Un pêcheur retrouvé noyé
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Chapitre 2 No.2

Un an plus tôt, Bernard venait d'accepter une promotion. Il devenait cadre dans la même société, mais il fallait déménager dans un autre dépôt qui se situait à Saint-Dié-des-Vosges. Sa nouvelle activité serait surtout de nuit. C'était un sacrifice un peu forcé qui avait des avantages financiers non négligeables. Dans le foyer, avec sa compagne, il formait un couple non marié, elle, infirmière en milieu hospitalier. Il n'y aurait aucun problème de reclassement.

À leur arrivée, un poste lui fut proposé de suite à l'hôpital au service des urgences, le même que celui qu'elle occupait dans un hôpital de Bourges.

Pour ce couple, c'était la solution toute trouvée pour s'éloigner de cet endroit et éviter toutes sortes de conflits conjugaux. Nelly, femme d'un physique agréable, bien proportionnée, aux cheveux blonds mi-longs, légèrement bouclés, un visage rayonnant sublimé par des yeux bleus. Ce couple semblait très uni, mais les apparences peuvent être trompeuses. Bernard, grand amateur de pêche, ne tarda pas à prendre contact avec une société locale. Un véhicule utilitaire moyen fut acquis pour se rendre au travail et également pour transporter l'encombrant matériel de pêche, ce qui n'empêcha pas Bernard de mettre des couvertures, prétextant qu'il pouvait éventuellement faire une sieste tout en regardant le bouchon flotter.

Nelly regarda tout cet équipement.

- Tu veux transformer le véhicule en camping-car ! Comme tu as de la suite dans les idées, son utilisation en couchette pourrait être utile, dans bien des occasions. Il ne faudrait pas te connaître, je me trompe ?

- Nelly ! Ne regarde pas toujours le côté interdit.

- Pour toi, il n'existe pas. C'est naturel !

- Tu n'aurais pas un caractère de jalouse ?

- Non, pas du tout, mais je suis réaliste, le passé existe. Nous avons vu ce que cela a donné. Alors maintenant, ma confiance a des limites. Ce qui me préoccupe est qu'il n'y ait pas de problèmes entraînant des règlements de comptes graves.

- Tu sais très bien que cela n'est que pour la pêche.

- Nous en reparlerons plus tard.

Bernard était un homme au physique attirant. Avec des cheveux blond foncé ondulés et un visage souriant, bronzé par les heures passées au bord de l'eau, il ne passait pas inaperçu. Sa taille de 1,75 mètre, avec son air sportif. Il était le modèle pour beaucoup de femmes qui voulaient être entourées de ses bras, mais pas que ! De près, les problèmes s'aggravaient, ses yeux bleus envoûtaient les femmes qui se noyaient dedans. Lui, son handicap était qu'il ne savait pas repousser leurs avances, même celles de femmes mariées, et cela se terminait par créer des problèmes avec les maris. En société, il commençait à être mal vu par les hommes, et également par les femmes qui devenaient jalouses entre elles. Il n'avait pas besoin de se fatiguer à séduire, les femmes venaient à lui, après il décidait tout simplement de les accepter, ou non. Dans la plupart des cas ce n'était pas non. Sa compagne s'y résignait, mais elle commençait à se lasser de cette situation. Malgré le changement de région... elle avait eu un peu d'espoir, mais rien n'y faisait, il était l'aimant permanent qui attirait, il était trop beau !

La maison louée se trouvait à l'écart de Saint-Dié, proche de l'hôpital où travaillait Nelly. Leurs voisins, un couple sans enfants, plus jeunes, étaient très accueillants. Le mois suivant leur arrivée, ils étaient invités à un barbecue. La femme, Anne, trente-six ans, de taille moyenne, aux formes bien dessinées, cheveux longs noirs, était très attirante. Elle ne passa pas inaperçue aux yeux de Bernard, de même pour elle, qui avait repéré le physique de son voisin. Ce repas en plein air se déroula le plus simplement du monde, avec quand même des regards insistants entre Bernard et Anne. Bernard faisait très attention, il ne fallait pas qu'il se fasse remarquer, surtout par Nelly qui connaissait son manège... jusqu'au moment où ils se croisèrent à l'abri des regards. Bernard et Anne, par le biais d'une conversation, savaient, l'un comme l'autre, que le lundi, elle ne travaillait pas.

- Anne, lundi matin, dix heures, tu me suis !

- OK.

Une autre aventure allait démarrer pour Bernard qui ne pouvait pas se passer de conquêtes. Bernard connaissait déjà toutes les routes des alentours ainsi que les petits parkings qui ne pouvaient contenir que deux véhicules, évitant ainsi d'être dérangés par d'autres. Il n'avait pas peur de se faire repérer par son véhicule, il venait récemment de l'acheter.

Anne sortit de sa voiture, en face de lui, il put s'inonder de sa beauté sans être observé par le mari de celle-ci, ou le regard de sa propre femme, Nelly, qui avait toujours l'idée qu'une femme pouvait attirer son mari, ou plus exactement de son compagnon comme un aimant, incapable de repousser, mais dans bien des cas, la situation était inversée. Vêtue d'une robe croisée fermée sur le devant par une simple ceinture, elle se jeta contre Bernard. Sans protocole, leurs lèvres commencèrent à faire connaissance, en quelques secondes, les mains de Bernard étaient déjà au travail, elles palpaient toutes les formes de ce corps qui lui faisait tant envie. Bernard ouvrit la porte coulissante du Jempy où se trouvait, au sol, une épaisse couverture, puis il attrapa un coussin placé sur les sièges avant.

Pas besoin d'explications ni de mode d'emploi. Tous deux s'allongèrent et commencèrent l'amour qu'ils avaient senti venir dans une simple réunion de voisinage. Avant de se séparer, les numéros des portables furent échangés. Les organisations des rencontres suivantes allaient être de plus en plus fréquentes, tout en restant discrètes, afin que personne ne puisse imaginer que de telles rencontres existaient. Par la suite, d'autres rendez-vous étaient au bord de l'étang, où Bernard exerçait l'un de ses plaisirs préférés : la pêche.

Anne se trouva éprise de Bernard, elle avait du mal à le regarder dans les réunions de voisinage, à tel point qu'elle cherchait toujours un prétexte pour éviter de se retrouver en face de lui. Elle trouvait toujours quelque chose à faire, elle était envoûtée. Bernard le voyait, il savait ce qu'elle ressentait. Ils étaient impatients de se retrouver. Cela paraissait long, tout devenait compliqué en dehors de leurs rencontres qui étaient de plus en plus intenses. Pour se rencontrer, il fallait jouer d'une certaine stratégie, jusqu'au jour où ils décidèrent tous les deux d'arrêter de se faire du bien comme du mal.

Anne culpabilisait envers son mari, elle avait du mal à l'affronter de face dans une discussion. Toujours mentir lui devenait insupportable. C'était la première fois, depuis qu'elle était mariée, qu'elle trompait son mari. Avec du mal, elle réussit à mettre de côté et oublier ce passage, d'une tentation qu'elle trouvait stupide, le plus dur c'était son proche voisin qu'elle voyait souvent par la force des choses, mais il fallait se résigner à effacer cette aventure.

Tout semblait normal pour Bernard, jusqu'au jour où il chercha un salon de coiffure. Pour plus de facilité et de places de stationnement, il en choisit un dans une zone commerciale. À son entrée, après lui avoir demandé ce qu'il désirait, une femme, plutôt sublime, brune aux yeux noisette, l'invita à s'asseoir dans un fauteuil. Sa silhouette, plus que bien faite, lui donna de suite une idée d'interdit. À son tour, la coiffeuse jeta discrètement un regard rapide sur son client : « Qu'il est bien fait, avec de belles fesses, son teint bronzé lui donne une attirance qui me transforme ».

Pour Bernard, le miroir devenait son complice, ses faits et gestes, ainsi que ses mouvements harmonieux, animaient ses rondeurs. Rien n'échappait au regard de Bernard, il constata également que ses mains n'avaient pas d'alliance. Il allait lancer une approche, mais il n'en eut pas le temps.

- C'est la première fois que vous venez, je ne crois pas vous avoir déjà vu. Ma mémoire ne me fait pas défaut, surtout pour des événements aussi exceptionnels.

- Je ne pensais pas être un homme exceptionnel. Je confirme, c'est la première fois que j'entre dans votre salon. Je ne suis vraiment pas déçu de rencontrer, une charmante coiffeuse aussi intentionnée à mon égard.

- Merci, tout le plaisir est pour moi. Je vois beaucoup d'hommes, mais vous êtes l'exception. Je suis peut-être un peu directe, mais je sais apprécier ce qui est beau.

- Merci, je n'imaginais pas, en entrant, combler une femme par ma présence. Je ne dois pas craindre pour ma coupe ?

- Brigitte.

- Bernard.

Brigitte ne perd pas le nord, elle sait ce qu'elle veut, et surtout elle ne veut pas perdre l'occasion qui se présente à elle.

- Le plus du plus pourrait se passer devant un verre, à la sortie ! Qu'en pensez-vous ?

Où suis-je tombé ? On ne me l'avait jamais fait. Pour du direct, c'est du direct. En quelques minutes, on me propose un rencard.

- L'invitation est enregistrée. Pour quelle heure ?

- Aujourd'hui ! Je termine à seize heures.

- Alors, dans peu de temps. Le plus simple est que je t'attende.

- OK, il te suffira de me suivre.

Brigitte sent un moment heureux approcher.

- Je pense que ce n'est pas hors de ma portée, je te suivrai.

Brigitte, est toute retournée par son invitation rapide, ce qui ne lui était jamais arrivé, a soudain une idée. Comme il va me suivre, je le tiens. C'est chez moi que nous allons boire un verre. Il ne devrait pas trouver d'obstacle à cette proposition, je le sens bien. À l'heure précise, Bernard est devant le salon, Brigitte sort et se dirige vers sa voiture.

- Tu me suis, je ne vais pas aller vite, je ne veux pas te perdre.

Sans se faire prier, Bernard suit la 208 noire qui l'emmène devant un immeuble moderne où se trouve un parking.

- Bernard, j'ai pensé que l'on serait plus tranquille chez moi. Je ne t'ai pas demandé ton avis, je sens que tu ne vas pas être déçu par ma décision.

- Les femmes ont souvent raison, elles ont de la suite dans les idées. Malgré ma timidité, je me laisse guider.

Je devine ce qui va se passer. Il y a une heure, je ne la connaissais pas. Elles sont de plus en plus rapides. Cela ne peut présager que du bon, ou je ne suis plus un connaisseur.

Tous les deux, nous montons un large escalier jusqu'au premier étage. À l'ouverture de la porte, un appartement clarteux, moderne et grand, se dévoile.

- Voilà mon chez-moi. Tu vas penser que je suis assez directe. Il y a une heure, nous ne nous connaissions pas.

- Pas du tout. À notre âge, il ne faut pas perdre de temps, pas de protocole à respecter. Tu dois avoir la quarantaine comme moi.

- Quarante-deux ans. Divorcée, sans enfants.

- Quarante-cinq ans. Divorcé, sans enfants. Alors, tu vis seule.

- Oui, je cherche toujours un compagnon qui me convienne et ce, sans passer d'annonces. Je ne suis pas comme certaines de mes copines qui cherchent sur les réseaux. Je privilégie le contact. Et toi ?

- Je vis avec une femme depuis quatre ans. Cela fait quelques mois que nous sommes à Saint-Dié, avec des hauts et des bas.

À peine sa phrase finie, Brigitte s'approche de lui en passant ses bras autour de son cou et place ses lèvres sur les siennes. Un long baiser s'en suit. Bernard, avec ses mains, en profite pour caresser ce corps aimanté contre lui. Brigitte, libère ses mains de son cou pour commencer à déboutonner sa chemise et l'attirer dans la chambre. Tout cet effeuillage de vêtements se termine sur le lit. Brigitte est impatiente, son comportement semble être celui d'une femme qui a vraiment un manque d'amour depuis longtemps. Dans la chambre, ce qui est bien réel est l'amour, il se répète et pour terminer, une bière est la bienvenue, comme convenu au départ.

Brigitte était heureuse de cette rencontre. En partant prendre son travail aujourd'hui, elle était loin d'imaginer qu'elle allait connaître l'amour en le quittant

- C'est la première fois que je suis satisfaite d'une rencontre aussi rapide. C'est à croire que la vie avait prévu notre rencontre. Bernard, penses-tu qu'elle va durer ?

- Il est difficile de l'affirmer au bout de deux heures de rencontre, certaines choses peuvent nous barrer le chemin. La vie est souvent faite d'imprévus qu'il faut savoir contourner.

- Bernard, tu me donnes ton numéro de téléphone ?

- On pourrait se voir quand je suis à la pêche, un de mes passe-temps préférés. Mon véhicule peut être multifonction.

- Je sens qu'avec toi l'aventure ne manquera pas de surprises. Au moins, la monotonie n'existera pas, la vie sera plus agréable à vivre.

- Cela donne plus de piment à la vie, le moment est encore plus merveilleux. Mais pour aujourd'hui, il faut que je te quitte, je prends mon service pour la nuit. Donne-moi ton numéro de portable, je t'appellerai dans l'après-midi.

- Plutôt dans la matinée.

- Alors d'accord, je penserai à toi cette nuit.

Le lendemain matin, il était dix heures trente, Brigitte reçoit un message de Bernard.

- Je suis à l'étang. Si tu veux venir... je suis le seul pêcheur.

Brigitte lui répond en l'appelant.

- Je vais être le poisson qui va mordre à ton hameçon !

- Alors, je vais avoir la première touche.

Vingt minutes plus tard, Brigitte arrive, très féminine, vêtue d'une jupe courte et d'un chemisier décolleté assez provocant, pour une rencontre secrète au bord de l'eau. L'attirance ne fit pas défaut, malgré le lieu et surtout, l'habitacle peu confortable du fourgon, certaines choses sont plus importantes à vivre.

- Bernard, j'attendais ton appel. Hier, tu m'as transformé. La nuit m'a paru la plus longue de ma vie.

Le couple enlacé avait du mal à se décoller jusqu'au moment où Bernard entraîne Brigitte dans la fourgonnette ; sur le sol attendaient une épaisse couverture et un gros coussin en guise d'oreiller.

- Ton fourgon est bien équipé pour un pêcheur, tout le matériel est fixé sur un côté, en hauteur. De l'eau potable dans un jerrican en plastique muni d'un robinet, un dévidoir à papier essuie-tout en gros rouleau, les vitres des portes arrière recouvertes d'un film empêchant le regard des curieux, tout est prévu.

Bernard ne perdit pas de temps, Brigitte était presque dévêtue, il ne lui restait plus que ses sous- vêtements. Il l'invita à s'allonger sur l'épaisse couverture. À son tour, avant de prendre la même position, Bernard ferma la porte latérale. Il prenait des précautions. Préserver leur intimité était important, au cas où un promeneur ou un pêcheur indiscret fasse le tour du véhicule.

Brigitte, allongée, regardait les cannes

- Tu es un professionnel de la pêche.

- J'aime cette activité. Il faut s'équiper un peu comme ceux qui pratiquent la chasse. Toutes ces cannes coûtent cher, avec des moulinets de grande qualité, pour de différents modes de pêche, on ne peut pas tout acheter en même temps.

- Tu te fournis en ville.

- Il y a un tabac-presse-articles de pêche en ville. Ils ont de l'excellent matériel, ce sont des connaisseurs. Mon prochain achat sera une canne Garbolino avec moulinet Daiwa. Mais tu n'es pas venue pour prendre des cours de pêche ! Pour cela, il faudra prendre un rendez-vous. Pour l'instant, je pense que nous avons mieux à faire.

- Je me suis déplacée pour une cause qui m'a donné beaucoup de bonheur, elle me manque depuis hier.

Le confort de la fourgonnette n'était pas à comparer au luxe de sa chambre et à la souplesse de son lit, mais l'effet était plus que concluant. Le côté aventure, de se retrouver dans ce lieu exigu, donnait encore plus de plaisir.

Brigitte travaillait en début d'après-midi, il fallait qu'elle reparte.

- Nous avons passé un moment agréable, Brigitte. S'il m'arrive de ne pas te répondre de suite, c'est que mon téléphone est coupé ou qu'il est dans la voiture. Il est à carte prépayée, tu comprends ce que je veux dire. Si tu m'appelles, quand tu as fait le numéro, après la première sonnerie, tu raccroches et tu recommences, je saurai que c'est toi.

- Bien, mon chéri, tu feras la même chose. Il faut être prudent, si l'on veut que cela dure. Le mien est aussi à carte prépayée.

- Je te dis à bientôt. Je vais manger un peu. Tout est dans la glacière, je prévois tout lors de mes déplacements.

- Repose-toi bien. Bisous... Et n'invite personne dans le fourgon !

- Qui veux-tu que j'invite ?

- Une autre pécheresse de passage, pour taquiner le goujon !

- Quand on a ce qu'il faut, pourquoi se compliquer la vie ?

- J'aime t'entendre dire ces choses qui vont me réconforter.

Brigitte repartit, tout heureuse. Sa journée commençait bien, malgré sa courte connaissance, il lui venait déjà l'idée de faire beaucoup de choses avec Bernard, en se projetant sur l'avenir.

            
            

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