Nous sommes samedi. Il est 8 heures. J'ai fait la vaisselle et nettoyé la cuisine. Je suis assise à la terrasse devant la maison. Je regarde par le grillage qui sert de barrière, les voisins de cette cité, défiler. Les uns pressés, les autres en amoureux, main dans la main. Je suis ici depuis déjà quelques temps mais je ne m'y suis fait aucune copine. À l'époque, quand je venais en vacances, je rigolais avec Clémence, la voisine. Mais elle est partie en Tunisie pour ses études. Ses sœurs sont là, mais je n'ai pas envie de accoquiner avec elle.
Je pianote sur mon téléphone, toujours occupée à lire des articles intéressants sur les aliments, les régimes et la forme de la femme enceinte. Mon combat contre les calorie a commencé.
Je suis là en train de lire quand je reçois un whatsapp de Tania.
###Hello...
Je me demande bien ce qu'elle me veut. Si elle cherche de quoi alimenter son kongossa avec ses copines, je la zappe vite fait.
###Hello à toi. Nous allons bien. Bye.
Elle insiste
###Cool. T'as des bisous de la part de Miro.
Là, je réponds :
### Y a bien que lui pour penser à moi.
Et je décide d'arrêter là, la conversation. Je n'ai pas envie de discuter avec ma sœur. Pas aujourd'hui. Je veux qu'on m'oublie. Et surtout, je veux qu'on oublie mon ventre comme moi j'ai décidé de l'ignorer.
Mais, c'est semble t-il, peine perdue. Voilà Julien qui s'emmène et qui prend place dans une chaise en face de moi.
« A quoi rêves-tu en ce moment, Pupuce ? », me fait-il.
« A rien du tout. C'est simple, ma tête est vide et il ne se passe rien dans mon cœur. C'est le calme plat. Le vide. »
« Ok. En tout cas...j'espère que ça passera très vite car bientôt ton ventre sera tellement gros, que forcement, tu y verra plus clair. »
« T'es venu me faire la morale, c'est ça !!! De toute manière, tu ne m'as jamais réellement appréciée. Je ne suis pas aussi bien que Tania ; je ne suis pas aussi cool qu'Urielle. Tu penses que je ne t'ai pas entendu dans la nuit, quand tu parlais avec tante Bernadette ? Tu as osé dire que les autres sont plus futée que moi !!! Est-ce que tu sais ce que cela a fait à mon cœur ??? Si Sunita n'était pas là, j'aurais pris un flacon de Lexomil et je e serai suicidée. »
« OH, oh, oh, oh ! Pardon, excuse-moi. Ne parle pas de malheur et s'il te plaît, arrête avec les conneries. Je reconnais que ce n'est pas malin de ma part de te comparer aux deux autres, je te le concède. Mais s'il te plat, ne viens pas me parler de t'ôter la vie. C'est quoi ce truc !!!!! Tu es plus intelligente que ça Pupuce ! Tu te suicide et tes enfants restent avec qui ? »
« Mais avec tante Bernadette, voyons. Elle aime tellement les enfants ! »
« Que t'es bête, Pupuce ! Excuse-moi de te le dire. », insiste Julien.
Là, je baisse la tête car je suis touchée par ses mots. Et les larmes viennent seule.
« T'as jamais eu d'admiration pour moi, de toute manière. Pourquoi les choses changeraient aujourd'hui. Dis-moi que je te dégouttes ! »
Je n'arrive plus à empêcher ce flot de larmes qui se déverse comme un torrent d'eau.
Là, Julien se lève de sa chaise, il m'oblige à me lever. Je le suis comme une enfant. Il ouvre le portail et m'entraîne dans la cité.
« Nous allons marcher un peu. Je ne veux pas que l'oncle Alexandre nous surprenne en pleine discussion.
Nous avançons main dans la main et il me parle.
« Je me dis que de nous tous tu es la plus brillante en classe ; donc, je pensais que tu ferai un sans faute à l'école et dans la vie. Je suis un peu chamboulé. J'ai cru q ue maman me faisait une blague quand elle m'a appris la nouvelle dans la nuit. Pupuce, je m'attendais à tout sauf à ça. »
« Et tu penses que je l'ai fait exprès, n'est ce pas ? Vous pensez tous que j'agis sans réfléchir et que je fais toujours tout pour embêter le monde et attirer l'attention sur moi. Pourtant, là, je ne l'ai pas chercher, ; c'est arrivé comme ça. Je suis tellement déçue par moi-même que cela me fend encore plus le cœur de savoir que tante Bernadette est fâchée contre moi. »
« Elle n'est pas fâchée contre toi. C'est juste que tu lui a envoyé comme une décharge électrique en lui disant que tu as fait l'enfant avec un inconnu. Le mot l'a choquée. »
« Mais, c'est que...je...je ... »
« Ne me dis pas que tu ne sais pas qui est ce jeune homme. », fait Julien.
« Je ne sais pas qui s'est. Je me souviens à peine de son visage. Il était tellement beau que le reste, m'est passé par-dessus la tête et je ne lui ai même pas demandé son prénom. »
« Oh ! Je vois. Tu as couché avec lui sans capote alors que tu ne le connaissais pas. »
« Je t'assure, Julien. Je t'assure qu'on a utilisé une capote. En fait, on en a utilisé 3. Euh...Nous avons fait l'amour...euh...enfin...3 fois. »
« Epargne-moi les détails, veux-tu ! Et dans tout ça, tu ne t'es rendue compte de rien ? »
« Je sais pas, Julien. Tu sais, j'ai pas beaucoup d'expérience. Je sais même pas comment on met une capote. Je... »
là, il s'éloigne de moi et me regarde comme le ferait un médecin qui cherche à percer le secret de la maladie de son patient.
« Ah ! ok. Tu ne t'es rendue compte de rien. T'avais un beau mec là dans tes filets ; le reste c'était pas ton problème. Qu'est ce que tu ne me dis pas ? »
« Il ne m'a pas violée. C'était pas un viol. J'étais consentante. Je voulais faire l'amour. Je voulais oublié Patrick. Je voulais être désirée et désirable. Je voulais... »
« C'est bon ! J'ai compris ! », fait-il en me prenant à nouveau la main pour m'entraîner plus loin.
Nous arrivons bientôt dans un petit terrain vague. Il me fait asseoir au pied d'un manguier et s'assoie à coté de moi.
« Bon, ça me dérange cette histoire d'inconnu. Si tu fais un effort, tu retrouveras forcement des éléments qui nous permettrons de mettre un nom sur ce type. Tu l'as rencontré à la fête de l'anniversaire de la belle-mère de Tania. Nous allons donc regardé les photos des 180 invités qu'il y avait à cette fête. »
« Pas la peine ! Ce sera une torture pour moi. Je te dis que je ne me souviens pas de son visage. Tout ce que je sais c'est qu'il est beau. On s'est dit tous les deux, que c'est juste l'histoire d'une nuit et pas d'attache. Je n'allais donc pas m'attarder sur son visage alors que c'était son corps qui m'intéressait. »
« Qu'est ce qui ne va pas chez toi, Pupuce ? Tu n'as aucune pudeur ? Tu décides comme ça de couché sans état d'âme ! Garde cette histoire pour toi, ok. Je n'ai pas envie d'en entendre plus. », me fait Julien, exaspéré.
« Ça te dérange de savoir qu'on couche. Tes sœurs le font aussi, Julien. Tu dois t'habituer. », lui fais-je.
« Ne me provoque pas, Pupuce. Parle-moi plutôt de tes intentions. Maintenant qu'on sait que dans 8 mois il y aura un nouveau membre dans cette famille, comment vois-tu les choses ? Que compte-tu faire ? »
« Arrête de jouer au grand frère, Julien. Je te signale que j'ai 4 ans de plus que toi et que je ne suis pas une imbécile ! Arrête de me traité comme une bêtasse. Je suis enceinte, j'en assume les conséquences. Pas besoin de venir me moraliser et me prendre la tête. »
« Je suis obligé de te prendre la tête parce que ma chère, tu peux jouer la grand sœur autant que tu veux, tes petites c'est moi qui m'en occupe la nuit quand maman est trop fatiguée et que je veux qu'elle se repose. Nous sommes tous embarqués dans ton histoire ; parce que, au cas où tu ne l'aurais pas encore compris, on ne jette pas sa sœur dans une poubelle parce qu'elle est trop féconde et qu'on aimerait qu'elle garde ses jambes fermées. »
« Mais, je...je...Je voulais simplement m'amuser, passer du bon temps. C'était juste un délire, tu comprend. », fais-je, incapable de retenir mes larmes.
« Pardon, arrête de pleurer. On va arrêter de se disputer car je n'aime pas ça. Tout ce que je te demande Pupuce, c'est de faire les choses correctement. Comporte-toi en adulte. Arrête de faire culpabiliser les autres, compris ! Le fait que je trouve Tania plus raisonnable que toi n'a en rien motivée ton envie de te jeter dans les bras d'un inconnu. Et ce n'est la faute à personne si tu es tombée enceinte la première fois. Ce n'est encore la faute à personne d'autre que toi, si tu es enceinte aujourd'hui. Je veux que tu assume tout ce que tu as fait. Arrête de jeter la pierre sur les autres. », mon fait Julien.
Là, je consens à me taire. J'y vois flou. Je ne sais plus ni que penser, ni que dire. Silence.
« Je vais en parler à l'oncle Alexandre. Je pense qu'il vaut mieux le mettre au courant. Je ne suis pas d'accord avec l'idée de tantine qui pense qu'il vaut mieux attendre que tu sois partie. Il pétera 10 fois plus les plombs s'il le découvre une fois que tu seras loin. Et ça pourrait faire l'effet d'une bombe. »
« Tu crois ? Je pense que je vais préparer mon cercueil ; parce qu'une fois que tu lui auras tout d'y, il prendra son calibre 12 et me tirera dessus comme sur un lapin. La mort, quoi ! »
« Il n'en fera rien. Il faut avoir confiance. Et pour ton inconnu, essaie de te rafraîchir la mémoire et te rappeler de détails qui pourraient nous aider à l'identifier. »
~~~Dans l'esprit de Julien~~~
Dieu est là pour nous rappeler qu'il est le maître de nos vie. Il a beaucoup d'humour, je pense. D'une simple idylle d'un soir, il a crée un petit être que nous devons accueillir avec le sourire.
Je souris intérieurement.
Je sais que l'inconnu de Pupuce est Georgio.
Jamais au grand jamais je ne lui dirai que je le connais.
Ce n'est pas moi qui vais allumé la dynamite qui va tous nous faire sauter la cervelle.
Je vais laisser cette affaire d'inconnu comme cela. Il y aura bien quelqu'un, entre Tania, Miro et je ne sais qui pour trouver solution à tout ça.
Pourquoi prendrai-je, moi, la responsabilité l'appelez Miro et de lui dire : mec, voilà de quoi ton cousin est capable?!
Que les choses restent comme elles sont, pour le moment. Cela permettra de mettre un peu de plomb dans la cervelle de Pupuce. Elle n'à qu'a bien réaliser ce qui se passe. Et j'espère que cela la fera grandir un peu. Elle est beaucoup trop insouciante pour une maman et une futur maman.
Si la petite Jade est apparue dans le rêve de Tania c'est bien pour rappeler à la jeune fille qui les a mis au monde, sa jumelle et elle, que peu importe l'âge, on est maman dès que l'on a un petite être dans le ventre.