Chapitre 5 05

Partie 11

Maman Pauline

Libreville 3 mois plus tard

J'ouvre la porte de cette chambre que je n'ai jamais habitée. Marguerite, toujours dans l'ombre à tout préparer pour mon retour. Mes affaires, synonyme d'un passé Glorieux ont été vendu. Ici personne ne connait le propriétaire. C'est le frère de Marguerite qui vient encaisser les loyers. Je ne suis qu'une locataire de plus. Un matelas posé à même le sol et un ventilateur, des étagères en bois blanc et une ampoule vieillissante au mur constitue mes seuls biens. Mon téléphone sonne :

- Madame c'est moi Marguerite

- Oui Marguerite, je suis bien arrivée oh

- Ah, Dieu merci ! Comme on avait dit là madame, on ne doit plus se voir hein Le petit monsieur me connait ça peut être dangereux.

- Il est déjà à Libreville ?

- Non madame, je n'ai rien entendu sur ça, mais si j'entends quelque chose...

- Humm, Marguerite ça ne sera pas facile hein...

- Non madame mais pensons à Auriane. Et puis je t'ai trouvé la place pour vendre les fruits à la sablière comme on avait dit.

- Merci Marguerite, c'est le Seigneur seul qui pourra te remercier.

1 mois plus tard

Mon téléphone sonne.

- Moi : allo ma belle c'est comment

- Irène (la sœur de marc) : Oui oh Ma Pauline, je t'appelle parce que ton fils m'a appelé. Il arrive au Gabon, demain. Il dit qu'il veut voir clair dans les biens de son père.

- Ma Irène, toi-même tu connais le fond de cette affaire-là. Les biens de son père là, il va aller lutter à la justice pour débloquer ça. Moi je n'ai rien, je vends des fruits pour survivre. Mais la maison est là aux charbonnages, et je pense qu'il va aussi discuter avec les banquiers, je n'ai touché à rien.

- Ma belle je sais tout ça, mais il dit que... il doit descendre là ou tu dors !

- Quoi ??? Mais moi je loue dans une maison, je ne sais pas si il y a une chambre de disponible hein.

- Oui je sais, je vais essayer de le convaincre de rester avec moi. Mais tu sais comment il est...

Irène c'est la sœur de Marc, la seule qui m'a défendu lors de ma fuite. Je ne lui ai pas tout raconté mais elle préssent qu'Erwan ne joue pas un bon rôle dans l'histoire. A l'époque elle disait à son frère « l'appât du gain t'emportera dans la tombe Marc, contente toi de ce que tu as ». Erwan ne supportais pas sa tante, elle posait tout le temps des questions sur ses activités... Mais depuis qu'elle a compris qu'Auriane a disparu, elle a changé d'attitude. A mon retour de Malabo elle m'a dit :

« - Ma belle, si on se fâche avec l'enfant là, on perd toute chance de rétablir le contact avec Auriane, Il faut un point de départ, c'est pour cela que je fais l'idiote avec lui pour qu'il accepte de venir. Ici là on va le coincer... »

Donc il arrive.

(Erwan)

Enfin l'avion a décollé ! C'est fou, pour une fois depuis plus de 10 ans j'ai plus peur de me faire descendre par mes associés que de me faire arrêter par la police ! La salope d'Auriane, elle m'a tuée !!!! Comment a-t-elle pu s'échapper ? Ou est-elle ??? Je suis sûr qu'on l'a aidé... Ma vie est en sursis, je repense à la bastonnade que j'ai reçu à cause d'elle... je serre les mâchoires, si je l'attrape je lui ferais payer chaque coup que j'ai reçu à cause d'elle. Mais je l'aurais, je sais qu'elle recontactera sa chienne de mère... Et ce jour-là, je serai là pour lui faire la peau moi-même...

Je regarde par la fenêtre... Ne jamais mêler la famille au business hein... Voici la phrase que Di Matteo m'a sortie quand mon père a été arrêté... Il était bien content que ses colis arrivent à Libreville sans embrouille. Je sais que c'est eux qui l'ont fait tuer. Tant mieux pour lui, après tout il m'a fait perdre une grosse commission, obligé à réorienter mon business sur Luanda, ça n'a pas été facile !

Pendant les 7h que dure mon vol je cogite. Il faut que Pauline sache de quoi je suis capable. Mais elle ne doit pas savoir que sa fille s'est échappée. Tant qu'elle pense que je suis la clé de l'énigme je la tiendrais en mon pouvoir.

« Mesdames, mesdemoiselles et messieurs, nous entamons notre descente sur l'aéroport international Léon Mba de Libreville... »

Ca y est, nous y sommes. J'espère que je ne suis pas ficher à l'aéroport hein... cette pensée me fait sourire. Je glisse un billet de 100€ dans mon passeport. Contrôle de vaccination, puis contrôle de police. La jeune femme examine mon passeport pendant quelque seconde puis le cachette et me le temps... sans les 100 €... Je souris... J'ai voyagé léger, en 20 minutes je suis dehors. La tante Irène m'attend dehors.

- Bonjour ma tante

- Bonjour Erwan, tu as fait bon voyage ?

Maman Pauline

Il est 20h, nous sommes assis sous le manguier dans la cours de la maison de SOBRAGA. Irène, Erwan et moi. La comédie du diable qui se joue là est extraordinaire ! ekié ! :

- Ma Irène, ton enfant nous a mis dans les problèmes, regardent son père est mort, sa sœur est porté disparu. Moi je suis une pauvre femme, je n'ai rien. Regarde ou je vis ? même l'emploi je n'ai plus...

- Ma Pauline, tu as raison. Erwan ne savait pas ce que contenais les colis. Il a été naïf comme nous tous. Il a juste vu une possibilité d'arrondir ses fins de mois difficiles. Et quand il a su ce qui se passait lui aussi il a eu des problèmes ! Les gens de la mafia l'ont obligé à travailler gratuitement pour rembourser le chargement qui a été intercepté à Libreville.

- Humm ! Et pour sa sœur ?

- Ma Pauline, tout ça là j'ai tiré ça au clair avec mon fils. Auriane a été enlevé par la mafia, quand Marc a été arrêté. Avec ses copines au pensionnat elle faisait souvent le mur pour aller dans les groove elle a été repéré.

- Mon Dieu ???!!!!

- Oui ma belle ! C'est pour essayer de la sauver que mon fils a du continuer le trafic là. Mais tu connais ce genre de personne, mauvaises et menteuses jusqu'au bout. Il dit qu'il a perdu sa trace il y a 3 ans en Belgique.

- Humm (quel menteur cet enfant-là ? Tsouooo et moi qui est ait parlé à Auriane il y a quelques temps ???)

- Ma Pauline, c'est le seul qui te reste oh ! En mémoire de Marc vous devez vous réconcilier. La grande famille n'a pas besoin d'entendre tout ça ! Il faut le couvrir comme si c'était ta nudité. Mon fils Pauline c'est ton seul parent, à cause de ton père, d'Auriane tu dois t'occuper d'elle. Regarde ou elle vit hein ? Elle ne peut même pas nous recevoir au salon, obligé de supporter les piqûres des moustiques là dehors. Elle vend les fruits pour pouvoir manger et payer sa chambre. Si tu peux récupérer la maison de ton père vraiment fais le.

- Humm

Je joue les femmes brisées, éteintes. Sans aucun espoir. Erwan me lance des regards en biais, dans mon cœur je rigole. Ma Irène elle est forte hein ! Erwan dors chez elle, depuis son retour. Elle nous joue la comédie de la réconciliation. Si elle et moi n'avions pas parlé de la conduite à tenir, j'aurais même pu penser qu'elle croyait ce qu'elle disait en ce moment. Elle conclu en disant :

- Ma belle voilà ton fils, tu es encore fâché ?

- Est-ce que je peux rester fâchée ? la langue et les dents peuvent se disputer mais ne peuvent pas se séparer, il n'y a que la mort de l'un des deux ! J'ai toujours aimé Erwan, j'étais triste qu'il ne m'ait pas donné cette explication. Mais je comprends qu'il m'a protégé. Merci mon fils ! viens dans mes bras...

Regarde-moi l'enfant du diable là, qui vient et qui coule les larmes de crocodile. Tsouo, mais je te vois clair !

Nous pleurons et nous rions. Ma Irène lui dis d'aller acheter à boire dans un bar pas loin. Elle a cuisiné chez elle nous mettons une petite table dehors ensemble nous mangeons un repas ; officiellement de réconciliation, mais dans le cœur de chacun il a un autre nom...

Partie 12

7 Mois plus tard

Je suis en train de balayer la cours. Aujourd'hui c'est dimanche je ne pars pas vendre les fruits. Erwan a désormais une chambre dans la maison de SOBRAGA, celle d'un jeune professeur qui a été affecté à Franceville. Il fait des démarches pour récupérer les biens de son père. Il me rend compte régulièrement. Il se comporte comme un agneau. Mais je sais que ce n'est que la surface. Plusieurs fois je l'ai surpris en train de fouiller mon téléphone. J'ai perdu de l'argent, donc je ne garde plus que des sommes dérisoires à la maison, tout au plus 5.000F. Mon téléphone sonne. +1819... humm c'est encore quel numéro ça ? Ca coupe... Je continue mon ménage. A trois reprises mon téléphone sonne, bizarrement j'ai l'impression que je dois m'éloigner de tous, je dois protéger cet appel. J'ai fini mon ménage, je prends une chaise et je m'assois sous le manguier. D'ici, je vois tout le monde. Mon téléphone sonne, une fois, deux fois à la troisième fois je décroche :

- Allo

- Maman, c'est moi Auriane.

- Mon Dieu...

Je m'exclame pour 2 raisons. La voie d'Auriane dans le téléphone, et Erwan qui vient de sortir de la maison et qui me fixe... Je m'efforce de garder mon calme.

- Auriane si c'est vraiment toi ma fille rappelle moi dans 10 minutes...

Je range mon téléphone dans ma grosse robe et je bondis vers Erwan

- Mon fils, la mairie est en train de détruire mon hangar à fruits ! Il faut que j'y aille vite ohhh

- La mairie un dimanche ?

KANGUEEEE (pris en flagrant délit) !!!

- Je ne sais pas c'est ce que la dame qui habite derrière ma place viens de m'annoncer, je cours

Le regard qu'il me lance est suspicieux.

Je ferme ma porte et vite j'arrête un taxi. Je ne sais pas où je vais. Dès qu'on arrive aux 3 quartiers je descends. Je règle la course. Je rentre dans la cours de Saint André, et j'attends. Mon téléphone retentit à nouveau :

- Maman je vais bien, ce n'est pas encore le moment. Garde la foi je vais bien

- Ma fille tu es où ? tu fais quoi ? Répond moi ...

- Maman je ne peux pas t'en dire plus... je suis vivante, Gloire à Dieu, à bientôt maman...

Ma fille est vivante ??? Je suis assise et mes larmes coulent, des larmes de joie... Marguerite à trouver un emploi dans une famille à B4, il faut que je lui dise ça. Je marche, ça me fait du bien... j'arrive devant le portail je sonne, elle vient ouvrir

- Moi : elle vient de m'appeler...

- Marguerite : Madame qui vient d'appeler ?

- Moi : Auriane

- Marguerite : Oh Seigneur ! Il y a un Dieu !! Elle est vivante ??? Elle est où ???

- Moi : je n'en sais pas plus, elle dit que ce n'est pas le moment.

- Marguerite : Oh Dieu merci, Madame ça va aller ! il faut tenir le coup, encore un peu de temps

Je lui raconte, la scène avec Erwan avant que je ne sorte. Elle me recommande d'effacer toutes traces de ses appels avant de rentrer. Nous échangeons dans la joie. Il est 14h quand nous nous séparons. Je rentre à la maison je suis seule. Erwan est sorti. Je ne sais même pas s'il passe la nuit-là, pour la première fois en plus de 7 ans, je dors avec une certaine sérénité.

(Erwan)

Je sors prendre un peu le Soleil quand je surprends Pauline au moment elle décroche un appel ! Je lis une certaine panique dans son regard... Heureusement que j'ai pris mes dispositions. Demain matin à la première heure je dois savoir qui l'a appelé et d'où on l'a appelé. En plus elle me sort la plus minable des excuses pour justifier qu'elle doive sortir... Je vais tirer ça au clair mais pour l'instant, sea, sun and sex !!!!

Le lendemain matin

J'émerge à peine du sommeil, il est 10h. J'appelle mon contact à Libertis.

- Mano, c'est Erwan ! On dit quoi

- Rien de spécial

- Bien tu peux me recouper un appel sur la ligne de pigeon 1, hier entre 8 et 10h30 ?

- OK, tu veux le numéro juste ?

- Oh si c'est un numéro étranger tu me files la totale. On peut se voir à 12h ?

- Ok sans faute, à l'endroit habituel

Pauline, ne sait pas que j'ai mis sa ligne sur écoute depuis mon retour. A 12h je suis au lieu de rdv :

- Tu as quoi pour moi

- Des appels du Canada, 3 sans réponses, 1 de 22 secondes, et 1 de 1minutes 26 secondes

- OK, tu as les enregistrements ?

- Oui, tout est sur cette carte mémoire

- Cool Mano

Je lui remets une enveloppe et je fais demi-tour. J'insère la carte dans mon téléphone et je mets mes écouteurs.

Appel 1

- Allo

- Maman, c'est moi Auriane.

- Mon Dieu... (...)

Appel 2

- Maman je vais bien, ce n'est pas encore le moment. Garde la foi je vais bien

- Ma fille tu es où ? tu fais quoi ? Répond moi ...

- Maman je ne peux pas t'en dire plus... je suis vivante, Gloire à Dieu, à bientôt maman...

Je te tiens ma petite ! Tu vas payer très cher cette maladresse. J'appelle mon contact en Roumanie. Je lui donne le numéro qui a appelé. Enfin c'est la fin de ma mission, je serai libre de ma dette dans quelques heures... Quand à ton idiote de mère dès que ça sera fait je m'occuperais personnellement d'elle. Elle va connaitre mon nouveau visage. Mais d'abord je dois fêter ça...