Je hoche la tête avant de m'en aller complètement déboussolée. Je réalise que je suis dans une véritable impasse, il n'y a aucune autre issue si ce n'est que garder ce fœtus. Aucun médecin acceptera de me faire une IVG car j'ai dépassé les semaines légales (j'ai sûrement fait un déni de grossesse) et le gynécologue responsable ne veut pas m'e pratiquer tant que le couple Gana n'est pas d'accord. Je ne suis même pas maître de mon propre corps, vous vous rendez compte ? Je suis véritablement coincée et doit pour l'instant vivre avec cet vivant qui fait irruption soudainement dans mon petit ventre.
Je rentre à la maison avec une véritable boule à la gorge. Comment vais-je l'annoncer à ma famille ? Mes relations sont déjà assez compliquées avec eux, là ça sera la goutte d'eau qui fait déborder le vase !
Dès que je suis rentrée je me sentais encore plus mal, mes nausées sont revenus je me suis donc directement rendu dans les toilettes pour vomir. C'est horrible comme sensation, en plus de ne pas bien me sentir physiquement je le suis tout autant psychologiquement. Pour l'instant je ne pense pas l'annoncer à ma tante. Oui parce que c'est elle qui m'élève et chez qui je loge.
Ma mère ? Tship.
Elle a préféré s'amuser que s'occuper de sa propre fille, elle m'a a eu à mon âge c'est à dire 20 et n'a pas voulu m'assumer. Celle-ci préfère s'amuser, sortir avec ses copines et des hommes.
Mon père ? Je suis le cadet de ses soucis. Mes parents sont divorcés depuis mes un an, je ne les ai donc jamais vu ensemble et lui que rarement.
Ma tante n'a jamais était tendre avec moi, elle m'a toujours fait comprendre que je n'étais que sa nièce et m'a donc traiter comme une enfant de second rang dans cette famille. Non, elle ne me maltraite pas. Je mange à ma faim, elle m'a habillé jusqu'à que je travaille mais aucun geste d'amour maternelle par exemple. J'en ai jamais connu d'ailleurs.
Bintou *en entrant dans la salle de main* - Ça va ?
Ma cousine venait de me trouver accroupie devant la cuvette des toilettes.
- Oui, j'ai juste mangé quelque chose de pas bon. Sûrement une légère intoxication alimentaire.
Bintou - Légère ? Ça fait plus de deux semaines que je t'entends vomir.
Merde, je risque de me faire prendre. Bintou a le même âge que moi et n'est donc pas idiote. On est toute deux allées a l'école, à nos cours de SVT et savons donc que les nausées régulières sont un des premiers symptômes d'une grossesse.
- E...oui. Justement je suis allée au laboratoire médicale pour faire des analyses et ils m'ont dit que je devais en faire d'autres. Ils soupçonnent quelque chose, j'espère que ce n'est pas très grave. Juste passager !
Bintou - Ils ont toujours rien trouvé ?
- Non !
Je me relève rapidement, tire la chasse avant de me nettoyer les mains et le visage et quitter la salle de bain mais Bintou me suit jusqu'à notre chambre et referme la porte derrière nous.
Bintou - Je ne suis pas idiote Yélira.
- Qu'est ce que tu racontes ? Je n'ai pas le temps de bavarder j'ai des devoirs à faire.
Oui, je suis étudiante en deuxième année de licence gestion d'entreprise.
Bintou - Tu as vu ? Tu évites le sujet !
Je range à tire d'ailes mes cahiers et livres dans mon sac d'école puis je quitte la chambre. Pour éviter tout soupçon je préfère me rendre à la bibliothèque étudier. Mais pour aller travailler quoi même ? Je n'ai très clairement pas la tête à ça ! Je souhaite juste me trouver dans un endroit silencieux et où personne ne pourra me déranger. J'ai déjà assez la pression comme ça.
Je me suis rendue dans une grande bibliothèque parisienne où j'ai l'habitude de travailler. Puis je me suis remise à réfléchir, longuement à la situation. Je me rendais compte que je subis une fatalité, je dois garder ce que j'ai dans mon ventre car il est impossible d'avorter pour moi et même si je pouvais cela ne fait pas partie de mes convictions. L'avortement est autant puni par la loi que Dieu, je ne veux pas attirer sa colère. Puis, ce truc là...c'est en quelque sorte un miracle non ?
Miracle car d'une part j'ai réussi à tomber enceinte sans même avoir de relations sexuelles et d'autres part pour le couple qui depuis des années essayent d'enfanter. Monsieur Gana m'a fait comprendre que c'était pour lui sa dernière chance de devenir père. Je ne peux donc pas l'enlever et porter ce fardeau toute ma vie. Moi je pourrais avoir d'autres enfants, lui non...
J'essaye vraiment de peser le pour et le contre et surtout donner un sens à ce qui m'arrive. Dieu, ne fait pas les choses au hasard, je dois garder cela à l'esprit.
~ Le lendemain ~
Je stressais en plus d'être horriblement malade. Je ne supporte vraiment pas cette grossesse ! Aujourd'hui, tôt le matin j'ai reçu un message du couple Gana dont le mari me demandait à ce qu'on voit. Ils ne m'en meme pas laisse digéré la pilule ceux-là ! Mais je comprends, nous sommes tous surpris et ne savons pas comment bien réagir.
Je les ai rejoint dans un restaurant assez cotée de la capital pour le déjeuner, j'étais assez surprise du cadre car je ne suis pas habitué. Moi je vis dans les quartiers populaires, là on est entouré de grecs, fast-food de tous genre mais sûrement pas de restaurants avec étoiles et de haut de gamme. Quand je suis rentrée dans celui-ci je me sentais comme paria avec le jogging que je portais au milieu de toutes ces personnes qui portaient des robes de marques et costards.
*en m'asseyant face à eux* - Bonjour.
| Aleysha |
La jeune venait d'arriver, elle s'est assise face à nous et Malick lui a proposé de lui commander un plat. Requête qu'elle a refusé.
Yélira - Je n'ai vraiment pas faim.
3 mois de grossesse et elle refuse de s'alimenter ?!
Malick - C'est dans votre bien !
Yélira - Je pense être la seule actuellement à savoir ce qui est bien pour moi. Si je mange je risque de tout vomir immédiatement.
En la regardant d'un peu plus près j'ai remarqué qu'elle n'avait vraiment pas bonne mine. Son teint était terne et elle passait posait de manière répétitive sa main sur sa bouche comme si elle allait vomir.
Malick - Si vous le dites...pour commencer je voudrais qu'on soit un peu plus cordiale entre nous. Par commencer, tutoyons nous et passons à de brèves présentation. Je m'appelle comme vous le savez Malick Gana et je présente ma femme Aleysha. Nous avons respectivement 35 et 31 ans.
Je lui souri en disant que j'étais enchantée de la revoir. Elle essaye de me rendre le sourire mais difficilement avec la mine qu'elle avait. Un enfant cause autant de mal être ?
- Effectivement.
Yélira - Moi c'est Yélira...
*en la coupant* - Oh mais ce n'est pas nécessaire ! Le gynécologue nous a dit déjà fourni tous les informations nécessaires à votre sujet. On sait que tu t'appelles Yélira Cissé, 20 ans et étudiante. C'est bien ça ?
Yélira - Oui...mais comment vous vous êtes procurés ces informations ? Il y'a normalement le secret médical.
Malick - Avec ce qu'il vient de nous arriver il s'est complément envolé !
Yélira - J'aurai tout de même souhaité qu'on ne communique pas mes informations personnelles à des inconnus...
- On en est plus désormais ma belle hein !
Yélira - Excusez-moi mais vous savez où sont les toilettes ?
Je lui indique où ils se trouvaient et elle d'empressé d'y aller.
Malick - Elle est allé vomir c'est ça ? *me demande t-il d'un air inquiet*
- Oui je crois.
Malick - Tu as vu comment elle était angoissée ? Je le suis tout autant surtout en la voyant partir aux toilettes...elle semble faible pour cette grossesse. Le bébé ne survivra pas si ça continue comme ça.
- Ne dit pas ça ! Puis tu as bien entendu ce que le médecin nous a dit hein ?
Nous avons eu ce matin un entretien plus posé avec le gynécologue responsable de cette cacophonie. Sous notre pression il a accepté de lever le secret médical sur le dossier et nous a donné toutes les informations possibles sur la petite.
Oui je l'appelle la petite car elle n'est seulement âgée de 20 ans ! J'étais très surpris avec Malick quand nous l'avons su ce qui a d'ailleurs suscité plus de crainte chez lui. Vu son jeune âge il a peur qu'elle veuille à tout prix avorter.
- Elle est déjà au troisième moi donc les chances de faire une fausse couche sont plus faibles. Yélira est jeune et le gynécologue a aussi dit qu'elle était en très bonne santé ! C'est le meilleur placé pour savoir l'état de son utérus tout de même, il la suit depuis ses 15 ans !
Malick - Je sais, je sais.
Il restait tout de même anxieux, pour le détendre alors un peu plus je passe ma main sur son pantalon et sur son engin en lui chuchotant sensuellement à l'oreille ;
- Tu veux que je te calme ?
Contre toute attente il rejette main main et s'éloigne un peu de moi.
Malick - Je ne suis pas d'humeur à ca Aleysha ! Arrête !
Quoi ?
Mon ego vient de prendre un vrai coup ! Il ne m'a jamais rejeté de la sorte, il ne me rejette jamais tout court en fait.
Je voulais lui faire part de ma frustration mais la petite est revenue.
Yélira - Excusez-moi.
Malick - Ah non ce n'est rien ne t'inquiète pas !
Yélira - Je ne me sens pas bien en ce moment, c'est sûrement lié à...ce que j'ai dans le ventre.
- Justement, nous sommes là pour ça ! Que comptes tu alors faire ?
Yélira *sourire gêné* - C'est plutôt ce que je suis obligée de faire. Je ne peux dans tous les cas pas avorter, je n'ai donc d'autre choix que de le garder.
J'ai pu lire dans le regard de mon mari un énorme soulagement, il s'est redressé avant de répondre ;
Malick - C'est une sage décision.
Yélira - Pour qui ? Vous peut-être mais moi...je suis encore étudiante, comment je vais faire un enfant. Puis ma famille qui ne sont au courant de rien, mon Dieu je vais me faire tuer !
Elle passe pose sa tête dans ses mains en soupirant d'exaspération. À ce moment ni Malick ni moi ne savions comment réagir face à son désespoir. Celle qui en pâti le plus dans cette situation c'est bien elle. J'ai l'impression de n'être qu'une profiteuse, Malick sûrement aussi.
Malick - Tu peux essayer de leur en parler. De ce qui s'est passé.
Yélira - Ah parce que vous croyez qu'ils vont me croire ?! Moi même j'ai du mal à y croire alors eux !
- Mais vous vivez encore chez vos parents.
Yélira - Evidement que oui. Je vais me faire mettre à la porte.
Malick - Sois raisonnable, ce sont tes parents, ils ne peuvent pas agir de la sorte avec leur propre fille !
Yélira - Sauf que je ne vis pas avec mon père ou ma mère, mais une tante à moi.
J'ai très vite compris qu'elle avait une situation familiale compliqué. Nous ne sommes décidément pas tombé sur la bonne personne. Une fille d'une autre classe social, bien plus inférieure à la nôtre et qui semble en plus être instable, la totale !
Malick - Je t'aiderai, ne te fais pas de soucis et je pense que tu devrais arrêter de t'en faire pour ta santé et celle du...enfin tu sais de quoi je parle.
Toujours aussi compatissant et bienveillant celui-là. C'est exactement pour cette raison que je l'ai épousé mon très cher mari !
Yélira - C'est plus la situation qui me rend malade que cette grossesse...
- Sinon, qu'est ce que tu fais dans la vie ? On devrait je pense sérieusement se présenter !
Yélira - Je suis étudiante, et je travaille parfois en tant qu'intérimaire.
- Intérimaire dans quoi s'il te plaît ?
Yélira - Quelques petites missions, du type ménage, serveuse parfois même déménageuse.
Malick - Oui mais tu sais au moins que ses missions ne pourront plus être réalisables ?
Yélira *rire nerveux* - Et comment je subviens à mes besoins alors ?!
- Figure toi que mon mari est un avocat et à côté il gère une entreprise de...
Yélira *en me coupant* - Je le sais déjà.
- Et quant à moi je gère une agence de mannequin en Afrique et Europe. Si tu as besoin de quelque chose dis le non !
Malick - Effectivement, on sera là pour t'assister.
On essayait tant bien que mal de l'assister dans sa détresse financière, cette fille vit clairement dans ma précarité. L'environnement dans lequel naîtra cet enfant ne sera pas sain ! Malick et moi devons résoudre cela.
Yélira - Je verrai.
Elle regarde ensuite son portable qui venait de vibrer avant de nous dire qu'elle devait aussitôt partir, en toute urgence.
Yélira - Vous avez mon numéro, vous pouvez donc me recontacter quand vous voulez. Dit-elle avant de partir à toute vitesse.
J'attends qu'elle s'en aille avant de reprendre la parole.
- Wouah, elle ne risque pas de nous faciliter la tâche celle-là !
Malick - On est cependant obligé de faire avec. Elle a dans son ventre l'unique enfant que j'aurai dans ma vie.
J'aurais tellement voulu le lui donner cet enfant ! On dit souvent que les actes passés nous rattrapent toujours, c'est exactement ce qui s'est passé pour moi.
J'étais avant une mannequin qui n'accordait que d'importance à mon métier, la fête et tout ce qui va avec le monde du show bizz donc l'alcool, la drogue et le sexe. Je suis tombée enceinte 3 fois et j'ai avorté c'est trois. J'ai détérioré mon uterus.
Mais ça, je n'ose pas le dire à mon mari et je ne le dirai jamais. Il est hors de question que j'avoue une quelques conque part de responsabilité dans ce malheur. Je préfère, comme je l'ai demandé au médecin en le soudoyant, qu'on dise à Malick que je rencontre des problèmes d'ovulation.
Mes actes et mes mensonges risquent de se retourner contre moi un jour au l'autre mais je suis très rusée je saurais donc pour n'importe quelle situation sortir du pétrin.
Je ne m'appelle pas Aleysha Lawson Gana pour rien !