_Je suppose que tu as déjà fait la connaissance de...
_Vous !, le rectifiai-je.
_Pardon ?, fait-il.
_Si mr pouvait me vouvoyez comme je le vouvoie, ce serait préférable. Question de principe professionnel.
Il m'a l'air d'abord surpris. Il garde une mine crispée pendant un long moment avant d'acquiescer. Et oui mr Brown, il n'y a pas que vous qui maîtrisez l'insolence. Il se prend pour qui ? Je ne vais certainement pas faire long feu ici mais j'aurais le temps de lui apprendre les bonnes manières. Je suis pas sa fille hein.
_Comme je le disais, je suppose que vous avez déjà rencontré ce mr, dit-il en désignant le blondinet. C'est Neil Thompson, un des avocats du cabinet. Nous travaillons beaucoup en collaboration lui et moi donc vous travaillerez beaucoup avec lui aussi. Maintenant allez me chercher un café.
_Mais je vous ai apporté un cappucino...
_Je ne bois pas de cappucino et je n'ai pas envie de manger de viennoiserie ce matin, fait-il d'un ton sec. Tu peux prendre les viennoiseries Neil, termine mon boss d'un ton désinvolte.
_Non ce n'est pas correct. Je veux dire elle te les a apporté..., commence ce dernier.
_Si tu n'en veux pas je les jette !
_Dans ce cas, vous ne m'en voudrez pas Mlle Smith ?, me demande-t-il timidement.
Je secoue négativement la tête sous le choc. Quelle suffisance ! Et surtout quelle ingratitude ! Ces viennoiseries et ce cappucino que j'ai réglé de ma poche et lui, il se permet de les refuser de manière aussi malpolie. Il ne perd rien pour attendre. Je reste plantée là abasourdie.
_Qu'est-ce que vous faîtes encore ici Aliyah ?! Allez chercher mon café. Dépêchez vous ! Et prenez aussi votre cappucino.
_Bien mr. Ce sera tout ?
_Apportez moi d'abord mon café et je verrai si vous êtes compétente pour que je vous confie une autre tâche.
Quoi ?!... Il se fout de ma gueule là ? Je vais étriper mon patron, définitivement mais quand ?! Là est là question. Je suis totalement outrée par tant d'impolitesse. Je sens que je vais adorer travailler ici.
Je sors de son bureau et je m'asseois au mien histoire de reprendre un peu mes esprits et de péter un câble en silence. Dès que je m'installe, je me mets à gesticuler comme une folle tellement je suis énervée. Comment a-t-il osé me parler pareillement ? Je ne suis pas son chien quand même.
Le blondinet finit par sortir du bureau pendant que je m'efforce de me calmer.
Il a un sourire compatissant et s'adresse à moi :
_Ne faîtes pas attention à son mauvais caractère. Il peut être très gentil quand il veut. Mais c'est surtout quand il drague.
_J'aimerais pas qu'il essaie. Il est comme ça avec tout le monde ?
_Généralement oui. Et c'est pas mieux avec le temps. Vous vous y ferez. Par contre, j'ai beaucoup apprécié votre audace quand vous lui avez demandé de vous vouvoyer. Il avait les narines dilatées comme si il allait cassé quelque chose. C'était très drôle, m'avoue Neil en souriant.
_Merci mr Thompson.
_Oh je vous en prie, appelez moi Neil. Et ne me vouvoyez pas.
_Dans ce cas, appelez moi Aliyah et ne me vouvoyez pas non plus. Des conseils avec cet...
_Si tu veux durer ici, sois docile, c'est préférable. Et sois prévenante aussi, il sera moins exécrable...Ah, et pour ce matin, il prend le café qui vient d'en face. Un café noir bien serré, ça le réveille. Il a une golden carte de fidélité qui doit être dans tes tiroirs. Tu y vas avec ça et tu ne paies rien du tout. Allez, bonne chance et bienvenue chez nous.
_Merci Neil, dis-je en me frottant la tête.
Heureusement qu'il est là et qu'il est gentil.
Mon boss, comment le définir ? Le diable dans un beau corps. Une sorte de Lucifer Morningstar quoi ! Il est grand, y'a bien 15cm entre nous malgré mes talons. Il a la peau légèrement tanné, cheveux bruns longs , rasé au poil près, lèvres pulpeuses, grands yeux et traits durs. Il ne m'effraie pas, il m'i
J'ai fini par ramener son café à mr Impoli puis il m'a demandé d'aller faire des photocopies à la réception. Au moins je suis loin de lui. J'en profite pour faire connaissance avec la réceptionniste. Elle s'appelle Iris Meunier et elle a 44ans. C'est une femme très belle, cheveux roux attachés dans un chignon impeccable et tenue tirée à 4 épingles. Elle finit par me demander si je me plais déjà ici. Elle est très loin de la vérité.
_Alors, mr Brown, comment tu le trouves ?
_Il est aussi charmant qu'un troupeau de bisons et délicat comme un cactus.
_Ah, je vois que tu ne l'aimes pas beaucoup, dit-elle en riant. On s'y fait à force.
_Je ne crois pas que ce sera mon cas. Ne t'habitue pas trop à moi Iris, je vais pas faire long feu.
_Ne dis pas ça. Peut-être que vous finirez pas vous entendre si tu vois ce que je veux dire.
_Oh mon Dieu non, loin de moi cette pensée, dis-je effarée.
_Ne parle pas comme ça. Tu es tout à fait son genre. Il aime beaucoup les femmes foncées de peau.
_Moi je ne l'apprécie déjà pas donc molo. Personne ne s'est jamais plaint de son comportement odieux ?
_Si mais faut avouer qu'il est sacrément bon. Alors les patrons ne veulent pas risquer de le perdre pour des problèmes minimes de comportement. Ça fait 8ans qu'il travaille ici et il n'a jamais perdu d'affaire. Donc tu comprends...
_Oui oui, mr est indispensable. C'est bien ma veine d'être tombée sur lui. Mais il a quel âge ?
_Il va avoir 36ans dans quelques mois. Il est beau avoue ?
_Ouais vite fait.
_Tu m'as l'air perplexe. Moi je trouve qu'il ressemble à un maharadjah ou un émir....
« Où est cette secrétaire ? Aliyah Smith ! », entend-on. Je devine facilement que c'est mon connard de patron mais je ne réponds pas. Je prends juste les documents et les photocopies et je remonte l'escalier d'un pas nonchalant. Mr Brown me regarde monter les escaliers une expression de colère sur le visage mais qu'est-ce que je m'en tape ! J'arrive à son niveau et le regarde dans les yeux. Il n'y a que maintenant que je remarque ses magnifiques yeux bleu azur avec des reflets de vert. Ses yeux sont magnifiques. Dommage qu'il les utilise pour me fixer méchamment.
_Oui mr Brown. Un problème ?
_Où étiez-vous passée ?, dit-il énervé sans tenir compte du monde qui nous observe.
_Je faisais les photocopies que vous m'aviez demandé mr Brown.
_Cela prend-il une heure ?, me dit-il. Il n'y avait personne pour répondre au téléphone et me semble-t-il, c'est votre boulot. Qu'avez-vous à répondre ?
_Que je faisais vos photocopies, rétorquai-je un air de défi sur le visage.
_Qui était censé répondre à votre place alors ? Moi ?
_Je ne sais pas mr Brown mais je faisais aussi mon travail...