Après cet appel de Badou, j'suis sortie automatiquement de ma chambre pour en parler avec mes parents. Mon papa était déjà au salon, regardant tranquillement la télévision « Bonjour papa, j'espère que vous allez bien ? J'viens de raccrocher avec Badou. Ses parents voudraient venir vous rencontrer jeudi prochain, avec votre accord bien-sur ? » Il me sourit « Ma fille, nous serons là Inchallah. Ils seront les bienvenus. J'en parlerai à ton oncle, parce que c'est lui qui doit répondre. Mais ne t'inquiète pas. J'en avais déjà discuté avec lui. En tout cas, il était temps. Vous commenciez à durer. Ma fille, le mariage n'est pas un jeu, ni un CDD. Est-ce que tu es réellement sure de ta décision. Es-tu prête à passer le restant de ta vie auprès de cet homme ? J'suis un papa qui respecte la décision de ses enfants. Ton bonheur sera notre bonheur. Mais ton malheur aussi serait notre malheur. Le dernier mot te revient. Je t'écoute ». Ses mots m'ont fait un peu peur mais j'étais prête à foncer la tête baissée. J'aime Badou. C'est la première fois que j'ressentais la vraie signification du verbe AIMER. J'comprends maintenant pourquoi certaines personnes défient leurs parents pour se marier. C'est un sentiment indescriptible. Peut-être que je ne vous apprends rien et excusez-moi si je vous saoule avec mes sentiments mais ça m'est tombé dessus au moment où je ne m'y attendais pas. J'ai répondu positivement à mon papa « Papa, j'suis prête à me marier avec Badou. J'suis mal à l'aise de discuter avec vous sur ça. Mais papa, j'ne me vois pas un avenir sans Badou. Cet homme est si différent des autres. Je ne dirai pas qu'il est le meilleur homme sur terre mais il en fait parti. Il est respectueux, adorable et attentionné. Je ne sais pas comment vous l'expliquer. J'cherche les vrais adjectifs mais je ne trouve pas un vrai adjectif digne d'être qualifié à mes ressentis ». Il me coupe la parole en riant « Ô Dieu !!! Ma fille a vraiment grandi et elle est amoureuse. Mashallah, j'prie pour que cette lumière qui brille dans tes yeux quand tu parles de ton homme ne s'éteigne jamais. C'est clair. J'saurai quoi dire avec les parents ».
La discussion était terminée. J'en ai ouvert à ma maman et elle a accepté aussi. J'avais hâte maintenant. Si j'pouvais accélérer les jours, je n'hésiterai pas. J'suis impuissante sur ce point. Je ne devais qu'attendre avec patience. Le lendemain, comme d'habitude, j'suis partie au bureau avec mon Badou. Décidément, j'avais une double motivation pour me réveiller tôt et partir au boulot. Quand j'pense que j'ferai chemin avec Badou, j'suis motivée pour partir au travail. Nous avions commencé depuis longtemps à se projeter sur notre future vie de couple.
On s'était promis de se voir le week-end. Nous avions des choses à se dire avant la rencontre des parents. Le samedi, j'suis partie chez lui. Il m'a très bien accueilli. Nous nous installions côte à côte. Il avait déjà commandé le diner. Il était le premier à ouvrir le débat « Zeynab, si j'ai tenu à cette rencontre, j'voudrais tout te dire sur mon passé. Même si je n'ai rien de spécial à raconter, j'aimerai que tu saches que dans ma vie, j'ai eu à sortir avec 3 filles. Je t'avoue aussi, que j'ai couché avec deux de ses filles. Excuses-moi si ça peut te faire mal, mais j'aimerai être franc avec toi. J'ai connu des coups d'un soir. Bref, j'ai connu des filles avant toi. A part ça, je n'ai pas grand-chose à dire. C'est bien de se dire toute la vérité ». J'trouve utile cette discussion « Personnellement Badou, je n'ai jamais eu une flirte poussée avec un homme. Tu ne n'entendras jamais un homme dire qu'il a couché avec moi ni avoir une flirte poussée. Je ne me permettrai jamais de te juger. Pour couper court, ta vie passée ne m'intéresse pas. C'est le Badou présent qui m'intéresse. Au moins, tu as une expérience. Tu sauras quoi faire avec moi. J'suis vierge jusqu'aux oreilles. Ma famille ne badine pas avec ça. De mon côté aussi, tu peux dormir tranquille. Je n'ai aucun secret à dévoiler ». Nous nous sommes enlacés. C'était la première fois depuis notre connaissance que nous étions si proches. Nous ne pouvions pas nous empêcher de s'embrasser. Cette fois-ci, nous nous sommes vraiment embrassés. Nous avions passé une bonne soirée. Il m'a déposé vers les 22h chez moi.
Les jours étaient interminables à mes yeux. Heureusement, tout ce qui a une date finit par arriver. Nous étions le jeudi. Le matin en partant au travail, j'ai senti du stress entre nous. C'était un peu calme durant tout le trajet. Peut-être, nous partagions le même souci. Personnellement, je me posais des questions à savoir comment allez se passer la rencontre parentale ? Est-ce que nous aurons une réponse favorable ? Est-ce que mon oncle ne va pas retarder les choses ? Il est un peu compliqué et papa l'écoute très bien. Bref, j'vais essayer de positiver. J'ai vu un autre visage de Badou. Il était un peu nerveux. J'ai joué la carte de la compréhension. Je n'ai pas essayé de poser des questions.
Cette journée au boulot, je ne sais pas de son côté mais du mien, je ne savais même pas ce que j'faisais. Le sentiment est inexplicable, faut le vivre pour le savoir. A l'heure de la descente, Badou a un peu tardé à venir. J'ai essayé de le joindre mais il était tout le temps en communication. C'est après qu'il m'a expliqué qu'il était en contact avec ses parents pour leur guider. Apparemment ses derniers sont chez moi. Nous avons pris le chemin du retour, il m'a déposé devant l'arrêt bus et continué son chemin. J'ne savais plus quel sentiment prédominé entre l'impatience d'arriver chez moi et le stress. J'marchais doucement jusqu'à chez moi. J'ai croisé maman dans la cour. Elle me lance un sourire. Je ne comprenais rien. J'ai fait un crochet dans ma chambre. Elle me retrouve et me dit « changes-toi vite et va saluer ta future belle famille. Ton oncle n'a pas hésité une seule seconde. Il a passé la journée avec ton papa et ils ont parlé. Il voulait juste savoir ta position. Ton papa l'a assuré que tu étais déjà prête. C'est lui-même qui a acheté des colas pour qu'on scelle votre union. A l'instant présent tu es madame GUEYE ». J'étais surprise de la rapidité des choses. Même si je m'attendais à une réponse positive mais pas une telle rapidité. L'adage wolof vient d'être confirmé (Lou diot yomb). Nékété nitt kessé mo yakamti wanté yalla nopina. Je ne peux que rendre grâce à Dieu. J'ai suivi le conseil de maman. J'ai porté un boubou traditionnel blanc. Heureusement que j'en avais un tout neuf. J'suis venue au salon pour saluer la délégation de Badou. Les compliments pleuvaient « Nous comprenons maintenant, pourquoi Badou ne pouvait pas attendre ? Mashallah, belle fille... Il a bien choisi en tout cas... » J'répondais par des sourires. J'ai regagné ma chambre et je ne pouvais pas retenir mes larmes lorsque j'ai reçu l'appel de Badou « Alhamdoulilah !!! Tout ce qui est bien finit bien. Je te promets d'être un mari compréhensif, présent, solidaire, aimable et attentionné. J'ferai tout mon possible pour que tu sois fière de moi. Je t'aime Zeynab depuis le premier jour, je n'ai d'yeux que pour toi. Je t'aime. J'suis tellement gagné par l'émotion que je ne sais pas quoi dire. J'suis autant surpris que toi. Je te laisse savourer ton bonheur ». Je ne savais pas quoi dire. Mes larmes coulèrent sur mes joues. Maman avait appelé une de mes cousines avec qui j'ai grandi ensemble. Elle était avec moi dans la chambre. Elle était très contente pour moi. Elle m'a serré dans ses bras avant de me dire « Tu as bien caché ton jeu ma cousine adorée. Donc pendant tout ce temps, tu étais en couple et tu ne nous as rien dit. Toutes mes félicitations Dame GUEYE. J'suis contente pour toi. Arrête de pleurer nak, c'est un beau jour pour toi ». Elle me serre dans ses bras. Comme la surprise était trop grande et que je ne pouvais pas expliquer à tout le monde ce qui venait de se passer. J'ai pris une photo sur le lit de ma maman et j'ai mis en statut. "Mme GUEYE à l'instant même. Ne m'en voulait pas, tout est allé trop vite". Les messages commençaient à pleuvoir. Surtout du côté de mes collègues « Tu es sérieuse Zeynab ? Pourquoi tu ne nous as rien dit ? Pourtant tu étais au bureau avec nous etc.» Je ne pouvais pas répondre à tout le monde. La nuit, j'ai discuté tranquillement avec mon mari. Il m'explique que dès samedi, les cadeaux viendront. Il m'explique aussi qu'il n'ira pas au boulot le vendredi. Il avait des choses à faire et son boss l'a donné sa journée. Personnellement, j'ai contacté mon supérieur qui m'a aussi offert la journée du vendredi.
Le samedi, dans l'après midi, une forte délégation est venue chez moi. Badou ne m'avait présenté qu'un seul ami. Il me disait tout le temps, qu'il n'avait qu'un seul ami et les autres sont juste des connaissances. Son ami était tête de fil avec 2 de ses sœurs, des dames et deux griots. Les cadeaux étaient très nombreux, je ne savais pas que je méritais tout ça. Il a vraiment mis les moyens pour me gâter. J'étais très impressionnée de son premier cadeau. Je ne vais pas détailler tout ce qu'il m'a donné mais j'étais surprise tout comme ma famille. Dans ma tête, je me suis dit "Dina seuy ba dé". La délégation a pris congé vers les 20h. Nous avions fixé une date pour célébrer le mariage. Nous ne voulions pas tarder. Dans 15 jours, nous allions célébrer notre mariage. Chacune des familles allait connaitre sa première fête. Chaque famille a décidé de célébrer cette union en grande pompe. Même si je n'étais pas fan des grands évènements, il fallait faire plaisir aux parents. J'ai remercié Badou pour toutes les choses reçues. Il me répond « Ce n'est que le début du commencement ».
Le jour du mariage, nous l'avons célébré comme il se doit. Il y'avait un monde fou. Ce n'est pas mon public, s'il ne s'agissait que de moi, il n'y aurait pas autant de personne. Je n'ai pas un cercle d'amies élargi. Mais j'étais aimée et respectée par les voisins. J'ai toujours montré du respect à mon voisinage. Modestie à part, nous avons eu une vraie fête digne de ce nom. Tout le monde nous félicitait. J'ai regagné le domicile de ma belle famille le même jour. Même si j'étais pressée de vivre avec mon Badou, ma séparation avec mes parents, n'était pas une mince affaire. L'émotion était grande, lorsque j'allais sortir définitivement de la maison. C'était la première fois que j'ai vu les larmes de mon papa. Il ne pouvait pas s'empêcher de sortir quelques larmes. Cela n'a pas facilité mon départ. Maman était inconsolable. J'étais très proche de mes parents. Comme l'avait dit ma tante paternelle, ce moment allait venir tôt où tard. J'suis sortie de la maison avec fierté, parce que je ne me rappelle pas avoir désobéi à mes parents durant ma période d'ado. Ils ont même porté ses témoignages devant la délégation qui était venue me prendre. J'pouvais regagner la tête haute ma belle famille. Certes Badou habitait seul, mais on m'a fait descendre au domicile familial. Une chambre a été mise à notre disposition pour les besoins de la tradition. Après toute la coutume, nous avions passé notre première nuit ensemble dans la maison familiale. Un yendou était prévu le lendemain et nous l'avons passé avec succès. Franchement, j'ai eu un bon mariage. C'était trop bien. Les invités ont mangé et ont bu à volonté. Je ne pouvais que rendre grâce à Dieu. Du fond du cœur, j'ai dit ALHAMDOULILAH.
Mon supérieur m'avait donné un mois de repos. Badou avait aussi pris un mois de congé pour passer plus de temps avec moi. Nous avions regagné notre appartement 3 jours après notre mariage. Badou tenait a changé le lit et le matelas par respect pour moi. Il disait que je ne méritais pas de coucher dans un matelas qui a connu par le passé des filles. Rire. Il est fou, mais j'ai aimé sa réflexion, ça prouve qu'il me respecte. Il avait vraiment changé le décor de l'appartement. Tout a été refait. J'ai vraiment aimé ses efforts. (Nandité : Tout ça, c'est bien beau mais tamite...).
J'ai compris ce que tu demandes. Badou a été trop patient avec moi. Il m'a laissé le temps de me reposer pour reprendre des forces. Nous n'avons pas jugé utile de partir en lune de miel. Une semaine après notre mariage, Badou a pris ce qui était le plus cher en moi. Pour éviter les détails, ce n'était pas facile pour lui de me faire mal mais il le fallait. Sans pour offenser ni manquer de respect à certaines, j'étais contente d'avoir pu garder ma virginité jusqu'à mon mariage. J'avoue que ce n'était pas chose facile, parce que j'ai vraiment souffert cette nuit. Je n'oublierai jamais ce jour. Nous avons envoyé le pagne à maman qui était très contente à son tour. Ma tante paternelle était venue séjourner 4 jours chez nous pour les besoins du massage. Badou était encouragé par cette dernière pour terminer le travail qu'il avait commencé. J'sentais de la tristesse sur son visage. S'il ne s'agissait que de lui, il n'allait jamais me faire mal mais sur ce point il n'a pas le choix. Heureusement qu'il a réussi son forfait même si j'ai souffert, j'étais contente d'avoir embrassé la vie adulte. Mes premiers jours dans mon appartement sont les plus beaux de ma vie. Une nouvelle vie venait de démarrer. A suivre...