J'ai souvent entendu dire que réussir un examen est une question de chance. Repasser cet examen pour la seconde fois me fit savoir que le bac c'est comme au loto. Décrocher ce sésame ou la cagnotte c'est aussi une question de chance bien qu'on rabâche le contraire, du genre seul le travail paye.
N'avez-vous jamais vu une personne avoir le bac et qu'en âme et conscience vous sachez que cette personne ne se prenait guère la tête à étudier ? N'avez-vous jamais vu les élèves les plus studieux de la classe qui raflaient toutes les meilleurs notes échoués à cet examen et que vous vous demandiez ce qui s'est passé ?
Moi si étant donné qu'Emma la miss intello n'avait réussi qu'en repassant le bac une seconde fois tout comme nous.
Le bac c'est une question de chance : pour cette seconde année en classe de terminale Elisa et moi en faisions une litanie comme réponse à tous ceux qui nous demandaient d'intégrer aux groupes de travail. A la maison aussi, quand on me reprochait de ne pas réviser je leurs servais cette réponse. Qu'entendaient-ils par réviser ? Si c'était revoir ses notes ou cours il m'arrivait de le faire mais à la fréquence que leurs convenaient. Je me rappelle qu'à la veille de l'examen, je regardai tranquillement des clips vidéos sur trace Tv avant que ma mère ne vienne me sermonner à aller réviser. Le bac c'est une question de chance pour comprendre cela, il faut juste se dire que la chance est tout ce qui ne dépende pas de notre volonté.
A 18ans je décrochai le bac au premier tour après l'avoir passé une deuxième fois. Cette délibération fut différente de la précédente, j'y étais allée cette fois avec Fatma. Je m'apprêtai à l'appeler quand je l'aperçu avec son babouin en compagnie d'un autre homme pas très grand mais assez élancé de teint clair, crâne rasé, sourire ravageur mettant en valeur cette petite bouche bien bornée par des lèvres très roses qu'on croirait ensanglanté à première vue.
_ Bonsoir. Lisa ils n'ont pas encore commencé.
_ Non pas encore ça va Fatma
_ Oui ça va bien alors pas trop stressé ? Demanda t-elle en lui faisant la bise.
_ Non on est déjà passé par là bien que je prie que ce soit différent cette fois.
_ T'en fait pas bébé cette fois ci c'est la bonne. Alors sauvageonne aujourd'hui pas de gifles ?
Depuis l'épisode de la gifle, à chaque fois qu'on se voyait il me narguait avec ça. Et entre temps j'appris à le connaitre malgré tous ses défauts et reproches que je lui fasse : une chose reste certaine, Roger a le cœur sur la main. Il suffisait qu'Elisa lui dise qu'elle avait un problème d'argent pour qu'il lui remette sans hésiter la recette d'un tableau vendu en sa possession. Certes, il n'était pas riche, ne baignait pas dans l'argent mais répondait toujours présent pour régler les problèmes de sa chérie. Dès fois il lui arrivait même de m'offrir des trucs. Roger était devenu un ami qui l'aurait cru ? Nous avions fait la paix lors d'une kermesse au Cathédrale de Dakar dont la soirée fut animée par Philipe Monteiro. Et par la suite il m'offrit un beau tableau de moi que j'exposai fièrement dans notre salon.
Bon artiste était peu dire. Il était doué, cette capacité à réaliser de tels chefs-d'œuvre ne pouvait entre qu'un don. A travers ce tableau, il avait su magnifié ma beauté, ma personne par un portrait en noir et blanc, épaules dénudés d'où trois mèches pendaient sur chaque côté, mes pommettes ressorties par l'énorme éclat de rire creusant en même temps mes fossettes, le regard éclatant. Roger était un véritable maitre dans ce domaine, il avait reproduit à la perfection ce moment à la kermesse d'où j'avais éclaté de rires à cause d'une ses blagues. Rares étaient les gens à qui il faisait ce genre de présents. Même Elisa n'en avait pas encore droit selon lui.
_ Ce n'est pas l'envie qui me manque babouin.
Il sourit à ma réplique loin d'être le seul sauf que l'autre avait plutôt l'air de se moquer de lui.
_ Qu'est-ce que t'as à rigoler comme ça toi ?
: C'est vrai que tu ressembles à un babouin. Elle a raison.
_ Merci. Enfin quelqu'un qui ose le dire
: Je vous en prie.
Nous nous défions du regard jusqu'à ce que Roger me toise.
_ Donc toi tu connais les bonnes manières jusqu'à dire Merci. Avec les cadeaux que je t'ai faits je n'ai jamais eu droit à un merci de ta part....
_ Que veux-tu que je te dise il est normal d'offrir des cadeaux à la meilleure amie de ta chérie.............
_ Tu as de la chance d'être accompagnée sinon ......
_ C'est ma grande sœur Fatma
_.Enchanté madame quelle beauté c'est de famille j'imagine
_ Si ce n'est pas de famille qu'est-ce que c'est ? Andouille va nous on a de superbes gènes pas comme chez vous ....
_ Nigay holé sama cousin bii wonani wakho deugeu (La manière dont tu regardes mon cousin prouve que tu mens)
Rares étaient les moments où Roger s'exprimait en wolof. Ceux qui ne le connaissaient pas croiraient même qui ne parle pas wolof. Il ne le faisait qu'en présence d'une personne étrangère qui ne comprenait pas cette langue souvent pour le narguer.
_ Kone sa cousin la (Alors c'est ton cousin)
_ Hana guisso nouniou niro wé (N'as-tu pas remarqué notre ressemblance)
_ Dawal séti ay verre nakh dagua myope (Cours chercher des lunettes car tu es atteint de myopie)
_ Yow la ko yéné dé lo thii wakh (Je veux te caser avec lui qu'en dis-tu)
_ Sofoul mais mba pochame disna rek (Il n'est pas mal mais j'espère qu'il a un portefeuille bien garni)
_ Zahra ! S'offusqua ma sœur
Hormis Elisa, rares sont ceux qui comprenaient mes échanges avec Roger. Nos mots pouvaient paraitre crus, irrespectueux mais en réalité ce n'était que blagues, farces mais d'autres comme Fatma le prenaient toujours pour du premier degré : la réalité.
_ Lii motakh gua nekk sama guanyène (Voilà pourquoi tu es ma partenaire) Sourit-il pour se tourner vers son cousin. Je te présente Mina la sauvageonne une copine d'Elisa. Lui c'est mon cousin Sylvestre Lopes.......
_ Enchanté Mina.
_ Amina Zahra Fall
_ Jolie prénom
Notre poignée de main dura plus d'une minute ou je m'étais permise de lui caresser le creux de sa paume avec mon indexe. Je ne pouvais guère m'en empêcher. Mon geste le fit sourire avant qu'il ne me fasse un clin d'œil.
_ Le plaisir est partagé le chat !
_ Le chat ?
Il plissa les yeux qui devinrent mis clos.
_ Sylvestre comme le chat du dessin animé qui est toujours à la poursuite de titi l'oiseau......
_ Mina tu dépasses les bornes on te fait penser à des animaux ?
_ Oh le babouin n'en fait pas tout un plat en plus il y'a des animaux mignons comme les chats.......
Il n'y avait pas à le deviner ou être devin pour s'apercevoir qu'il y'avait une sorte d'attirance entre nous. Tous les deux étions devenus silencieux, seuls à se fixer. Je ressentais son regard tout au profond de moi. Je n'avais jamais ressenti cela. Et rien qu'à voir ses belles lèvres tressaillirent je su qu'il ressentait la même chose. Comme si j'étais en transe, je ne parvenais plus à détourner mon regard de lui plus d'une minute. En parlant aux autres, je ne pouvais m'empêcher de lui jeter des regards. Cet homme me plaisait il n'y avait pas à dire.
_ Approchez ! Demandaient les membres du Jury pour proclamer les résultats.
Contrairement aux autres qui s'exécutèrent de même que ma sœur, nous avions préférés rester tous les deux adossé au mur pour faire plus ample connaissance.
_ Comme ça tu es le cousin de ce fou de Roger comment ça se fait que je ne t'ai jamais vu ?
Il sourit.
_ Je viens d'arriver.
_ Ah bon tu viens d'où ?
Il sourit encore pour me fixer intensément cette fois
_ Tu es très directe toi.....
A mon tour je souris pour me mordre la lèvre inférieure. Depuis toute petite dès qu'une chose me plaisait, je n'attendais pas je me donnais les moyens de l'avoir. Et ce jour-là je me rendais compte qu'avec les hommes que je voulais aussi c'était la même chose.
_ Est-ce une bonne ou une mauvaise chose ?
_ Ça me plait tout comme la personne. Je viens du Cap Vert.
_ Comme ça je te plais donc ?
_ Pourquoi le nier si ce sentiment est partagé.
_ C'est la première fois ici ?
_ Non mais ça fait un moment quand même que je ne suis plus revenu.
_ J'imagine que tu es là pour les vacances
_ Pour le travail............................
Il s'arrêta un moment pour fixer derrière moi, les sourcils froncés.
_ Il y'a un mec qui est entrain de te reluquer depuis tout à l'heure bien que tu sois très agréable à regarder lui est littéralement en train de te bouffer du regard...........
Je retournai prise de curiosité et vu Bassirou.
_ Sablier cria-t-il tout souriant pour venir me prendre dans ses bras et me faire la bise. Je me disais bien que je reconnaissais cette plastique parfaite.............
Je feins d'être fâchée en faisant la tronche. Et il éclata de rires.
_ Désolé je voulais dire forme parfaite. Non franchement Sablier je ne croyais pas te revoir surtout pas ici...
_ Et pourtant tu connais chez moi mais tu m'as juste zappé.
_ C'est vrai mais ne m'en veux pas j'étais en voyage et Amadou ?
Il me l'avait demandé avec un sourire en coin.
_ Quoi Amadou ? C'est ton ami non c'est à moi que tu le demandes
_ Je sais mais vous avez fait la paix au moins aux dernières nouvelles tu ne lui adressais pas la parole.
_ Aux dernières nouvelles ça date. Bien que nous soyons voisins je le vois rarement si tu veux de ses nouvelles tu devrais plutôt lui rendre visite.........
_ C'est vrai depuis ma dernière visite je ne l'ai pas revu.............
_ Quel genre d'amis !
_ Oh nous ne sommes pas comme vous les femmes compliquées c'est tout. Que fais-tu là ?
_ Attendre les résultats je suis candidate
Il écarquilla les yeux
_ Tu es sérieuse ?
_ J'ai l'air de présenter ne me dis pas que tu es candidat aussi....
_ Non le bac je l'ai eu depuis 4ans j'accompagne juste ma soeur tiens la voilà qui me fait signe. J'y vais avant qu'elle ne s'evanouisse.
_ Ah ok content de t'avoir revu Bassirou......
_ Moi aussi mais échangeons nos coordonnées comme ça on garde contact quand je serai hors du pays. Bonne chance !
Sans m'en apercevoir j'étais restée souriante après le départ de Bassirou jusqu'à ce que Sylvestre me ramène à la réalité.
_ Tu dois sacrément l'aimer pour sourire ainsi.......
Bien que ça sonne comme une plaisanterie, j'y décelai aussi de l'ironie serait-il jaloux ou intimidé par Bassirou. C'est vrai qu'il était bel homme.
_ Qui Bassirou ?
Je l'avais dit naturellement avant d'éclater de rires. Là où Bassirou était présent, il était impossible de se retenir de rires. Il était tellement free, joviale que s'en devenait presque contagieux. Ce jour où nous avions toutes fuis après avoir menti sur nos prénoms. Il ramena les ustensiles une demi-heure plus tard chez moi. Et devinez quoi ? Comme si de rien n'était, il s'assit à continuer le thé pour le boire avec Amadou à qui il reprochait son acte. Terrée dans notre chambre baignée dans le noir, à travers les fenêtres mis closes je les espionnais.
_ Tu es trop con Amadou pourquoi as-tu fais ça ?
_ Juste pour savoir
_ Savoir quoi si tu avais déjà demandé leurs prénoms à d'autres
_ T'as vu comment elles ont détalés tels des lièvres ces petites menteuses
_ Arrête que voulais tu qu'elles te disent ? C'est la première fois qu'elles nous voient ce n'est pas un mensonge. En plus qui te dis qu'elles ne jouaient pas. Tu sais bien que les filles adorent jouer surtout elles. Tu as bien vu qu'elles ont essayé de me faire croire qu'il y'avait quelque chose dans le thé.
_ Pourquoi les défends tu ? Arrête Bass
_ Non sur ce coup tu as vraiment fait le con avec une si bonne compagnie en plus.
_ Mdrr nous y voilà alors laquelle t'as tapé dans l'œil
_ C'est ce à quoi tu penses ? Non je passai simplement un agréable moment avec des gens naturels qui savent s'amuser ne se prennent pas la tête rien d'autres et tu l'as tout bêtement gâché .......
_ Naturels ces filles sont tout sauf naturels c'est parce qu'elles ne savaient pas qu'on les épier. Ça fait une semaine que je suis là et crois-moi à les voir en journée c'est comme si elles étaient des reines avec un balai coincée au cul tellement elles se croient au-dessus des autres ... La seule qui soit naturelle c'est la plus claire Zahra. Mes voisins de paliers m'ont soufflé qu'elle a un franc parlé à bouleverser un moine et ne me mâchent pas ses mots. Bon tu rentres ou tu m'accompagnes je vais chez Binta....
_ Non tu peux y aller je vais boire le thé et leurs amener leurs affaires avant de rentrer.
_ Mdrr toi Bassirou fils de l'honorable Eva Thiam faire le domestique en plus pour des filles inconnues ta mère aurait piqué une crise c'est certain.....
_ Connard arrête d'appeler ma mère Eva pour toi c'est madame Thiam!
Quand je le vis superposer les chaises, je m'empressai d'aller me coucher. A peu près 3 minutes j'entendis du bruit puis la voix de Pape Sidy qui m'appelait.
_ Zahra donc tu étais couchée. Si c'est persistant et aigue je peux aller à la pharmacie pour toi. Titi et les autres sont parties donc j'ai ramené les bagages.
Je regardai Bassirou sans rien comprendre avant qu'il ne me fasse un clin d'œil. J'étais plutôt surprise par mon frère qui ne fit pas d'histoire parce qu'un homme était venu me voir.
_ Quand il partira fermes le portail sans le cadenas. Amath est sorti. Soumit mon frère pour retourner au salon suivre des films d'horreurs sur rdv comme chaque vendredi.
_ Il ne t'a rien dis ou fait ?
_ Non
_ Pourquoi que lui as-tu dis ?
_ J'ai dis à ton frère que tu avais la diarrhée raison pour laquelle j'ai rentré les bagages.
_ Tu n'as pas osé ?
_ Quoi toi-même tu viens de prouver que j'ai eu raison de lui mentir.
Et depuis ce jour à chaque fois qu'il rendait visite à Amadou, il passait me faire un coucou et échanger.
_ C'est un bon ami finis je par répondre à Sylvestre.
Il me regarda comme s'il n'y croyait pas pour se rapprocher encore plus près de moi. Si près que je pouvais sentir sa chaleur. Et là, loin des cris et des pleurs des autres, dans notre silence à nous, j'ai juste senti sa main se poser avec assurance sur la mienne. Un long effleurement, d'une infinie douceur, plus bouleversant et plus érotique que la plus intime des caresses. Cet instant aurait pu durer des heures, on retenait tous les deux notre souffle pour ne pas parasiter la sensation. Hors espace-temps. Jusqu'à ce que quelqu'un hurlait triomphant : On l'a eu. Nous avons réussi.
Je regardai Elisa sautillait sur le dos de Roger qui la portait pour jubiler. Fatma quant à elle parlait au téléphone en souriant pour annoncer la bonne nouvelle. Tout à coup, je me sentis attirer contre un corps chaud. Le chat venait de me prendre dans bras pour me souffler un félicitation sensuel en attestait son souffle chaud et ses lèvres qui me caressèrent l'oreille. J'aurais voulu que cette étreinte dure encore un moment mais Elisa aussi voulut me prendre dans ses bras et comme des folles nous crions à l'unisson..............................
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(Le boujoutier ne déserte pas sa profession, ma digne bijoutière la guerrière qui répond par l'or. Guerrière, combattante à chaque moment c'est chez ton père que tu l'es devenue. Que ce soit l'or l'argent ou le bronze tout t'appartient. Une grande naissance est du ressort des parents mais la vergogne la personne se la forge. Le labeur et le respect que tu imposes est ta vergogne. Bassirou Thiam ton père a rendu service à quiconque. Epouse de Latir Thiam tu ne portes pas la poisse à ton mari ni à quiconque d'ailleurs. C'est la maman de Hamdel que j'appelle, la mère de Bassirou que je chante, la mère de Ngoné et Momy que j'interpelle. Thiam Babel la femme plus brave que les hommes, ma digne bijoutière, la battante, la noble petite fille de Demba Thiam).
Dans son majestueux salon du haut, décoré dans un style typiquement soft épuré avec un ensemble de sofa en cuir noir, un moelleux tapis en gazon en damier rouge et blanc sur lequel reposait une table basse tout en verre retenu par la bouche du dauphin en porcelaine qui lui servait de pied, des cadres photo de la famille disposées dans la petite bibliothèque en verre ovale sur l'un des coins des murs en peinture à huile blanche avec des gravures géométrique dont les fenêtres étaient recouvertes par de très fluides rideaux légers blanches avec de fins petits pois noirs attachées par de gros nœuds en satin rouge, deux grandes vases en formes de coupes remplies de billes noirs et grises étincelants comme un jeu de lumière qui dépassaient largement l'écran plat suspendu au milieu du mur qui les séparait.
Dans sa tunique en pagne tissée mi moderne mi traditionnelle accompagné d'un béret, elle accueillit les éloges de sa griotte attitrée par des sourires. Oui ça la rendait satisfaite et extrêmement fière d'entendre les gens faire ses éloges. Cela lui montrait qu'elle avait réussi. Et à chaque occasion qui se présentait, elle ne manquait jamais d'exhiber ouvertement sa réussite pour prendre sa revanche sur la société et surtout sur cette famille.
_ Prend place Sokhna je t'attendais.
Cette dernière exécuta. Elle connaissait bien cette maison et surtout cette famille dont elle avait été témoin de tant choses. Elle était là au début de tout. Elle observa sa bienfaitrice sortir une enveloppe qu'elle lui tendit.
_ Lidé gua ma tamal sama Guer bi gueune gaw Lucky Luck (C'est ce à quoi tu m'as habitué ma noble plus rapide que Lucky Luck.
_ Sokhna cette enveloppe tu vas l'amener chez une certaine Binta.
_ Binta qui est Binta ? Ne me dis pas que notre rêve s'est exaucé. Lequel de nos ainés va prendre femme. J'espère que cette petite fait partie d'une bonne famille .............
_ Sheu qui te parle de mariage ? C'est toi qui es plus rapide que Lucky Luck avant de tirer des conclusions attend que je termine au moins...
Sachant sa bienfaitrice irritée, elle se tut pour écouter. Sokhna n'était pas seulement sa griotte mais aussi sa meilleure amie, sa confidente, son bras droit celle qui faisait officieusement ses courses les plus sensibles mais aussi aller officiellement la représenter à des endroits où elle ne voulait ou pouvait aller. Sokhna était son homme à tout faire.
Elle était la seule à connaitre tout de la grande et l'honorable député Ndèye Awa Thiam réputée dans tout le pays pour ses interventions à l'assemblée nationale, tant chantée et convoitée pour ses largesses et apparitions dans plusieurs cérémonies.
_ Amadou l'ami de mon fils a eu un enfant avec une fille du nom de Binta et il n'a trouvé personne d'autre à qui donner le nom que mon fils.............
_ Ah c'est une bonne chose il ne peut qu'en être ainsi. Digne fils de parents dignes et surtout d'une mère battante combien de personnes ont donné ton nom à leurs enfants ? Moi la première
_ Plusieurs cependant tu connais mieux que quiconque comment est mon fils. Il ne peut déceler les gens faux des gens sincères et cet Amadou ne me dit rien qui vaille surtout qu'il a enceinté une pauvre fille sans avoir de quoi subvenir à leurs besoins. Je ne veux pas que mon fils suive ses pas ...........
_ Ah donc Hamdel a changé. Depuis quand a-t-il de tel amis ? N'est-ce pas toi qui me présentais ses amis à chaque fois qu'il organisait un yendou disant que malgré leur jeune âge c'était des responsables. Et dans mes souvenirs ces amis-là étaient des gens bien et surtout de même rang que lui.
_ Hamdel non il ne s'agit pas de lui. Tu le connais il est toujours avec sa bande d'amis là j'en doute même qu'il ait d'autres amis qu'eux.
_ Moi qu'ils puissent avoir des amis de si longues dates même me choque !
_ Et pourtant ceux sont ses seuls amis du moins les seuls vrais amis que je lui connaisse. En parlant tu viens de rater de peu David.
_ Quel David ?
_ David Diallo son ami........
_ C'est vrai le toubab ça fait des années que je ne l'ai pas vu. Un enfant qui sait bien donner de l'argent.
_ Il était avec sa famille en Italie, ils y sont restés des années mais là ils sont rentrés.
_ Il était marié non ?
_ Oui et il a 6 enfants Hamdel est le seul célibataire de leur bande.
_ Tu devrais y remédier il est grand temps......
_ Tu connais Hamdel mieux que personne et avec son père je n'ai pas trop mon mot à dire le concernant. Si tu veux essayer de lui faire entendre raison vas-y toi ne te gènes surtout pas...........
_ Moi Sokhna Mboup jamais de la vie! Si toi sa propre mère crains de le faire ce n'est pas moi qui le ferai. Avec ses petits yeux là et ses manières, son caractère qu'on dirait un lion vue qu'il est tout le temps grincheux, en colère ça lui arrive de sourire est ce que ?
_ Sokhna toi aussi
_ Je te jure que depuis qu'il est petit je n'ai plus revu son sourire. J'ai changé ses couches mais il m'intimide et je suis loin d'être la seule.
_ Normal c'est le fils de deux lions, de deux guerriers, deux indomptables.
_ De ce fait ça n'a pas duré et il n'y en a pas deux comme lui !
L'honorable qui souriait se braqua soudainement.
_ Momy te donnera l'adresse de la fille. Apporte-lui l'enveloppe de la part de Bassirou le plutôt possible. Le chauffeur te raccompagnera. J'ai des choses à faire.
Sokhna prit congés. Sa remarque avait déplu l'honorable et cette dernière ne se cacha pas de lui démontrer. Elle de son côté, ne prit pas la peine de s'excuser. Connaissant très bien Ndèye Awa, si elle l'avait tenté alors les choses auraient pris de l'ampleur ou dégénérer.
Intérieurement cette dernière la remercia de sa compréhension. Quand la colère lui prenait elle n'aimait pas qu'on lui car en ces instants elle serait capable de sortir le pire de sa bouche pour le regretter après. De ce fait, elle préférait digérer seule sa mélancolie sans perturbations extérieurs.
Elle avait connu Sokhna à l'époque où elle était étudiante. Avec cette dernière, elles habitaient le même quartier. Les weekends c'est chez Sokhna qu'elle allait se tresser et ainsi leur amitié se forgea. Deux amies et voisines qui eurent des destinées totalement différentes. C'est à cette même époque qu'elle rencontra le père de son fils : Cheikh Yérim Sy. Un bel athlète passionné de Basket qui aurait y faire carrière si sa famille n'avait pas été contre. Lui étudiant en droit et elle en lettres, ce fut le véritable coup de foudre dans ce resto universitaire. Une relation que leurs deux familles respectives ne voyaient pas d'un bon œil. Jeunes, modernes, émancipés, ils ne croyaient guère en ces choses. Comme dans les romans tout ce qui compter n'était que leur amour mutuel. Un amour qu'ils disaient plus fort que les problèmes de castes, prenant à la légère les menaces et avertissements de leurs proches parents. Ils leurs arrivaient même de blaguer même sur leur situation la comparant à celle de Maodo Ba et Aïssatou dans une si longue lettre. Leur histoire était semblable tout comme Aïssatou, Ndèye Awa Thiam était une castée, une bijoutière amoureuse de beau riche et noble qui faisait partie de l'une des plus grandes familles prestigieuse du pays.
Si de son côté, sa famille avait pu laisser du lest et accepter leur union difficilement ce n'était point le cas chez la grande et noble famille Sy. Néanmoins le mariage se fit. Tous les deux s'étaient battus pour leur amour et obtenir gain de cause mais à quel prix ?
Ils étaient encore à l'université quand ils eurent leur fils Hamdel : l'unique lien, l'unique fils qui les relier à tout jamais. Ils vivaient dans une petite chambre au sein même du quartier de sa femme. Et pourtant presque dans chaque localité chic de Dakar, la prestigieuse famille Sy y détenait un bien immobilier.
Puisque Cheikh Yérim leur avait tenu tête pour épouser Ndèye Awa en avançant sa maturité et responsabilité alors ils le prirent au mot pour lui tordre le bras en lui coupant les vivres. Du côté de sa famille aussi, Eva pour les intimes ne bénéficia pas de soutien. Son père Bassirou avait voulu qu'elle se marie au fils de son frère diamantaire fortuné à l'époque expatrié au Congo. Tant bien que mal ils parvinrent à vivre heureux jusqu'à la naissance de leur fils, là où les problèmes s'amplifièrent. Le jeune couple se relayait difficilement la garde de l'enfant avant que Sokhna ne leur propose leur aide pour garder leur fils. Une aubaine pour eux surtout durant les périodes d'examen ; ainsi ils déposaient chaque matin Hamdel chez Sokhna pour le récupérer le soir jusqu'au jour il piqua une si forte crise que Sokhna n'eut d'autre choix que de le ramener à sa mère à l'université étant donné que rien ne parvenait à le calmer. Dès qu'elle lui avait donné le sien, le bébé s'endormit comme par magie et ce même jour Ndèye Awa mis fin ses études pour s'occuper de son fils. De son coté, Cheikh validait sa troisième année de licence avec l'objectif de poursuivre son master. En ce moment il ne bénéficiait que l'aide de son oncle qui lui faisait parvenir une somme pour couvrir leurs dépenses.
Avec le temps, leurs familles eurent raisons d'eux. Les choses n'allaient plus, plus rien n'allait. Petit à petit les disputes se firent plus présentes, violentes et la haine commença à prendre de l'amour dans leurs cœurs. Eva n'était pas faite pour cette vie, elle n'était pas heureuse. Après 3 ans de mariage, elle demanda le divorce et remettre à Cheikh leur fils de deux ans pour se remarier deux ans plus tard avec son cousin Latir Thiam.........................................................................