surtout que sa mère s'inquiétait pour lui. Il prenait ses clefs de voitures et partait en direction de la demeure du commissaire. Après quelques kilomètres, il arrivait dans une résidence privée dont l'entrée était gardée par un vigile.
- Heu... Le commissaire Perez m'attend. Dit le brigadier timidement.
- Attendez là. Répondait le garde.
Marchal avait beau avoir son uniforme, le gardien des portes ne le laisserait pas entrer comme ça. Il voyait l'homme passer un coup de fil. Il revint vers lui en lui faisant signe d'avancer et de poursuivre son chemin jusqu'à chez Perez. Il arrivait donc devant une belle maison en pierre aux grandes baies vitrées. Le commissaire l'attendait devant la porte.
- Bon ça va, je pensais que vous auriez mis plus de temps. Lui dit Perez sans un sourire et entrant dans le vestibule.
Anthony Marchal entrait pour la première fois chez le commissaire et il n'en était pas peu fière. Il apercevait, entrant dans le salon, les photos et tout le reste qui tapissaient le mur. Perez s'avançait vers le brigadier, deux tasses de café dans les mains.
- Je ne sais pas par où commencer. Dit Perez en tendant une des tasses à Anthony.
- Il faudrait peut-être examiner si les victimes avaient quelques choses en commun ou si elles se connaissaient. Tentait le brigadier.
- La seule chose qu'elles avaient en commun, c'était qu'elles avaient fait quelques choses que ce monstre n'a pas apprécié. Répondait le commissaire.
- Alors, occupons-nous de savoir qui était les victimes, qu'elles étaient leurs vices, qui auraient pu susciter les envies bizarres de ce type commissaire. Dit le brigadier.
C'est avec l'aide du brigadier que le commissaire commençait à travailler durement pour établir le lien entre les victimes. Ils examinaient le planning de chacune, les loisirs ainsi que les réseaux sociaux qu'elles fréquentaient. La tâche était longue et fastidieuse, mais le commissaire poussa soudain une exclamation victorieuse.
- Marchal, je pense avoir trouvé quelque chose. Pour Anne Gailile, la première victime. Dans l'historique de ses recherches internet j'ai trouvé plusieurs sites sur lesquels elle naviguait.
- Quel genre de site ? Demandait le brigadier.
- Des sites pornographiques. Si on regarde le mot qu'il a laissé, il a écrit « pour les voyeuses ». En imaginant qu'il cherche à mettre ces femmes devant leurs vices, il les tue pour les purifier ou quelque chose comme ça. Il lui a arraché les yeux, car ce genre de chose devait lui être interdit quand il était jeune ou je ne sais pas, mais c'est forcément quelque chose comme ça. Dit le commissaire.
- Donc, ça serait un meurtre rituel ? Mais oui ! Et la seconde victime, Victoria Helmes, elle, devait être infidèle ou pas loin. Je vais continuer les recherches sur cette Victoria. S'empressait de dire Marchal.
Et il trouvait effectivement un témoignage d'une voisine commère, de Victoria Helmes, qui s'était empressé de déclarer aux enquêteurs que cela ne l'étonnait pas. Car elle avait tendance à recevoir des hommes lorsque son époux partait en déplacement. Ce n'est qu'au lever du jour, et après une cafetière entière de café, qu'ils s'arrêtaient enfin de travailler. Le commissaire ordonnait à Anthony d'aller se reposer et qu'il l'appellerait si jamais il avait besoin de quelque chose. Il acceptait avec plaisir. En une nuit, l'enquête avait quelque peu avancé. Le commissaire avait mis toutes ses priorités dans cette affaire. Il fallait absolument résoudre et punir ces crimes avant que d'autres femmes ne perdent la vie.
De son côté, Anthony Marchal était arrivé chez lui, à bout de force. Il allait dire bonjour rapidement à sa mère, attrapait une tartine beurrée avec de la confiture de myrtille et montait dans sa chambre. Il s'asseyait sur son lit pour finir son bout de pain. Anthony était épuisé. Il se déshabillait et entrait dans la salle de bain faisant partie de sa chambre. L'eau chaude de la douche lui coulait sur les cheveux et apaisait son mal de tête dû à la fatigue. Il enroulait une serviette autour de sa taille en allant fermer les rideaux de la fenêtre avant d'aller s'effondrer sur son lit. Sur le dos, les mains derrière la tête, il réfléchissait à ce qu'ils avaient trouvé. Mais une question le taraudait. Comment allaient-ils pouvoir trouver le tueur sans aucun indice. D'avoir déjà des hypothèses de pourquoi il les tuait était une chose, maintenant, il fallait savoir qui en était le responsable. Anthony savait que son profil psychologique allait énormément aider à déterminer qui il était et où il pouvait chasser ses victimes ou vivre. Il s'endormit face à cette question qui demeurait, pour l'instant, sans réponse.
Anthony fut réveillé par la sonnerie de son téléphone. Le commissariat l'appelait. Il répondait et un collègue lui fit part que Perez l'attendait à son bureau. Ayant dormi pendant pas mal de temps, il se sentait en forme. Il allait prendre une douche et partir. Sur la route, Anthony Marchal se sentait confiant pour la suite de l'enquête. Il espérait de tout cœur pouvoir trouver des indices aujourd'hui. En arrivant sur son lieu de travail, il se dirigeait directement dans le bureau de Perez. Il avait l'air d'une humeur massacrante.
- Ah Marchal. Asseyez-vous. Dit celui-ci.
- Commissaire ? Il y a du nouveau ? Demandait le brigadier.
- Nous allons établir le profil psychologique de ce dégénéré. Que pouvez-vous m'en dire ? Demandait Perez.
- Eh bien, je pense que c'est un homme. Il hait les femmes et cette violence ne peut être faite que par un homme. Il a dû subir des sévices ou des violences par sa mère ou une petite amie. Mais vue les rituels, je penserai plutôt que ça vient de son enfance donc des violences causées par sa mère. Sa mère devait être à fond dans la religion, mais d'une façon extrême et il devait être puni pour des raisons qu'elle trouvait impur alors qu'elles ne devaient être qu'imaginaire. Et pour finir, ce doit être un homme antisocial, sadique et persuadé que ce qu'il fait est pour rendre le monde meilleur. Déclarait Marchal.
Perez regardait, surprit, le jeune brigadier, qui avait établi un profil quasiment exact de Candleman. Il savait que la maltraitance avait un lien avec les causes des meurtres, mais que les individus ne devenaient pas toujours des tueurs en série. Il le savait lui-même, ayant eu une mère ainsi. Qui lui reprochait toujours quelque chose et le punissait pour des faits qui était dit « impur ».
- Très bien Marchal. Mais je peux vous assurer que toutes personnes ayant vécu des choses traumatisantes ne deviennent pas ce genre de personnes. Dit Perez.
- Je le sais commissaire, mais il est prouvé que beaucoup deviennent ainsi. Indique timidement le brigadier.
- Marchal, retournez sur les scènes de crimes et essayez de trouver un indice. Lui demandait Perez.
Anthony se levait et partit. Le commissaire restait derrière son bureau. Il ouvrit un des tiroirs et prenait un antalgique pour les maux de tête. Il avait encore mal dormi cette nuit. Il avait rendez-vous chez son médecin en fin d'après-midi. Son médecin qui était le médecin légiste du commissariat. Il partit donc le voir dans son antre glacial.
- Albert, je ne sais pas comment tu fais pour être avec des morts toute la journée. Dit Perez, assit non loin d'un cadavre que le médecin s'était occupé.
- Figure-toi que je préfère leur compagnie plutôt que celle des vivants. Je crains plus quelqu'un qui respire plutôt que quelqu'un qui ne respire plus. Dans notre métier, nous savons que beaucoup de vivants sont pourris jusqu'à l'os. Eux, quel mal me feront-ils ? Dit Albert en souriant.
- Oui, c'est vrai. J'ai des migraines effroyables en ce moment.
- Prends-tu les médicaments que je t'ai prescrit ? Tu dors bien ? Lui demandait Albert.
- Je les prends, mais je dois en prendre tous les jours. Et non, je ne dors pas bien. Mais tes médocs me perturbent beaucoup. J'ai des pertes de mémoires. Je dors mal. Je suis toujours de mauvaise humeur. Dit Perez.
- Ça doit être les effets secondaires des médicaments. Puis, vous n'êtes pas sur une enquête facile. Ça doit perturber ton esprit des crimes aussi sinistres. Indique Albert, sachant de quoi il parlait.
- Oui, je mets tout en œuvre pour la résoudre le plus vite possible. Je ne veux pas que d'autres femmes meurent. Déclarait Perez en baisant la tête.
- Écoute Maxime, je te connais depuis des années, je sais que tu es un des meilleurs enquêteurs que j'ai pu rencontrer durant ma carrière. Je t'ai vu monter de grade en grade, car tu en voulais. Les baisses de moral dans notre métier sont fréquentes et normales. Là, tu as besoin d'aide pour te rebooster un peu, mais ça va aller. Puis ta jeune recrue à l'air pas mal dégourdit. Dit Albert.
- Oui, le brigadier Marchal m'est d'une aide indispensable. Il m'a établi le profil du tueur comme je l'aurai déterminé.
Albert demandait alors le profil qu'ils avaient établi. Perez lui racontait les détails et les faits qui les avaient poussés à mettre ce profil là et non un autre. Le médecin légiste regardait Perez, mentionner toutes les possibilités de qui pouvait être ce tueur. Perez s'arrêtait de parler lorsqu'il remarquait le regard de son ami.
- Quoi ? Demandait Perez.
- Je comprends pourquoi tu es perturbé par cette enquête. Le profil, je pense que tu le connais déjà depuis la deuxième victime Maxime. Et tout ça te fait replonger dans ton enfance. Ta mère était une femme comme la sienne. Lui dit Albert d'une voix calme.
- Oui, mais nous ne devenons pas tous des monstres. Dit Perez en relevant la tête
- Bien sûr que non et heureusement. Mais je pense que le fait de perdre ta mère il y a quelques mois et cette enquête qui te rappelle pas mal chose, sont liées à ces maux de tête et ce mal à dormir. Déclarait Albert.
Perez savait que son ami disait vrai. Tout ça le perturbait énormément. La mort de sa mère survenue quelques mois plus tôt lui avait fait beaucoup de mal, mais l'avait délivré aussi dans un sens. Tous les souvenirs lui étaient revenu. Les plus terribles. Quand elle l'enfermait dans un coffre quand elle l'avait surpris à chaparder quelques gâteaux. Ou la fois où elle l'avait surpris en train de regarder des livres dans lesquels des femmes étaient nues. Cette fois-là avait été l'une des plus terribles. Elle l'avait forcé prendre une douche froide pour calmer ses ardeurs et ensuite l'avait menacé de lui couper le pénis, en agitant devant son membre, ses gros ciseaux de couture. Elle l'avait même menacé de le livrer à une police religieuse, qui n'existait pas, pour l'emmener droit en enfer. Il avait pleuré toutes les larmes de son corps ce jour-là. Ses souvenirs refaisaient surface de plus en plus. Il ne pouvait s'empêcher, l'espace d'un instant, d'avoir un peu de compassion pour ce monstre. Mais il se rappelait que lui-même n'avait pas pris ce chemin. Il s'était battu pour avoir un métier juste et sauver toutes personnes qui auraient besoin de son aide. Avoir connu la souffrance, l'humiliation et la terreur était une chose, mais prendre un chemin honnête au lieu de devenir un monstre comme les monstres que nous avions connus en était une autre. Le libre arbitre. Nous avons tous le choix de nos actes. Soit, nous prenons le bien, soit, nous prenons le mal. Et là, Perez savait qu'il serait là pour arrêter celles et ceux qui prendrait ce chemin diabolique. Il partit du bureau du médecin légiste, comprenant mieux son mal-être de ces derniers temps. Mais il fallait rebondir maintenant. Et trouver des indices pour coincer ce tueur qui avait choisi de prendre un chemin épineux et sinistre. Bien que la journée se finissait, le brigadier n'était toujours pas rentré. Le commissaire l'appelait sur son téléphone portable.
- Marchal, dites-moi que vous avez trouvé quelque chose. Demandait Perez.
- Commissaire, je crois que j'ai un suspect. Déclarait Marchal.
- Amenez-le au poste. Nous allons l'interroger. Lui dit le commissaire avant de raccrocher.
Enfin une piste. Du moins peut-être. Rien n'était gagné encore. Vingt minutes plus tard, le brigadier arrivait avec un homme. Il empestait l'alcool et avait des cheveux longs et emmêler. L'homme poussait des hurlements tel un animal pendant que le brigadier et quelques collègues essayaient de le faire entrer dans une cellule.
- Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ! Criait Perez.
- Commissaire, j'étais parti sur la deuxième scène de crime et j'ai vu cet homme qui regardait par la fenêtre de la maison de la victime. J'ai pensé qu'il pouvait être mêlé au crime ou qu'il a pu voir quelque chose. Dit le brigadier.
- Ça m'a tout l'air d'être un sans-abri Marchal, mais s'il traine par là-bas, il se peut qu'il ait vu quelque chose. Qu'il cuve et qu'on l'interroge après. Dit le commissaire.
- Je vais remplir la paperasse pendant que notre « ami » reprend ses esprits. Lui répondit Marchal.
Les heures passaient et il était enfin temps de mettre le sans abri dans la salle d'interrogatoire. Perez demandait au brigadier de s'en charger pour l'instant. Lui se trouverait derrière la vitre pour guider le jeune policier et intervenir au cas où.
- Bonjour, je suis le brigadier Anthony Marchal et je vais commencer votre interrogatoire à exactement minuit trente-deux le mardi quatorze janvier deux mille vingt-deux. Déclarait Anthony à l'homme.
Le sans-abri le regardait, ayant l'air de ne pas comprendre ce qu'il faisait ici. Anthony n'avait jamais mené d'interrogatoire et cela le stressait un peu. Il savait rester impassible, mais à l'intérieur de lui-même, il tremblait.
- Comment vous appelez vous ? Demandait Anthony d'une voix ferme.
- Felix. Felix Duperay. Je ne comprends pas ce que je fais ici monsieur.
- Vous êtes ici, car je vous ai vu roder près d'une scène de crime. Nous avons trois corps sur les bras. Alors, expliquez-moi ce que vous faisiez à regarder par la fenêtre de chez Victoria Helmes aujourd'hui. Demandait-il en élevant un peu la voix.
- Je... Je n'ai tué personne. Je ne connais même pas cette personne. Je suis un SDF qui cherche seulement où dormir.
- Que faisiez-vous le trente décembre deux mille vingt-et-un, aux environs de trois heures du matin ?
- Monsieur, je ne me rappelle pas, je ne savais même pas le jour que nous étions aujourd'hui avant que vous ne le disiez.
- Arrêter de me mener en bateau. Que faisiez-vous là-bas aujourd'hui ? Pourquoi rodiez-vous chez la victime ? Tu l'as tué et tu voulais revenir sur les lieux de ton crime pour te faire plaisir ? C'est ça ? S'emballait Anthony.
- Mais pas du tout. Je voulais juste trouver un endroit pour dormi cette nuit. J'ai remarqué qu'il n'y avait plus personne depuis quelque temps dans cette maison, alors je me suis dit que j'allais pouvoir dormir là-bas. Monsieur, je vous jure que je n'ai rien fait de mal, si ce n'est que vouloir trouver un endroit pour dormir. Déclarait le sans abri au bord des larmes.
Anthony voyait bien la détresse dans le regard de cet homme. Il le savait, il n'y était pour rien dans cette affaire. Mais peut-être avait-il vu quelque chose la nuit du meurtre. Il fallait maintenant lui faire comprendre qu'il savait qu'il était innocent, mais qu'il pourrait probablement les aider dans leur enquête.
- Bon. Très bien. Je vous crois, monsieur Duperay. Vous pouvez certainement nous être d'une grande aide. Avez-vous l'habitude de dormir par là-bas ? Demandait Anthony.
- Oui, souvent. Je dors dans le parc, pas loin. Dit le sans-abri, calmé de toutes ces émotions.
- Avez-vous remarqué quelques choses il y a quelques semaines de ça ? Des bruits ? Des cris ou autre chose ? Demandait Anthony.
- Il y a quelques semaines, je dormais et en pleine nuit, il devait être trois heures du matin, j'ai entendu du bruit chez cette jeune femme. Je savais qu'il était trois heures du matin, car Michou avait faim, il est venu me voir. Il a toujours faim à trois heures du matin.
- Qui est Michou ? Demandait Anthony.
- Ce chat qui me suit partout. Il me réveille toutes les nuits à trois heures du matin pour que je lui donne un peu à manger. Je lui ai donné un bout de mon sandwich et pendant que j'essayais de me rendormir, je regardais autour de moi et j'ai vu une lueur qui venait de cette maison. Je me suis approché, car je voyais une silhouette d'homme à travers la fenêtre. Je me suis dit que j'allais avoir droit à un spectacle érotique si je m'approchais. Je suis allée voir et j'ai vu cette femme attachée. Déclarait Duperay.
- Avez-vous vu l'homme ? Demandait Anthony, avide d'en savoir plus.
- Malheureusement non, enfin oui et non. Et je l'ai vu couper quelque chose au niveau de la tête de la femme. J'ai entendu un cri horrible et après, j'ai entendu un autre bruit comme si on tranchait quelque chose et puis plus rien. Je me suis caché derrière la balustrade de l'escalier et j'ai vu cet homme sortir tranquillement et partir à pied. Finit le sans abri. Je l'ai donc vu de dos et dans la pénombre.
Anthony n'avait rien manqué d'enregistrer. Il avait écouté chaque mot de Monsieur Duperay. Perez, satisfait du travail du brigadier, entrait dans la pièce d'interrogatoire pour s'assoir à son tour, face à cet homme. Le sans abri regardait Perez avec de grands yeux.
- Monsieur Duperay, je suis le commissaire Perez. J'ai entendu tout ce que vous avez mentionné. Nous allons vérifier tous les faits et nous pourrons vous libérer. Qu'avez-vous ? Lui demandait Perez.
- Je... Non, rien. Commençait le sans abri.
- Allons, dites-moi, si cela peut vous libérer plus vite. Lui dit Perez en relevant la tête du dossier.
- Commissaire, j'ai vu cet homme de dos. Et sa démarche, il vous ressemblait un peu. Lui dit monsieur Duperay, mal à l'aise.
- Ah, et bien, cela peut arriver, mon cher monsieur. Quand j'étais sur une autre enquête, il y a de ça des années, une femme trouvait que je ressemblais à son agresseur. Alors que son bourreau était son propre mari. Mais comme j'avais à peu près la même carrure, elle l'a associé à celle de son époux. Il avait été très difficile pour moi de l'interroger, car elle faisait des crises de panique dès lors que j'étais en sa présence. Notre cerveau peut parfois nous jouer des tours. Lui expliquait le commissaire.
Monsieur Duperay lui faisait un signe de tête pour lui dire qu'il avait compris. Perez retournait dans son bureau pour taper le rapport de l'interrogatoire. Cette nuit, il aurait encore du travail. Il réécouterait tout et essayerait de trouver des pistes. Anthony ramenait l'homme en cellule.
- Ne vous en faites pas Monsieur Duperay, je m'occupe des papiers tout de suite pour vous laisser sortir. Lui dit Anthony gentiment.
- Oui, Michou va avoir faim. Mais vous savez, c'est vraiment troublant cette ressemblance avec le commissaire. Il avait la même démarche que l'homme que j'ai vu. Dit tout bas le SDF.
- Comme vous a dit le commissaire, cela peut arriver. Et ne vous en faites pas pour votre chat, il aura son diner. Et si vous vous rappelez quoi que ce soit, venez nous parler, nous vous écouterons. Lui assurait Anthony en fermant la cellule.
Une demi-heure après, le sans abri était libre. Le légiste arrivait dans le commissariat et allait voir Anthony. Il lui demandait où était Perez. Anthony fit un signe de tête à Albert, du côté de son bureau. Il lui expliquait qu'il devait surement s'être endormit. Il se dirigeait vers le bureau de Perez et entrait tout doucement. Perez était allongé sur son canapé et ronflait.
- Maxime ?
- Mmmm ? Marmonnait celui-ci, endormit.
- Alors ? Où en êtes-vous ? Du nouveau ? Demandait Albert.
- Un SDF, il a vu quelque chose, mais ce n'est pas la meilleure piste que nous aurions pu avoir. Dit Perez en se frottant les yeux.
Il fit écouter l'interrogatoire à son ami. Il approuvait également que le sans abri n'était pas le coupable. Mais il lui dit qu'il fallait y voir une avancée dans l'enquête. Quelqu'un avait au moins déjà vu quelque chose. C'était déjà un grand pas. Peut-être que d'autres personnes aussi, allez savoir. Les deux amis parlèrent quelque temps puis le moment était venu de rentrer chez soi. Perez ne dormirait pas beaucoup, mais lorsqu'il fut rentré chez lui, il s'allongeait dans son lit et s'endormit aussitôt.
Le soleil se levait et une journée très compliqué s'annonçait. L'équipe qui était restée au commissariat avait arrêté un groupe de jeunes. Ils avaient dégradé des murs de la ville, pour comme ils disaient, « s'amuser ». Le brigadier arrivait au commissariat. Un de ses collègues l'avait appelé tôt dans la matinée pour venir interroger les délinquants. Il allait se servir un café dans la machine et le bu tranquillement. Que ces ados comprennent leur bêtise, se disait-il. De les laisser un peu en cellule ne leur ferait pas de mal pour réfléchir. Après avoir apprécié son café, Anthony s'installait en salle d'interrogatoire et attendait qu'on lui amène les trois jeunes suspects. Les collègues du brigadier faisaient entrer deux garçons et une fille dans la salle. Anthony était surpris, car c'est trois jeunes gens était habillé d'une manière curieuse. Des gothiques. Cela pourrait coller avec les crimes rituels. Il fallait maintenant les interroger et voir s'il s'agissait d'une simple coïncidence ou non.
- Noms, prénoms, âge. Demandait Anthony en regardant les trois jeunes.
- Lucie, Fer, dix-huit ans. Déclarait la fille.
- Je ne veux pas vos blazes, je veux vos vrais noms. Merci. Recommençait Anthony.
- Marie Silente. Dix-huit ans. Se résignait la jeune fille.
- Mathias Perron, dix-neuf ans.
- Eli Perron, dix-huit ans.
- Merci, vous êtes frères ? Demandait Anthony aux deux jeunes hommes.
- Non, nous sommes cousins. Dit Mathias.
- Bien, à présent dites-moi ce que vous avez fait hier. Pourquoi avoir dégradé les lieux tout près d'une scène de crime ? Demandait Anthony, ne les lâchant pas du regard.
- Nous avons entendu parler de la femme qui a été tué. Nous avons voulu aller voir. Et voir si son fantôme allait communiquer avec nous. Déclarait Marie.
- Vous êtes allé voir si un mort allait pouvoir communiquer avec vous ? Bon... Je suppose que vous n'avez eu aucunes réponses ? Demandait Anthony.
- Malheureusement non. À la base, nous devions juste passer une soirée dans les bois. Mais nous avons bu et quand l'alcool à fait son effet, nous avons voulu voir où le meurtre avait eu lieu. Expliquait Mathias.
- Et pourquoi avoir tagué l'église ? Demandait Anthony.
- Car nous revendiquons Satan. À bas l'église et force au maitre des ténèbres. Déclarait Eli.
- De toute façon, nous n'avons rien trouvé sur place, ni fantôme, ni de tache de sang cool. Rien du tout. Dit Marie, déçu.
- Oui, à part un carnet et un vieux qui ne trainait pas loin de la maison. C'était trop cool. Il nous a foutu les jetons. Dit Mathias amusé.
- Quel homme ? Et quel carnet ? Demandait précipitamment Anthony.
- Le carnet, c'est un de vos collègues qui me la prit quand il nous a mis en cellule. Et l'homme, je n'en sais rien. Il était habillé tout en noir et il regardait la maison sans bouger. Eli s'est cassé la figure, car il était trop bourré. Ce type nous a entendu et il s'est tiré. Puis peu de temps après, nous avons trouvé le carnet près de la porte d'entrée. Et ensuite, nous avons entendu les sirènes et vos collègues nous ont embarqué. Voilà. Déclarait Mathias.
- D'accord. Merci. Je vais demander à voir le carnet. En attendant qu'on vérifie tout ça, vous allez retourner en cellule.
- Quoi ? Nous pourrons sortir quand ? Nos parents vont nous tuer. Ça craint, vous ne comprenez pas. Intervenait Marie.
- Ce que je ne comprends pas, c'est qu'on dégrade une église et qu'on aime voir des taches de sang sur les lieux d'un meurtre ou qu'on veuille parler à un esprit seulement pour le plaisir. Il y a eu un crime. Une famille a perdu quelqu'un. Cette famille ne vivra plus jamais comme avant car on leur a volé, arraché, une personne qui leur était chère et qui avait l'avenir devant elle. Dit le brigadier d'un air sévère.
Les trois jeunes baissèrent la tête. Comprenant ce que le policier voulait dire. Que cela leur serve de leçon. Il préviendrait les familles des jeunes gens pour qu'ils viennent les chercher au commissariat plus tard. Mais quelle idée de vouloir se rendre là-bas pour parler à un esprit. De vouloir se mettre le trouillomètre à zéro. Anthony avait aussi fait des bêtises étant jeune, mais pas ce genre d'imbécilité à profaner des lieux sacrés. Même si lui-même ne croyait pas en Dieu, il trouvait ça indécent. Il allait chercher le fameux carnet dans les affaires des jeunes. Il trouvait des briquets, des stupéfiants, des cigarettes et enfin un petit carnet noir à la reliure argentée. Il l'ouvrit avec impatience, espérant trouver un indice. Mais la déception fut énorme. Il s'agissait du carnet d'enquête du commissaire. Il l'avait surement égaré lors de la découverte de la victime. Il posait le carnet sur son bureau et retournait à ses papiers. Les jours passaient et rien de nouveau. Perez était d'une humeur massacrante de jour en jour devant tant d'avancement dans l'enquête. Allait-il pouvoir boucler cette ordure de Candleman un jour ? Quand ?
Il faisait nuit. La rue était silencieuse. Toutes les fenêtres des maisons aux alentours étaient dans l'obscurité. Toutes sauf une. À travers celle-ci, nous pouvions voir une lueur jaunâtre danser sur le mur du salon. Il était là. Devant le canapé. Candleman avait trouvé un moyen d'entrer dans la demeure d'une jeune femme. Il attendait les yeux fermés, attendant le bon moment pour aller chercher sa victime qui dormait à point fermé. Quelques minutes plus tard, il montait l'escalier sans un bruit. Arrivé sur le palier, il s'arrêtait. Il entendait une respiration provenant d'une chambre et se dirigeait vers elle. Il poussait la porte et entrait. Une jeune femme dormait paisiblement. Il s'avançait et s'assit à côté d'elle. La jeune femme se réveillait et ouvrit les yeux d'un coup en s'apercevant qu'un homme se trouvait à ses côtés. Candlman lui mit une main sur la bouche pour qu'elle n'alerte pas les voisins.
- Bonjour Anna. Enfin, bonne nuit. Je crois que nous avons un problème. Et pour le résoudre, je vais devoir enlever ma main de ta bouche. Si tu cries, je te tue sur le champ. Lui dit-il calmement.
- Que voulez-vous ? Lui demandait elle la terreur au ventre.
- Je vais t'expliquer, mais d'abord, nous allons descendre au salon. Si tu essayes de t'enfuir, je te tuerai sur le champ. Nous sommes d'accord ? Lui demandait celui-ci.
Elle acquiesçait sans un mot. Les deux descendirent l'escalier. Une fois dans le salon, il lui présentait une chaise pour qu'elle s'y installe. Il la ligotait sans la regarder pendant qu'elle commençait à pleurer et à se demander ce qui allait bien lui arriver.
- Tu vois cette bougie Anna ? Eh bien, ça sera ton unique chance de pouvoir t'en sortir. Tant qu'elle brule, il ne t'arrivera rien. En revanche, une fois éteinte, je te tuerai, car tu n'es pas une personne aussi pure que tu peux le faire croire. Lui dit-il en s'asseyant en face d'elle.
- Et en quoi cette bougie peut me sauver ? Lui demandait-elle, la voix et les yeux remplis de larmes.
- Fais-moi comprendre pourquoi tu es comme ça. Pourquoi tu fais ça. Et si je trouve que c'est une raison valable, je te laisserai la vie sauve. Lui expliqua-t-il.
- Mais qu'est-ce que j'ai fait ? Je ne comprends pas monsieur. Vous devez vous tromper de personne. Dit-elle en commençant à s'agiter.
- Tu es une abomination Anna. Tu te fais passer pour cette femme à la vie parfaite, qui n'a aucun vice. Mais dans l'intimité, tu te bois des litres d'alcool pour après aller te faire sauter par des inconnus. Sans parler de la promotion canapé que tu essayes d'avoir par ton patron.
À ses mots, Anna n'en prononçait plus un. Elle se demandait comment il pouvait savoir tout ça. Elle le regardait, son cerveau chauffant pour savoir ce qu'elle pourrait répondre à ça. Elle recommençait à pleurer. La bougie continuait de danser sur les murs. Il était toujours assis devant elle. Ne la voyant pas ouvrir la bouche pour s'expliquer, il lançait la conversation.
- Alors ? Demandait-il, agacé par son silence.
- Je ne sais pas quoi vous dire. Lui dit-elle dans un murmure rempli de terreur.
- Commence par me dire pourquoi tu veux coucher avec ton patron pour qu'il te donne une promotion, sachant qu'il est marié et qu'il aime sa femme.
Anna le regardait et ne savait que répondre. Candleman attendait. Il lui dit que si cette bougie s'éteignait sans un mot de sa part, elle perdrait cette chance de vivre. Une bouffée d'hystérie et de pression se rependaient en elle. Et elle explosait d'un coup.
- Pourquoi est-ce toujours les autres qui obtiennent tout ce qu'ils veulent ? Pourquoi moi, je n'ai rien ? Ce n'est pas comme cette connasse de Manon. Elle, elle a tout ce qu'elle veut. Elle m'a même volé mon petit ami avec qui elle s'est mariée. Alors oui, je bois pour oublier. Et si ça marche comme ça, donc oui, je veux coucher avec mon patron pour avoir moi aussi ma chance d'avoir une vie de famille. Si mon patron peut devenir aussi mon mari, ça m'arrangerait bien. Finis les embrouilles, finit les fins de mois difficile. Tout serait enfin réglé. Dit-elle folle de rage et triste.
- Tu bois pour oublier ? Mais le lendemain ton problème est toujours là. Cela ne résout rien. Et tu veux briser une famille pour en avoir une ? Quel genre de personne es-tu pour pouvoir faire cela ? Lui demandait-il.
- Et vous ? Quel homme êtes-vous pour juger alors que vous voulez me tuer pour des choses qui ne concernent que moi ? Lui demandait-elle sur un ton de défis.
L'homme sourit et se levait. Il s'approchait d'elle et la gifla. Elle se remit à pleurer. Les larmes coulant sur ses joues et ne faisant que s'accentuer. Il s'était assis de nouveau et la regardait en souriant.
- J'admire ton courage de me parler comme ça. Mais vois-tu, si je tue, c'est pour la bonne cause. Je veux débarrasser le monde de ce genre de personne. Tu es mauvaise. Tu serais prête à sacrifier une famille qui ne t'a rien fait pour pouvoir créer la tienne. Tout le monde veut une famille. Mais pas comme ça. On fait les choses dans les règles. Dieu peut te donner ce que tu veux, mais pas de cette façon. Dans ce cas-là, c'est le diable qui te murmure à l'oreille Anna. Et toi, au lieu d'écouter la voix de Dieu, tu préfères écouter la voix de Satan. Que de facilité. Ma mère t'aurait détesté. Elle t'aurait dit que tu es une erreur de la nature. Dit-il.
- J'ai toujours été une bonne personne. Mais à un moment, je n'en peux plus de voir tout me passer sous le nez. Vous ne comprenez pas. C'est injuste. Dit-elle en pleurant.
- Et justement. Tu as succombé à la tentation. Lui dit-il.
La flamme de la bougie vacillait et s'éteignit. Anna regardait la fumée se disperser au-dessus de ce qui avait été une flamme quelques secondes avant. Elle comprit que c'était finit. Candleman se levait et allait chercher quelque chose dans le coin du salon. Un énorme bâton aussi épais qu'un bras d'homme était posé par terre. Il le prit et le posait sur la table du salon. Se tournant vers elle, il la regardait le supplier du regard, pleurant et gémissant.
- Je suis désolée. Je n'aurais pas dû me comporter de la sorte. Je ne recommencerai plus, c'est juré. Dit-elle en s'étouffant avec ses larmes.
- C'est trop tard Anna, la bougie est éteinte. Il fallait prononcer ces mots lorsque la flamme était encore parmi nous. Maintenant tout n'est que ténèbres. Et tu vas aller les rejoindre. Une place t'attend en enfer. Lui dit-il en s'approchant d'elle, armé de son arme en bois.
- Espèce de pouriture ! Crèves ! Va te faire foutre ! Lui hurla-t-elle.
Il profitait qu'elle hurle pour enfoncer le pieu dans sa bouche. Un hurlement étouffé se fit entendre et résonnait dans les pièces de la maison. Elle suffoqua quelques secondes puis plus rien. Le silence était à nouveau présent. Il prit un couteau qui se trouvait dans son manteau et lui coupait une main. Il ne l'avait pas fait avant car comme elle hurlait déjà en s'expliquant, elle aurait pu avertir les voisins. Désormais, persuadé qu'elle n'aurait dans tous les cas pas compris pourquoi il la punissait, il préféra lui couper une fois morte.
- Tu vois Anna, on ne vole pas ce qui n'est pas à soi. Dit-il à son cadavre.
Il posa la main sur la table du salon à côté de la bougie. Sortant un papier et un stylo d'une poche, il inscrit dessus : « Pour les voleuses d'homme et les sacs à vins ». Il laissa le mot à côté de la bougie et du membre sectionné et s'assit sur la chaise en face d'Anna. Il regardait sa victime, comme s'il admirait une œuvre enfin achevée. Mais des lumières le fit revenir sur terre. Les maisons voisines semblaient s'animer. Alerté surement par les hurlements de la jeune femme, les voisins sortaient de chez eux. Il se levait, remontait le col de son manteau et sortit par la porte d'entrée.
- Qui êtes-vous et que se passe-t-il ? Anna a-t-elle un souci ? Demandait un voisin à quelques mètres de lui.
Candleman partit en courant, laissant le voisin sans explication. Les autres voisins sortant de leur maison en robe de chambre et en pantoufle vinrent le rejoindre en lui disant qu'il fallait appeler la police. Ce qu'ils firent.
La sonnerie du brigadier Marchal sonnait à cinq heures du matin. Il se précipitait pour répondre en lisant le numéro d'urgence du commissariat.
- Marchal ? C'est Bips. On a une nouvelle victime de Candleman. Dit son collègue.
- Oh non. Tu as appelé le commissaire ? Demandait Anthony.
- Oui, mais nous n'avons pas de réponse. Va savoir s'il n'a pas picolé encore et qu'il n'entend pas son téléphone. Le légiste va arriver sur les lieux bientôt. Passe au poste et on y va. Lui dit son collègue.
Anthony raccrochait. Il se levait, triste par cette nouvelle, mais déterminé à trouver des indices. Il quittait son domicile et partait pour son lieu de travail. Le commissariat était en effervescence. Tous ses collègues se préparait pour aller voir la scène de crime. Seuls quelques hommes restaient sur place pour s'occuper d'un éventuel événement ou d'un appel de détresse. Anthony grimpa dans une voiture de service et partit avec ses collègues. Le légiste était déjà sur place avec les policiers qui avaient été prévenus par les voisins. Il sortait de la maison, la mine sombre.
- Alors ? Demandait Anthony au légiste.
- Mon Dieu... Il lui a coupé une main et l'a empalé par voie buccale. Je peux vous assurer qu'elle a dû souffrir le martyre. Certes, pas longtemps, mais ç'a dû être les pires dernières secondes de sa vie. Pauvre gamine. Dit Albert, dépité.
- Merci doc. Perez va être d'une humeur massacrante en apprenant ça. Dit Anthony.
- Où est-il d'ailleurs ? Demandait Albert.
- Aucune idée. Les collègues l'ont appelé, mais il n'a pas répondu. Je pense que la fatigue l'a submergé. Répondait Anthony.
- Oui, il est un peu à côté de la plaque en ce moment. De fortes émotions s'emparent de lui. C'est compliqué en ce moment pour lui. Dit Albert.
- Ah bon ? Dit Anthony, surprit par ces révélations.
Le légiste demandait à Anthony de le raccompagner à la brigade. Il en profitait pour lui raconter un peu l'histoire de Perez. Anthony n'en revenait pas. Il comprenait à présent pourquoi Perez lui avait assuré que tous les enfants maltraités ne finissaient pas comme ce monstre tueur de femmes. Il comprenait également d'où provenait cette humeur très irritée. Si les nuits du commissaire étaient agitées, il semblait normal que celui-ci soit énervé. Anthony comprenait et trouvait que le commissaire faisait preuve d'un courage exemplaire. Il était compliqué de se tenir en forme psychologiquement avec leur métier. Surtout par rapport aux morts violentes comme ils y faisaient face depuis quelque temps. Lui-même avait eu du mal à faire face à tant de brutalité. Il avait fait beaucoup de cauchemars et avait dû aller voir le psychologue du commissariat. Heureusement, maintenant, il s'était forgé une carapace. Malheureusement, plus grand-chose ne pouvait l'étonner sur la cruauté humaine. Et il était persuadé qu'avec cette enquête, cela allait renforcer son idée sur l'être humain. Ils étaient arrivés au commissariat et allèrent dans l'antre du légiste. Le corps arrivait quelques minutes après. Anthony resta quelques minutes avec le légiste et retournait à son bureau. Comme Perez manquait à l'appel, il devait s'occuper lui-même d'annoncer à la famille qu'Anna avait été assassiné. Il prit le combiné et appelait. Au bout de deux sonneries, une femme décrochait.
- Allo ?
- Madame Reich ? Demandait Anthony.
- Oui ? Répondait la femme.
- Je suis le brigadier Anthony Marchal. J'ai une très mauvaise nouvelle à vous apprendre.
Anthony commençait doucement à déballer les faits accompagnés par les pleurs de la mère de la victime. Elle lui demandait pourquoi c'en était-on pris à sa fille. À sa petite fille chérie. Devant tant de souffrance, Anthony ne put que lui assurer, que lui et son équipe, allaient tout faire pour coincer ce monstre. Et qu'il payerait devant la justice la cruauté de ses actes. Il raccrochait le téléphone. Laissant la pauvre maman en pleure, devant se faire à l'idée qu'elle ne reverrait plus jamais sa fille, son enfant, qu'on lui avait arraché, avec tant bestialité et de sadisme. Il se levait et allait prendre un café à la machine. Son collègue Bips remarqua que la jeune recrue avait le visage tendu et déprimé.
- Oh, Marchal, ça va ? Demandait celui-ci.
- Je viens d'annoncer à une femme qu'elle ne reverra plus jamais sa fille, car un salaud l'a massacré. Lui répondait Anthony en baissant la tête.
- Ah. Oui, on est tous passés par là. Et je sais que c'est très dur à encaisser. Mais malheureusement, c'est notre métier. C'est un des mauvais côtés. Mais il y a des bons. Comme quand nous arrêterons cette ordure. Nous aurons notre victoire et le soulagement des proches des victimes. Cela ne les ramènera pas, mais nous auront mis en cage leur bourreau pour qu'il ne fasse plus jamais de mal à personne. Répondait Bips.
Anthony relevait la tête et sourit à son collègue. Il fallait absolument que ce malade soit enfermé entre quatre murs pour ne plus jamais en sortir. N'ayant toujours pas de nouvelles du commissaire, Anthony effectua quelques recherches et partit interroger les amis d'Anna.
Pendant que le brigadier était en vadrouille, le commissaire Perez arrivait en trombe au commissariat. Il râlait. Ses collègues lui affirmèrent qu'ils avaient essayé plusieurs fois de l'appeler avant d'aller sur les lieux. Il fut tout de même soulagé que sa jeune recrue eût pris les rênes durant son absence. Il prit le dossier de la victime et fut outré par tant de violence. Il devient de plus en plus violent et sadique, pensait-il en faisant allusion à Candleman. Encore une pauvre femme avait perdu la vie. Cela ne pouvait plus durer. Il fallait mettre un terme à tout ça. Perez partit se chercher un café pour lui et le légiste et allait le rejoindre à la morgue du commissariat. Celui-ci lui fit un rapport complet des causes de la mort et de tout ce qui s'ensuit. La journée passait vite. Perez, toujours d'une humeur de chien, était retourné à son bureau. Il fouillait dans les dossiers des victimes pour savoir si un indice avait pu leur échapper. Et là, une illumination le frappa. Mais son téléphone sonnait au même moment.
- Commissaire ? Tout va bien ? Demandait Anthony à l'autre bout du fil.
- Oui, tout va bien. Où êtes-vous ? Demandait Perez.
- Je suis sur la route pour rentrer au poste. Lui dit Anthony.
- Très bien. Ramenez vos fesses, je crois que j'ai trouvé quelque chose. Lui dit Perez.
- Moi aussi commissaire. À tout de suite. Lui dit Anthony avant de raccrocher.
Anthony accélérait un peu son allure sur la route. Il avait effectivement trouvé quelque chose. Et c'était un suspect. Avant toutes choses, il fallait être sûr de son coup, pour éviter de nouveau un coup d'épée sans l'eau. Il arrivait sur le parking du commissariat. Lorsqu'il fut descendu de sa voiture, il se rua dans le bureau du commissaire.
- Le Darkline. Dit Perez en voyant le brigadier entrer.
- Oui commissaire. J'ai eu la même idée. Dit Anthony, essoufflé.
Le Darkline était un pub qui se trouvait en ville. Les quatre victimes s'y étaient rendue la veille de leur mort. Il connaissait le patron du troquet. Surtout son frère connu par les services de police. Cet homme était physiquement très fort. Il devait mesurer presque deux mètres. Une vraie armoire à glace. Ils avaient enfin trouvé le suspect qui reliait les quatre victimes entre elles Il les chassait donc dans un bar. Candleman devait se renseigner d'une façon ou d'une autre pour les connaitre aussi intimement. Et ce Candleman avait peut-être été démasqué. Il ne fallait tout de même pas précipiter les choses. Le commissaire voulait attendre que le pub ouvre ses portes pour aller y faire une visite de courtoisie avec le brigadier. Perez dit à Anthony d'aller se reposer un peu en attendant que l'heure soit venue de s'y rendre. Il rentrait alors chez lui. Lorsqu'il eut pris sa douche et manger un peu de bœuf bourguignon cuisiné par sa mère, il décidait de passer du temps avec elle. Il s'assit sur le canapé à côté d'elle.
- Comment vas-tu mon chéri ? Je ne te vois presque plus. Tu as maigri, tu ne manges pas assez. Dit-elle, inquiète pour son fils.
- Oui maman, je sais, mais comme je te l'ai déjà indiqué, nous sommes sur une affaire très compliquée. Lui répondait-il avec un sourire.
- Tu peux m'en parler, tu sais, ça allégerait peut-être ta peine. Je vois bien que cette affaire te touche beaucoup.
Anthony y réfléchit quelques secondes et décidait de livrer un peu de son enquête à sa mère. Elle paraissait horrifiée. Mais quel genre de monstre pouvait agir ainsi ? Qui était-il pour enlever la vie à ses jeunes femmes ? Lui dit-elle, les larmes aux yeux. Anthony mentionnait le fait qu'ils n'avaient quasiment aucun indice. Mais que ce soir, ça allait certainement changer. Madame Marchal comprenait l'engouement et la détermination de son fils à pratiquer son métier.
- Tu sais mon chéri, quand ton père nous a quittés, tu m'as dit que tu resteras avec moi et que tu me protégerais. Ce que tu fais merveilleusement bien. Mais il serait temps que tu prennes ton envol. Tu es jeune et plein d'avenir. Je veux que tu sois heureux.
- Mais je suis heureux avec toi maman. Lui répondit Anthony.
- Oui, je sais, mais tu ne peux pas sauver ou t'occuper de tout le monde mon chéri. Tu as vingt-six ans et la vie devant toi. Je ne te laisserai jamais. Mais fais-moi plaisir, réfléchis à prendre ton envol, à vivre ta vie. Et si tu veux vraiment rester ici, je ne te forcerai pas à partir. Allé, va te reposer un peu, une longue soirée t'attend ce soir. Coince cette ordure ! Dit sa mère.
Anthony ne put s'empêcher de sourire aux mots de sa mère. Il l'embrassait sur le front et montait dans sa chambre pour se détendre. Il était vrai qu'il y avait déjà songé. À partir de la maison. Mais dès que cette pensée lui traversait l'esprit, il se sentait bourré de culpabilité, de songer à laisser sa mère seule. Il appréciait tout de même d'avoir eu cette discussion avec elle. Et le fait de parler de l'affaire l'avait apaisé également. Même si les faits étaient horribles, sa mère avait une vision neutre sur l'affaire. Et une des choses qu'elle avait dites, lorsque Anthony lui avait raconté comment il les tuait, était : « Mais que lui est-il arrivé, à cet homme, pour propager tant de haine ? ». Elle lui avait dit, aussi, que même si toutes les personnes qui avaient vécu un traumatisme aussi grave durant leur enfance, ne devenait pas des monstres. Mais, avait-elle ajouté, que ceux qui choisissaient un chemin plus lumineux, avait quand même leur part d'ombre et qu'il faudrait, à un moment ou un autre, affronter leur démon. Pour pouvoir toucher la lumière, il faut d'abord passer par les ténèbres. Et Anthony jugea qu'elle avait probablement raison. Il s'allongeait sur son lit et réglait son réveil pour qu'il sonne deux heures plus tard. Il s'endormit paisiblement en regardant la télévision.
Deux heures plus tard, la sonnerie tonitruante du réveil le fit sursauter. Il avait bien dormi, mais le manque de sommeil des jours précédents commençait à se faire ressentir. Anthony se levait, passait par la salle de bain et trente minutes après, il était prêt à partir. Sur la route, il envoyait un message à Perez pour le prévenir qu'il arrivait au commissariat. Une fois sur place, il prit les clefs d'une des voitures de service et attendait le commissaire. Il arriva cinq minutes plus tard.
- Prenons ma voiture Marchal, il ne faudrait pas trop se faire remarquer. Dit-il.
Anthony grimpait dans le véhicule et se laissait conduire par Perez. Ils arrivèrent sur un parking sur lequel, nombre de voitures était garée. La musique retentissait au travers des portes du pub. Quelques clients étaient postés devant le trottoir, fumant leur cigarette. Un vigile à la corpulence d'un gorille se tenait devant les portes, faisant barrage.
- Vous n'entrez pas. Dit celui-ci.
- Je crois bien que si. Lui répondait le commissaire en lui secouant sa carte de police sous le nez.
Avec un grognement, il fit un pas sur le côté pour que les deux policiers puissent passer. Perez poussait une des portes et entrait, suivit du brigadier. Les néons luisaient et tournaient dans tous les sens. Les gens gesticulaient et dansaient sous les basses de la musique. Anthony ouvrait un peu son manteau, car la chaleur était étouffante. Ils allèrent jusqu'au bar.
- Commissaire Perez ! Ça fait longtemps. Lui dit le barman.
- Bonsoir monsieur Alpini. Comment vont les affaires en ce moment ? Lui demandait Perez.
- Ça va, je n'ai pas à me plaindre. Mes clients sont toujours heureux de venir prendre un verre. Lui répondait Alpini.
Guiseppe Alpini, le patron du pub, était un Italien d'une cinquantaine d'année. Certainement, trempait-il légèrement dans la mafia, mais il n'avait jamais eu de problème avec la justice. Il tenait absolument à ce que son troquet reste un endroit fréquentable pour tous et respectable. La visite de Perez ne l'inquiétait pas et cela se ressentait. Alpini n'avait rien à se reprocher. Il offrit au commissaire un verre, que lui refusait. Jamais pendant le service, lui rappelait-il. Il proposait donc de leur servir un café.
- Alpini, j'accepte votre café si vous voulez bien répondre à quelques questions. Dit le commissaire.
- Bien sûr. Répondit le patron.
- Pouvons-nous aller dans votre bureau ? Demandait Perez.
Alpini fit un geste de la main en direction d'un coin de la pièce. Une jeune femme peu vêtue vint remplacer le patron au bar. Il lui claquait les fesses sous les gloussements de celle-ci. Anthony se sentait rougir face à la beauté de cette femme. Le chef de l'établissement dit à nos deux policiers de le suivre jusque dans son bureau. Lorsqu'il fermait la porte derrière eux, le silence se fit entendre. Plus aucun son de musique. La pièce était douillette. Des rideaux aux couleurs pourpres donnaient l'impression d'être dans un lit à baldaquin. Alpini allait s'assoir derrière son grand bureau en bois d'acajou. Il joignait ses mains sous son menton et attendait.
- Bon, je sais que vous êtes quelqu'un d'honnête Alpini, mais nous avons un problème. Dit Perez.
- Et quel est-il ? Demandait le patron.
- Nous avons quatre meurtres sur les bras. Quatre jeunes femmes. Et toutes, la veille de se faire assassiner, ont passé la soirée ici. Dit Perez.
- Et en quoi puis-je vous être utile ? Demandait Alpini.
- Vous avez toujours collaboré avec nous, alors si je vous montre les photos des jeunes femmes, pouvez-vous m'affirmer si vous les avez vus ? Lui demandait Perez.
- Je peux même vous donner les enregistrements des caméras de surveillances. J'en ai dehors et à l'intérieur. Dit Alpini en regardant les photos des victimes.
Les trois premières victimes ne lui disaient rien. Mais la dernière, Anna, il s'en souvenait. Il se rappelait l'avoir servi lui-même au bar. Elle était dans un état lamentable, ne tenant plus debout, se rappelait Alpini. Il dit aussi qu'elle draguait tous les hommes présents ce soir-là. Perez attendait un peu avant de parler du frère du patron. Il voulait d'abord le mettre en confiance avant d'entamer le sujet. Et quand le moment fut venu, il en parla.
- Monsieur Alpini. Je vais devoir vous parler de votre frère. Lui Perez.
- Je ne sais pas s'il est concerné par cette affaire, mais il est plutôt étrange en ce moment commissaire. Répondit Alpini, attristé.
- Comment ça ? Lui demandait Perez.
- Il prend des drogues, j'en suis sûr. Il m'a volé dans la caisse plus d'une fois cette semaine. Il a même frappé un client sur le parking il y a trois semaines. Je ne sais plus comment faire avec lui commissaire. Répondit le patron les larmes aux yeux.
Perez savait que Alpini avait toujours voulu que le bien pour son frère, qui était beaucoup plus jeune que lui.
- Alonzo à un bon fond. Mais ses fréquentations ont causé sa perte. Et je crains qu'il soit vraiment dans une situation délicate, commissaire. Dit Alpini.