de même ça va de soi, cela dit je n'ai aucune envie de passer un seul instant dans la même pièce que toi donc ne t'en fait pas je vais tout faire pour arrêter toute cette mascarade pour que tu ailles retrouver qui déjà ? ah oui ton épouse !
Non mais attendez une seconde elle vient de me remettre à ma place là ? de quel droit ? elle me connait ? moi Yannick Badinga !
-ah oui au fait pour ta gouverne être villageoise n'est pas un mal en soi, c'est même très bien ! et être noire aussi c'est pas la fin du monde il y a pleins d'hommes qui font la queue pour m'avoir et si tu n'entame pas les procédures pour rompre cet arrangement je vais le faire pour toi !
Ehhhhh ! Rassurez-moi je ne rêve pas ? la fille-ci vient de me marcher dessus ? eh !
-ma fille, doucement commença son père, je comprends ta frustration mais c'est ton mari donnez-vous un peu de temps s'il te plait
-j'ai beaucoup de respect pour vous Monsieur donc je vais rester patiente mais si le garçon qui vous sert de fils ne retiens pas son langage je ne vais plus répondre de moi
-je comprends parfaitement tu as raison mon enfant
-raison ? m'étonnais-je mais raison de quoi ? de quel droit une femme va me parler comme ça ?
Elle me regarda avec un grand sourire ce qui doubla mon énervement
-écoute toi
-Cassie c'est mon nom imprime ça bien dans ta tête
-bref Cassie ne monte pas sur tes grands chevaux tu es chez moi ici ?
-jusqu'à preuve de contraire c'est chez tes parents tu as dit que tu vis en Europe n'est-ce pas ? donc tu n'as pas de domicile fixe à Abidjan merci de ne pas perdre mon temps
Mais purée ! cette fille avait le don de me mettre hors de moi ! oh je vais tuer quelqu'un !
-maman, papa, dit-elle en se redressant je vais demander à prendre congé avec votre permission j'ai une journée un peu chargée car je reprends du service demain
-ah d'accord ma fille mais tu peux venir ici quand tu veux c'est la maison de ta belle-famille et celle de ton mari aussi
-j'ai déjà une femme bon sang !
-d'accord maman se sera avec plaisir... bon papa avec tout le respect que je vous dois je vais prendre congé
-bien ma fille bonne route
-merci... je regardais cette espèce de Yannick là je souriais encore, me levais et avançais vers la sortie, sa maman me raccompagna jusqu'à la porte et me fit la bise en signe d'au revoir c'était vraiment une femme très charmante je reviendrais la voir mais seulement si ce garçon n'était pas dans les parages...
J'avançais à la sortie et me dirigeais vers ma voiture, une fois devant je sorti les contacts pour la déverrouiller quand j'entendis quelqu'un crier derrière moi
-attends une seconde mademoiselle !
Humm celui-là encore ? je croyais en avoir fini pourquoi il m'a suivi même ?
-Cassie dis-je en le regardant avec dédain
-oui enfin Cassie tu ne me parle plus jamais sur ce temps compris ?
-sinon quoi ? lui demandais-je en m'avançant dangereusement devant lui, sinon quoi hein ? tu vas faire quoi ? Monsieur je sais tout qui vit en Europe avec sa femme
-je tenais juste à te prévenir qu'aucune femme ne peut me marcher dessus
-eh bien il y a une première fois à tout !
Je tournais le dos et montais dans ma voiture, à peine avais-je refermé la portière qu'il s'approcha de nouveau vers moi
-je t'aurais prévenu Madame ne joue pas à ça avec moi
-d'abord j'ai un nom et c'est Cassie si tu es sourd imprime le bien dans ta tête et ne me menace plus jamais je suis villageoise tu as oublié ? ne me cherche pas ça vaut mieux pour toi !
Je démarrais la voiture et le laissait là en plomb, non mais regardez-moi ce con il se prend pour qui même !
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Dites-moi que je rêve
Elle vient de me planter là ? non c'est une blague ?
Non mais je rêve !