Maitre Koto qui savoure l'immobilisme forcé de sa proie, la cajole avec d'une plume très légèrement, ce qui est un de ses jeux favoris, la faisant courir sur son corps nu et exposé. La pression exercée par les nœuds de la corde en certains endroits rend les sensations qu'elle ressent plus aigües, la peau étant alors plus sensible au toucher... Kamala est aussi très délicate, et réagit à chacune des caresses de la plume sur son corps, qui se soulève, et même s'arcboute !
Elle se mordille la lèvre inférieure et fait son possible pour empêcher de laisser exploser cet orgasme que je vois poindre par ses joues rouges, cet air mièvre sur son doux visage et ses mains qui agrippent les cordes résolument pour se faire violence. Sans doute Maitre Koto lui a-t-il interdit de jouir sans son accord...
Dans la pièce, maitre Bérubé intervient comme la discussion a dévié de son sujet principal :
- Nous pourrons toujours définir plus tard qui fait quoi ! Aujourd'hui, nous sommes réunis pour décider si oui ou non nous acceptons l'offre de Sir Brennan ! Il sera toujours temps d'en négocier les termes par la suite...
Sir Brennan. Bientôt, je ne serai plus le major Riddleman, chargé de mission au MI6. Je ne serai plus non plus Brennan Riddleman, CEO des hôtels du Dragon d'or... Non, je ne serai plus que Sir Brenan Riddleman, chevalier de l'Ordre de la Jarretière, Marquis d'Abington en Écosse et Grand Maitre dans mes temps libres au Dragon d'or.
Le mot-clé étant ici «dans mes temps libres». Ce ne sera plus une obligation ni un devoir, mais ma présence ici dans ce donjon se fera sur une base volontaire, selon mon bon plaisir. Je ne serai plus «celui qui dirige tout» celui dont la chevalière est marquée d'un dragon portant une petite couronne. Le «Draco Rex» (Roi des dragons) ou plutôt «Roi des Grands Maitres du Dragon D'or». Non, cette chevalière, ce sont ces six doms qui la porteront tous. C'est quand même ironique qu'il en faille six pour me remplacer.
«Bloody hell, Brennan ! On ne t'a jamais appris à déléguer ou quoi ? » m'avait dit Langton, mon fidèle compagnon, en septembre dernier, quand j'ai évoqué pour la première fois la possibilité de me retirer.
«Personne ne peut abattre seul une tâche aussi titanesque que celle que tu fais !» disait un de mes frères avant les fêtes.
« Normal que tu sois épuisé! Faut te trouver de l'aide mon vieux ! » Disait mon autre frère cadet. Ce dernier, qui est également militaire de carrière.
Je ressens une vive douleur qui irradie de mon genou blessé et remonte le long de ma cuisse. Je me mets à frotter ma jambe pour la soulager. Langton avait aussi prédit que si je continuais de bruler la chandelle par les deux bouts, je deviendrais distrait, et que dans notre métier, être distrait peut être très dangereux... Oui, il avait raison. Mais il n'y a pas de quoi s'en réjouir. Langton aurait préféré avoir tort.
Dans un coin de la pièce, et sirotant le verre de whisky que je lui ai demandé de servir à tout un chacun à leur arrivée, il me dévisage avec agacement. Langton devine bien que la morphine ne fait plus effet, et que si cette réunion s'éternise trop, je vais souffrir le martyre ce soir quand je me mettrai au lit... et comme je refuse d'en prendre trop, de la morphine justement...
Par la baie vitrée, j'aperçois maitre Koto qui est agenouillé devant sa victime et lui fait à présent un cunnilingus... Dans un état de totale béatitude, Kamala me parait comme une chatte repue qui savoure les caresses de la langue de son maitre du moment. Je me demande s'il va lui mettre un coup par la suite ou si elle refuse les gros pourboires.
Dans le salon privé, les membres du Graveyard sont en train de passer au vote. «Je vote pour... » signale maitre Yuri sans surprise. Maitre Julian et maitre Khan votent également pour, et maitre Rafaël suit le mouvement.
Maitre Rafaël. El Cabeza. Un homme pour qui je n'avais que du dégout et que je m'efforçais toujours d'éviter les rares fois où j'étais de passage à l'hôtel de Madrid. Mais ici dans cette pièce, il est Maitre Rafaël. Il n'est plus El Cabeza, chef d'une ligue d'assassins...
J'ai commencé à éprouver du respect pour cet homme au look steampunk et au regard meurtrier qu'il cache sous ses lunettes rondes en aout dernier. Quand il a enfreint toutes les règles de son ordre très ancien pour une femme. Quand j'ai découvert que les attentats de Madrid avaient pour but secondaire d'assassiner cette même femme, j'ai alors compris pourquoi El Cabeza était si motivé à en éliminer les responsables... Certes, le but premier des terroristes qui avaient commis ces attentats était d'envoyer un message clair aux gouvernements européens qui soutenaient l'Ukraine.
Mais le but second, celui de Choe, dont je découvris qu'il était un ancien disciple des Torpederos... était de se venger de cette humiliation que lui avait fait subir El Cabeza quand il l'avait battu devant tout le monde. Il avait voulu défier le maitre, pour prendre la place du maitre. Et il avait perdu. Pire encore, à l'époque El Cabeza ne jugeait tellement pas que Choe était un adversaire de valeur, qu'il n'avait même pas pris la peine de l'tuer après avoir emporté le match contre lui et se contenta de le chasser de son organisation, ce qui est une humiliation bien plus grande.
Dernièrement, Drake et Bérubé ont commencé à dire que le Graveyard est devenu un lieu de résurrection, un chemin de rédemption pour des criminels repentis... mais moi je dirais plutôt que ce sont les familles et les proches de ses individus qui sont le lieu de leur résurrection, et surtout la motivation qui les pousse à emprunter un nouveau chemin, porteur de vie et non plus de mort. El Cabeza a entreprit de faire prendre un virage à son organisation pour sa concubine, qu'il n'était censé avoir prise que pour se reproduire au départ et dont je devine qu'il va sans doute bientôt lui faire la grande demande... quand ses affaires seront en ordre... tout comme l'a fait le grand Khan Drakniss... Cependant, je dirais que dans le cas de l'ancien trafiquant d'armes, c'est plutôt son fils Yanis qui fut le moteur de ce virage radical que lui aussi a fait prendre à son organisation.
Je ne suis pas en mesure de dire ce qui arrivera à Julian surnommé le Voyageur et contrebandier émérite. Ou encore au nouveau Pakhan de Moscou, Yuri Ivanov qui a choisi d'occuper cette position au sein de la Bravta surtout pour protéger les siens d'un régime despotique... mais je suis curieux de découvrir si eux aussi entreprendront éventuellement un chemin de rédemption... Ce semble être la mission du Graveyard finalement. Aider et soutenir ces individus à transcender leur passé et effectuer cette transition vers autre chose... tout en poursuivant la mission qui est la nôtre... celle que je partage avec Drake et son associé Bérubé... combattre le mal par tous les moyens possible et protéger mon pays contre les menaces externes aussi bien que celles qui sont internes. Quoi que ma dernière mission au Brésil me laisse un gout très amer.
- Je vote pour aussi... déclare Maitre Drake à son tour.
- Eh bien, Brennan, c'est officiel. Nous acceptons ton offre et tu peux enfin te retirer... signale alors Maitre Bérubé, en leadeur officiel de ce groupe et qui lui-même était vendu à cette idée au départ.
J'ai un nouveau regard en direction de la séance entre maitre Koto et la courtisane qu'il libère lentement de ses liens pour la descendre de son perchoir... J'ai un sourire furtif. Donc, elle n'accepte pas les gros pourboires. Enfin! Cette fois-ci, elle ne l'a pas accepté, mais il est possible que maitre Koto ne lui ait rien offert...
- Comment te sens-tu, Brennan, maintenant que tu peux officiellement te retirer du jeu? me demande alors Maitre Drake.
Mon regard revient en leur direction.
- Libéré, dis-je avec soulagement.
Et c'est vrai. Je me sens comme si une tonne de briques avait été retirée de mes épaules. Il reste encore bien des détails à discuter, mais cela peut toujours attendre... Les membres du Graveyard se proposent de mettre fin à la réunion et Khan nous invite tous sur son bateau afin de nous faire découvrir les talents du chef cuisinier de son magnifique yacht. Il précise que l'invitation s'adresse aussi à nos soumises...
Ils vont sans doute en profiter pour organiser de petits jeux sexys entre eux... Maitre Julian, qui le devine bien s'en plaint fortement. «Ah non les mecs ! C'est pas gentil de vous amuser sans moi... » J'entends maitre Bérubé lui dire qu'il pourrait toujours assister à distance... Sa Julia aime bien quand il fait intervenir un autre dom ou un autre soumis dans l'équation, en profite pour expliquer le dom québécois à tous ceux qui l'ignorent encore dans la pièce.
Moi aussi! J'aime bien faire intervenir un troisième parti dans l'équation. D'ailleurs mon ex-femme était une dominatrice. Nous prenions notre plaisir très fréquemment par soumis(e) interposé(e)s. Mais je ne dirais pas que c'est forcément une préférence chez moi. Mon unique désir est de satisfaire ma soumise, de trouver ce qui la fait cliquer, et de l'encourager ensuite sur cette voie jusqu'à son épanouissement complet!
J'aime aussi pousser mes partenaires en dehors de leur zone de confort... les surprendre et les étonner au moment le plus inopportun. Holy freakin hell ! Il est si difficile de trouver une soumise qui soit suffisamment ouverte pour explorer certaines des voies que j'aime à leur faire découvrir...
Je voudrais trouver chaussure à mon pied. Une soumise qui me laisserait la dominer au point d'occuper toutes ses pensées. Une soumise qui me laisserait explorer sans restriction le beau et grand mystère qu'elle représente. Parce que chaque soumise est un beau et grand mystère en soi.
Kamala. J'aimerais explorer ce délicieux mystère.
Explorer son corps.
Son âme.
Son intellect.
Son esprit.
Langton me tire de ma rêverie ridicule quand il s'approche de moi, la réunion tirant à sa fin. Il prévoit sans doute me forcer à aller prendre un peu de repos dans une des chambres de l'hôtel avant de rejoindre les autres sur le bateau de maitre Khan.
J'ai un rapide coup d'œil en direction de Kamala, me demandant si elle accepterait d'être mon plus un ce soir... Mais elle et son client ne sont plus dans le donjon.
Une très vive douleur me rappelle alors à l'ordre. Oui, je sais ! Il était stupide même d'y songer !
Je grimace fortement :
- Désolé, mais je crois que je vais devoir passer mon tour pour ce diner...
Il s'ensuit concert de commentaires approbateurs : Ah oui, si j'ai besoin de me reposer, il ne faut pas hésiter. Putain, oui ! Une blessure aussi sérieuse demande du repos et beaucoup de glace !
Plusieurs d'entre eux se sont déjà pris une balle alors, ils connaissent la musique. Ils s'excusent même d'avoir étiré cette réunion un peu trop. Maitre Yuri s'offre d'aller aviser le comptoir d'accueil qu'il faudrait faire avancer ma voiture...
Fucking Bollocks!* Tout le monde me traite comme un bloody invalide !
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*Fucking Bollocks : littéralement «enculées de couilles».
Équivalent britannique de « Eh mon cul !» ou « Bordel de merde »